À bas toutes les patries: la fasciste, la démocratique, la soviétique ! Vive la lutte du prolétariat mondial pour la révolution dans tous les pays !

( Manifeste de la Fraction pour le premier mai 1935. Extraits ) (1)

(«programme communiste»; N° 104; Mars 2017)

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Cette journée devrait être une vérification des forces du prolétariat mondial qui, sous les drapeaux rouges de la révolution, commémore le martyr des héros de Chicago qui, dans les manifestations de tous les pays, revendique son droit à la vie et proclame sa volonté de poursuivre la lutte pour briser les chaînes du servage capitaliste et fonder la nouvelle société communiste. Cette journée du 1er mai 1935 - là où n’a pas été arrachée du calendrier ouvrier par des massacres de militants prolétaires -, dans ces pays où elle peut connaître des manifestations de masses, ne rassemble plus des foules qui font de leur rencontre dans les rues et sur les places une occasion pour retrouver conscience de leur force, mais rassemble au contraire des masses d’exploités éreintées par de cuisantes défaites qui ont tué en elles la force, la confiance dans l’avenir de leur classe et qui sont devenues incapables, non seulement de combattre contre l’ennemi, mais aussi d’arracher à celui-ci les drapeaux rouges dont il veut se servir pour parer son régime de fange et de sang, pour proclamer aux esclaves que le prix qu’ils doivent payer pour avoir perdu avec l’Internationale Communiste, l’organe de leur délivrance du joug capitaliste, consiste dans la signification de leur exploitation, dans le salut à la patrie, puisque pour sortir de l’étau de la faim, du chômage, de la crise, ce n’est plus le capitalisme de tous les pays qui devra être détruit, mais d’autres patries ennemies, ce sont les vies de millions d’autres exploités qui devront être étranglées. La condamnation à l’esclavage ne résulterait plus des bases sociales du régime capitaliste mais de la répartition injuste du monde entre les brigands, de la concurrence que se feraient les ouvriers des différents pays, de la nécessité de défendre ou de modifier l’assiette actuelle des différents États capitalistes et les rapports entre eux.

L’économie capitaliste détermine la condition élémentaire pour faire des masses de travailleurs l’armée des prolétaires qui combattent pour la révolution communiste : la nature collective et socialiste de l’instrument de la production dans les installations gigantesques des usines actuelles pousse l’ouvrier à reconnaître dans sa fonction sociale le fondement de la nouvelle économie communiste. Mais la bourgeoisie construit l’appareil de sa domination pour briser le chemin qui peut conduire les ouvriers à accoupler leurs revendications révolutionnaires avec la progression incessante de la technique de production. Dans les pays où, dans l’immédiat après-guerre, à cause du bouleversement plus violent du mécanisme économique et politique ennemi au cours de la boucherie de 1914-1918, le capitalisme n’avait d’autre issue que celle de l’institution d’un régime d’oppression fasciste dans lequel la moindre revendication de classe des ouvriers expose à des dizaines d’années de prison et le geste d’une revendication révolutionnaire coûte la vie aux prolétaires. En d’autres pays, qui purent offrir, à cause de la victoire militaire et de la possession d’empires coloniaux, une certaine résistance au choc de la guerre mondiale, et où l’effort libérateur du prolétariat put être immédiatement corrompu par les effets de la reprise économique provisoire, dans ces pays, ceux qui s’acquittent de la même fonction que le fascisme accomplit en Italie, en Allemagne, ce sont les agents de l’ennemi au sein de la classe ouvrière : les socialistes et les centristes qui appellent les masses à manifester en ce 1er mai, non pas au nom des revendications de classe des ouvriers, mais au nom des mêmes objectifs qui serviront demain aux capitalismes respectifs pour déclencher la guerre. Mettre l’enseigne de la « paix » aux manifestations du 1er mai, c’est proclamer que l’on garantit à la bourgeoisie de maintenir « dans la paix » la suprématie conquise au travers du Traité de Versailles. Mussolini et Hitler affirment, eux aussi, leur volonté de «paix», à la condition que sans la guerre on puisse arriver à une modification de la répartition du monde. Et l’une et l’autre s’opposent inévitablement: la conception de la « paix » qui s’intitule démocratique à l’autre fasciste, et dans l’étau de ces tenailles le prolétariat se trouve déjà entraîné dans les deux girons qui le conduiront à jeter des millions de ses vies pour le sauvetage du régime capitaliste mondial.

