Aperçu sur la Syrie (2)

La domination française

(«le prolétaire»; N° 501; Octobre 2011 - Janvier 2012)

Retour sommaires

 

 

Au moment de la Grande Révolte de 1925, la Syrie qui ne comptait alors, futur Liban compris, qu’environ 2 millions d’habitants, était, selon les analyses de l’Internationale Communiste, le pays «industriellement le plus développé de toute l’Asie Mineure» (région s’étendant entre la Turquie et l’Egypte); mais elles relevaient que ce développement était tout relatif, le pays restant encore très largement agricole (1).

L’«industrie» traditionnelle était en effet essentiellement artisanale, et la population active majoritairement occupée dans l’agriculture (65 à 70%); une petite couche de grands propriétaires absentéistes, possédaient environ 60% des terres alors qu’on dénombrait 700.000 paysans sans terres. Dans le Djebel druze subsistaient des formes particulièrement archaïques d’occupation des sols: partage périodique des terres, théoriquement communautaire mais où les caciques prenaient la plus grande part. La tentative des occupants français de briser cette coutume et d’instaurer, comme en Algérie, une propriété privée des terres fut un des déclencheurs de la révolte.

Les petits métiers urbains regroupaient 15 à 18 % de la population active et le commerce 10%. L’industrie au sens propre du terme, majoritairement aux mains de capitalistes étrangers (surtout français), était constituée par 150 entreprises environ qui n’occupaient chacune en moyenne que quelques dizaines de travailleurs.

Jusqu’au début des années trente ces entreprises «industrielles» n’étaient souvent que des ateliers à l’équipement rudimentaires et où la division du travail était peu prononcée. Les deux premières véritables usines modernes en Syrie furent une cimenterie, crée en 1928, et une usine textile en 1933. En 1934, une étude de l’Organisation Internationale du Travail recensait 306 «usines» qui employaient en tout moins de 6000 travailleurs salariés en Syrie et au Liban: 81 usines à Beyrouth (3000 travailleurs), 71 à Alep (1700) et 63 à Damas (1300).

 

Luttes prolétariennes et avortement du mouvement communiste

 

Le tissage en Syrie était depuis longtemps une activité économique importante, les tissus de Damas jouissant d’une réputation internationale au delà de l’empire ottoman. Dans les années 70 du dix-neuvième siècle il y avait 6 à 7000 tisserands à Damas dont 4 à 5000 étaient des compagnons travaillant pour des maîtres-artisans et payés à la pièce. En dépit des traditions et des règlements corporatifs, les grèves des compagnons n’étaient pas inconnues; cependant celle de 1879 marqua un tournant: plus de 3000 compagnons se mirent en grève pour protester contre la baisse du tarif de la pièce, de 16 à 13 piastres. Les grévistes organisèrent des équipes pour menacer les non-grévistes et mettre leurs métiers hors d’usage. Au bout de 4 semaines les maîtres-artisans rétablirent l’ancien tarif et le travail reprit. A la suite du succès de cette grande lutte, les grèves des compagnons tisserands devinrent plus fréquentes et leur tradition militante se maintint au cours des décennies suivantes (2).

. Mais après la première guerre mondiale, la rupture des liens économiques de cette ancienne province ottomane avec la Turquie et la concurrence de l’industrie textile internationale plongèrent le secteur dans un profond et irrémédiable marasme (selon certaines estimations, le nombre de métiers diminua de 80% de 1910 à 1930 et le nombre d’artisans fut divisé par deux) (3): l’agitation sociale dans les villes devint de plus en plus le fait des prolétaires salariés modernes. Cependant le faible développement économique a comme conséquence inévitable la faiblesse du mouvement ouvrier; si des premières grèves sont signalées dans les chemins de fer dès 1908, il faudra attendre 1920 pour voir une première lutte d’ampleur, celle des cheminots, qui se solda par un échec, et 1924 pour qu’apparaisse le premier véritable syndicat: le syndicat des ouvriers du tabac, à l’initiative de Fouad Chimali, ouvrier expulsé d’Egypte par les Anglais pour «propagande bolchevique» (4).

