Il y a un siècle, la guerre du Rif

La lutte contre une guerre coloniale

(«le prolétaire»; N° 558; juillet-Octobre 2025 )

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Aujourd’hui passée sous silence comme tant d’autres épisodes des guerres coloniales françaises, la guerre du Rif a constitué au siècle dernier une étape importante de la domination française sur le Maroc. Mais si les rebelles du Rif furent finalement vaincus par les troupes coalisées de l’Espagne et de la France, supérieures en nombre, dotées d’armements les plus modernes (aviation) et n’hésitant pas à l’utilisation des gaz asphyxiants qui avaient été expérimentés lors de la guerre mondiale, ils annonçaient les futurs combats qui quelques décennies plus tard allaient abattre le colonialisme. D’autre part la guerre du Rif déclencha une puissante campagne de dénonciation et de mobilisation du PC à l’opposé du positions chauvines et pro-impérialistes qui seront alors celles du PCF après que la victoire de la contre-révolution dite stalinienne fit des partis « communistes » des défenseurs de l’ordre établi.

 

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A peine la conquête de l’Algérie achevée, les milieux colonialistes français se mirent à lorgner sur le Maroc voisin. Mais leur poussée multiforme se heurtait aux appétits des puissances européennes concurrentes attirées par les richesses minières, les opportunités financières et commerciales ou les impératifs géopolitiques représentés par un royaume chérifien en pleine déliquescence. A cette époque les principales sociétés capitalistes constituées pour exploiter les richesses minières du Maroc étaient l’Union des Mines Marocaines; consortium regroupant des sociétés allemandes (Krupp, Thyssen), françaises, britanniques, belges, espagnoles et italiennes, la compagnie allemande Mannesmann qui jouissait au départ d’un monopole minier, la Compagnie Espagnole des Mines du Rif.

En garantie des emprunts souscrits par le Maroc, les banques se firent attribuer la quasi-totalité des recettes douanières du pays. Les banques françaises dominaient les différents secteurs d’activité; production agricole, construction, mines, chemins de fer, tabac, chutes d’eau, etc. La plus puissante était la Banque de Paris et des Pays-Bas (sous le nom de Paribas, elle fusionnera en 2000 avec la BNP pour former le groupe BNP-Paribas, la première banque européenne) qui contrôlait plus de la moité des capitaux étrangers investis au Maroc; elle contrôlait aussi la Banque d’Etat marocaine qui émettait les billets de banque (1): on comprend ainsi quelle était l’influence de ce lobby bancaire sur la politique de la France envers le Maroc!

 La « question marocaine » devint au début du vingtième siècle un tel facteur de tension entre les rapaces impérialistes qu’il menaça même de déclencher une guerre européenne. Différents accords de 1904 à 1912 délimitèrent un partage du butin colonial en Afrique du Nord: la France se voyait reconnaître le protectorat qu’elle venait d’extorquer au sultan du Maroc tandis qu’en contrepartie, en plus de droits commerciaux, l’Allemagne recevait une partie du Congo français, la Grande Bretagne (outre un accord sur la non construction d’ouvrages militaire par les Français sur les côtes marocaines qui auraient pu constituer une menace pour la circulation de ses navires) (2) se voyait reconnaître sa domination sur l’Egypte et l’Italie avait les mains libres en Tripolitaine (Libye). Quant à l’Espagne, elle se voyait concéder la zone du Rif, c’est-à-dire en gros la côte méditerranéenne et son arrière-pays montagneux, par les Français, soucieux de concentrer sur le « Maroc utile ».

Bien entendu les populations concernées n’avaient pas été consultées et il fallut écraser par la force militaire et divers massacres les révoltes contre le protectorat. Pour « pacifier » le pays, c’est-à-dire imposer la domination coloniale, à la veille de la guerre de 1914 le corps expéditionnaire français s’élevait à 80 000 hommes auxquels il faut ajouter 7000 supplétifs indigènes.

