Colombie

Face à l’offensive et à la terreur bourgeoises: Lutte de classe anticapitaliste !

(«le prolétaire»; N° 533; Juin - Juillet - Août 2019)

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Le 25 avril, le Colombie a été secouée par une «grève générale» d’une journée et des manifestations de masse dans les grandes villes qui ont réuni autour d’un million de personnes. Cette mobilisation se voulait une réponse aux attaques capitalistes concentrées dans le «Plan national de développement – Plan pour l’équité (sic)» du président Duque.

Ce PND reprend les recettes de toutes les bourgeoisies: moins de sécurité et plus de flexibilité pour les salariés, la baisse des retraite, la baisse des salaires avec la suppression du salaire minimum, l’austérité budgétaire (avec le refus d’appliquer l’accord qui prévoyait une augmentation du budget de l’éducation), transformation de salariés en auto-entrepreneurs (ce qui s’accompagne d’une dégradation des conditions de vie et de travail)… A ce programme s’ajoute le développement des industries extractives avec toutes les conséquences néfastes pour les populations qui peuplent les régions concernées.

 La Colombie est un pays très urbanisé de 45 millions d‘habitants, dont l’économie repose en bonne partie sur les matières premières industrielles et agricoles: pétrole, charbon, café, fleurs, riz, etc. Le pétrole (1M de barils / jour) représente 55% des exportations colombiennes, avec des réserves calculées pour seulement 10 ans, et il connaît le même destin que toutes les autres matières premières.

Mais en Colombie, il y a aussi des activités agricoles particulières comme celle des plantes de coca. «L’économie parallèle du trafic de drogue est ingérable. Bien qu’impossible à calculer, les estimations lui confèrent environ 2% du PIB (souligné par nous). «Le pays restant l’un des premiers producteurs de cocaïne au monde, le Président Santos a marqué avec constance sa volonté de faire évoluer le débat international sur les drogues, notamment lors de la session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations unies en avril 2016 puis à l’occasion de la remise de son prix Nobel de la paix à Oslo en décembre 2016» (1). «La Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, a atteint un niveau historique l’an dernier [en 2017] en superficie avec 209.000 hectares cultivés (+ 11 %), selon l’administration américaine. Sur la même période, la capacité de production de cocaïne pure a augmenté de 19 %, passant de 772 à 921 tonnes, un autre record, d’après le Bureau national de contrôle de la drogue (ONDCP)» (2).

La pauvreté est importante, surtout chez les populations indigènes, et en général à la campagne ; c’est le pays d’Amérique Latine où les inégalités sont les plus importantes, pires encore qu’au Brésil et au Chili. Le chômage est passé selon les chiffres officiels de 9,7 % en 2018 à 12,8 % en 2019 pour descendre, après janvier, à 10,8 % en mars (3). Mais il ne faut pas accorder beaucoup de confiance dans ces chiffres, étant donné que beaucoup de personnes en âge de travailler sont employées dans ladite «économie souterraine» comme le narco trafic et des centaines d’activités non couvertes par la sécurité sociale et qui sont difficiles à estimer dans les statistiques.

Par rapport aux voisins vénézuéliens, il y a aussi l’hyperactivité économique complètement anarchique à la frontière, où des milliers de prolétaires et semi-prolétaires tentent de subsister dans des activités précaires les plus diverses ou directement de contrebande, surtout d’essence.

 

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La «grève générale» était appelée par les trois centrales syndicales CUT, CGT et CTC. Le syndicalisme collaborationniste a tout fait pour utiliser le plus tardivement possible l’arme de la grève mais aussi pour la rendre la plus inoffensive possible : grève d’une seule journée, et sans perspective. Comme ailleurs, le collaborationnisme offre une soupape de sécurité à la bourgeoisie en cherchant à faire baisser la pression sociale pour éviter l’explosion.

Pour faire reculer les plans de la bourgeoisie, les communistes défendent le recours à des méthodes classistes, à commencer par la grève sans limitation de durée ou par la constitution de piquets de grève pour bloquer réellement la production et les profits des capitalistes.

La Colombie a mis fin à la plus longue guerre civile de l’époque contemporaine avec la signature d’un accord de paix entre le gouvernement précédent et les FARC.

