«Dirty» Duterte

Le nouveau visage sanglant de la démocratie bourgeoise aux Philippines

(«le prolétaire»; N° 521; Septembre-Octobre 2016)

Retour sommaires

 

 

Les Philippines, dont l’économie était autrefois essentiellement agricole,  a  connu un récent développement industriel. En 1980, plus de 37% de ses exportations étaient des produits agricoles; en 2015 ils n’en représentaient plus que 7%, alors que les produits industriels constituaient plus de 70 % des exportations (les produits électroniques, à eux seuls représentaient 44% des exportations du pays).

Rangés dans la catégories des «nouveaux pays industrialisés», les Philippines font  partie de ceux que les économistes bourgeois nomment les «Tigres» qui, dans la foulée des «Dragons» (Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong et Taiwan) se sont intégrés au marché capitaliste mondial grâce aux délocalisations attirées par une main d’œuvre bon marché. En 2015, le pays a connu le plus fort taux de croissance après la Chine.

Les Philippines  se sont spécialisées dans la construction navale, l’équipement automobile, l’électronique, l’informatique, la chimie et les centres d’appel. Le secteur minier avec le cuivre, l’or, l’argent et le nickel est également en plein boom. Le pays bénéficie aussi largement des envois d’argent des très nombreux Philippins émigrés.

Au cours des trente dernières années, la classe ouvrière s’est donc largement développée; le nombre d’actifs dans l’industrie «manufacturière» a plus que doublé pour atteindre les 15%.

 

Développement capitaliste et misère prolétarienne

 

 Ce développement, vanté par les institutions internationales, cache (très) mal les retards économiques et la misère. Environ 30% de la main d’oeuvre est encore employée dans l’agriculture mais, malgré cela, le pays n’est pas autosuffisant; il  et doit importer du riz (il est en est le premier importateur mondial) pour nourrir sa population en forte croissance (75 millions de Philippins en 2000, 100 millions aujourd’hui). Le pays est lourdement endetté et la corruption est endémique.

La majorité de la population vit dans des conditions encore misérables. Selon les statistiques officielles, un quart des habitants vivent avec moins de un dollar par jour et, selon la Fondation IBON, près des trois-quart vit avec moins de deux dollars. Si selon le gouvernement, le chômage est autour de 7 %, il est en réalité supérieur à 25 % si l’on prend en compte les temps partiels imposés qui ne permettent pas de vivre. Enfin, une large part de la population urbaine est concentrée dans des bidonvilles. Certains estiment que six des douze millions d’habitants de la capitale Manille habitent ces quartiers. Ils vivent au milieu de montagnes de détritus qui polluent l’air, l’eau et les sols, et sont victimes de politiques d’expulsion menées par les pouvoir publics (comme à Quezon City en 2014).

Comme beaucoup de pays capitalistes, les Philippines ont subi la mise en place de mesures «néolibérales» de privatisation et de dérégulation. Parmi les mesures mises en œuvre dans ce cadre, il y a la «contractualisation», surnommée système «endo» (end of contract), qui empêche les travailleurs d’accéder aux garanties des salariés sous statut en les recrutant avec des contrats (y compris successifs) de moins de cinq mois. Dans les zones franches qui se sont multipliées, les travailleurs sont privés pratiquement de tout droit et soumis à un sévère despotisme d’entreprise; d’autre part, les organisations internationales dénoncent régulièrement le recours au travail forcé dans les petites entreprises et dans l’agriculture (notamment dans les plantations de canne à sucre)

Les Philippines sont aussi un des principaux pays d’émigration dans le monde: il y a chaque jour an moyenne 6 000 départs. Onze millions de Philippins vivent à l’étranger, dont trois millions aux États-Unis et deux en Arabie Saoudite. A ceux-ci s’ajoutent 300 000 marins philippins qui sillonnent les océans sur des navires marchands.