 

Après la première guerre mondiale

 

Les populations berbères du Rif, organisées sur la base de la propriété commune tribale de la terre, jalouses de leurs traditions sociales et culturelles, reconnaissaient formellement l’autorité du sultan; mais, rétives à toute domination extérieure, elles voyaient d’un mauvais œil les velléités coloniales espagnoles auxquelles elles répondaient par des actes ponctuels de guérilla. Les opérations militaires espagnoles pour réprimer les tribus rifaines et étendre la domination de Madrid autour des enclaves de Ceuta et Melilla, avaient nécessité le rappel des réservistes en juillet 1909 – ce qui provoqua des protestations violentes dans les régions de Barcelone et Gérone dont la sanglante répression fit plus de cent morts. Les combats s’intensifièrent après l’instauration du mandat. Interrompues lors de la guerre mondiale les opérations militaires reprirent dès 1919 contre les populations insoumises. En juillet-août 1921 une importante colonne militaire espagnole sous les ordres d’un vétéran de la guerre hispano-américaine, le général Silvestre, se lança à l’assaut des tribus rebelles qui étaient dirigées par un nouveau chef de guerre, Abdelkrim. Ce fut un désastre: les espagnols perdirent plus de 12 000 hommes (dont le général Silvestre), eurent plus d’un millier de prisonniers et abandonnèrent sur le terrain un armement considérable: 120 canons, 400 mitrailleuses, près de 20 000 fusils, des tonnes de munitions et des fournitures diverses Avec la rançon payée par l’Espagne pour récupérer ses prisonniers, les rebelles purent ainsi se doter de l’armement suffisant pour continuer leur guérilla contre les troupes espagnoles. L’insurrection fit tache d’huile dans le Rif, les supplétifs indigènes faisaient défection en masse. Les tribus révoltées se centralisèrent sous la direction d’Abdelkrim qui proclama en 1923 la « République du Rif » et jeta les bases d’un embryon d’Etat en mettant fin aux traditions de luttes intestines qui avaient été encouragées par les espagnols. Abdelkrim mit sur pied un système judiciaire  centralisé avec création de peines d’emprisonnement pour remplacer les pratiques de justice coutumières traditionnelles (vendettas), etc., et un gouvernement rifain qui put envoyer des plénipotentiaires en Europe, etc.

A l’été 1923 les combattants rifains arrivèrent à stopper la contre-attaque espagnole appuyée par l’utilisation des gaz de combat (qui provoqua l’indignation générale au Maroc) (3). L’année suivante, alors qu’à Madrid un coup d’Etat avait débouché sur la dictature de Primo de Rivera, la pression militaire des insurgés obligea les troupes espagnoles à se replier; la difficile retraite leur occasionna de très nombreuses pertes en hommes et matériels, y compris parmi les légionnaires d’un jeune chef militaire en vue, Francisco Franco (4).

Les autorités coloniales françaises, qui rêvaient de reprendre à l’Espagne sa zone du protectorat, ne furent pas au départ mécontentes des déboires espagnols; mais après les victoires rifaines et le repli espagnol, elles s’inquiétèrent du risque que ferait peser l’établissement d’un Etat indépendant sur le mandat français au Maroc et de l’exemple qu’il donnerait aux populations colonisées d’Algérie et de Tunisie. C’est pourquoi, refusant les propositions de négociations d’Abdelkrim, le gouvernement français accéda aux demandes de renforts militaires (5) du « Résident général » Lyautey, en vue de préparer la guerre contre les Rifains. La victoire électorale du « cartel des gauches » (associant Radicaux, Républicains et Socialistes) n’avait pas modifié la politique française au Maroc (ni non plus en Syrie où les exactions françaises déclenchèrent la révolte des Druzes en 1925). Cependant malgré les préparatifs militaires de Lyautey et sa confiance dans la solidité des liens tissés avec les tribus sous « influence » française, l’offensive rifaine du printemps 2025 contre les positions françaises fut dévastatrice, non seulement en raison de l’armement dont disposaient les rebelles (canons...) et du nombre de leurs combattants, mais du fait des nombreux ralliements à leur cause. Des postes militaires se trouvèrent isolés au milieu de l’insurrection, il y eut des cas où les troupes indigènes se rendirent après avoir massacré leurs officiers français (6). Les autorités coloniales craignaient que la ville royale de Fès soit attaquée, etc.; le spectre d’une défaite à l’espagnole se profilait... Le gouvernement décida alors de faire appel à Pétain, le « vainqueur de Verdun ».

