Amadeo Bordiga

Parti et action de classe (1)

(«le prolétaire»; N° 518; Décembre 2015 - Février 2016)

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Paru sur le n°4 (31/5/1921) de Rassegna Comunista, la revue théorique du Parti Communiste d’Italie, cet article est la suite de «Parti et classe» publié sur le n° 516 du Prolétaire. Bordiga y répond aux accusations, qui seront par la suite répétées jusqu’à la nausée et pas seulement par les staliniens, selon lesquelles la Gauche communiste, par souci de «pureté», n’admettait l’existence que de petits partis enfermés dans leur tour d’ivoire; ou que comme les partisans allemands de la «théorie de l’offensive», elle ne voulait pas envisager les périodes de recul, les périodes défavorables, qui imposent une tactique défensive. Ce qu’elle défendait en fait, non par purisme mais parce que c’est le seul gage d’efficacité, c’est que le parti ne doit jamais, quelle que soit la période, altérer sa physionomie, estomper son programme et modifier les lignes fondamentales de son action.

(Rappelons que ce texte, comme le précédent est reproduit in extenso dans notre brochure «Parti et Classe», Textes du PCI n°2)

 


 

Exposant dans un précédent article certaines notions théoriques fondamentales, nous avons montré non seulement qu’il n’y a rien de contradictoire dans le fait que le parti politique de la classe ouvrière, organe indispensable de sa lutte d’émancipation, ne compte dans ses rangs qu’une partie, une minorité de la classe; mais encore qu’on ne peut parler d’une classe douée d’un mouvement historique sans qu’existe le parti ayant une conscience précise de ce mouvement et de ses buts, et se plaçant à l’avant-garde de ce mouvement dans l’action.

Un examen plus détaillé des tâches historiques de la classe travailleuse dans son cheminement révolutionnaire, aussi bien avant qu’après le renversement du pouvoir des exploiteurs, ne fait que confirmer cette nécessité impérative du parti politique qui doit diriger toute la lutte de la classe travailleuse.

Pour donner une idée précise, presque tangible dirions-nous, de la nécessité «technique» du parti, il conviendrait peut-être, même si cela peut sembler illogique pour notre exposé, de considérer d’abord la tâche que le prolétariat doit accomplir après être parvenu au pouvoir, après avoir arraché à la bourgeoisie la direction de la machine sociale.

Après avoir conquis la direction de l’Etat, le prolétariat aura à assumer des fonctions complexes. Il devra non seulement remplacer la bourgeoisie dans la direction et l’administration de la chose publique, mais construire une machine entièrement nouvelle et différente d’administration et de gouvernement, visant des buts infiniment plus complexes que ceux qui font l’objet de l’art gouvernemental d’aujourd’hui. Ces fonctions exigeront une enrégimentation, une organisation disciplinée d’individus aptes à remplir les différentes tâches, à étudier les divers problèmes, à appliquer aux divers secteurs de la vie collective les critères dérivant, des principes révolutionnaires généraux, correspondant à la nécessité qui pousse la classe prolétarienne à briser les entraves de l’ancien régime afin de construire de nouveaux rapports sociaux.

Ce serait une erreur fondamentale de croire qu’un tel degré de préparation, une telle somme de spécialisations puissent venir d’un simple encadrement professionnel des travailleurs selon les tâches traditionnelles qu’ils remplissaient dans l’ancien régime. Il ne s’agira pas en effet d’utiliser la formation professionnelle des meilleurs ouvriers pour remplacer, entreprise par entreprise, la compétence technique précédemment fournie par le capitaliste ou par les éléments qui lui étaient étroitement liés, et éliminer ainsi leur contribution. Il s’agira de pouvoir affronter des tâches de nature beaucoup plus synthétique, exigeant une formation à la fois politique, administrative et militaire; une telle formation, correspondant exactement aux tâches historiques précises de la révolution prolétarienne, ne peut être garantie que par un organisme qui, comme le parti politique, possède d’une part une vision historique générale du processus révolutionnaire et de ses exigences, et d’autre part une sévère discipline organisationnelle assurant la subordination de toutes les fonctions particulières au but général de la classe.