 Cela n’empêcha que des tentatives d’organisation politique soient contemporaines de ces premiers efforts encore timides d’organisation du prolétariat pour la lutte de défense immédiate. A l’automne 1924, à la suite de contacts avec un émissaire des communistes juifs de Palestine, une poignée d’intellectuels et d’ouvriers fonda le «Parti du Peuple Libanais» dont Chimali sera le président; en quelques mois il attira dans ses rangs les éléments les plus dynamiques du petit mouvement syndical naissant. A l’occasion du premier mai 1925 un contact fut établi à Beyrouth avec la «Jeunesse Spartacus» fondée par des réfugiés arméniens qui comptait une quinzaine de membres dans cette ville et des sections à Alep, Mossoul, Zaleh et Alexandrette; le «Parti Communiste de Syrie et du Liban» fut constitué par la fusion de ces 2 groupes.

Le petit parti nouveau-né fut immédiatement confronté à la répression de l’impérialisme français. Le 20 juillet 1925 la police ouvrait le feu à Beyrouth pour disperser des milliers de manifestants rassemblés pour protester contre la suppression du contrôle des loyers: il y eut 10 morts, une quarantaine de blessés et une soixantaine d’arrestations. Ce fut l’occasion du premier tract en arabe du parti, dénonçant ce massacre, appelant à lutter contre l’impérialisme et à soutenir la révolte qui venait d’éclater parmi les Druzes; mais à la suite de ce tract la police arrêta les dirigeants communistes sur lesquels elle réussit à mettre la main.

 En novembre le parti diffusa auprès des soldats français un appel à la solidarité de classe, à Beyrouth, Alep et Zaleh (5). Il réussit à tenir en décembre 1925 dans la clandestinité son premier Congrès, où participèrent 15 délégués. Nous n’avons pas de compte-rendu de ses travaux, nous ignorons la teneur du programme qui y fut adopté, mais le soutien à la révolte anticoloniale semble y avoir été l’orientation dominante, les orientations proprement de classe étant reléguées à un plan subalterne si l’on en croit les décisions qui y auraient été prises:

 1. Soutenir la révolution Syrienne. 2. Renforcer la lutte contre l’impérialisme. 3. Lutter pour l’indépendance nationale et les libertés démocratiques. 4. Lutter pour les droits des ouvriers en  Syrie et au Liban. 5. Proposer la confiscation des terres des propriétaires terriens qui ne soutiennent pas la révolution. 

En janvier 1926 les dirigeants encore en liberté furent arrêtés, ce qui entraîna la disparition de l’organisation, alors même que l’année 1926 allait connaître un mouvement de grèves sans précédent pour le pays: vague de grèves dans différents corps de métiers, usines et administrations à Beyrouth pendant l’été (la grève des tramways et de l’éclairage pendant plus de 3 semaines étant la plus importante), grève des cheminots et des tisserands d’Alep, grève dans le textile à Homs et à Damas en octobre, etc.

