Méthodes, moyens, objectifs de classe : quésaco ?

(«le prolétaire»; N° 549; Juin-Juillet-Août 2023)

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Dans la situation actuelle, après décennies de contre-révolution, les armes et les méthodes classiques de lutte sont ignorées du prolétariat, même quand il est poussé par la force matérielle des affrontements à les reprendre spontanément. Les organisations politiques et syndicales collaborationnistes, y compris «combatives», qui «jouent le jeu du dialogue social» font tout pour l’en empêcher, parfois au nom d’une prétendue efficacité, souvent au nom de la légalité à respecter pour éviter la répression, toujours au nom du sacro-saint principe de la démocratie : les manifestations doivent rester pacifiques pour attirer le plus grand nombre, les «débordements» doivent être évités pour ne pas courir le risque de la répression, les grèves ne doivent pas gêner les usagers, les piquets de grève doivent être seulement dissuasifs ou filtrants (le mieux est qu’il n’en y ait aucun), les décisions en AG doivent être prises à bulletins secrets et de la façon la plus morcelée possible (encore plus «démocratique» est que les prolétaires se contentent d’obéir à leurs représentants syndicaux !) ; et enfin l’arme ultime est le référendum où les «citoyens», toutes classes confondues, pourraient imposer à coup de bouts de papier leur volonté aux «gouvernants» et à l’Etat.

Les faits démontrent que ces moyens et ces méthodes en réalité affaiblissent la lutte, voire la stérilisent et la condamnent à l’impuissance : la poussée de la lutte est d’autant plus forte, son élan d’autant plus grand, sa force d’attraction et sa capacité à rencontrer la solidarité des autres prolétaires d’autant plus puissantes et, partant, ses chances de succès d’autant plus sérieuses, qu’elle est centrée sur la défense des intérêts prolétariens et eux seuls ; c’est-à-dire des intérêts communs à toute la classe des «sans-réserves» ne possédant rien d’autre que leur force de travail que, pour toucher un salaire indispensable pour vivre, ils sont obligés de vendre à un patron qui tire son profit de son exploitation. En tant que classe exploitée, les prolétaires ont des intérêts distincts et opposés à ceux de la classe des exploiteurs capitalistes et de leurs serviteurs, ainsi qu’à ceux des classes intermédiaires petites bourgeoises ; et pour défendre leurs intérêts il ne faut pas que les prolétaires se laissent arrêter et dévier par de prétendus «intérêts supérieurs» ou «intérêts généraux» comme l’intérêt de l’entreprise, de  l’économie locale, régionale ou nationale : ce ne sont là que les intérêts du capital, c’est-à-dire les intérêts de la classe ennemie, la classe exploiteuse ; les défendre ou les prendre en compte ne peut se faire qu’au détriment  de la classe exploitée, au détriment  des intérêts prolétariens. Salaire contre profit, classe contre classe ! Voilà qu’elle doit être la perspective des prolétaires s’ils ne veulent pas rester éternellement soumis aux capitalistes, s’ils veulent avoir la possibilité de s’émanciper de l’esclavage salarié.

Avant même de songer à l’objectif final, qui implique le renversement révolutionnaire du pouvoir capitaliste et l’instauration, sur les ruines de l’Etat bourgeois, du pouvoir dictatorial du prolétariat, cela implique nécessairement pour les luttes de résistance quotidiennes, y compris élémentaires, de suivre des méthodes des moyens et des objectifs adéquats : c’est-à-dire qui renforcent les prolétaires et affaiblissent les patrons capitalistes et leur Etat. Une lutte qui ne met pas en péril les profits ou ne gêne pas la bonne marche de l’économie et le fonctionnement de l’Etat, une lutte qui se fixe l’objectif de s’adresser à l’«opinion publique» ou d’être «entendu» par le gouvernement, n’est pas une lutte classiste ; ce n’est pas une lutte du tout, mais une simple procession à la manière des absurdes processions religieuses organisées pour intercéder auprès d’un Saint quelconque.

C’est au contraire seulement la mise en action  de la puissance de classe du  prolétariat qui peut établir un rapport des forces favorable face aux patrons, à la classe bourgeoisie dans son ensemble et à son Etat. Dans ce but il est indispensable de mettre en avant les méthodes et les moyens qui permettent l’organisation et la mobilisation prolétariennes pour arriver à ce rapport de force :

- la mise au point d’une plate-forme revendicative la plus unifiante possible.

