Gaza : révolte contre la misère et la terreur islamiste

(«le prolétaire»; N° 532; Février - Mai 2019)

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Les Palestiniens de Gaza, comme ceux de Cisjordanie, sont quotidiennement victimes des exactions de l’armée israélienne et des colons, causant morts, blessés et arrestations. Le 30 mars les soldats israéliens ont encore tiré à Gaza sur des manifestants lors d’une manifestation rassemblant des dizaines de milliers de personnes dans le cadre de la «Marche du retour» commémorant l’exode des Palestiniens en 1948 et protestant conte le blocus du territoire. Bilan: 4 manifestants tués et des centaines de blessés. La manifestation avait pourtant été fortement encadrée par le Hamas pour qu’il n’y ait pas de «provocations» conte les soldats israéliens, dans le cadre d’un processus discret de négociations avec l’Etat hébreu.

Ce n’est qu’un des innombrables crimes perpétrés continuellement par les soldats israéliens. Israël continue par ailleurs sa colonisation et sa domination des «Territoires palestiniens» où ses forces armées interviennent régulièrement pour pourchasser des militants ou réprimer des manifestants. Fin février le gouvernement israélien a décidé de geler une partie des fonds qu’il doit à l’Autorité palestinienne au titre des taxes de douane perçues en son nom, à hauteur des allocations versées par cette dernière aux familles des prisonniers (5440 croupissent dans les geôles israéliennes). Depuis mars 2018, date à laquelle ont commencé des manifestations hebdomadaires de protestation à la frontière, 255 palestiniens ont été tués à Gaza par des tirs de soldats israéliens ou des raids de l’aviation.

Mais les masses de Gaza souffrent aussi de la politique des dirigeants bourgeois du territoire, le «Hamas». Cependant elles réagissent contre la misère et l’oppression.

Depuis le début du mars, Gaza est ainsi secouée par une très forte contestation sociale: de violentes manifestations ont éclaté pour dénoncer le coût de la vie et les taxes récemment imposées sur les produits de première nécessité. Les manifestations ont pris la forme d’une remise en cause du pouvoir des islamistes du Hamas, le slogan des manifestants «nous voulons vivre» a été repris comme le nom d’un mouvement qui a appelé à une grève générale dans la bande de Gaza le 21 mars.

La misère est endémique dans ce petit morceau de Palestine: un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté, le chômage affecte 53% de la population (70% chez les jeunes), les pénuries d’eau et d’électricité sont fréquentes...

Cette misère est le fruit du blocus égypto-israélien que subit depuis douze ans la bande de Gaza, mais aussi des politiques capitalistes menées par le Hamas depuis cette date et par «l’Autorité palestinienne»–le gouvernement théorique des territoires palestiniens (qui a cessé de payer les fonctionnaires de Gaza).

La réponse du mouvement islamiste a été claire et nette: la terreur anti-prolétarienne.

Des contestataires ont été arrêtés, incarcérés, battus (jusqu’à briser les os), torturés, selon la pratique habituelle des services de sécurité du Hamas... Des habitants ont dû subir des perquisitions brutales accompagnées de destruction de leurs maigres biens et de violences. Plus d’un millier de personnes environ auraient été arrêtées, dont de nombreux journalistes pour restreindre au maximum la diffusion des informations sur les manifestations et leur répression.

L’exploitation féroce des prolétaires palestiniens et la répression sanglante sont une nette condamnation de toutes les organisations bourgeoises palestiniennes.

Le Hamas, tout autant que son concurrent le Fatah qui dirige l’Autorité palestinienne mais aussi les islamo-nationalistes du Jihad islamique ou la «gauche palestinienne» genre FPLP ou FDLP (aujourd’hui moribonds), sont des ennemis des prolétaires. Leur unique objectif est d’obtenir, en accord avec Israël et l’impérialisme, la liberté d’exploiter les travailleurs palestiniens dans le cadre d’un Etat croupion qui ne pourrait être autre chose qu’un bantoustan. Ils n’ont en définitive, comme tous les Etats bourgeois de la région (Israël comme les Etats arabes) qu’un seul souci: contrôler, circonscrire, éteindre si possible, le dangereux foyer de troubles que constituent les masses palestiniennes opprimées et en continuelle révolte contre cette oppression. Les masses palestiniennes sont exploitées et opprimées non seulement en Israël et dans les Territoires palestiniens, mais aussi au Liban et en Jordanie, et dans d’autres pays arabes où ils sont des réfugies ou des émigrés – démonstration vivante du caractère international du prolétariat; ils y constituent un foyer potentiel de trouble toujours redouté par les classes dominantes.

En l’absence en Israël (et dans les pays impérialistes) d’une force prolétarienne de classe brisant l’union nationale et combattant la bourgeoisie et son Etat, les masses prolétariennes palestiniennes, dans la situation beaucoup plus difficile où elles se trouvent, n’ont pu rompre l’union nationale avec leurs propres bourgeois et petits bourgeois. Leur combativité inépuisable a été frustrée pendant des décennies par des forces bourgeoises, qu’elles soient nationalistes, démocratiques ou religieuses.

La solidarité avec les masses prolétariennes opprimées par Israël et par leur propre bourgeoisie est un devoir pour les prolétaires des pays impérialistes.

Mais cette solidarité ne peut être fondée que sur des bases de classe, et non sur des bons sentiments humanitaires ou des rêveries démocratiques d’égalité entre les nations: il ne peut y avoir d’égalité entre les nations sous l’impérialisme. Et tant que restera en vigueur l’ordre impérialiste actuel, dont Israël est le pilier le plus solide dans la région, le calvaire des passes palestiniennes ne cessera pas. Leur salut ne viendra que de la lutte prolétarienne contre tous les Etats de la région, dans la perspective de la révolution communiste internationale. La véritable solidarité avec les prolétaires et les masses opprimées de Palestine, comme des autres pays dominés, qui se traduit en particulier par la dénonciation de tout soutien, direct ou indirect, des gouvernements à la politique israélienne, passe par la reprise de la lutte révolutionnaire anticapitaliste au coeur des métropoles impérialistes.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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