Sur le fil du temps

Laïcité et marxisme

«Battaglia Comunista» n°36 (21 septembre 1949)

(«le prolétaire»; N° 474; Nov. - Déc. 2004)

 

 

Amadeo Bordiga a écrit cet article en 1949, à un moment où les partis issus de la Résistance qui dirigeaient ensemble la République italienne - non pas en revenant aux méthodes de l’époque à jamais révolue du capitalisme libéral, mais en reprenant, comme partout, bon nombre d’orientations héritées du fascisme qui correspondent au capitalisme ultra-développé - commençaient à se diviser. La Démocratie Chrétienne allait devenir le parti dominant, destiné à rester au pouvoir de façon quasi-ininterrompue pendant un demi-siècle, tandis que le parti stalinien, rejeté dans l’opposition, allait jouer pendant la même période le rôle irremplaçable pour la bourgeoisie de paralysie et de réduction à l’impuissance de la classe ouvrière. Dans cette reconfiguration de la scène politique bourgeoise, les partis dits de gauche devaient utiliser tout un arsenal d’argumentations politiques pour égarer les prolétaires; la «défense de la laïcité contre le cléricalisme» était une des plus pernicieuses parmi celles-ci. Rappelant l’expérience historique passée, Bordiga montre non seulement que le marxisme a réduit en pièces cette argumentation, mais qu’en réalité les véritables cléricaux d’aujourd’hui sont ceux qui mettent au premier plan sous le nom de défense de la laïcité, la défense de la République et de la nation, c’est-à-dire la défense du capitalisme.tc "Amadeo Bordiga a écrit cet article en 1949, à un moment où les partis issus de la Résistance qui dirigeaient ensemble la République italienne - non pas en revenant aux méthodes de l’époque à jamais révolue du capitalisme libéral, mais en reprenant, comme partout, bon nombre d’orientations héritées du fascisme qui correspondent au capitalisme ultra-développé - commençaient à se diviser. La Démocratie Chrétienne allait devenir le parti dominant, destiné à rester au pouvoir de façon quasi-ininterrompue pendant un demi-siècle, tandis que le parti stalinien, rejeté dans l’opposition, allait jouer pendant la même période le rôle irremplaçable pour la bourgeoisie de paralysie et de réduction à l’impuissance de la classe ouvrière. Dans cette reconfiguration de la scène politique bourgeoise, les partis dits de gauche devaient utiliser tout un arsenal d’argumentations politiques pour égarer les prolétaires; la «défense de la laïcité contre le cléricalisme» était une des plus pernicieuses parmi celles-ci. Rappelant l’expérience historique passée, Bordiga montre non seulement que le marxisme a réduit en pièces cette argumentation, mais qu’en réalité les véritables cléricaux d’aujourd’hui sont ceux qui mettent au premier plan sous le nom de défense de la laïcité, la défense de la République et de la nation, c’est-à-dire la défense du capitalisme."

 

 

 

Hier

 

 

Les partis co-héritiers du fascisme en Italie continuent à essayer d’utiliser démagogiquement les «traditions laïques» dans leurs affrontements, faisant remonter, du fond où elle semblait être déposée, une vague de boue à la surface des eaux agitées pour mobiliser ce que Pareto aurait appelé des «résidus».

De son côté, la partie adverse nous ressort de la même façon les bienfaits de la «tradition chrétienne» fondement de la civilisation romaine et européenne. Les deux camps opposés ont en commun le même objectif:: en s’appuyant sur les ressources du passé, ils veulent tous deux courir au secours de la démocratie européenne et mondiale, de la nation et du peuple italiens.

Il n’y a pas de doute que les premiers sont sans aucun doute les pires escrocs puisqu’ils déclarent vouloir concilier ces moyens et ces objectifs avec les positions marxistes, avec la lutte de classe prolétarienne.

