Encore et toujours, soutien aux travailleurs sans papiers !
( «le prolétaire», N°
481, Juillet-Septembre 2006 )
Solidarité avec les squatters de Cachan!
Le soutien aux revendications et aux luttes des
travailleurs immigrés et sans-papiers s’impose plus que jamais, alors que le
gouvernement a entendu faire une démonstration de force en évacuant au milieu
du mois d’août le squat de Cachan. Plus de 600 CRS et 200 policiers avaient été
mobilisés par la préfecture du Val-de-Marne pour expulser les 650 à 700
personnes qui, faute de trouver un logement, y habitaient souvent avec leur
famille depuis 3 ans. La majorité des habitants, essentiellement des
prolétaires d’origine africaine, arabe ou est-européenne, étaient en situation
régulière. Mais ils avaient refusé le piège du traitement au cas par cas de
leur situation que leur proposaient les autorités pour briser leur solidarité
et ils exigeaient un logement et la régularisation pour tous les habitants.
Ils avaient fait l’expérience de ce que signifient les belles promesses: fin
2004 une quarantaine de sans-papiers qui avaient finalement accepté de se faire
identifier par la cellule sociale de la Préfecture dans l’espoir de recevoir
des papiers, avaient reçu... des avis d’expulsion. Lors de l’expulsion, 49
sans-papiers ont été arrêtés par la police avant d’être expulsés.
Deux cent des squatters environ ont occupé un gymnase de
la ville. Ils refusent les propositions de relogement la Préfecture dans des
hôtels d’autres départements (et parfois pour une durée limitée) et exigent des
logements à proximité de Cachan où une cinquantaine d’enfants sont scolarisés
et où beaucoup travaillent.
Le cas du squat de Cachan est révélateur de la situation
que connaissent beaucoup de prolétaires, surtout immigrés. Après les incendies
de taudis qui avaient fait l’an dernier 24 morts en région parisienne, le
gouvernement avait promis que 5000 logements d’urgence allaient être réalisés
avant la fin du premier trimestre 2006 pour reloger ceux qui vivent dans ces
conditions misérables. Un an plus tard aucun de ces logements n’a été
mis en chantier! Le gouvernement parle maintenant de 500 préfabriqués, sans
fixer de dates...
Engels expliquait il y a déjà longtemps que la crise du
logement pour les prolétaires était une caractéristique du capitalisme: le
capital ne s’investit que là où c’est rentable, et c’est la raison pour
laquelle il y a un manque criant de logements sociaux alors que prolifère la
construction d’immeubles de rapport et que s’accroît de façon gigantesque la
superficie de bureaux vides.
La lutte des sans-papiers continue!
Au cours de l’été, plus de 20 000 demandes de
régularisation ont été déposées par des sans-papiers, après que le Ministère de
l’Intérieur ait fait mine de reculer devant la mobilisation. Mais seule une
petite minorité peut espérer avoir satisfaction, selon les déclaration répétées
de Sarkozy. Pour les autres, une service informatique de fichage a été créé
afin de faciliter leur expulsion d’autant plus que la police connaît maintenant
leur adresse. C’est dire que la solidarité avec la lutte des sans-papiers est
toujours nécessaire et qu’elle doit se concrétiser à la rentrée. Cependant pour
être réellement efficace, cette solidarité doit dépasser le simple souci
humanitaire qui a été à la base de la mobilisation cet été en faveur des
parents d’enfants scolarisés - et dont ne voulons pas nier la réalité, pour
prendre la forme de grèves et autres actions.
Ce n’est pas nous qui le disons, en incorrigibles
sectaires, mais des travailleurs eux-mêmes qui avaient participé il y a 10 ans
à la lutte des sans-papiers de Saint Bernard et qui sont venus apporter leur
soutien aux squatters de Cachan.
«On a fait une terrible erreur en 1996. Nous avions
pensé que la lutte des sans-papiers se gagnerait avec des arguments
humanitaires (tels que la scolarisation des enfants, les soins médicaux...).
La lutte n’est pas humanitaire, mais politique. Nous aurions dû dénoncer
l’arbitraire et le mépris que connaissent les travailleurs immigrés.
Aujourd’hui ceux de Cachan paient notre erreur» a ainsi déclaré l’un d’eux
à la presse (1).
Mais si erreur il y a eu, elle a été essentiellement
causée par l’absence d’un soutien de classe des prolétaires français à ces
travailleurs. Cette absence a laissé le champ libre aux organisations
religieuses, humanitaires, réformistes et démocratiques qui ont porté la lutte
sur ce terrain et l’ont châtrée autant qu’elles le pouvaient de ses
potentialités classistes. Voilà la leçon à tirer pour les luttes actuelles et
futures.
Régularisation de tous les sans-papiers!
Non aux expulsions!
Libération des travailleurs emprisonnés!
Non au contrôle de l’immigration!
(1) cf «Le Monde», 27-28 août 2006
Particommuniste international
www.pcint.org