Confronté à des désertions, voire des mutineries parmi ses troupes (6), le pouvoir colonial était soucieux au premier chef de briser l’insurrection, sans hésiter à utiliser la violence aveugle contre les populations civiles dans les campagnes, mais aussi dans les villes: la répression, y compris par des bombardements de l’aviation, d’une attaque contre un poste militaire français le 4 octobre 1925, causa plus de 300 morts à Hama essentiellement civils; le même mois les bombardements des quartiers populaires de Damas où se trouvaient des insurgés se soldèrent par près de 1500 morts, y compris femmes et enfants; elles aggravèrent également la répression contre le mouvements ouvrier (7); en mai 1926 le nouveau «Haut Commissaire» (chef des autorités françaises qui administraient la région sous «mandat» de la Société des Nations - l’ancêtre de l’ONU), réputé pour être un démocrate, promulgua le décret suivant: «Toute association formée, qu’elle que soit sa durée ou le nombre de ses membres, toute entente établie dans le but de préparer ou de commettre des crimes contre les personnes ou les propriétés en vue de préconiser la transformation de la société par des moyens illégaux, constitue un crime contre la paix publique»: l’impérialisme démocratique français imposait ainsi une loi sur les associations beaucoup plus répressive que celle promulguée en 1909 sous l’Empire Ottoman! Ces mesures répressives anti-prolétariennes furent accentuées au cours des années suivantes, les autorités françaises essayant en outre de privilégier les vieilles formes d’organisation corporatistes pour entraver la formation de syndicats.

Cependant une amnistie des prisonniers politiques en 1928 permit de retisser les liens entre les militants et avec l’Internationale (Chimali participa ainsi au VIe Congrès de l’IC en juillet-août 28; les procès-verbaux des séances n’ont enregistré de lui que la signature, avec d’autres délégués des partis du Moyen-Orient, d’une déclaration contre le trotskysme).

 

La triste trajectoire du stalinisme

 

La reconstitution du parti - toujours clandestin - fut rendue publique le premier juillet 1930 par la diffusion dans tout le pays d’un manifeste qui appelait à la lutte contre l’impérialisme français, dénonçait la «trahison» des nationalistes du «Bloc National» (rassemblement des forces nationalistes, engagé dans des négociations avec la France) et se donnait l’objectif d’un «gouvernement ouvrier et paysan» pour obtenir l’indépendance de la Syrie. En 1932, Chimali, victime d’un tournant de l’Internationale, fut expulsé du parti sous des accusations infamantes, selon les méthodes staliniennes (collusion avec les services français!); il fut remplacé à la tête du parti par Khaled Bagdache qui allait être au cours des décennies suivantes l’inamovible et indéfectible homme de Moscou, faisant obéir son parti aux impératifs de la politique russe, souvent changeants, mais toujours impérialistes et anti-prolétariens. C’est de cette époque qu’on peut dater l’avortement définitif de la tentative de constitution d’un authentique parti communiste et la naissance du Parti Communiste Syrien (sa nouvelle appellation), comme parti intégralement stalinien, un parti qui non seulement n’avait plus la moindre nature classiste, mais qui tournait même complètement le dos à la perspective de la révolution bourgeoise!

En 1931 le PC avait publié un programme affirmant que l’objectif du parti était le «démantèlement du système capitalo-impérialiste et l’établissement d’un système socialiste». Mais après cette forte déclaration, un «plan d’action» était détaillé qui montrait la valeur de ces paroles; il définissait les 7 priorités suivantes:

 1. Libération de la Syrie: rejet du mandat et retrait de toutes les forces militaires étrangères (comprenant le rejet de la fragmentation de la Syrie, etc.). 2. Amélioration de la condition ouvrière: lois sociales fixant un salaire minimum, le temps de travail, les conditions de travail, un système de sécurité sociale. 3. Amélioration de la condition paysanne: abolition des dettes, réduction des taxes sur les petits paysans, nationalisation des ressources en eau, réforme agraire et abolition des pratiques féodales, abolition du travail forcé, lois sociales pour protéger les travailleurs agricoles, etc. 4. Libération et droits des femmes: complète égalité sociale et juridique, abolition du voile et des mariages forcés, abolition des restrictions à l’emploi des femmes, congés maternités, lois sociales pour protéger les femmes travailleuses. 5. Législation sur le travail des enfants: interdiction du travail pour les moins de 15 ans, autorisation des jeunes à se syndiquer, éducation obligatoire et gratuite. 6 Autres objectifs intérieurs incluant un système d’impôts équitable et progressif, contrôle des loyers, établissement d’un système de santé et d’éducation universel et accessible, expulsion de l’administration coloniale, rejet des divisions religieuses. 8. Autres objectifs extérieurs incluant le soutien à la libération des peuples colonisés et le droit à l’autodétermination; lutte pour la solidarité internationale; lutte pour un front commun unifié arabe contre l’impérialisme; lutte pour la création d’alliances entre les ouvriers et les paysans dans le monde arabe.