Adopter la méthode de la lutte de classe et professer la théorie marxiste, signifie en effet rejeter de l’autre côté de la barricade toutes les traditions, et, avec elles, toutes les civilisations qui s’appuient sur les traditions. Si parler de civilisation a un sens pour les marxistes, c’est dans la mesure où cette civilisation est encore à naître.

Le premier prix de l’incohérence et de l’effronterie revient donc aux socialo-communistes staliniens avec leur propagande actuelle de libre-penseur; la fange la plus trouble est celle qu’ils remuent afin d’égarer la classe ouvrière.

Que ne ressortent-ils pas? Quelles vieilleries ne dépoussièrent-ils pas? Saint Paul traitant Saint Pierre d’imposteur; le procès de Galilée et la falsification conformiste de l’habile tentative dialectique du mathématicien sans défense qui, pour ne pas rétracter sa thèse sur le mouvement de la Terre, affirmait que la Bible doit être lue de façon symbolique et non à la lettre, tout en assurant clairement que les recherches doivent être faites sur la base d’observations astronomiques et de calculs et non à partir de la lecture des textes sacrés (il était un vrai laïque et non pas un laïque d’opérette); les courtisanes romaines dont le Pape réglait par décret le régime et le service; le mariage pouvant se contracter sans aller à l’église tout en étant aussi valide, chose oubliée aujourd’hui où «les socialistes ne sont plus tous des libres-penseurs»; l’indignation des meilleurs auteurs catholiques devant le refus de l’Eglise d’admettre qu’on puisse être en même temps communiste et croyant; pour couronner le tout, la revendication de la fête du 20 septembre et l’appel à une nouvelle croisade contre le retour du pouvoir temporel de l’Eglise. Les chrétiens du Moyen Age européen, si je ne me trompe pas, menèrent huit croisades; les soi-disant marxistes de l’époque capitaliste ne voudront pas s’arrêter à huit fois huit. Nous pourrions baptiser social-croisadisme ce que nous avons appelé opportunisme, social-trahison, défaitisme ou intermédisme, à la fois puant et multiforme. Le cri d’aujourd’hui, le dernier cri des renégats est donc: Sauvons le Vingt Septembre (1)! Dieu le veut!

Il s’agit d’ une croisade pour la défense de la précieuse pensée laïque, à laquelle une seule force, parmi toutes celles qui sont organisées dans la société, s’opposerait aujourd’hui: l’Eglise, ou plutôt l’Eglise de Rome; toutes les autres forces devraient s’unir pour la défendre, des organisations et partis ouvriers «révolutionnaires» jusqu’à l’Etat constitutionnel, et même jusqu’aux religieux croyant en Dieu et en l’évangélisme du Christ, à condition qu’ils soient opposés au cléricalisme qui représenterait l’influence sociale et politique de l’Église.

Pour clarifier la question, il suffirait de remarquer que s’il existe un ensemble d’individus ayant les mêmes opinions et les professant par des actions extérieures systématiques, c’est-à-dire une organisation au véritable sens du mot, il faudrait avoir jeté le marxisme par-dessus bord pour croire que cette organisation n’ait pas des fonctions sociales et politiques.

La lutte des laïcs contre les cléricaux est, elle aussi, une superstructure des luttes entre les classes divisées par des intérêts économiques opposés. A chaque révolution de classe, le camp des laïques et des cléricaux change; les cléricaux d’aujourd’hui sont les laïques d’hier. Une seule révolution ne donnera pas naissance à des cléricaux, celle qui parviendra à supprimer les classes. Ils n’y sont pas arrivés en Russie, et leur parti est le plus clérical de tous, philistin au point de savoir mettre en scène la pièce antipharisienne.