 

Prolétaires !

 

En janvier 1933 tombait - ensemble avec le prolétariat allemand - l’I.C. et, à partir de ce moment, le centrisme ramassait les fruits d’une politique qui, rendue possible par l’expulsion de l’aile marxiste des P.C., devait conduire à la course aux succès économiques, politiques et militaires en U.R.S.S., alors que l’offensive du capitalisme de tous les pays se poursuivait ininterrompue et meurtrière. L’incorporation de l’État russe dans le système capitaliste mondial s’est confirmée par l’entrée dans la Société des Nations, dans cet organisme que l’I.C., à l’époque de sa fondation, qualifiait de «Société de Brigands».

Cette dernière année, un nouveau pas décisif a été accompli vers la préparation à la guerre. La Conférence dite du désarmement ne pouvait plus suffire aux besoins du capitalisme mondial dont elle exprimait la volonté de maintenir la suprématie des États vainqueurs alors que les conditions politiques ne permettaient pas encore aux États vaincus en 1918 de procéder à un simple programme de réarmement. La destruction du prolétariat international s’étant accomplie par la défaite du prolétariat allemand, les nouveaux rapports entre les États capitalistes ont progressé de la notion de convention internationale à celle des traités d’assistance mutuelle. Et aujourd’hui, celui qui revendique en premier lieu ce type de traité est justement l’État prolétarien. La vision de l’inévitabilité de la guerre conduit directement vers la recherche des meilleures alliances pour pouvoir faire face demain à la boucherie. La théorie nationaliste et réactionnaire qui, se basant sur la maxime de Bismarck, affirme comme seule garantie de la « paix » celle de la crainte imposée à l’ennemi qui voudrait faire la guerre, cette théorie politique anime les différents pays : de l’Italie, qui considère comme nulles toutes les conventions et passe déjà à la mobilisation ; de l’Allemagne, qui reconstruit l’armée pour défendre son territoire ; de la France, qui préconise les traités bilatéraux pour renforcer sa suprématie ; de la Russie soviétique, qui s’impatiente des hésitations françaises à signer un pacte contenant des engagements militaires précis.

Le prolétariat international, qui était la proie de toutes les combinaisons qui se déroulaient à la Conférence dite du désarmement, est aujourd’hui la victime de toutes les combinaisons qui se construisent entre les différents États capitalistes, avec lesquels marche l’État soviétique en une solidarité que la révolution seule pourra briser.

(…)

 

Prolétaires !

 

Les appels pour les manifestations du 1er mai vous viennent donc de forces qui agissent directement au service de l’ennemi. Pour faire de ces rassemblements un moment de la lutte pour la révolution, il faudrait arracher aux socialistes et centristes les drapeaux rouges qu’ils ont usurpés au prolétariat et qu’ils détiennent désormais dans l’intérêt du capitalisme mondial. Il faudrait pouvoir bouleverser le rapport des forces existant entre les classes, briser le mécanisme de domination du capitalisme où figurent - comme pivots essentiels - la social-démocratie et le centrisme: les équivalents politiques du fascisme dans ces pays. Cette destruction de l’assiette politique actuelle ne peut résulter que de la reconstruction du parti de classe du prolétariat, de l’Internationale de la Révolution. Et ces organismes ne peuvent être fécondés que sur le terrain de la lutte des classes. Vous opposerez aux déformations de manifestations pour la «paix», votre volonté de vous battre : en Allemagne comme en France, en Angleterre comme en U.R.S.S., en Italie comme au Japon, dans tous les pays du monde pour vos revendications de classe, sur la base de vos institutions unitaires et de classe, au travers des instruments de classe de votre lutte. La «paix», aujourd’hui comme hier et comme demain, est la prémisse de la guerre impérialiste; seule la lutte de classe peut bouleverser les bases du régime capitaliste et conduire à la victoire de la révolution.

 

Vive le premier mai du prolétariat qui veut faire des martyrs de Chicago l’étendard de la lutte des classes pour la libération du prolétariat de tous les pays!

A bas Socialistes et Centristes qui veulent faire du Premier Mai une occasion de mobilisation du prolétariat pour la guerre!

A bas toutes les patries: la fasciste, la démocratique, la soviétique!

Vive la lutte du prolétariat mondial pour la révolution dans tous les pays!

 


 

(1) Cf. http://www.collectif-smolny. org/ article. php3? id_ article= 1248

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

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