Le 9 avril, 1er mai, des «actions» syndicales pour prévenir la lutte véritable

(«le prolétaire»; N° 515; Mars - Avril - Mai 2015)

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Les organisations syndicales CGT, FO, FSU et Solidaires avaient appelé à une journée de manifestations  pour le 9 avril (leur communiqué d‘appel parlait même d‘une «journée de grève interprofessionnelle»!). Mais ces syndicats s‘étaient bien gardé de donner le moindre mot d‘ordre ou la moindre revendication précise; ils affirmaient s‘engager «dans un processus de mobilisation» pour «lutter contre l‘austérité et ses impacts destructeurs tant socialement qu‘économiquement et démocratiquement».

La vacuité des phrases (d‘où ne ressortait que l‘adhésion habituelle aux poncifs bourgeois de démocratie et croissance économique) n‘était que l‘expression de la vacuité des objectifs.

Quant à la CFDT, qui collabore étroitement avec le gouvernement, elle avait affirmé, par la bouche de son secrétaire général Laurent Berger: «Il n‘y a pas d‘austérité en France» (1) Et donc pas besoin de lutter, ni même de faire semblant en appelant à la journée d‘action!!

La CFDT ne craint pas d’afficher ouvertement son collaborationnisme et elle travaille assidûment en ce sens; mais le collaborationnisme des autres appareils syndicaux est tout aussi réel, et s‘il est  moins apparent, il en est d‘autant plus efficace et donc d‘autant plus dangereux: la journée du 9 avril était la classique manifestation-soupape de sûreté organisée pour faire tomber la pression qui, sinon, risque toujours de s‘accumuler.

Son objectif premier était de déminer le terrain social pour laisser les mains libres au gouvernement; ensuite il s‘agissait pour les syndicats qui l‘avaient organisée, de montrer leur force à ce dernier, non pour le faire reculer, mais pour qu‘il comprenne qu‘ils étaient des interlocuteurs avec lesquels il devait traiter. FO, qui aime de temps en temps se donner une image combative (il faut bien recruter), l‘a ingénument avoué par la bouche de son secrétaire-général Mailly: «il faudrait que Manuel Valls réponde à nos revendications»...

Les organisations d‘ «extrême» gauche ont montré une fois de plus leur rôle habituel de rabatteurs et de flanc-gardes des appareils syndicaux. Tout en émettant quelques critiques dans le genre «une journée n‘est pas suffisante», elles ont en fait soutenu les initiatives syndicales, refusant de les dénoncer pour ce qu‘elles sont: des actions collaborationnistes pour maintenir le mécontentement et les protestations ouvrières dans un cadre inoffensif au nom du «dialogue social», des «négociations entre partenaires sociaux», et de la défense de l‘ordre établi. Ce n‘est pas nous qui le disons, ce sont les syndicats eux-mêmes!

 Dans leur appel pour le premier mai, obscène cri du coeur de laquais du capitalisme, les mêmes organisations qui avaient appelé au 9 avril écrivaient qu‘elles «réaffirment, dans la suite du 11 janvier [manifestations après l‘attaque contre Charlie-Hebdo – NdlR], que la démocratie, la république, la paix, les libertés de pensée et d’expression sont des biens communs qu’elles sont décidées à défendre face à tous les totalitarismes, aux discours haineux, aux tentatives de division et de stigmatisation. La convergence des mobilisations partout en Europe ce 1er mai sera un signe fort adressé aux différents gouvernements et aux patronats pour exiger une construction européenne fondée sur le progrès social, s’appuyant sur le renforcement du dialogue social et des droits sociaux»....

A l‘opposé de cette écoeurante bouillie bien-pensante, les prolétaires ont besoin, non de défendre des «biens communs» (? sans doute communs à plusieurs classes), mais leurs intérêts propres de classe, distincts et opposés à ceux des classes possédantes; pour les défendre il ne leur faut pas adresser un «signe» même «fort» (!) aux gouvernements et aux patronats, mais les combattre.

Quant à l‘«exigence» (!) d‘une construction européenne fondée sur le progrès social, etc., elle n‘est même pas un voeu pieux adressé aux gouvernements et aux patronats, mais purement et simplement de la poudre aux yeux des prolétaires.

La soi-disant «construction européenne», autrement dit l‘alliance économique et politique qu‘ont nouée les différents capitalismes européens pour résister à leurs concurrents internationaux, se fonde de façon toujours plus accentuée sur la régression sociale, pardon, sur les «réformes» qui ont pour but d‘accroître et d‘intensifier davantage l‘exploitation capitaliste. Etant donné les difficultés économiques du capitalisme, au niveau européen comme au niveau national, l‘heure est aux attaques anti-ouvrières et antisociales. Il ne peut donc s‘agir, pour les prolétaires, de renforcer le «dialogue social», c‘est-à-dire la collaboration des classes, mais de faire l‘inverse: briser la paix sociale et se lancer dans la lutte de classe. Bourgeois et prolétaires ne sont pas des partenaires, ce sont des adversaires de classe.

Tous ceux qui prétendent le contraire, qui préconisent et mettent en pratique la collaboration avec les patrons et leurs Etats, ou qui refusent de condamner cette collaboration, désarment sciemment les prolétaires au moment même où ceux-ci ont le plus besoin de se défendre. Les prolétaires ne peuvent attendre d‘eux que le sabotage et l‘étouffement de leurs luttes: ils se rangent dans le camp ennemi!

C‘est en dehors d‘eux, en dehors de leur influence et contre leurs orientations défaitistes que devra renaître la lutte prolétarienne.

 


 

(1)   Les Echos, 16/3/15

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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