L’intégration des Philippines à l’économie mondiale capitaliste a été facilitée par les liens étroits qu’entretient le pays avec son ancienne puissance colonisatrice, les États-Unis.

 Les Philippines, auparavant colonie espagnole, ont été conquises par l’impérialisme américain lors d’une guerre sanglante entre 1899 et 1902. L’armée américaine a dévasté le pays, menant de véritables «campagnes d’extermination» et internant les civils dans des camps de concentration, le tout accompagné d’un discours raciste pour célébrer la supériorité des Américains, descendants d’ «ancêtres aryens». Ce génocide colonial est responsable de l’assassinat de 250 à 750 000 civils (1).

Le pays a ensuite été une colonie américaine jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avant de devenir formellement indépendant et d’être gouverné par une succession de dirigeants pro-américain – le plus célèbre et le plus redoutable ayant été le dictateur Ferdinand Marcos qui dirigea le pays d’une main de fer de 1965 à 1986.

 

Duterte président : la victoire de «la loi et l’ordre»

 

Début mai, Rodrigo Duterte a été élu président avec à peu près 40 % des suffrages au second tour. Il a remporté une nette victoire avec six millions de voix d’avance dans un scrutin où la participation a été importante.

Duterte a mené une campagne démagogique et sécuritaire, en s’appuyant sur son bilan de maire de Davao. Dans cette ville, Duterte a ramené «l’ordre» en mettant en place des escadrons de la mort, la milice Alsa Masa composée d’anciens militaires et de voyous, et le Davao Death Squad. Ces groupes sont accusés d’avoir assassiné dans les années 1990, au nom de la lutte contre la drogue, plus de mille personnes dont des enfants des rues.

Début septembre, cette politique de terreur avait été largement mise en œuvre au niveau national et près de 2 500 personnes avaient été exécutées par les attaques conjointes des tueurs de la police et de ceux des escadrons de la mort.

Bien qu’il affirme parfois être de gauche, Duterte a déclaré durant sa campagne que son modèle politique était le dictateur Marcos (renversé lors de la prétendue «révolution populaire» de 1986 réalisant une «démocratisation» qui a brisé l’hégémonie de son clan sur le pouvoir, mais au profit d’autres forces bourgeoises); misogyne jusqu’au bout des ongles, il a fait l’apologie du viol, en «plaisantant» qu’il aurait du participer au viol collectif d’une nonne australienne, ou en affirmant qu’il avait 2 femmes et 2 maîtresses...

Ce n’est pas par hasard que ce démagogue réactionnaire a été surnommé par les médias «Dirty Duterte», en référence à l’inspecteur Harry, flic aux méthodes expéditives, joué par Clint Eastwood, ou «The Punisher» en référence à un super-héros Marvel adapte de l’ultra-violence contre les criminels.

Sur le plan économique et social, il a fait des promesses envers les plus déshérités et les travailleurs, en dénonçant en particulier le système de «contractualisation» comme «anti-populaire» (tout en refusant d’en prendre l’engagement par écrit). Lors de sa campagne électorale il avait reçu le soutien des Confédérations syndicales TUCP (Trade Union Congress of Philippines, la plus grande Confédération) KMU (Kilusang Mayo Uno, Syndicat du Premier Mai, censé être plus combatif, lié au PCP maoïste) etc, tandis que d’autres ne prenaient pas position. Dans son gouvernement il a nommé Mindanao Joel Maglunsod, le vice-président du KMU, sous-secrétaire d’Etat au Travail et à l’Emploi.

Mais cette image «sociale» de défenseur des pauvres et le soutien que lui apportent les bureaucrates syndicaux, ne peuvent pas masquer son soutien aux politiques néolibérales menées depuis des décennies. Il proposait de développer les «partenariats public-privé» pour financer les dépenses d’infrastructure, d’augmenter la «compétitivité» de l’économie pour attirer des investissements étrangers, de supprimer les mesures protectionnistes…

D’autre part son véritable sentiment par rapport aux prolétaires s’est révélé quand, lors d’un meeting en février, il a averti le KMU de ne pas essayer d’organiser les travailleurs des zones franches: «Idéologiquement nous sommes du même bord (...). Mais si vous faites ça [organiser les travailleurs], je vous tuerai tous» (2).