Celui-ci mit sur pied une offensive massive à l’image de ce qu’avait été la guerre en Europe, coordonnée avec les troupes espagnoles: au total les forces combinées franco-espagnoles dépasseront les 500 000 hommes, appuyées par 250 avions, des blindés, une puissante artillerie (7). Commencée en août 1925, interrompue par le mauvais temps hivernal, elle se terminera par la reddition d’Abdelkrim en mai 1926. Des affrontements limités auront encore lieu en divers endroits, mais la guerre du Rif s’achevait ainsi par la défaite des rebelles devant une écrasante supériorité militaire impérialiste. Les tentatives d’Abdelkrim pour trouver un appui dans le reste du Maroc furent vaines, la rébellion étant restée un mouvement régional, circonscrit pratiquement aux tribus rifaines. Officiellement elle avait fait 2736 morts du côté français dont 1568 supplétifs indigènes. Les pertes rifaines ne sont pas connues...

 

La lutte contre la guerre du Rif

 

Les campagnes socialistes contre les interventions militaires françaises au Maroc au début du vingtième siècle furent essentiellement de type parlementaire; Jaurès qui en était le chef de file était partisan d’une « pénétration pacifique » au Maroc. Selon lui les intérêts réels de la France étaient menacés par les menées criminelles des chefs militaires et des milieux affairistes qui non seulement dressaient les Marocains contre la France, mais risquaient de déclencher une guerre européenne. Critiquant ces positions « réformistes » et la passivité du parti, l’« anti-patriote » Hervé soutenait dans son journal La Guerre sociale la lutte des marocains contre les « soudards » français (il sera pour cela emprisonné), avant de retourner sa veste et devenir un patriote enragé (8)...

Les positions de l’Internationale Communiste furent bien différentes : elles exigeaient une lutte résolue contre le colonialisme et le soutien sans faille aux luttes des populations colonisées. Le PC français eut le plus grand mal à se plier à ces obligations en raison des traditions social-chauvines héritées du parti socialiste dont la majorité l’avait rejoint: il fut à plusieurs reprises admonesté par l’Internationale. Sa lutte contre la guerre du Rif est d’autant plus marquante qu’elle fut la première (et la dernière) fois, où le parti mit en pratique les directives de l’Internationale sur ce sujet.

La campagne commença dès le deuxième semestre 1924: fin septembre les jeunesses communistes de France et d’Espagne lancèrent un appel commun aux soldats contre la guerre, pour l’indépendance du Maroc et la fraternisation des soldats français, espagnols et arabes (9). Elle prit toute son ampleur en 1925; les mots d’ordre principaux étaient la paix immédiate et sans conditions avec le Rif, l’évacuation du Maroc, la reconnaissance de la République du Rif et la fraternisation des soldats français et rifains. Elle était dirigée par un « Comité central d’action » qui regroupait le PC, la CGTU (partie de la CGT exclue par les dirigeants confédéraux réformistes), des associations d’anciens combattants; des « comités d’action » locaux contre la guerre furnt créés, des centaines de réunions publiques furent organisées, des tracts diffusés dans les casernes, les trains ou les navires transportant des soldats, etc. Des mouvements de protestation eurent lieu sur plusieurs navires de guerre fin août 1925; en particulier les marins du Strasbourg, mouillé dans le port de Tanger, s’opposèrent à ce que leur navire appareille pour aller bombarder des positions rifaines. La virulence de la campagne obligea le PS à prendre ses distances avec le gouvernement en s’abstenant d’abord de voter les crédits pour les opérations militaires en juillet 1924 puis en votant contre le gouvernement en janvier 1925, et en multipliant pendant toute cette période les appels à la paix. Mais il s’agissait de manœuvres qui ne remettaient pas en cause son orientation résolument pro-impérialiste; il ne cessera de s’opposer à la revendication de retrait du Maroc et à condamner le mot d’ordre de fraternisation des soldats (10).

Une journée de grève générale contre la guerre fut décidée, même si des syndicats de la CGTU avertirent qu’elle ne pourrait être suivie dans certains secteurs; elle aura lieu en en octobre 1925. Pour le gouvernement et les médias la grève fut un échec complet: il n’y aurait eu que quelques milliers de grévistes. Cependant si la grève a été effectivement très minoritaire, sauf dans certains secteurs comme les mines, il y eut cependant des centaines de milliers de grévistes, ce qui est très loin d’être négligeable, surtout en tenant compte des mesures d’intimidation et répressives du patronat et de l’hostilité de la CGT réformiste et des partis de gauche bourgeois (11).

