Londres nouveau massacre de prolétaires

Au terrorisme des grands Etats impérialistes répond le terrorisme  des fondamentalistes islamistes

(«le prolétaire»; N° 477; Juin-Juillet-Août 2005)

 

Quel que soit le groupe qui les a organisés, les attentats de Londres portent sans aucun doute la marque réactionnaire des mouvements islamistes fondamentalistes. Les cibles de ces organisations confessionnelles bourgeoises ne sont pas les dirigeants des Etats impérialistes qui mènent des guerres de rapine en Afghanistan, en Tchétchénie ou en Irak, mais la population civile, les prolétaires qui utilisent les moyens de transport publics. De même les cibles principales des bombardements et des mitraillages des armées américaines et de leurs alliés anglais, italiens, polonais, espagnols, français, etc., hier en Yougoslavie ou aujourd’hui en Irak sont les civils, les prolétaires, comme ils le sont en Tchétchénie pour les troupes russes ou en Palestine pour les soldats israéliens. Le terrorisme d’Etat exercé par la guerre, l’occupation militaire ou le blocus économique et le terrorisme de mouvements de type islamiste réalisé par des bombes ou des attentats suicide dans des endroits où se concentrent les foules convergent inexorablement pour frapper surtout les masses prolétariennes. Saignés jour après jour par une exploitation capitaliste toujours plus bestiale, les prolétaires servent aussi de chair à canon ou à attentats dans les affrontements inter-bourgeois où le terrorisme répond aux guerres.

Les guerres, conséquence sur le plan militaire de la politique de brigandage impérialiste, sont le moyen avec lequel les impérialismes s’emparent des «territoires économiques» (Lénine) devenus «vitaux» pour préserver leurs profits capitalistes au milieu d’une concurrence internationale toujours plus vive. Le terrorisme des mouvements nationalistes (qu’ils soient laïques ou religieux) est le moyen utilisé par les fractions bourgeoises plus faibles pour résister à la pression écrasante des grands impérialismes: l’impuissance à combattre ces derniers dans une guerre ouverte est ainsi compensée par l’action de petits groupes qui peuvent se fondre dans la population. Les mouvements à base religieuse qui, précisément pour cette raison, mêlent le nationalisme caractéristique de toute bourgeoisie à des traits universalistes réactionnaires, tendent, beaucoup plus que les nationalistes classiques aux objectifs plus ciblés, à frapper indistinctement la masse de la population.

Les massacres de travailleurs et de civils sans défense sont caractéristiques de la réaction bourgeoise: c’était hier le cas pour les attentats de New-York, pour ceux de Madrid ou de Moscou, c’est vrai aujourd’hui pour ceux de Londres.

Le massacre de Londres survient à un moment où les contrastes entre les Etats impérialistes qui dirigent le monde ne tendent pas du tout à se résorber, mais au contraire à s’aggraver. La guerre en Irak met la politique anglo-américaine en difficulté; non seulement les troupes d’occupation n’arrivent pas à stabiliser la situation, mais la guerre a ouvert en grand la porte au terrorisme fondamentalisme islamiste. Ce qui était présenté comme une guerre préventive dans la lutte contre le dit «terrorisme international» était en fait une guerre de rapine qui a suscité et suscite les réactions terroristes. Les soldats américains, anglais, italiens, polonais qui sont morts en Irak sont tombés dans une opération de pur brigandage impérialiste (rappelons par exemple qu’il n’y a eu aucune déclaration de guerre ni aucune justification même sur le seul plan du droit bourgeois international), dans une manifestation particulièrement éclatante de terrorisme d’Etat s’exerçant dans deux directions: la première, directement, envers l’Irak aux gigantesques ressources pétrolières et à la position stratégique au Moyen-Orient; la deuxième, indirectement, envers les autres Etats du monde et surtout leurs alliés occidentaux pour qu’ils se rangent derrière l’alliance Washington-Londres.

Au terrorisme grand bourgeois de Washington, Londres et leurs partisans, répond le terrorisme des groupes nationalistes qui luttent pour les mêmes objectifs économiques et politiques: la possession des ressources pétrolières, le contrôle du pays et de ses frontières qui signifie aussi la disponibilité de la force de travail des millions de prolétaires irakiens.

