A propos de l’assassinat de Théo Van Gogh en Hollande

«Mouvement Communiste» aligné sur l’idéologie dominante

(«le prolétaire»; N° 476; Avril - Mai 2005)

 

 

Nous avons déjà eu l’occasion de parler de «Mouvement Communiste» il y a quelques années, au sujet de la critique qu’il faisait de notre brochure «Auschwitz ou le grand alibi». Dans un premier temps, ce groupe qui affirmait travailler pour la constitution du parti communiste mondial avait fait des efforts indéniables (au-delà même de sa propension à agrémenter ces textes de citations de Bordiga), pour se rapprocher des positions marxistes. Mais devant l’échec à former ce parti à brève échéance, l’immédiatiste incurable qui sommeillait en lui se réveilla et MC affirma bruyamment vouloir rompre avec la «sclérose idéologique» des «sectes» qui refusaient «de passer la théorie au crible de l’analyse concrète, puis de sa validation pratique». Faire découler l’acceptation ou non de la théorie et du programme qui synthétisent les leçons des grandes luttes historiques du prolétariat, de leur utilité pratique immédiate, de leur adaptation à l’actualité concrète, a toujours été la position des opportunistes, c’est-à-dire de ceux qui s’adaptent concrètement et pratiquement à l’ordre établi, même quand ils conservent leurs poses prolétariennes et révolutionnaires. La dénonciation de la «sclérose idéologique» est le premier signe classique de l’abandon des positions théoriques et programmatiques communistes et du ralliement, conscient ou inconscient, à l’idéologie dominante. tc "Nous avons déjà eu l’occasion de parler de «Mouvement Communiste» il y a quelques années, au sujet de la critique qu’il faisait de notre brochure «Auschwitz ou le grand alibi». Dans un premier temps, ce groupe qui affirmait travailler pour la constitution du parti communiste mondial avait fait des efforts indéniables (au-delà même de sa propension à agrémenter ces textes de citations de Bordiga), pour se rapprocher des positions marxistes. Mais devant l’échec à former ce parti à brève échéance, l’immédiatiste incurable qui sommeillait en lui se réveilla et MC affirma bruyamment vouloir rompre avec la «sclérose idéologique» des «sectes» qui refusaient «de passer la théorie au crible de l’analyse concrète, puis de sa validation pratique». Faire découler l’acceptation ou non de la théorie et du programme qui synthétisent les leçons des grandes luttes historiques du prolétariat, de leur utilité pratique immédiate, de leur adaptation à l’actualité concrète, a toujours été la position des opportunistes, c’est-à-dire de ceux qui s’adaptent concrètement et pratiquement à l’ordre établi, même quand ils conservent leurs poses prolétariennes et révolutionnaires. La dénonciation de la «sclérose idéologique» est le premier signe classique de l’abandon des positions théoriques et programmatiques communistes et du ralliement, conscient ou inconscient, à l’idéologie dominante. "

Nous l’avions montré alors. MC nous en fournit, s’il en était besoin, de nouvelles preuves, non plus par la critique de nos positions, mais par ses positions et propositions politiques.tc "Nous l’avions montré alors. MC nous en fournit, s’il en était besoin, de nouvelles preuves, non plus par la critique de nos positions, mais par ses positions et propositions politiques."

C’est ainsi que dans «La lettre de Mouvement communiste» n° 14, en conclusion de ses longues analyses sociologiques, MC explique qu’il refuse d’appeler au départ des troupes françaises de Côte d’Ivoire. tc "C’est ainsi que dans «La lettre de Mouvement communiste» n° 14, en conclusion de ses longues analyses sociologiques, MC explique qu’il refuse d’appeler au départ des troupes françaises de Côte d’Ivoire. "

