Luttes étudiantes en Grèce, Grande-Bretagne, Italie

L’avenir ne réside pas dans la garantie d’une culture universitaire, mais dans le combat pour renverser le capitalisme et le pouvoir politique bourgeois

(«le prolétaire»; N° 498; Nov.-Déc. 2010 / Janv.Févr. 2011)

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Il y a déjà plusieurs mois les étudiants grecs à Athènes et Salonique ont commencé à réagir aux mesures draconiennes prises par le gouvernement pour éviter la banqueroute. Les puissances européennes et internationales les plus fortes sont venues au secours du gouvernement grec, en l’obligeant à prendre des mesures d’austérité qui reviennent en définitive à extorquer aux prolétaires grecs pendant des décennies une masse plus grande et croissante de plus-value.

Mais ces mesures ne frappent pas seulement les prolétaires; elles touchent aussi les couches de la petite et de la moyenne bourgeoisie, ainsi que leurs enfants qui comptaient avoir une position sociale privilégiée grâce à leurs diplômes, ou, en tout cas, éviter le risque de la prolétarisation et du chômage.

En Italie les étudiants se sont mis aussi en lutte pour revendiquer la garantie que leurs diplômes leur assurent la promotion sociale à laquelle ils aspirent. Par des manifestations, des occupations d’écoles et d’universités, ils s’opposent aux mesures gouvernementales de réforme de l’enseignement qui visent à fournir aux futurs prolétaires uniquement l’éducation de base nécessaire pour pouvoir être exploités, réservant à des couches très sélectionnées de privilégiés la formation leur permettant d’intégrer la classe dirigeante. Les ressources financières destinées à l’Instruction publique et à la culture seront dirigées vers des établissements privés et les canaux de propagande du régime, mettant en pleine lumière les véritables intérêts de classe de la bourgeoisie.

Il n’y a pas de différence fondamentale entre la «réforme» de droite et les projets de gauche, tous les deux répondant aux exigences de la valorisation du capital; la différence réside dans le fait que les partis de gauche voudraient que le rythme des réformes soit plus lent et graduel pour que les prolétaires puissent s’habituer à leur appauvrissement culturel généralisé et à leur marginalisation de la vie politique et sociale, alors que le gouvernement de droite veut faire au plus vite, suivant le précepte bourgeois: le temps c’est de l’argent!

En novembre-décembre ce sont les étudiants britanniques qui se sont mobilisés et qui ont affronté la police, allant - horreur! - jusqu’à s’en prendre à la Rolls-Royce du prince Charles qui croyait pouvoir tranquillement circuler dans les rues du centre de Londres... Ils protestent contre le triplement des frais universitaires décidé par le gouvernement (avec le prétexte grotesque de fournir une aide aux étudiants méritants), augmentation d’autant plus dure à accepter que le parti Libéral qui fait partie de la coalition gouvernementale et qui a recueilli les suffrages de larges secteurs de la petite-bourgeoisie, avait promis lors de sa campagne électorale de ne pas augmenter ces frais! La bourgeoisie britannique, elle aussi poussée par l’urgence de combler les déficits causés par la crise, adopte la même ligne de «réforme» réservant toujours davantage aux rejetons de la bourgeoisie les degrés supérieurs de l’enseignement.

Alors que les gouvernants de Westminster font voter leurs lois anti-crise et que les Travaillistes ne sont même pas capables de jouer la comédie de l’opposition résolue, les couches petites bourgeoises manifestent leur colère de ne plus être protégés et garantis par la grande bourgeoisie qui tient les cordons de la bourse. Redoutant d’être précipitées dans les conditions de vie des prolétaires, elles s’attaquent aux symboles du pouvoir politique qui les aurait «trahies». L’enracinement dans l’idéologie bourgeoise de la «professionnalisme», de la «spécialisation», de l’«excellence» qui forme le noyau d’une culture vouée à servir les exigences du capitalisme, pousse les étudiants à défendre les revendications de «démocratisation» de l’enseignement, d’investissements accrus dans l’école publique, de développement de la «recherche», de participation à la gestion et à la définition de l’orientation de l’enseignement, etc.

 Impuissants à sortir d’un millimètre du cadre des lois objectives du capitalisme, ils ne font que reprendre des orientations qui ne vont pas au delà des exigences de la conservation sociale. L’école et l’université actuelles sont des institutions de la société capitaliste, soumises comme les autres aux aléas de l’évolution économique et n’échappant pas aux difficultés et aux contradictions qui éclatent lors des crises. La surproduction ne concerne pas que les marchandises «matérielles»; elle concerne aussi la marchandise force de travail prolétarienne, mais également les diplômés, futurs agents de l’encadrement de cette force de travail, cadres ou responsables divers de la société bourgeoise.

En période de crise, les prolétaires sont jetés en masse à la rue, en même temps que sont détruites les marchandises et les forces de production en surnombre; les couches petites-bourgeoises sont, elles aussi, frappées pour sauver les profits des entreprises capitalistes les plus fortes. Précipitées ou menacées d’être précipitées dans les rangs du prolétariat, elles n’ont en réalité d’autre perspective que de lutter contre le capitalisme, en rejoignant la lutte prolétarienne de classe.

Les étudiants en tant que tels ne sont pas une classe particulière de la société bourgeoise; faisant partie dans leur majorité des couches de la petite et de la moyenne bourgeoisie (ou candidats à en faire partie pour la minorité issue du prolétariat), ils témoignent par leurs luttes des contradictions accrues qui traversent la société.

Les marxistes ne peuvent ni ne doivent se désintéresser des luttes de la jeunesse scolarisée en général, ni des luttes étudiantes en particulier.

Mais il leur faut combattre l’illusion petite-bourgeoise selon laquelle une «démocratisation» ou une restructuration de l’Enseignement pourrait permettre aux élèves et aux étudiants dans leur majorité d’échapper à l’exploitation, au chômage, à la prolétarisation; il leur faut dénoncer comme réactionnaire la revendication de «l’égalité des chances» agitée par tous les réformistes et les démocrates, qui n’est rien d’autre que l’idéalisation de la règle bourgeoise de la concurrence généralisée, de la guerre de tous contre tous.

 La perspective communiste n’est pas la réforme de l’école et de l’université, pas plus que la réforme des autres institutions bourgeoises et de l’Etat, mais leur destruction. L’adversaire des jeunes scolarisés est le capitalisme qui, de crise en crise, accroît l’exploitation, l’oppression et la répression et qui se dirige inexorablement vers une nouvelle guerre mondiale. Plus tôt les jeunes s’en apercevront et plus tôt ils comprendront que seule la reprise de la lutte de classe prolétarienne peut s’opposer à ce destin que le capitalisme réserve à l’humanité.

Le malaise social est réel, mais les manifestations étudiantes mettent spectaculairement en lumière la paralysie d’une classe ouvrière intoxiquée par des décennies de démocratie et de promesses de bien-être.

Il n’y a donc pas de tâche plus urgente que le travail pour la reprise de la lutte de classe, pour la constitution du prolétariat en classe, donc en parti (Le Manifeste); que le travail pour la constitution du parti communiste révolutionnaire qui dirigera la lutte prolétarienne vers la prise du pouvoir et la destruction de l’Etat bourgeois et de ses diverses institutions, permettant au prolétariat de se constituer en classe dominante et ouvrant la voie à la transformation sociale qui débouchera sur la société communiste sans classe.

C’est à cette tâche que nous appelons jeunes et moins jeunes à consacrer leurs énergies au lieu de les dépenser en vain à la poursuite des chimères du réformisme.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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