Il est facile de constater que ces priorités n’ont rien de communistes; nous sommes ici en présence d’un catalogue de revendications purement réformistes, fortement coloré en outre de nationalisme arabe. Le programme d’action ne s’intéresse à la classe ouvrière que sous l’angle de lois sociales à obtenir de l’Etat bourgeois afin de fixer certaines limites à l’exploitation; et il ne lui propose d’autre perspective politique que celle d’une alliance interclassiste avec les paysans.

Cette position typiquement stalinienne d’alliance avec la paysannerie pour aller vers le «système socialiste» est radicalement étrangère au marxisme; selon l’analyse marxiste en effet, les paysans sont des petits-bourgeois, ce qui signifie que leurs intérêts de classe les portent inévitablement à soutenir le capitalisme et à s’opposer au socialisme. Une alliance avec les petits-bourgeois, avec les paysans, n’est possible que dans le cadre d’une révolution bourgeoise, anti-féodale, anticoloniale. Pour reprendre les mots de Lénine:

 «On peut et on doit lutter contre le fonctionnaire [c’est-à-dire le représentant de l’Etat tsariste - NdlR] et contre le grand propriétaire foncier en commun avec tous les paysans, même les paysans riches et moyens. Tandis que contre la bourgeoisie, et donc contre les paysans riches, on ne peut lutter de façon sûre qu’en commun avec le prolétariat rural» (8).

Passer une alliance avec les paysans signifie avoir comme objectif le capitalisme, pas le socialisme. Mais d’autre part, y compris dans une situation où ce qui est à l’ordre du jour, c’est la révolution bourgeoise et pas la révolution socialiste, et où donc une alliance temporaire avec d’autres classes est possible dans la lutte contre l’ennemi commun, la tâche première des communistes, c’est d’oeuvrer pour l’indépendance de classe des prolétaires, de travailler à les arracher à l’influence du nationalisme et du démocratisme bourgeois de façon à ce qu’ils soient dans les meilleures conditions possibles pour défendre leurs intérêts de classe, pendant la lutte commune comme après.

Si l’on revient encore une fois à l’exemple de la révolution anti-tsariste en Russie, Lénine mettait les points sur les i: «Tout en montrant la solidarité qui unit tels ou tels groupes d’opposition aux ouvriers, les sociaux-démocrates [ancienne appellation des communistes - NdlR] mettront toujours les ouvriers au premier plan; ils s’attacheront toujours à expliquer le caractère temporaire et conditionnel de cette solidarité, ils souligneront toujours que le prolétariat est une classe à part qui, demain, peut se retrouver opposée à ses alliés. On nous dira cette mise au point affaiblira tous ceux qui combattent à l’heure actuelle pour la liberté politique. Cette mise au point, répondrons-nous, fortifiera tous ceux qui combattent pour la liberté politique. Seuls sont forts les combattants qui s’appuient sur les intérêts réels, bien compris de classes déterminées; et tout escamotage de ces intérêts de classe qui jouent dès à présent un rôle prépondérant dans la société moderne, ne fera qu’affaiblir les combattants» (9).

Même quand il conservait encore un discours faisant référence au marxisme, c’est précisément l’indépendance de classe du prolétariat que le stalinisme mettait de côté, en Chine comme en Syrie et partout, au nom de l’unité dans la lutte contre l’impérialisme ou le «féodalisme», affaiblissant ainsi le prolétariat, mais aussi la révolution bourgeoise!