Un parti est un ensemble de personnes ayant la même vision générale du développement historique, une conception précise du but final de la classe qu’elles représentent, et possédant par avance un système de solutions des divers problèmes que le prolétariat aura à affronter lorsqu’il sera devenu classe dominante. C’est pourquoi le gouvernement de classe ne pourra être qu’un gouvernement de parti. En nous contentant de rappeler brièvement ces considérations qu’une étude même superficielle de la révolution russe rend tout à fait évidentes, nous parlerons maintenant de la phase antérieure à la prise du pouvoir, pour démontrer que l’action révolutionnaire de classe contre le pouvoir bourgeois ne peut être, elle aussi, qu’une action de parti.

Il est tout d’abord évident que le prolétariat ne serait pas mûr pour affronter les problèmes extrêmement ardus de la période de sa dictature si l’organe indispensable pour les résoudre, le parti, n’avait pas commencé longtemps auparavant à constituer son corps de doctrines et d’expériences.

Mais même pour les besoins directs de la lutte qui doit culminer dans le renversement révolutionnaire de la bourgeoisie, le parti est l’organe indispensable de toute l’action de la classe. Logiquement, on ne peut même pas parler d’une véritable action de classe (c’est-à-dire d’une action dépassant les limites des intérêts catégoriels ou des petits problèmes contingents) quand on n’est pas en présence d’une action de parti.

 

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Dans ses termes généraux, la tâche du parti prolétarien dans le processus historique se présente de la façon suivante.

A tout moment, les rapports économiques et sociaux du capitalisme sont ressentis comme intolérables par les prolétaires, et poussent ceux -ci à tenter de les dépasser. Au travers de vicissitudes complexes, les victimes de ces rapports sont amenées à constater l’insuffisance des moyens individuels dans cette lutte instinctive contre les souffrances et les privations communes à un grand nombre d’individus, et à expérimenter des formes d’action collective, pour augmenter par l’association le poids de leur influence sur la situation sociale qui leur est faite.

Mais la succession de ces expériences, qui jalonnent tout le développement de l’actuelle forme sociale capitaliste, conduit à constater que les travailleurs n’auront aucune influence réelle sur leur propre sort tant qu’ils n’auront pas associé leurs efforts par delà toutes les limites locales, nationales et professionnelles, et tant qu’ils ne les auront pas dirigés vers un objectif général et intégral qui se concrétise dans le renversement du pouvoir politique de la bourgeoisie - car tant que les structures politiques actuelles seront debout, leur fonction sera toujours d’annihiler tous les efforts de la classe prolétarienne pour se soustraire à l’exploitation.

Les premiers groupes de prolétaires qui parviennent à cette conscience sont ceux qui interviennent dans les mouvements de leurs camarades de classe et qui, par la critique de leurs efforts, des résultats obtenus, des erreurs et des désillusions, en amènent un nombre toujours croissant sur le terrain de cette lutte générale et finale qui est une lutte pour le pouvoir, une lutte politique, une lutte révolutionnaire.

Ainsi augmente, tout d’abord, le nombre des travailleurs convaincus que seule la lutte révolutionnaire finale résoudra le problème de leurs conditions de vie, en même temps que grossissent les rangs de ceux qui sont disposés à affronter les privations et les sacrifices inévitables de la lutte, en se mettant à la tête des masses que leurs souffrances poussent à se révolter, afin d’utiliser rationnellement leurs efforts et de leur assurer une pleine efficacité.

La tâche irremplaçable du parti se présente donc de deux manières, comme fait de conscience d’abord, et ensuite comme fait de volonté: la première se traduit dans une conception théorique du processus révolutionnaire qui doit être commune à tous les adhérents; la seconde dans l’acceptation d’une discipline précise assurant la coordination et donc le succès de l’action.

