Solidarité de classe avec les prisonniers du Goulag étasunien !

(«le prolétaire»; N° 522; Novembre-Décembre 2016 / Janvier 2017)

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Le 9 septembre, les détenus des prisons étasuniennes ont été appelés à la grève. Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité d’une vague d’agitations dans les prisons (grèves de faim, refus de réintégrer les cellules ou révoltes) et a été appelée par des groupes de prisonniers (dont le plus important est le Free Alabama Movment) et par l’Incarcerated Workers Organizing Committee, affilié aux Industrial Workers of the World (IWW).

Des milliers de prisonniers ont pris part à la grève et des dizaines de prisons ont été touchées. Depuis cette date, quelques bribes d’information ont pu sortir des geôles et témoignent que des mobilisations diverses se poursuivent malgré une brutale répression.

Un des principaux moteurs de la colère des prisonniers est l’existence d’un système de travail forcé qui oblige près d’un million de prisonniers (sur les deux millions et demi) à travailler pour de très bas salaires, voire à titre gratuit.

 Le treizième amendement de la Constitution officialise haut et fort cette logique: «il n’existera sur le territoire des États-Unis ou autre lieu soumis à leur juridiction ni esclavage ni servitude involontaire, sauf pour punir un crime, dont un individu aura été dûment reconnu coupable». Ainsi, la condamnation pénale implique aussi le recours au travail obligatoire. Celui-ci prend des formes variées.

Afin d’amortir le coût de la politique carcérale, les détenus doivent participer à son fonctionnement: ménage, cuisine, réparations, voire service domestique pour les dirigeants de la prison.

Au Texas et en Louisiane, l’activité obligatoire des détenus consiste à élaguer des arbres, terrasser les champs et entretenir les voies de communication. Ils sont ainsi devenus, pour ces deux États, l’un des principaux services public destinés à l’aménagement de l’espace rural. Dans d’autres Etats ruraux, les condamnés sont employés dans les fermes sous la surveillance de gardes à cheval.

D’autres prisonniers doivent également travailler à la production de biens et services, en particulier pour les taches manufacturières peu qualifiées telles que l’emballage-conditionnement ou le textile. Pour ce faire, ils sont loués à des entreprises privées. Leur faible ou inexistante rémunération les fait entrer en concurrence directe avec les ateliers clandestins d’Indonésie, de Hong kong, de Thaïlande et bien sûr de Chine. Le travail forcé évite aux entreprises de délocaliser leurs activités vers des endroits aux coûts salariaux comparables, mais forcément moins fliqués que les établissements pénitentiaires. De plus, les entreprises échappent ainsi aux contrôles des services d’hygiène et de l’inspection du travail, car le travail en prison est à l’écart de la législation du travail.

Enfin des détenus travaillent dans des centres d’appel, par exemple pour les réservations des compagnies aériennes.

Le système carcéral est ainsi devenu un secteur économique important générant un nombre considérable d’emplois directs ou indirects et en permettant à des entreprises d’accroître leur compétitivité.

A cette pratique esclavagiste s’ajoutent des conditions de vie dégueulasses (cellules non chauffées ou non climatisées et insalubres, nourriture avariée et eau contaminée, sous-alimentation volontaire…), les violences des gardiens et la torture que constitue l’isolement carcéral.

 Cette lutte des prisonniers fait partie de la lutte prolétarienne. Face à leurs exploiteurs, on ne peut que se féliciter que les prolétaires incarcérés aient trouvé le terrain du combat classiste.

 Cependant, si l’on ne peut pas ignorer le travail de syndicalisation et d’organisation mené par les IWW, force est de constater que ce syndicat anarcho-syndicaliste inscrit le mouvement dans le cadre démocratique bourgeois.

Dans un récent éditorial du journal de l’IWOC The Incarcerated Worker, les «wobblies» étalent le caractère bourgeois de l’anarcho-syndicalisme («A Treatise To End Mass Incarceration», Automne 2016). Cet article se plaint que le système carcéral coûte cher aux contribuables et se donne comme objectif d’abolir le 13e amendement de la constitution et de rendre inconstitutionnel le travail forcé. L’exploitation capitaliste peut bien se maintenir! Si l’objectif est bourgeois, les moyens d’action le sont tout autant: le boycott des produits fabriqués par les détenus et la lutte «non-violente».

N’en déplaise à ces réformistes, pour mettre fin à l’exploitation des prisonniers, à l’industrie carcérale étasunienne qui enferment massivement des prolétaires et à l’oppression raciste que subissent les Noirs et les autres minorités, premières victimes de la «justice», c’est le capitalisme, ce système criminel qu’il faut abattre.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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