C’était la première fois qu’une grève nationale était déclenchée principalement contre une expédition militaire (la protestation contre les mesures d’austérité gouvernementale faisait aussi partie de l’appel à la grève) depuis décembre 1912 (600 000 prolétaires avaient fait grève selon la CGT contre les menaces de guerre). Cette grève marqua le point culminant de la campagne du PC, en butte à une répression débridée. En région parisienne la police n’hésita pas à tirer sur les manifestants, tuant un jeune ouvrier de 25 ans. Des centaines d’arrestations eurent lieu, 535 condamnations civiles et 1371 condamnations militaires furent prononcées. Les militants du PC totalisèrent 320 années de prison et 45 années de bannissement, la majorité du Comité central fut emprisonnée...

 

Les limites de la campagne anti-impérialiste du PCF

 

La direction du parti était confrontée à une opposition interne, parallèle à l’opposition de Trotsky dans le parti russe. Le tournant de la « bolchevisation » des partis, censée les « prolétariser » en les réorganisant sur la base des cellules d’entreprise, s’inscrivait en fait dans la lutte contre l’opposition en renforçant le rôle de l’appareil. La campagne contre la guerre du Rif suscita un renouveau des critiques internes; elles dénonçaient les méthodes de direction, le recours au bluff (comme les « Congrès ouvriers » censés être rassemblements à la base des prolétaires) au détriment du sérieux (12). Sur un plan plus politique le retrait du Maroc ou l’appel à la fraternisation furent critiqués car ces revendications seraient peu compréhensibles pour les masses ou ne correspondraient pas à la situation d’une guerre menée par des paysans. On reprocha au parti son « abdelkrisme », c’est-à-dire son soutien à un « chef féodal qui à travers la guerre d’indépendance luttait pour sa fortune personnelle » au lieu d’adopter « un programme de démocratie sociale et de socialisme économique » (!) et qui avait trahi son peuple en se rendant (13). Certaines de ses critiques témoignaient de la persistance des préjugés nationaux petits bourgeois, mais la direction amalgamait toutes les critiques à une « opposition de droite ». Elle reconnut cependant être tombée dans des « erreurs gauchistes » et elle engagea fin 1925 une « rectification »: il fallait mettre désormais l’accent sur la simple revendication de paix immédiate en laissant de côté celles du retrait du Maroc et de la fraternisation qui faisaient obstacle à la politique de « front unique ». Mais la campagne contre la guerre s’acheva pratiquement après la grève d’octobre.

Les leçons des carences du parti (dans les faits la campagne avait été surtout l’œuvre des Jeunesses Communistes, le parti adulte traînant les pieds) et des limites de son action ne furent jamais tirées; le PCF était pris comme les autres partis dans le processus de stalinisation, déjà entamé avec la dite « bolchevisation »: il allait en quelques années les amener à abandonner toutes leurs tapageuses prétentions révolutionnaires pour devenir les partisans du colonialisme et de la défense de l’impérialisme. Il n’envisagea plus jamais de mener une campagne anticolonialiste semblable à celle contre la guerre du Rif. Les trajectoires d’un Doriot ou d’un Thorez, deux leaders communistes en pointe lors de la lutte contre la guerre du Rif devenus renégats, furent semblables à celle d’un Hervé (même si le premier tomba au service de l’impérialisme allemand alors que le second triompha au service des Alliés) (14).

La vacuité théorique et programmatique de leurs partis les rendit perméables à la pression bourgeoise contre-révolutionnaire, les conduisant dans le camp bourgeois : invariance de l’opportunisme.

 


 

(1) cf. P. Semard, « La guerre du Rif ». Librairie de l’Humanité, 1926, p.19-22 (brochure du PC).

(2) Dès 1840 la Grande Bretagne avait averti que « l’occupation définitive d’un point du Maroc par la France serait forcément un casus belli » cf. « La guerre du Rif », op. cit. p. 12. L’« Entente cordiale » signée entre la France et la Grande Bretagne en 1904 contre l’Allemagne fut loin de mettre fin à ces préventions...