Naturellement ce renforcement des énergies de classe n’a jamais été et ne peut être un processus continu excluant tout recul. Il y a des arrêts, des retours en arrière, des perturbations, et les partis prolétariens perdent bien souvent les caractères essentiels qui s’étaient peu à peu formés, et du même coup la capacité à réaliser leurs tâches historiques

En général, sous l’influence même de phénomènes particuliers du monde capitaliste, les partis abandonnent souvent leur fonction principale qui est de concentrer toutes les poussées provenant du mouvement des différents groupes et de les canaliser vers le but final et unique de la révolution; ils se limitent à les assister dans leurs recherches de solutions et de satisfactions plus immédiates et transitoires, dégénérant ainsi sur le plan doctrinal et pratique jusqu’à admettre que le prolétariat puisse trouver des conditions d’utile équilibre dans le cadre du régime capitaliste, et à se donner pour but de leur politique des objectifs partiels et contingents, glissant ainsi sur la pente de la collaboration de classe.

Ces phénomènes de dégénérescence, qui ont atteint leur sommet avec la grande guerre mondiale, ont été suivis d’une période de saine réaction: les partis de classe s’inspirant des directives révolutionnaires – les seuls qui soient véritablement des partis de classe – se sont reconstitués partout et s’organisent dans la IIIe Internationale, dont la doctrine et l’action sont explicitement révolutionnaires et «maximalistes».

On voit ainsi reprendre autour des partis communistes, et dans une phase que tout permet de supposer décisive, le mouvement d’unification révolutionnaire des masses et d’encadrement de leurs forces pour les actions révolutionnaires finales. Mais encore une fois, loin d’avoir la simplicité immédiate d’une règle, ce processus pose de difficiles problèmes de tactique, il n’exclut pas les insuccès partiels même graves, et suscite des questions qui passionnent au plus haut point les militants de l’organisation révolutionnaire mondiale.

 

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Maintenant qu’elle a reconstitué le cadre de sa doctrine, la nouvelle Internationale a encore à tracer un plan général de ses méthodes tactiques. Le mouvement communiste des différents pays s’interroge sur une série de points, et les questions tactiques sont à l’ordre du jour. Une fois établi que le parti politique est l’organe indispensable de la révolution, une fois mis hors de discussion, avec les résolutions théoriques du deuxième congrès mondial qui forment le point de départ de l’article précédent, que le parti ne peut être qu’une fraction de la classe, il reste à savoir plus précisément quelle extension doit avoir l’organisation du parti, quels rapports il doit y avoir entre ses propres effectifs et les masses qu’il encadre.

Il existe – du moins on le dit – une tendance qui voudrait avoir des «petits partis» parfaitement purs, et qui se complairait presque à fuir le contact des grandes masses, accusées d’avoir peu de conscience et de capacités révolutionnaires. Cette tendance est vivement critiquée et elle est définie comme un «opportunisme de gauche». La formule nous semble plus démagogique que fondée, car elle devrait plutôt être réservée aux courants qui nient la fonction du parti politique et qui prétendent qu’on peut avoir un large encadrement révolutionnaire des masses dans des formes d’organisation purement économiques, purement syndicales.

Il s’agit donc d’examiner un peu plus à fond cette question des rapports du parti avec la masse. Le parti est une fraction de la classe, c’est entendu, mais comment établir l’importance numérique de cette fraction? Nous pensons quant à nous que s’il est une preuve de volontarisme et donc d’«opportunisme» (désormais opportunisme veut dire hérésie) antimarxiste caractérisé, c’est de vouloir fixer a priori ce rapport numérique comme règle d’organisation, de vouloir établir que le parti communiste doit avoir dans ses rangs ou comme sympathisants un nombre de travailleurs qui soit supérieur ou inférieur à telle fraction donnée de la masse prolétarienne.

Vouloir juger le processus de formation des partis communistes, fait de scissions et de fusions, d’après un critère numérique, en taillant dans les partis trop nombreux et en ajoutant de force des morceaux aux partis trop petits, serait une erreur ridicule; ce serait ne pas comprendre, en effet, que ce sont des normes qualitatives et politiques qui doivent présider ce processus, et qu’il s’élabore en très grande partie au travers des répercussions dialectiques de l’histoire, échappant ainsi à une législation organisationnelle qui prétendrait passer les partis dans un moule pour qu’ils en sortent avec les dimensions considérées comme désirables et appropriées.