En réalité la paix est celle des exploiteurs. Les guérillas paysannes ont déposé les armes mais les milices bourgeoises, plus ou moins liées à l’extrême droite ou au crime organisé, continuent à semer la mort (4). Pas moins de 566 dirigeants sociaux, politiques, syndicaux, environnementaux et défenseurs des droits de l’homme ont été assassinés en Colombie entre janvier 2016 et janvier 2019.

Depuis des décennies, les prolétaires sont désarmés face aux hommes de main des capitalistes. Un véritable parti communiste se poserait le problème d’organiser la lutte indispensable contre la violence bourgeoise. La question de l’autodéfense ouvrière se présente sous deux aspects inséparables : celui de l’«autodéfense de masse» qui vise à riposter par la grève, les manifestations et la mobilisation des masses ouvrières; et celui de l’autodéfense proprement dite, c’est-à-dire de la constitution d’organes d’autodéfense (détachements de combat, milices armées...), dont le but est d’abord de défendre physiquement les ouvriers en grève, les centres de vie prolétarienne, les quartiers et les organisations ouvrières mais également, quand cela est possible, de faire la démonstration devant les prolétaires que l’on peut aussi porter des coups à l’adversaire, donnant ainsi à la classe ouvrière confiance en elle-même, dans la perspective de pouvoir se porter demain sur le terrain de la préparation militaire de la révolution.

Face aux attaques capitalistes, les pseudo-communistes et l’«extrême» gauche n’offrent qu’une perspective réformiste qui ne peut que désarmer le prolétariat face à ses ennemis de classe.

Le Parti Communiste de Colombie (PCC) demande au pouvoir de «gouverner et légiférer en fonction des besoins et des intérêts des travailleurs et du peuple». C’est la vieille illusion réformiste selon laquelle l’État bourgeois pourrait être au service des prolétaires…

L’«extrême» gauche partage cette même orientation. Le Parti du Travail de Colombie (PTC) participe à l’Alliance Verte, un cartel de partis bourgeois dirigés par les écologistes. Le Mouvement Ouvrier Indépendant et Révolutionnaire (MOIR) défend «la souveraineté, la paix, la démocratie et un emploi décent» et le Mouvement pour la défense des droits du peuple (MODEP) se déclare pour «la défense de la vie, des territoires et des droits). Les trotskistes (morénistes) du Parti Socialiste des Travailleurs (PST) se font, eux, les champions depuis des années d’une assemblée «Constituante large, libre, démocratique et souveraine».

Toutes ces organisations restent dans le cadre du système politique capitaliste et n’offrent donc qu’un programme antiprolétarien.

La solution pour les prolétaires et les masses opprimées de Colombie n’est pas bourgeoise: c’est uniquement sur le terrain de la lutte de classe qu’ils doivent lutter. La démocratisation de l’État bourgeois est une dangereuse illusion qui anesthésie le combat que peuvent mener au quotidien les travailleurs contre leur exploitation. Ce programme fait croire que l’État est à conquérir alors qu’il est à détruire

En Colombie comme ailleurs, au front uni des capitalistes et de leurs laquais opportunistes, qui ne peut préluder qu’à une exploitation toujours plus féroce, les travailleurs doivent répondre en refusant de subordonner leurs intérêts à la défense ou à la démocratisation de l’État bourgeois.

Les communistes ne proposent pas de combattre pour une vie meilleure ou un emploi décent dans une société d’oppression (ce qui serait illusoire), mais pour la possibilité pour tous les prolétaires de lutter aujourd’hui contre les attaques du capital, demain, sous la direction de son parti, pour sa destruction.

 

29/05/2019

 


 

(1) https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/colombie/presentation-de-la-colombie/

(2) https://www.lesechos.fr/2018/06/les-plantations-de-coca-se-multiplient-en-colombie-997467

(3) https://fr.tradingeconomics.com/colombia/unemployment-rate

(4) Les accords signés à La Havane en août 2016 par les FARC et le gouvernement colombien précédent, présidé par Santos, ont en pratique été rompus ou n’ont pas été respectés, poussant des milliers d’ex-combattants à reprendre les armes et à retourner à la guérilla.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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