Les bureaucrates du KMU ont obtempéré, mais la menace s’est déjà traduite ailleurs dans les faits. Le 17 septembre, Orlando Abangan, un militant syndical du Partido Manggagawa (PM), a été assassiné (3), continuant une vieille tradition du patronat et de l’Etat philippins de répression des prolétaires. Les pratiques anti-syndicales les plus brutales restent monnaie courante; jusqu’à aujourd’hui les promesses faites par Duterte aux travailleurs n’ont pas été tenues, et lorsqu’une délégation syndicale est allé rappeler à Maglunsod la promesse de mettre fin au système endo, le sous-secrétaire a seulement dit qu’il transmettrait la demande au ministre...

Duterte est donc un politicien totalement bourgeois même si, à l’occasion, il se présente comme un «socialiste». Cela ne l’empêche pas de recevoir le soutien plus ou moins ouvert de multiples partis se réclamant du communisme.

 

Le PC maoïste offre ses services à Duterte… qui les accepte

 

 Le visage pseudo-radical de Duterte a donné un prétexte aux maoïstes du Parti Communiste des Philippines (PCP) pour se prosterner devant lui au nom de la «révolution démocratique». Le PCP s’est fait le défenseur d’une «alliance» avec Duterte car son élection «ouvre des perspectives pour obtenir un changement significatif » (4). Cette alliance est justifiée au nom du nationalisme: Duterte, «pas complètement soumis à l’impérialisme américain» serait en effet «l’unique chance de mettre fin à 70 ans de gouvernement soumis aux États-Unis». Les maoïstes ont un programme totalement bourgeois et réactionnaire: «unité nationale, paix et développement» c’est-à-dire unité derrière la bourgeoisie, paix sociale et développement de l’économie capitaliste nationale (5). Le chef en exil du parti a déclaré, durant la campagne, espérer que Duterte «sera effectivement au service du peuple philippin dans sa lutte pour la libération nationale, la démocratie, la justice sociale et le développement»; il se dit prêt à soutenir «toutes les politiques et les actes patriotiques et progressistes de la présidence Duterte» (6).

Le PCP sera rapidement récompensé pour son soutien. Duterte offre un cessez-le-feu à la Nouvelle Armée Populaire (NPA) forte de plusieurs milliers de combattants et qui mène la «guerre populaire» depuis 1969. Le nouveau président nomme également trois représentants du «Front National Démocratique» qui regroupe les organisations «de masse» du PCP (7). Les maoïstes obtiennent les ministères de la Réforme agraire et du Travail et de l’emploi, pour les leaders de leur syndicat paysan KMP et du KMU.

Il est vrai que le PCP a pris ses distances avec la sanglante terreur policière initiée par le nouveau président (8). Il lui reproche également d’être un «régime réactionnaire» qui trahit ses promesses, et de capituler devant «le big business, les Etats-Unis, l’armée et les capitalistes bureaucrates», tout en défendant une «alliance tactique» avec lui (9).

Il reste en effet un partisan (à peine critique) du démagogue réactionnaire: le PCP salue sa «politique étrangère pacifique et indépendante» quand Duterte dénonce la présence militaire américaine sur le sol philippin (10). Il appelle Duterte à faire des Philippines un «pays indépendant et non aligné» (11) qui devrait conclure des accords commerciaux avec le Venezuela, l’Iran, Cuba, la Russe, la Corée du Nord et la Chine (12).

Même s’il peut sembler radical par son utilisation de la violence et ses références pseudo-marxistes, le PCP est une force bourgeoise qui défend un développement capitaliste indépendant dans le cadre d’une union des «forces patriotiques», c’est-à-dire d’une alliance interclassiste qui enchaîne les prolétaires aux intérêts de la bourgeoisie.