 

Non à l’union sacrée !

 

Après les attentats de Londres, les dirigeants bourgeois lancent comme à chaque fois l’appel à l’union sacrée, à l’union de tous les «citoyens» pour la lutte «commune» contre le terrorisme, dans la lutte de la «civilisation» contre la «barbarie», dans la lutte contre les actes «anti-chrétiens», comme l’a dit le nouveau pape. Aux prolétaires qu’ils exploitent jusqu’à la corde dans leur travail, qu’ils briment quotidiennement et à qui ils réservent misère et précarité croissantes, aux prolétaires qu’ils font tomber dans des accidents du travail et qu’ils jettent sur le pavé quand ils ne peuvent plus les exploiter, qu’ils entassent dans des mouroirs quand ils sont trop vieux, aux prolétaires qui ne comptent pour rien dans toutes les décisions prises par les gouvernements sur tous les plans, les bourgeois demandent ainsi d’oublier leurs intérêts et leurs besoins propres pour s’unir au nom de la patrie avec ceux qui s’engraissent sur leur dos!

 L’appel à la solidarité nationale que lancent tous les gouvernements bourgeois, de Blair à Bush, de Berlusconi à Chirac, de Schroeder à Poutine et à Zapatero, est le piège classique que tend la bourgeoisie aux prolétaires quand elle est en difficulté. Chaque fois qu’il y a succombé, le prolétariat a pu constater que sa situation d’exploité n’en était en rien améliorée et que seuls les bourgeois tiraient profit de ses sacrifices.

Les prolétaires doivent se libérer de la pression idéologique et matérielle exercée sur eux par la bourgeoisie à travers les milliers de canaux dont elle dispose, les plus puissants étant ceux de la collaboration des classes et de la concurrence entre travailleurs; les bourgeois organisent systématiquement celle-ci en fragmentant la classe prolétarienne en mille catégories, en instituant et en alimentant les divisions nationales, raciales, religieuses, de sexe et de corporation.

Les coups reçus dans les attentats terroristes ne sont pas différents des coups reçus dans les guerres où ils sont obligés de participer, ni de ceux reçus dans le cadre du travail salarié aux rythmes toujours plus épuisants et aux conditions toujours plus néfastes pour la santé ou dans la misère et la marginalisation du chômage auquel les contraint le capitalisme.

Il n’y a pas d’intérêts communs entre prolétaires et bourgeois, ni sur le plan immédiat, ni sur le plan politique plus général. Les prolétaires doivent réserver leur solidarité aux seuls prolétaires, quelle que soit leur race ou leur nationalité. Toute solidarité que demandent les bourgeois, quel qu’en soit le prétexte, doit être refusée par les prolétaires parce que ce n’est toujours qu’une solidarité envers des intérêts bourgeois, des profits bourgeois, des propriétés bourgeoises, des Etats bourgeois. Les intérêts, les profits, la propriété, les lois ou l’Etat bourgeois ne servent jamais aux prolétaires; ils sont toujours contre les intérêts et les besoins prolétariens.

Le prolétariat ne pourra jamais lutter contre le terrorisme bourgeois en commun avec les bourgeois ou sous leur direction. Il ne pourra lutter contre le terrorisme bourgeois que dans le cadre de sa lutte de classe contre la bourgeoisie, contre les intérêts, les profits, la propriété et l’Etat bourgeois. Sans cette lutte de classe il n’y aucune possibilité de lutter contre aucun des innombrables maux que cause en permanence le capitalisme. En rompant avec l’idéologie nationale et démocratique bourgeoise, en rompant avec la collaboration des classes promue par toutes les variétés du réformisme politique et syndical, en revenant à la défense de ses intérêts exclusifs de classe, le prolétariat libérera sa force et trouvera toute l’énergie nécessaire à sa lutte de classe pour détruire définitivement la sanglante civilisation du capital.

(15 / 07 / 2005)

 

 

Particommuniste international

www.pcint.org

 

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