Ce que l’on peut prendre pour base indiscutable de cette discussion tactique, c’est qu’il est préférable que les partis soient le plus nombreux possible, et qu’ils réussissent à entraîner derrière eux les couches les plus larges des masses. Il n’y a personne parmi les communistes qui élève à la hauteur d’un principe le fait d’être peu nombreux et reclus dans la tour d’ivoire de la pureté. Il est indiscutable que la forcé numérique du parti et la ferveur du prolétariat rassemblé autour de celui-ci sont des conditions révolutionnaires favorables, des indices sûrs de la maturité du développement des énergies prolétariennes, et il n’y a personne qui ne souhaite que les partis communistes progressent dans ce sens.

Il n’existe donc pas de rapport défini ni définissable entre les effectifs du parti et la grande masse des travailleurs. Etant bien entendu que le parti assume sa fonction en tant que minorité du prolétariat, il serait byzantin de se demander si celle-ci doit être petite ou grande. Il est certain que lorsque les contradictions et les conflits internes du capitalisme, principale origine des tendances révolutionnaires, sont au début de leur développement, lorsque la révolution apparaît comme une perspective lointaine, le parti de classe, le parti communiste, ne peut être formé que de petits groupes de précurseurs possédant une capacité particulière à comprendre les perspectives de l’histoire, et que la partie des masses qui le comprennent et le suivent ne peut pas être très grande. Quand, au contraire, la crise révolutionnaire est près d’éclater, les rapports de production bourgeois devenant de plus en plus intolérables, le parti voit augmenter le nombre de ses adhérents, ainsi que son influence au sein du prolétariat.

Si l’époque actuelle est, comme tous les communistes en ont la certitude, une époque révolutionnaire, il s’ensuit que dans tous les pays nous devrions avoir des partis nombreux et exerçant une forte influence sur de vastes couches du prolétariat. Mais là où cela n’est pas encore réalisé en dépit des preuves indéniables de l’acuité de la crise et de l’imminence de son éclatement, les causes de cette déficience sont tellement complexes qu’il serait extrêmement léger d’en déduire que si le parti est trop petit et peu influent, il doit être artificiellement agrandi par l’adjonction d’autres partis ou fractions de partis dont les membres seraient liés aux masses.

Pour décider de l’opportunité d’accepter d’autres éléments dans les rangs de ce parti, ou au contraire d’amputer les partis pléthoriques d’une partie de leurs membres, on ne doit pas partir de considérations arithmétiques ni d’une puérile déception sur le plan numérique.

 

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Mis à part le parti bolchevik russe, la formation des partis communistes en Europe et hors d’Europe s’est faite à un rythme très accéléré, car c’est à un rythme très accéléré que la guerre a ouvert les portes à la crise de régime. Les masses prolétariennes ne peuvent se former une conscience politique sûre de façon graduelle; elles sont ballottées entre les exigences de l’action révolutionnaire comme par les vagues d’une mer démontée. D’autre part l’influence traditionnelle des méthodes social-démocrates persiste, et les partis social-démocrates eux-mêmes restent sur la scène pour saboter le processus de clarification pour le plus grand bien de la bourgeoisie.

Dans les moments où le problème de l’issue de la crise atteint son maximum d’acuité et où le problème du pouvoir se pose aux masses, le jeu des social-démocrates devient terriblement évident, car devant le dilemme dictature prolétarienne ou dictature bourgeoise, lorsqu’on ne peut plus éviter de choisir, ils choisissent la complicité avec la bourgeoisie. Mais lorsque, tout en mûrissant, la situation n’est pas encore arrivée à ce stade, une partie considérable des masses reste soumise à la vieille influence des social-traîtres. Et lorsque les chances de révolution ont l’air, ne serait-ce qu’en apparence, de diminuer, ou que la bourgeoisie commence à déployer des capacités de résistance inattendues, il est inévitable que les partis communistes perdent momentanément du terrain dans le domaine de l’organisation comme dans celui de l’encadrement des masses.