Face à l’Eglise juive traditionnelle et à l’état théocratique et oligarchique de l’époque, le mouvement du Christ était un mouvement laïque: il débuta par la tentative de briser le monopole de la synagogue et des pharisiens sur la direction et l’éducation des masses, sur l’énonciation et le contrôle des opinions et des revendications d’après le conformisme des textes sacrés, c’est-à-dire selon les intérêts constitués de la classe dominante. Nous pouvons utiliser à juste titre le terme de laïque pour la phase de critique théorique et de propagande lorsque le Christ, sans entrer dans la carrière hiérarchique des rabbins, des scribes et des docteurs, prétend débattre dans le temple, exercer la médecine, parler à la foule, organiser une école de disciples en dehors des réseaux officiels et des castes traditionnelles. Nous utiliserons le terme de mouvement révolutionnaire quand la masse esclave abandonnera tout respect vis-à-vis de Caïphe, d’Hérode, de Pilate et de César et prendra les armes.

Lorsque Pierre, désormais investi de la charge de Chef, voulut rattacher la nouvelle doctrine et la nouvelle organisation à la tradition mosaïque pure et par là faire descendre chaque catéchumène chrétien d’un juif orthodoxe et circoncis, il se heurta à l’affirmation de Paul selon laquelle tout le monde quelle que soit son origine, même barbare et païenne, peut accéder à la nouvelle doctrine puisque elle a coupé tous les ponts avec le régime qu’elle a renversé. Evidemment Paul parle encore en laïque tandis que Pierre se comporte en clérical. D’où l’épithète d’imposteur que, comme le rappelle Ubertazzi dans «l’Avanti!», Paul raconte dans l’épître aux Galates avoir lancé dans le débat au chef des apôtres.

C’est dans ce même sens que sont anti-laïques et que méritent le même épithète ces ex-marxistes qui prétendent concilier la nouvelle foi révolutionnaire avec le maintien et la défense des traditions du régime qui doit être renversé, revendiquant comme Togliatti la libre-pensée, comme Nenni (2) la fête la Porte Pia, excluant de leurs rangs ceux qui se refusent que les positions socialistes soient subordonnées à leurs paroles pharisiennes de démocratie, de nation et de patrie.

Alors que l’école chrétienne victorieuse s’organisa au cours siècles suivants dans la puissante hiérarchie des prêtres, dès l’époque de Dante apparurent les laïques, c’est-à-dire de nouveaux éléments d’avant-garde produits par la nouvelle classe qui naissait, prétendant ne pas être exclus de l’étude, de l’enseignement, de la critique, en opposition théorique avec les préceptes des écritures chrétiennes et des sanhédrins de l’Eglise. Celle dernière, qui avait monopolisé mais non supprimé la culture, la science et la philosophie, réalisa son chef d’œuvre dans la scolastique qui relie ses textes aux acquis de la pensée classique et au savoir aristotélicien transmis par les mécréants traducteurs arabes. C’est derrière cette redoute qu’elle attendait de pied ferme l’assaut, reflet de la lutte de classe entre la bourgeoisie moderne et l’aristocratie féodale. Nous pouvons ranger parmi les laïques de cette période historique, les humanistes de la Renaissance, les savants et les philosophes d’Italie, de France et d’Allemagne, les chefs religieux de la Réforme qui introduisent le droit à la critique dans la foi chrétienne, le simple fidèle pouvant l’interpréter de façon différente de celle du clergé, bref, tout ce mouvement bien connu.

La constitution du pouvoir capitaliste dans les principales nations par les révolutions bourgeoises a liquidé historiquement cette grande lutte par la défaite de l’Eglise. Les convulsions de la lutte apaisées, la nouvelle classe dominante n’a plus voulu l’interdiction des cultes et la destruction des organisations religieuses, mais elle supprima peu à peu leur influence sur l’école, sur la diffusion des idées sous toutes ses formes, comme la presse, la littérature, le théâtre, etc.