(3) Le gouvernement espagnol s’était engagé depuis 1921 dans un programme secret de développement d’armes chimiques avec une assistance allemande. En juin 1922 un atelier de fabrication d’obus chimiques était créé dans l’enclave de Melilla, cette fois avec l’aide technique française de la société Schneider. En 1925 Lyautey adressa des demandes répétées auprès du gouvernement po     ur recevoir des armes chimiques. Selon l’Etat-major le traité de 1922 ne prohibait l’utilisation des gaz de combat que dans «les conflits entre nations civilisées» – dont ne faisait pas partie le Rif ! Mais à cette époque était discutée à Genève une Convention, proposée par la France, pour interdire définitivement l’emploi des armes chimiques. Le gouvernement français hésitait donc à répondre favorablement aux demandes de Lyautey. Il s’y résolut pourtant en juillet 1925, en dépit de la Convention dont l’encre n’était pas encore sèche... Cependant ces armes n’auraient en définitive pas été utilisées. cf Max Schiavon, «La guerre du Rif», Ed. Perrin 2021, p. 301-306

(4) Près de 4000 morts, 2500 blessés ou disparus, etc.

(5) Les effectifs présents au Maroc avaient été fortement diminués pendant la guerre; et après celle-ci l’occupation militaire de la Ruhr pour extorquer des « réparations » à l’Allemagne exigea jusqu’en 1925 une forte concentration militaire dans le nord de la France.

(6) cf. Zakya Daoud, « Abdelkrim. Une épopée d’or et de sang », Ed, Seguier 1999, p. 248.

(7) cf. « Abdelkrim. Une épopée... », op. cit., p. 338.

(8) Le parti socialiste « a failli à tous ses engagements en ne se remuant pas assez pour protester contre le brigandage marocain. Si le brigandage marocain se prolonge, c’est lui et surtout lui qui en est responsable », écrit-il dans La Guerre sociale, 1-7/1/1908. A partir de 1912 son orientation change du tout au tout. L’occupation du Maroc est inéluctable, s’en indigner c’est « donner des coups de poing dans la lune. (...) Vraiment notre parti a mieux à faire en ce moment que de perdre son temps à amuser ainsi la galerie », La Guerre sociale, 3-19/12/1913. Cf. G. Oved, « La gauche française et le nationalisme marocain. 1905-1955 », tome 1, Ed. L’Harmattan 1984, p. 121, 130.

(9) cf. P. Semard, op. cit., p. 138-141.

(10) Blum déclara dans un discours: « La France a des droits au Maroc par le fait même que nous sommes en Algérie. (...) Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles ceux qui ne sont pas parvenus au même niveau de culture ». Les mots mêmes employés par Jules Ferry en juillet 1885 pour « civiliser » les « races inférieures » par des guerres coloniales! Cf. « Abdelkrim. Une épopée... », op. cit., p. 278.

(11) G. Oved évalue le nombre de grévistes entre 250 et 500 000. Le chiffre de 900 000 qui passera à la postérité trouve son origine selon lui à Moscou dans un discours de Zinoviev, alors que ni le PC ni la CGTU n’avaient donné d’estimations chiffrées. La CGTU revendiquait 500 000 adhérents, mais d’importantes fédérations comme les cheminots, les postiers, les enseignants n’avaient pas appelé à la grève. Oved estime que le tiers des grévistes n’étaient pas des adhérents de la CGTU, ce qui est un signe, malgré tout, de l’écho de l’appel à la grève. cf. « La gauche... », op. cit., p. 270-276.

(12) Le parti avait par exemple appris par hasard que les « mutins » du cuirassé Courbet allaient passer en jugement; rien n’avait été prévu pour leur défense: « je trouve que le parti a laissé tomber les militants victimes de la lutte contre la guerre du Maroc », Michel Marty, Congrès national du PCF. Cf. Le Mouvement Social n°78, p. 57

(13) cf. Saint-Jacques, « Sur le problème rifain », Cahiers du Bolchevisme n° 52 (juin 1926), p. 1422. L’antillais Saint-Jacques était membre de la Commission coloniale centrale du parti. La direction ne sut répondre à l’extraordinaire confusion de ce texte que par des attaques personnelles et en l’accusant de « traiter notre parti pour une tribu de Niam Niam » (!)

(14) Doriot, dirigeant stalinien ambitieux et sans scrupule, créa le Parti Populaire Français avec des fonds de grands capitalistes, après avoir été écarté de la direction du PCF au profit de son rival Thorez. Le PPF devint un parti fasciste ultra collaborationniste sous Pétain, fondateur de la Légion française contre le bolchevisme qui recrutait des supplétifs de l’armée allemande pour le front de l’Est (il y combattit lui-même). Doriot fut tué en Allemagne vers la fin de la guerre.

 

 

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