 

 L’«extrême» gauche offre son soutien «critique»

 

A côté du PCP, il existe de multiples partis pseudo-révolutionnaires.

D’une part, l’ancien parti pro-soviétique – le PKP-1930 (Partido Komunista ng Pilipanas-1930, Parti Communiste des Philippines-depuis 1930). Le PKP a vertement critiqué le candidat Duterte considéré comme un candidat aussi réactionnaire que les autres (13). Mais moins d’un mois plus tard, le parti a tenu à féliciter le président Duterte! Le PKP – comme ses frères ennemis du PCP – offre ses services: «nous soutiendrons tous les efforts de votre administration pour satisfaire votre promesse électorale» de lutter contre le crime. L’action sanguinaire des escadrons de la mort a du satisfaire ces faux communistes. Tout cela est, une fois de plus, justifié par un programme totalement bourgeois: «construire un pays prospère dans la paix, la souveraineté nationale, la démocratie et la justice sociale» (14). Ce revirement a été justifié par le fait que «sa victoire électorale reflète l’espoir de nombreux électeurs»....

Il existe également des forces issues des scissions du PCP au début des années 1990. Ces scissions se sont faites sur la question de la nature de la révolution aux Philippines. Pour les «rejectionnistes», en particulier représenté par Filemon Lagman, qui ont scissionné, les Philippines ne sont pas un pays «semi-colonial et semi-féodal» mais un pays capitaliste dans lequel une révolution ouvrière doit prendre le pouvoir.

Malgré ce changement tactique, ces forces – le Partido Lakas ng Masas (PLM, Party of the Laboring Masses) et le Partido Manggagwa (PM, Labor Party) – sont tout aussi étrangers aux positions prolétariennes classistes que le PCP.

Le PLM estime que la «situation politique [est] extrêmement intéressante et stimulante» et répond de façon positive aux avances des maoïstes pour «un gouvernement d’unité nationale, la paix et le développement» en défendant une «lutte pour un programme national contre la domination de l’élite néolibérale» (15).

Le PM n’apporte pas de soutien politique au gouvernement ou au PCP mais demande à Duterte de «mener une guerre contre la contractualisation aussi vigoureuse que la guerre contre la drogue» (16). Il revendique également que des militants syndicaux jouent le rôle d’inspecteurs du travail (17), 5 août 2016). On a facilement fait mieux comme opposition!

De son côté, la IVe Internationale trotskyste a réussi à construire une section aux Philippines à partir d’une des scissions du PCP: le Parti Révolutionnaire des Travailleurs de Mindanao (RPM-M). Ce parti a répondu favorablement aux avances des dirigeants du PCP qu’il qualifie de «camarades de lutte pour la libération des opprimés». Le RPM estime qu’il a «une différence de méthode» avec les maoïstes mais des objectifs – bourgeois! – communs: «des réformes démocratiques avancées sans perdre de vue l’élimination de l’oppression des masses» (18). C’est le vieux programme de la social-démocratie: des réformes aujourd’hui et le socialisme dans un temps indéterminé !

Tous ces courants pseudo-révolutionnaires, en réalité complètement réformistes, ne sont que les mouches de coche du PCP qui lui même se prosterne devant la bourgeoisie philippine et son chef actuel Duterte; ce sont comme ce dernier des obstacles à la lutte prolétarienne.

Mais il existe dans le pays un groupe qui se réclame de la Gauche Communiste, «Internatyonalismo». Constitue-t-il une alternative de classe à cette «extrême-gauche» pro-bourgeoise?

 

Internatyonalismo : en route pour nulle part

 

Depuis 2009 en effet, le CCI dispose d’une section aux Philippines. Sous le titre «Le régime Duterte aux Philippines, attrait pour “l’homme fort” et faiblesse de la classe ouvrière» (19), le site du CCI a publié en anglais (en juin) puis en français (en septembre), un article de sa section philippine sur l’élection présidentielle, qui reprend également des prises de position antérieures.