Dans les pays où les églises réformées s’étaient déjà détachées de la papauté romaine, ce processus de systématisation s’est avéré plus facile que dans ceux de religion catholique, où Rome reconnut cependant progressivement les nouveaux régimes, en même temps que la bourgeoisie rangeait le fait religieux parmi les armes de défense de sa domination. Preuve en est Napoléon, selon les mots d’Anatole France: «Il était trop avisé pour ne pas mettre dans son jeu le vieux Yahvé (le dieu chrétien) encore puissant sur la terre et qui lui ressemblait par son esprit de violence et de domination. Il le menaça, le flatta, le caressa, l’intimida. Il emprisonna son Vicaire, auquel il demanda, le couteau sur la gorge, l’onction qui, depuis l’antique Saül, rend les rois forts; il restaura le culte du démiurge (Yahvé lui-même, dans la terminologie de l’ange rebelle qui parle), fit chanter des Te Deum pour lui et se fit reconnaître par lui Dieu sur la terre, au moyen de petits catéchismes diffusés dans tout l’Empire. Ceux-ci unirent leurs voix, et ce fut un beau vacarme».

Littérature? Mais combien différente de cette littérature rance et laïque des Hugo et des Carducci!

 

 

 

Aujourd’hui

 

 

Dans la société actuelle, la laïcité bourgeoise signifie ceci: guerre plus déisme. Déjà à l’époque du tintamarre anticlérical, un des piliers de notre critique du front unique laïque - premier véritable précurseur de tous les fronts uniques qui ont conduit le drapeau de la Révolution dans le fumier - était le suivant: les orientations anticléricales, commun dénominateur des résidus laïques, conduisait directement aux positions patriotiques et nationalistes, à cause de l’abandon l’indépendance de classe, et des conséquences particulières de la situation italienne.

Une des raisons, mais pas la seule, pour laquelle parmi les pays catholiques l’Italie ne s’était pas organisée en unité étatique avant la révolution libérale, était l’existence en Italie, à Rome, du centre de l’Eglise catholique. L’affrontement juridique devait se traduire en un affrontement politique et militaire car il était de nature territoriale, la capitale revendiquée par la bourgeoisie se trouvant être située dans l’Etat temporel du Pape.

Les marxistes révolutionnaires de tous les pays avaient su répondre à la formule de Cavour, l’Eglise libre dans l’Etat libre, théorème de Pythagore du laïcisme qui réapparaît aujourd’hui. Si le prolétariat ne peut vaincre qu’en ôtant à la bourgeoisie la liberté de conserver son Etat, il peut d’autant moins laisser libre de vivre et d’agir l’Eglise qui défend cet Etat bourgeois moderne après avoir défendu le pouvoir dont ce dernier a pris la place.

Quant à la question de la capitale du nouveau régime, la position de classe du prolétariat ne pouvait avoir rien de commun avec la tradition bourgeoise, romantique et démocratique, de «Rome ou la mort!».

C’était dès lors le cas de dire, comme dans l’épigramme bien connu, que si Turin pleure de désespoir au départ de la Cour, de la même façon que Rome exultera dix ans plus tard à son arrivée, «Florence, le gracieux berceau de l’art, se moque de savoir quand elle arrive et quand elle part».

Non seulement les effusions laïques de tout 20 septembre ont eu un effet anti-classiste et contre-révolutionnaire certain; non seulement elles ont servi à alimenter la propagande social-patriotique de la guerre «anticléricale» de 1915 - et il est donc normal de demander au jamais marxiste Nenni, va-t-en guerre d’alors et parrain des velléités anti-curés des premiers faisceaux mussoliniens, de faire la campagne actuelle de bourrage de crâne avec des phrases du style: Mussolini, le plus anti-chrétien des Italiens! ; mais en outre elles ont mené tout droit à l’apologie de la Maison de Savoie. Les mérites de celle-ci ont été historiquement infinis; de même que le roi Victor Emmanuel, la bonne âme, prétendait vouloir détrôner Mussolini par l’état de siège, son grand-père, surpris au milieu des chevaux par les nouvelles de la Porte Pia, frappa de sa casquette le cul d’une jument et s’écria en dialecte qu’il parlait non seulement mieux que l’italien mais aussi que le français ancestral: «anca sta balossada m’han fait fé…!» (3). L’histoire pousse tous ces guignols de rois, de présidents et de chefs de parti à endosser des rôles dont ils n’ont jamais rêvé.