Etant donné l’instabilité de la situation actuelle, il se peut que nous assistions, dans le cadre général du sûr développement de l’Internationale révolutionnaire, à de telles fluctuations. S’il est indiscutable que la tactique communiste doit s’efforcer de faire face à ces circonstances défavorables, il est non moins certain qu’il serait absurde d’espérer les éliminer par des formules tactiques, tout comme il est exagéré de se laisser aller pour autant à des conclusions pessimistes.

Dans l’hypothèse abstraite d’un développement continu des énergies révolutionnaires des masses, le parti voit ses forces numériques et politiques augmenter de façon continue; il s’accroît quantitativement, tout en restant qualitativement égal à lui-même, le nombre des communistes ayant augmenté par rapport à celui des prolétaires. Dans la situation réelle, où les facteurs divers et continuellement changeants du milieu social agissent de façon complexe sur les dispositions des masses, il en va autrement: si le parti communiste est constitué par l’ensemble de ceux qui connaissent et comprennent les caractères du développement historique mieux que le reste de la masse, il n’en est pas moins lui-même un effet de ce développement. Il ne peut donc pas ne pas subir le contrecoup de ces alternatives et, bien qu’il agisse constamment comme un facteur d’accélération révolutionnaire, aucune méthode, aussi raffinée soit-elle, ne le met en mesure de forcer ou de renverser les situations dans leur essence fondamentale.

Mais le pire de tous les remèdes que l’on pourrait utiliser pour parer aux effets défavorables des situations serait d’intenter périodiquement un procès aux principes théoriques et organisationnels sur lesquels le parti est fondé, avec l’objectif de modifier l’étendue de sa zone de contact avec les masses. Dans les situations où les dispositions révolutionnaires des masses s’amoindrissent, ce que certains appellent porter le parti vers les masses équivaut bien souvent à dénaturer les caractères du parti, c’est-à-dire à le priver des qualités qui peuvent précisément en faire un catalyseur susceptible d’influencer les masses et de leur faire reprendre leur mouvement en avant.

Les conclusions que la doctrine et l’expérience historique permettent de formuler sur les caractères précis du processus révolutionnaire ne peuvent être qu’internationales et ne peuvent donc donner lieu qu’à des normes internationales. Dés lors que les partis communistes sont solidement fondés sur ces conclusions, il faut considérer leur physionomie organisationnelle comme établie, et comprendre que leur faculté d’attirer les masses et de leur donner toute leur puissance de classe dépend désormais de leur fidélité à une stricte discipline de programme et d’organisation interne.

Dés lors que le parti communiste est doté d’une conscience théorique, confirmée par les expériences internationales du mouvement, qui le prépare à affronter les exigences de la lutte révolutionnaire, il a la garantie que, même si les masses s’éloignent en partie de lui dans certaines phases de sa vie, il les aura autour de lui lorsque se poseront les problèmes révolutionnaires qui n’admettent pas d’autre solution que celle qui est inscrite dans son programme. Quand les exigences de l’action montreront la nécessité d’un appareil dirigeant centralisé et discipliné, le parti communiste, dont la constitution aura obéi à ces critères, viendra se mettre à la tète des masses en mouvement.

La conclusion que nous voulons en tirer, c’est que les critères sur lesquels on doit se fonder pour juger de l’efficacité des partis communistes n’ont rien à voir avec un contrôle a posteriori de leurs forces numériques comparées à celles des autres partis qui se réclament du prolétariat. Ces critères ne peuvent consister que dans une définition exacte des bases théoriques du programme du parti, et de la rigide discipline interne de toutes ses organisations et de tous ses membres pour assurer l’utilisation du travail de tous au mieux des intérêts de la cause révolutionnaire.

Toute forme d’intervention dans la composition des partis qui ne découle pas logiquement de l’application précise de ces normes, ne mène qu’à des résultats illusoires; elle prive le parti de classe de sa principale force révolutionnaire, qui réside précisément dans la continuité doctrinale et organisationnelle de toute sa propagande et de toute son action, dans le fait d’avoir su «dire par avance» comment se présentera le processus de la lutte finale entre les classes, et de s’être donné le type d’organisation correspondant aux exigences de la phase décisive.

 

(A suivre)

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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