Loin de dégager une réelle perspective classiste, le CCI n’a à offrir à ses lecteurs que des pleurnicheries sur la «l’impuissance, [le] désespoir, [le] manque de perspective [et] la perte de confiance dans l’unité de la classe ouvrière et dans les luttes des masses laborieuses»:

«Un effet négatif du capitalisme décadent dans sa phase de décomposition est la montée du désespoir et l’absence de perspective notamment parmi les masses pauvres. Un indicateur de cela est la “lumpen-prolétarisation” de parties entières de la classe laborieuse, entraînant une augmentation du nombre de suicides, le développement d’une culture pourrie chez les jeunes et de la criminalité. Tous ces éléments sont des manifestations du mécontentement croissant des masses à l’égard du système actuel, mais elles ne savent pas quoi faire pour remédier à cette situation. En d’autres termes, il y a un malaise croissant mais pas de perspective pour l’avenir. Voilà pourquoi la tendance au “chacun pour soi” et au “chacun contre tous” influence fortement une fraction significative de la classe ouvrière».

Bien entendu, Internatyonalismo condamne le régime Duterte comme «un défenseur enragé du capitalisme» et «un gouvernement de la classe capitaliste pour la classe capitaliste».

Face à ce pouvoir bourgeois, quelle est la perspective? «Analyser et […] comprendre en tant que communistes pourquoi une fraction importante de la population est prête à accepter Duterte comme dictateur et “parrain” » dans un premier temps. Ensuite, «persévérer dans la clarification théorique, le renforcement organisationnel et les interventions militantes pour préparer les futures luttes à un niveau international». Wait and see...

A cela s’ajoute les caricatures de lutte que la section du CCI offre en exemple aux prolétaires: «des mouvements de solidarité (mouvement anti-CPE en France, des Indignados en Espagne, la lutte de classe en Grèce, le mouvement Occupy aux États-Unis)».

La logique derrière cela est que les Philippines ne seraient pas «mûres» pour la révolution prolétarienne. C’est ce qu’expliquait le CCI dans un article saluant la création de sa section («Salut aux nouvelles sections du CCI aux Philippines et en Turquie», 5 mars 2009). Dans ce texte il reprenait sa position au sujet des pays dominés énoncée en 1982 («Le prolétariat d’Europe occidentale au centre de la généralisation de la lutte de classe», Revue Internationale n° 31) :

«Ce n’est qu’en l’attaquant à son cœur et à son cerveau que le prolétariat pourra venir à bout de la bête capitaliste. Ce cœur et ce cerveau du monde capitaliste, l’histoire l’a situé depuis des siècles en Europe occidentale. C’est là où le capitalisme a fait ses premiers pas que la révolution mondiale fera les siens, l’un et l’autre étant d’ailleurs liés. (...) Ce n’est donc qu’en Europe occidentale, là où le prolétariat a la plus vieille expérience des luttes, où il est confronté d’ores et déjà depuis des décennies à ces mystifications «ouvrières» les plus élaborées, qu’il pourra développer pleinement sa conscience politique indispensable à sa lutte pour la révolution».

Pour le CCI, la révolution sera européenne ou ne sera pas! Les prolétaires des jeunes pays capitalistes mais aussi des Etats-Unis ou du Japon, n’ont qu’à être patients et attendre que le prolétariat européen conscient reprenne la lutte. La seule perspective qui reste aux Philippines est donc le développement de luttes sur le terrain démocratique bourgeois (comme Occupy ou les Indignados dont Podemos est le rejeton légitime) ou réformiste (comme la «lutte de classe» en Grèce qui s’est faite – et a été défaite – sous la direction de Syriza et du KKE).