Et toute cette boue devrait remonter aujourd’hui et devenir une revendication de classe des ouvriers; ces derniers devraient se saigner pour entretenir des feuilles qui traitent de ces choses! Et tout ce conformisme rance serait la pensée laïque de notre époque!

De même que Saint Paul était laïque par rapport à Saint Pierre et Dante par rapport à la Curie Romaine, Marx a été pour notre époque un laïque en tant que savant critique et porte-parole révélateur d’une nouvelle classe; il a osé étudier, chercher à connaître et proclamer la critique des traditions sans jouir d’aucune place, d’aucun titre ni d’aucun prix pour ses travaux. Les cléricaux d’aujourd’hui ne sont plus les Papes, mais les Smith, les Ricardo, les Pareto et les Einaudi, intellectuels entretenus dans leur suffisance pseudo-scientifique par les compagnies industrielles, les universités bourgeoises et les républiques démocratiques.

Lénine, avec les siens, fut un laïque et un combattant de la révolution puisque il balaya non seulement trône et autel, dieu et patrons, mais qu’il brisa le mensonge de la duperie démocratique et de la libre-pensée en réalisant la première dictature de classe. Lénine a confirmé pour toujours dans le domaine critique le non-sens de la liberté de pensée, d’opinion, de science et d’enseignement. C’est lui qui a écrit aussi que le prolétariat ne sera libre de penser que lorsque les salles de réunion, les sièges des associations, les écoles, les universités, les imprimeries des journaux, les théâtres et les cinémas ne dépendront plus de l’organisation et du pouvoir capitalistes. Il ne s’agit pas de libérer les esprits, mais de s’emparer de toutes ces positions les armes à la main, et d’en interdire l’usage aux défenseurs des doctrines traditionnelles, aux prêtres de Yahvé ainsi qu’à ceux du Ploutos capitaliste et du Démos prostitué.

Il est impossible de revenir au fantôme de la tradition laïque bourgeoise sans renier tout cela, sans trahir le socialisme. Il peut évidemment y avoir derrière ce fantôme trompeur des personnes qui, comme Nenni, n’ont pas trahi puisqu’elles n’ont jamais professé le socialisme. Car s’il fallait une preuve que revendiquer le laïcisme, c’est se transformer en bourgeois, il suffirait d’écouter ses propos: il déplore ouvertement que l’oubli du 20    Septembre est l’humiliation de l’Etat italien, la trahison du rôle et de la mission de la Nation.

Comment celui qui n’a jamais fréquenté les sections socialistes de l’époque pourrait-il savoir qu’on s’interdisait d’aller la plus laïque des fêtes laïques, justement parce qu’on voulait briser en deux la Nation, saboter son rôle et sa mission, en rêvant de réussir à développer notre rôle et notre mission internationales de classe dans l’humiliation de l’Etat de Rome, de la Rome de 1870?

 


 

(1) Le 20 septembre 1870, l’armée de la Maison de Savoie, luttant pour les intérêts révolutionnaires bourgeois, entrait dans Rome par la Porte Pia. Le 20 septembre devint une fête laïque en tant que victoire sur la papauté et le cléricalisme.

(2) Palmiro Togliatti était le dirigeant du Parti Communiste Italien et Pietro Nenni celui du Parti Socialiste.

(3) «Ils m’ont aussi fait faire cette saloperie!». En fait le roi Victor Emmanuel II était opposé à la prise de Rome, tout comme son petit-fils était en réalité partisan de Mussolini.

Particommuniste international

www.pcint.org

 

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