Les «héros» des balcons

( Supplément COVID-19  à «le prolétaire» N° 536; Mars 2020 )

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Les slogans qui sont répétés jusqu’à l’écoeurement dans les médias depuis le début du confinement visent à mobiliser la société, à lui faire assumer, à l’unisson, des slogans de guerre, à tenter de soulager tous les malaises et les mécontentements par l’unité, le bien commun, le sacrifice, par-dessus les divisions en classe entre exploiteurs et exploités.

L’un de ces slogans est celui qui fait des « héros » de tous ceux qui vont travailler, mettant leur santé et celle de leurs familles en danger pour que l’économie nationale soit aussi peu endommagée que possible, un héros.

« Héros » sont aujourd’hui les travailleurs de santé, infirmières, etc., qui depuis des mois luttent pour l’amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. L’Etat qui a obstinément refusé de leur accorder satisfaction, les a exposés à l’épidémie de coronavirus, en niant d’abord sa gravité puis en les privant du matériel de protection nécessaire pour leur travail. Ils sont appelés des héros pour justifier le meurtre des travailleurs dans les secteurs public et privé par l’inaction et le mensonge.

La bourgeoisie, loue hypocritement ceux qui donnent leur vie pour elle alors que son incurie entraîne la contagion et la mort de tant de personnes et tant de prolétaires.

« Héros » sont les ouvriers des magasins jugés de première nécessité (alimentation, etc., et aussi marchands de tabac, si profitables pour le finances publiques) qui sont contraints de travailler davantage pour que leurs employeurs augmentent leurs profits en spéculant sur la psychose collective. « Héros » sont ceux qui continuent à faire tourner les usines et avancer les chantiers au profit de l’économie capitaliste ; « héros » les facteurs, les routiers, les travailleurs d’Amazon ou les riders qui doivent se rendre au travail pour que la logistique ne subisse pas les conséquences du ralentissement économique. S’il fallait accorder une médaille à chaque mort, il n’y aurait pas assez de métal pour tout le monde.

Et « héros » sont, bien sûr les policiers qui font ... quoi? Surveiller, harceler, arrêter, distribuer des centaines de milliers d’amendes à la population « indisciplinée ». Leur omniprésence dans les rues montre la force que la bourgeoisie déploiera dans les prochaines décennies contre les prolétaires lorsqu’elle les appellera à nouveau à une mobilisation comme celle que nous voyons aujourd’hui.

Et quand la journée se termine, à huit heures du soir, comme dans le monde entier, les habitants sont appelés à sortir sur les balcons pour applaudir. Après avoir enduré l’angoisse générée par le chômage, la difficulté à nourrir les enfants parce que sont fermées les cantines dont dépendent tant de familles de prolétaires pour empêcher la faim d’entrer chez eux, après avoir été soumis à des tonnes d’intoxication dramatique par les chaînes de la télé… Il est temps d’applaudir. Quoi? Qui?

Une situation déterminée par la classe bourgeoise et son Etat qui se sont montrés incapables de garantir la santé de la population? Les « professionnels » de la santé débordés et surexploités? Au-delà de l’exemple du dévouement des prolétaires et qui, même s’il est utilisé par la classe sociale ennemie, montre son immense force, ces applaudissements signent l’ouverture d’une période de sacrifices, de privations et de misère qui commence avec cette crise.

(D’après le Suplemento Covid à El Proletario n°19)

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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