Il est clair qu’en définitive Internatyonalismo est incapable d’offrir une perspective de classe aux prolétaires philippins, une perspective réellement communiste

 

Pour une perspective prolétarienne

 

Pour les communistes, ce n’est ni l’horizon de la révolution bourgeoise (même radicale) ni l’impuissante attente du réveil du prolétariat européen qui sont à l’ordre du jour. Aujourd’hui, toutes les régions de la planète ont été bouleversées par le mode de production capitaliste. L’impérialisme a fait pénétrer le capitalisme dans tous les pores de la société philippine.

La révolution prolétarienne mûrit depuis longtemps dans cette Asie orientale labourée en tous sens par le mouvement irrésistible de l’expansion capitaliste. Elle suppose, comme ailleurs, la destruction de tous les rapports mercantiles et salariaux, et de tous les Etats érigés pour les défendre.

Où qu’elle éclate et quelle que soit l’importance plus ou moins grande des résidus laissés par les limites de la transformation capitaliste des sociétés, cette révolution trouvera dans le choc violent avec le réseau capillaire de l’impérialisme – tant célébré par les plumitifs bourgeois sous le nom de «mondialisation» – les conditions matérielles d’une diffusion rapide, qui devra finir par investir et renverser les forteresses de la contre-révolution en Amérique du Nord et en Europe.

Cette perspective sans doute plus lointaine mais  la seule fondée sur le matérialisme, implique la renaissance du parti de classe, fidèle au marxisme authentique et fort d’une large influence dans les rangs du prolétariat.. Ce parti ne pourra pas diriger la classe ouvrière des Philippines ou d’ailleurs vers l’assaut contre le capitalisme, qu’en se basant sur la défense exclusive des intérêts des prolétaires et des masses exploitées, contre toutes les illusions démocratiques et réformistes véhiculées par les faux défenseurs du socialisme.

25/09/2016

 


 

(1) cf Robert Gerwarth et Stephan Malinowski «L’antichambre de l’Holocauste», Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, n°99, 2008

(2) http://www.equaltimes.org/what-can-workers-in-the?lang=en#.V-L0MBJUXs1)

(3) «PM condemns vigilante style killing of a leader», partidongmanggagawa 2001.blogspot.fr

(4) «Struggle and alliance under the Duterte regime», Bayan, édition anglaise, 7 juin 2016

(5) «Prospects under a Duterte presidency», Bayan, édition anglaise, 15 mai 2016

(6) «Interview with Prof. Jose Maria Sison on the election of Duterte as President», democracyandclassstruggle.blogspot.fr, 11 mai 2016

(7) «3 NDFP nominees to sit in new cabinet», Bayan, édition anglaise, 7 juin 2016

(8) «No more cooperation with Duterte’s undemocratic and anti-people “drug war” », cpp.ph, communiqué du 12 août 2016)

(9) «Duterte is undermining the chance for change and peace», cpp.ph, communiqué du 7 août

(10) «Positive significance of Duterte’s avowal to uphold an independent foreign policy», cpp.ph, communiqué du 11 septembre 2016

(11) «All US military forces in entire country must go home», cpp.ph, communiqué du 13 septembre 2016

(12) «Positive significance of Duterte’s avowal…»

(13) «Prospects for the Philippines in the wake of the May 9 general elections», solidnet.org

(14) «Open letter to President elect Rodrigo R. Duterte », pkp1930.org

(15) «Philippines left facing a Duterte-CPP coalition government», masa.ph, 28 mai 2016

(16) «Group asks Duterte for big names of endo lords in the country», 2 août 2016, partidongmanggagawa2001.blogspot.fr

(17) «PM wants union officiers deputized as labour inspecteur for endo campaign»

(18) «Response to Jose Ma. Sison’s Call for Dialogue», 16 juin 2016, rpm-m.org

(19) http://fr.internationalism.org/revolution-internationale/201609/9435/regime-duterte-aux-philippines-attrait-l-homme-fort-et-faibles

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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