Il justifie son soutien au maintien des troupes françaises, d’une part par l’analyse selon laquelle la crise ivoirienne serait due à «des causes éminemment intérieures», dédouanant ainsi d’un trait de plume l’impérialisme de sa responsabilité écrasante dans la situation du pays aussi bien sur le plan économique que politique; et d’autre part par la crainte d’une «catastrophe humanitaire», comme si les faits n’avaient pas démontré que ces troupes n’avaient empêché aucun massacre et qu’elles avaient elles-même commis des tueries, ce que MC «oublie» opportunément de rappeler! Dans les deux cas, il s’agit d’un alignement complet sur la grossière propagande de l’impérialisme français qui prétend n’avoir envoyé là-bas des milliers de soldats que pour s’interposer entre les belligérants, pour des raisons donc... humanitaires. Mais le plus répugnant est que MC termine son article par un appel au «défaitisme le plus intransigeant vis-à-vis des parties en lutte»... «dans la grande majorité des pays périphériques du monde capitaliste»: défaitisme, oui, mais chez les autres!tc "Il justifie son soutien au maintien des troupes françaises, d’une part par l’analyse selon laquelle la crise ivoirienne serait due à «des causes éminemment intérieures», dédouanant ainsi d’un trait de plume l’impérialisme de sa responsabilité écrasante dans la situation du pays aussi bien sur le plan économique que politique; et d’autre part par la crainte d’une «catastrophe humanitaire», comme si les faits n’avaient pas démontré que ces troupes n’avaient empêché aucun massacre et qu’elles avaient elles-même commis des tueries, ce que MC «oublie» opportunément de rappeler! Dans les deux cas, il s’agit d’un alignement complet sur la grossière propagande de l’impérialisme français qui prétend n’avoir envoyé là-bas des milliers de soldats que pour s’interposer entre les belligérants, pour des raisons donc... humanitaires. Mais le plus répugnant est que MC termine son article par un appel au «défaitisme le plus intransigeant vis-à-vis des parties en lutte»... «dans la grande majorité des pays périphériques du monde capitaliste»\: défaitisme, oui, mais chez les autres!"

On retrouve le même alignement de MC sur la propagande bourgeoise dans ses autres «Lettres». Il nous semble intéressant de l’examiner un peu plus en détail à propos de l’assassinat de Théo Van Gogh, étant donné l’importance de l’épisode que nous n’avions pas eu l’opportunité de traiter jusqu’ici.tc "On retrouve le même alignement de MC sur la propagande bourgeoise dans ses autres «Lettres». Il nous semble intéressant de l’examiner un peu plus en détail à propos de l’assassinat de Théo Van Gogh, étant donné l’importance de l’épisode que nous n’avions pas eu l’opportunité de traiter jusqu’ici."

 

L’Assassinat de Théo Van Gogh

 

La «Lettre de Mouvement Communiste» n° 14, titrée «A propos des questions posées par l’assassinat de Théo Van Gogh» est donc consacrée à l’assassinat, en novembre dernier, de ce personnage d’extrême droite, habitué des provocations anti-immigrés et anti-musulmanes, par un jeune immigré d’origine marocaine.

Par l’énorme retentissement qu’il a eu aux Pays-Bas, cet assassinat a dépassé le cadre d’un simple fait divers pour devenir le révélateur d’un climat social qui n’est d’ailleurs pas uniquement hollandais; il a démontré l’existence de profondes fractures dans l’opulente société capitaliste des pays impérialistes européens, et l’inquiétude de la classe dominante qui a jugé nécessaire d’organiser une formidable mobilisation préventive de l’«opinion publique» pour la défense du statu-quo. Une série d’attaques anti-musulmanes se sont succédées dans le pays, les services de police ont procédé à des rafles dans les milieux intégristes et immigrés, et surtout une gigantesque vague d’indignation et une campagne de propagande déclenchées et relayées par tous les médias, tous les partis politiques et les plus hautes institutions de l’Etat contre la violence, pour l’union nationale et la paix sociale, a submergé la Hollande.

Cette opération politique bourgeoise de grand style appelait une réponse nette et sans hésitation de la part de ceux qui se réclament du communisme et de la révolution. Mais, comme nous allons le voir, au lieu de combattre le rouleau compresseur politico-idéologique des défenseurs de l’ordre établi, les «marxistes concrétistes» de «Mouvement Communiste» se sont mis dans les faits à la remorque de celui-ci!

Après un rappel des faits, la «Lettre» donne une brève sélection de réactions relevées dans la presse. Dans cette première partie, rien n’est dit qui permettrait de comprendre le pourquoi du meurtre. M.C. nous assure qu’il n’y a aucune différence de traitement entre autochtones et «allogènes» (3 millions d’habitant sur 16, qui, nés de parents étrangers, sont officiellement classés dans cette catégorie) - mis à part les sans-papiers. Pourtant une phrase d’un professeur laisserait supposer que les choses ne sont pas si roses que cela pour les immigrés et descendants d’immigrés: «pendant des années on les a laissés de côté».