- la grève sans limitation préalable de durée, sans préavis ni respect du «service minimum».

- la direction de la grève par un comité de grève élu en AG et responsable devant celle-ci, et non mis en place par les bureaucrates syndicaux, indépendant de l’influence des organisations collaborationnistes ; la participation de tous les travailleurs à l’organisation et au déroulement de la grève.

- la mise en place de piquets de grève effectifs et massifs et l’occupation  des locaux pour interdire l’entrée des non-grévistes de façon à bloquer réellement l’activité et pouvoir résister aux interventions policières.

- la recherche de la solidarité active des autres prolétaires (et non celle du «public» ou des «usagers», toutes classes confondues) notamment contre la répression policière et judiciaire; la mise en place d’une caisse de grève gérée par les grévistes; enfin l’extension la plus large possible de la grève.

Les revendications générales de classe doivent correspondre aux principes qui suivent :

 

DEFENSE DU SALAIRE

 

• Augmentation générale des salaires et des pensions pour tous les travailleurs, plus élevée pour les catégories les moins bien payées, permettant d’éviter le recours aux heures supplémentaires!

•. Augmentation du salaire minimum, de toutes les allocations et de tous les minima sociaux ! Pas  de revenu inférieur au salaire minimum !

• Salaire intégral pour les chômeurs et les licenciés!

• Réduction drastique de la journée de travail pour tous à salaire égal, quelle que soit la catégorie, le secteur ou l’emploi!

• Diminution de l’âge de la retraite, plus forte pour les métiers pénibles et pour les femmes prolétaires !

• Contre le travail précaire, transformation des CDD en CDI !

 

CONTRE LE CONTRÔLE DE L’IMMIGRATION

 

• Non à la concurrence entre prolétaires autochtones et migrants !

• A  travail égal salaire égal pour les prolétaires autochtones et étrangers !

• Liberté de circulation pour tous les travailleurs et leurs familles !

• Régularisation de tous les sans-papiers !

• Non au délit d’aide aux «clandestins» !

• Non aux expulsions!

• Fermeture de tous les centres de rétention, libération de tous les migrants et sans papiers !

 

DEFENSE DES CONDITIONS DE VIE, DE TRAVAIL ET DE LUTTE

 

• Non à l’augmentation de l’intensité et de la durée de la journée de travail!

 • Contre la nocivité du lieu de travail et d’habitation, contre le travail de nuit l’augmentation des cadences et des rythmes de travail !

• Contre toutes les discriminations fondées sur l’âge, le sexe, la nationalité!

• Contre toutes les formes de despotisme et de harcèlement sur le lieu de travail et dans la société !

• Pour l’union dans la lutte de tous les prolétaires par dessus les limites de catégorie et de corporation!

• Contre toutes les mesures restreignant l’usage de la grève !

• Non à la soumission des intérêts prolétariens aux besoins de l’entreprise et du marché!

• Contre toutes les formes de collaboration interclassiste entre prolétaires et patrons, entre exploités et exploiteurs!

• Pour la renaissance d’organismes prolétariens de lutte indépendants des appareils et des pratiques du collaborationnisme interclassiste !

• Pour la reconstitution du syndicat de classe !

 

Ceci n’est pas un catalogue revendicatif (nous n’avons pas chiffré les revendications), mais un ensemble non exhaustif de points généraux qui définissent une orientation de lutte de classe sur laquelle un mouvement d’ensemble du prolétariat est possible. Il est clair qu’il ne s’agit encore que d’une lutte de défense contre l’exploitation capitaliste ; mais cette lutte de défense est indispensable avant d’avoir la force de passer à l’offensive, c’est-à-dire à la lutte révolutionnaire contre le capitalisme : c’est dans cette lutte, devenue «l’école de guerre du communisme» (Engels) que le prolétariat retrouvera ses armes de classe et forgera son unité de combat pour la révolution.

 

6/06/2023

 

 

Parti Communiste International

Il comunista - le prolétaire - el proletario - proletarian - programme communiste - el programa comunista - Communist Program

www.pcint.org

 

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