(à suivre)

 


 

(1) cf  L’Internationale Communiste n°6 (décembre 1925).

(2) cf Sherry Vatter «Militant journeymen in Nineteeenth-Century Damascus» in «Workers and Working Classes in the Middle East», New York 1994.

(3) Selon Elisabeth Longuenesse, «Labor in Syria» in «The Social History of Labor in the Middle East», Washington 1996. Le nombre total de travailleurs dans l’industrie moderne et dans les activités artisanales traditionnelles, serait passé, entre 1913 et 1937, de 309.000 à 203.000: la croissance des emplois dans l’industrie était insuffisante pour compenser les fortes pertes dans l’artisanat. Miche Seurat donne des chiffres différents, mais qui indiquent la même tendance. cf «Etat et industrialisation dans l’orient arabe» in «Industrialisation et changements sociaux dans l’orient arabe», CERMOC, Beyrouth 1982.

(4) cf «Le mouvement syndical au Liban», Editions Sociales 1970, pp 100-122. Originaire de Syrie, Chimali était ouvrier dans une usine de cigarettes du Caire, une corporation qui avait une longue tradition de luttes (la grève des cigarettiers de 1918 est considérée comme le précurseur de la vague de grèves et d’agitations qui secoua l’Egypte en 1919). Membre du Parti Communiste Egyptien, il aurait fait partie d’un groupe qui avait essayé de fonder parmi les immigrés syriens à Alexandrie un «Parti Socialiste Syro-Libanais» faisant référence à l’Internationale Communiste; il fut expulsé d’Egypte en 1923.

(5) Le tract en français s’inspirait des mots d’ordre de la grève d’octobre 1925 organisée par le PCF contre la guerre au Maroc et en Syrie. cf «Le mouvement syndical...», op. cit. p. 121.

(6) Les troupes françaises (en grande partie des troupes coloniales) qui étaient au nombre de 14 000 à l’été 1925, atteignirent les 50 000 en janvier 1926. Certains détachements supplétifs recrutés parmi les minorités ethniques ou religieuses syriennes passèrent à l’insurrection. En janvier 1926 le bataillon chargé de la défense de la forteresse de Rachaya refusa d’aller au combat. Un deuxième bataillon envoyé de toute urgence de Rayac jeta ses fusils et refusa d’avancer. cf L’Humanité, 1/2/1926.

(7) Le 25/10/1926, 4 dirigeants de l’insurrection étaient pendus à Beyrouth; quelques semaines auparavant 4 jeunes militants ou sympathisants communistes, âgés de 16 à 18 ans, bien que libérés de prison, avaient été envoyés sans jugement croupir dans le sinistre bagne de Rakha dans le désert. cf L’Humanité, 26/10 et 13/10/26. Selon J. Varin, «Jeunes comme JC», Tome 1, Ed. Sociales 1975, p.103, ils y seraient morts de faim. Mais nous n’avons pas trouvé confirmation de cette information sur les colonnes du quotidien du PCF.

Le nombre des victimes syriennes lors de la révolte est estimé à 6000 morts, plus de 100 000 personnes se retrouvèrent sans abri, tandis que les pertes françaises se montèrent à 2000 (la conquête et la «pacification» de la Syrie avant la révolte avait déjà coûté 6700 morts aux troupes de l’impérialisme français). cf Ph. S. Khoury, «Syria and the French Mandate», Princeton 1987, pp 239, 242.

(8) Lénine, «Socialisme prolétarien et socialisme petit-bourgeois». Oeuvres, Tome IX, p. 459. Cet article de 1905, écrit contre les «Socialistes révolutionnaires», avait pour objet de préciser le rapport entre prolétariat et paysannerie dans un pays, la Russie, où la révolution bourgeoise n’avait pas encore eu lieu.

(9) Lénine, «Les tâches des social-démocrates russes», Oeuvres, Tome II, p.341.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

Retour sommaires

Top