 Nous n’en saurons pas plus; apparemment MC qui cite plus loin longuement Lénine à propos des racines matérielles de l’influence de la religion sur les exploités, ne s’est pas soucié de chercher s’il existe des racines matérielles à la haine de certains immigrés envers ceux qui, comme Théo Van Gogh traitaient «régulièrement les musulmans de baiseurs de chèvre»: pour lui l’assassinat de T. V. G. paraît uniquement dû à des raisons politiques ou religieuses, à l’action de «l’Islam politique», bien que le meurtrier, d’après ce qu’il nous dit, n’était affilié à aucun groupe de ce type.

La partie suivante («Islam contre Occident?»), plus proprement politique, est consacrée à ce que MC appelle l’ «islamisme (ou islam) politique». MC explique ce que veulent «les plus conséquents» de ces islamistes: une «sorte de droit à la sécession» (en précisant: «à l’instar des premiers nationalistes noirs américains dans les années 20»), sans, ajoute-t-il, «renoncer aux avantages assurés par les vieux Etats occidentaux infidèles, tels la protection sociale ou le droit de séjour et de nationalité»!!!

Il est bien dommage qu’il ne nous donne pas les sources de ses affirmations, car, sinon, il est difficile d’y voir autre chose qu’un pur et simple décalque des affirmations racistes qui s’indignent que les immigrés veulent continuer à vivre comme chez eux et toucher les allocations sociales...

MC affirme qu’avec cet assassinat l’«Islam politique radical a atteint 2 objectifs: faire pression sur les Etats occidentaux et crisper les communautés musulmanes sur elles-mêmes». Il s’agirait d’une action politique, organisée et planifiée: il faudrait là aussi qu’il nous explique ce qui lui permet une telle conclusion, à laquelle les policiers locaux ne sont pas arrivés. D’autre part il est curieux de réduire les immigrés arabes à une «communauté musulmane»: c’est un langage de médias bourgeois; et si «crispation» sur la religion il y a, elle est due avant tout à l’oppression particulière que subissent les prolétaires immigrés et à l’absence de soutien contre cette oppression de la part des prolétaires autochtones. La dénonciation du «communautarisme» des immigrés est entré aujourd’hui dans l’argumentaire de tous les réactionnaires inquiets, à tort ou à raison, d’une insuffisante soumission de cette fraction du prolétariat.

Selon MC, après ce meurtre «une véritable guerre civile au sein du prolétariat entre fractions et communautés opposées n’est pas inenvisageable». Veut-il dire que la fraction autochtone du prolétariat considère TVG comme l’un des siens et son assassinat comme une attaque antiprolétarienne? Pense-t-il que les attentats anti-immigrés commis par l’extrême droite en représailles de l’assassinat de TVG sont l’oeuvre de cette fraction du prolétariat? Qu’est-ce qui lui permet sérieusement d’envisager cette perspective de guerre civile interprolétarienne (après avoir affirmé, à la page précédente, que les travailleurs hollandais «semblent peu concernés par la question immigrée»)?

MC ajoute que si cette éventualité se concrétisait, «ce serait une véritable catastrophe pour la cause de l’autonomie ouvrière». Sans doute; mais il faudrait d’abord que MC nous dise où en est aujourd’hui l’autonomie ouvrière. Est-elle seulement «menacée» par cet attentat? Y a-t-il vraiment une «autonomie ouvrière» dans ce pays (le seul argument avancé par MC est qu’en Hollande la classe ouvrière de souche avait «efficacement protégé sa fraction issue de la communauté juive» lors de l’occupation allemande: nous demandons à voir), c’est-à-dire, si cette expression a un sens, une organisation sur de véritables positions de classe, ouvertement et clairement anticapitalistes, au moins de certains secteurs significatifs de la classe ouvrière?

Malheureusement ce n’est pas le cas, pas plus en Hollande qu’ailleurs. La classe ouvrière y est encore engluée dans la paix sociale, encore paralysée par la démocratie, encore liée à sa bourgeoisie et à son Etat par tout le réseau du réformisme s’appuyant sur les amortisseurs sociaux en tout genre. La Hollande est encore aujourd’hui un modèle d’ «Etat providence», le pays du «consensus social», de la «tolérance», de la démocratie, de l’unité nationale qu’admirent les bourgeois des autres pays - grâce à la paralysie persistante de la classe ouvrière. C’est la raison pour laquelle le meurtre de TVG par un prolétaire a tétanisé la Hollande: tous les bourgeois et leurs valets y ont vu le spectre de la fin de cette période heureuse de collaboration pacifique entre les classes (c’est-à-dire de domestication du prolétariat), le spectre de la violence, des affrontements sociaux, de la guerre civile - de la guerre civile entre les classes, MC!

Même si aujourd’hui l’écrasante majorité des prolétaires, surtout parmi les couches les plus favorisées, ne voient encore de salut que dans le soutien à l’Etat, à la nation, etc., la formidable campagne de propagande et de mobilisation démocratique déclenchée à la suite du meurtre avait comme objectif de ressouder la collaboration entre les classes autour de la défense de l’Etat bourgeois et de la paix sociale. Celle-ci commence à présenter quelques signes de fissures préoccupants pour les bourgeois, si l’on en juge par les mouvements contre les mesures gouvernementales sur les retraites et la durée du travail. En effet, bien que ces mouvements soient restés sous le contrôle des organisations syndicales collaborationnistes, la forte participation des prolétaires est révélatrice du mécontentement croissant de ces derniers.

 

Réponses non communistes

 

Non seulement MC ne dit rien de cette gigantesque campagne de propagande, de sa fonction comme des ravages qu’elle a provoqués, mais en focalisant l’attention de ses lecteurs sur le seul meurtre dont il fait la cause de tous les problèmes, et en désignant comme adversaire des prolétaires «l’Islamisme» et lui seul, il apporte en définitive sa pierre à cette entreprise fondamentalement antiprolétarienne.

Selon MC, «L’effet à court terme de cet attentat sur la population hollandaise en général, et plus particulièrement sur la conscience de la classe ouvrière (...) [la «conscience de la classe ouvrière» serait donc une partie de la «population en général», autrement dit une partie de la communauté nationale, pour ces gens qui se disent communistes! Faut-il rappeler les railleries d’Engels contre ceux qui parlaient du «peuple en général»?] est des plus néfastes. Il s’agit d’une terrible défaite anesthésiante».

C’est là très exactement le discours de tous les opportunistes qui gémissent devant les premières lacérations du consensus social; ce qui a subi non pas une «défaite», mais un premier accroc, c’est cette idéologie et cette praxis de plus en plus factices mais toujours terriblement anesthésiantes de la concorde et de la paix civile, fondée sur les miettes du banquet des cannibales impérialistes que la bourgeoisie hollandaise a pu concéder à ses prolétaires pendant les décennies d’expansion économique.

Si «social» et ultra-démocratique qu’il aime à se présenter, la réalité est que le capitalisme hollandais a acquis ses richesses non seulement par l’exploitation de ses prolétaires autochtones dans ses entreprises souvent de taille mondiale, mais aussi à travers, hier, une exploitation coloniale aussi bestiale que celle des autres pays et, aujourd’hui, sa participation aux pillages impérialistes des grandes puissances. Auxiliaire toujours fidèle du premier impérialisme mondial, l’Etat hollandais a ainsi envoyé un contingent militaire aider la sanglante domination américaine sur l’Irak. Il est inévitable que tout le sang versé à l’extérieur vienne un jour rejaillir à l’intérieur et troubler la tiède quiétude batave, à la grande stupeur des adorateurs du paradis hollandais.

MC prétend fournir à ses lecteurs des «réponses communistes» aux événements hollandais; quelles sont-elles?

Exposer la réalité brutale du talon de fer capitaliste, dénoncer le caractère antiprolétarien à la campagne bourgeoise contre le «terrorisme», avertir les prolétaires encore prisonniers du réformisme légaliste et pacifiste que ce n’est qu’en opposant leur violence de classe à la violence de l’Etat bourgeois démocratique et des rapports sociaux capitalistes qu’ils pourront s’émanciper de toute exploitation? Démasquer le mensonge de la notion de «population en général» en montrant qu’elle est composée de classes sociales diverses et opposées, d’exploiteurs et d’exploités? Défendre la nécessité impérieuse pour le prolétariat autochtone de combattre les attaques contre les immigrés commises par l’Etat démocratique et par l’extrême droite raciste, comme la condition sine qua non de l’unité des rangs ouvriers? Rappeler le besoin pour le prolétariat de se constituer en classe - donc en parti, selon le Manifeste communiste - pour mener la lutte à mort contre le capitalisme, pour se préparer à exercer la violence révolutionnaire de classe contre la classe dominante et son appareil d’Etat?

Rien de tout cela; pour MC comme pour les bourgeois et les collaborationnistes, tout le mal vient de ceux qui troublent l’ordre, pardon!, de ceux qui «commettent des agressions»: il faut «régler leur compte»! Mais, on est radical et de gauche, ou on ne l’est pas:

«La seule issue viable serait que la classe ouvrière et spécialement sa fraction immigrée se charge directement de régler leur compte aussi bien aux nazis islamistes qu’aux défenseurs de la “race blanche”».

 Qu’est-ce que cela signifie? MC a rajouté comme cible les «défenseurs de la “race blanche”», mais ce rajout ne tient pas puisque, on l’a vu, il ne veut surtout pas «régler leur compte» aux racistes à la TVG; sans doute estime-t-il que «spécialement» les ouvriers immigrés devraient se charger de ces règlements de compte, mais dans une situation concrète marquée par des attaques anti-immigrés de «représailles» de l’extrême droite, cette perspective est au mieux fâcheusement ambiguë...

«Malheureusement, cette solution n’est guère envisagée par la classe ouvrière de ce pays, ne laissant la place, à courte échéance, qu’à la nécessaire activité de propagande communiste et anticléricale et à l’organisation de réponses militantes au coup par coup aux agressions commises par les différentes composantes - extrêmes ou pas - des classes dominantes».

Comme la classe ouvrière n’envisage guère de suivre ses conseils en mettant elle-même hors d’état de nuire les fauteurs de troubles, à courte échéance (immédiatisme, quand tu nous tiens!) il ne reste plus à MC qu’à se rabattre sur.. l’anticléricalisme, cette vieille arme bourgeoise contre la lutte de classe!

MC cite plus loin de longs passages de textes marxistes, notamment de Lénine, sur la religion, mais sans les comprendre. Alors que Lénine explique en long et large que la lutte des communistes contre la religion ne se place pas fondamentalement sur le terrain de la lutte des idées comme le fait l’anticléricalisme, mais sur le terrain de la lutte des classes, de la lutte prolétarienne contre le capitalisme, MC, lui, met en avant le «combat des idées contre la canaille cléricale»! Remarquons que combattre, et pas seulement sur le plan des idées, la canaille démocratique, laïque, réformiste, légaliste, bourgeoise en un mot, ne lui est pas venu à l’esprit.

C’est pourtant là, ou pour parler plus clairement, dans la reprise de la lutte de classe, que se trouve la seule issue véritable. Ce n’est que lorsque le prolétariat recommencera à entrer en lutte ouverte contre le capitalisme, lorsque, secouant l’infâme chape de plomb collaborationniste et légaliste, il brisera la paix sociale, qu’il fera aussi reculer l’emprise de la religion sur certains secteurs de la classe; ces derniers verront concrètement qu’il existe une alternative pratique à la résignation religieuse et à l’espoir d’une vie future meilleure uniquement dans l’au-delà ou à des actions désespérées ou individuelles qui ne sont, dans le meilleur des cas, que des impasses tragiques. Ils feront l’expérience directe que les religieux s’opposent à la lutte pour l’amélioration de leur sort dans cette vie-ci.

L’emprise de la religion sur des prolétaires exploités, qui plus est, vivant dans un pays étranger et face à une hostilité plus ou moins déclarée mais généralisée des institutions comme des habitants de ce pays, ne s’explique par des idées fausses ou mauvaises auxquelles il suffirait d’opposer des idées justes. Elle s’explique par le fait de trouver une certaine solidarité ou une certaine force dans une communauté unie par la religion et l’adhésion à certaines pratiques ou traditions culturelles communes - et de ne trouver que là force et solidarité! Les meilleurs discours, la propagande la plus parfaite ne pourront rien face à cette situation: aux oreilles des travailleurs étrangers en butte permanente à l’oppression, ils sonneront au mieux comme des phrases creuses, au pire comme de l’hypocrisie. Ce n’est que lorsque la communauté des prolétaires en lutte commencera à offrir une solidarité et une force réelles et bien plus grandes au travailleur immigré, que celui-ci pourra s’arracher à l’influence paralysante de la religion. C’est aussi à ce moment, il faut le rappeler, que le travailleur autochtone pourra de son côté s’arracher aux influences encore plus puissantes du nationalisme, du racisme ou de la démocratie et du pacifisme.

Alors toutes les poussées de révolte, tous les mouvements de haine contre l’oppression, au lieu de prendre l’apparence de conflits religieux, au lieu d’être détournés par les religions et les croyances (musulmanes, chrétiennes, juives ou... laïques), pourront converger et se décupler dans la lutte unitaire et collective contre les causes et les racines de l’oppression. Alors il ne s’agira plus pour des prolétaires individuels d’assassiner un clown raciste ou de se suivre des voies suicidaires, parce que sera enfin ouverte la voie du combat pour détruire à jamais le système capitaliste

Particommuniste international

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