Les grèves en Guinée
(«le prolétaire»; N° 483; Janvier-Avril 2007)
Le tintamarre électoral a, entre autres choses, le grand avantage pour la bourgeoisie française de dissimuler ses agissements dans ses chasses gardées néocoloniales. Bien caché par le rideau de fumée électoral que contribuent à répandre y compris les partis dits d’ «extrême-gauche», l’impérialisme français peut continuer en toute quiétude à envoyer des troupes ou apporter son soutien aux différents régimes qu’elle entretient sur le continent noir.
Qui a ainsi entendu parler des grèves en Guinée et du soutien français à son président-dictateur Conté? La clique bourgeoise qui, derrière le personnage du général Conté, gravement malade et intellectuellement diminué, dirige d’une main de fer cet enfer de l’exploitation néocoloniale et met au pas les appétits d’autres secteurs bourgeois, a été en effet confrontée à un obstacle inattendu et qui l’a fait chanceler: la lutte massive des prolétaires et des masses déshéritées.
Mais si la combativité, la détermination et le courage dont les prolétaires guinéens ont fait preuve doivent être cités en exemple pour les travailleurs des pays capitalistes développés, cela n’a pas suffit pour suppléer à l’absence d’organisation de classe, à l’absence du parti prolétarien.
Seul un tel parti aurait pu diriger et centraliser la lutte vers l’assaut à l’Etat bourgeois, seul un tel parti aurait été capable de faire pièce aux manoeuvres conciliatrices des appareils syndicaux collaborationnistes qui ne pouvaient faire autre chose que de vendre ce magnifique mouvement contre des promesses qui ne seront jamais tenues.
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La Guinée - Conakry est un petit pays ouest-africain de presque 10 millions d’habitants, l’un des pays les plus pauvres de la planète en dépit de sa richesse minière: diamants, or, fer, uranium, etc., et surtout bauxite dont il est le 2e producteur mondial et qui assure 90% de ses recettes d’exportation. Après l’indépendance l’impérialisme français arrêta toute aide économique à la Guinée pour punir le gouvernement de Sékou Touré d’avoir refusé d’entrer dans l’association néocoloniale dite «Communauté Française». Obligé de se tourner vers l’impérialisme russe, le régime se mit à alors à jouer la comédie de la construction du socialisme (tout en assurant les Etats-Unis que jamais il ne léserait leurs intérêts dans la production de bauxite!). Vers la fin des années 70, cette dictature répressive chercha à renouer avec l’impérialisme français tandis que Sékou Touré remplaçait les références à Marx par des citations de versets du Coran. Après sa mort, un coup d’Etat militaire en 1984 porta au pouvoir Lansana Conté, ancien militaire de l’armée coloniale française. Si le coup d’Etat ouvrit les portes du sinistre camp Boiro, libérant les prisonniers politiques qui y croupissaient, il marqua la début d’une nouvelle dictature, vendue celle-ci à l’impérialisme occidental et notamment français qui dès 84 eut à faire face à des émeutes contre les hausses des prix (1).
Aujourd’hui comme hier, la production de minerais est entre les mains de grandes firmes étrangères, tandis que l’impérialisme français reste le premier fournisseur du pays; même si Péchiney est passé sous contrôle canadien, l’encadrement et le personnel technique expatrié qui dirige l’extraction minière est toujours du personnel français (2). Après des décennies de pseudo-socialisme suivies de décennies de capitalisme libéral, 76% de la population vit à la campagne et le taux d’analphabétisme est supérieur à 70%. Alors que la majorité de la population guinéenne vit dans une misère croissante, bourgeois locaux et étrangers et multinationales s’enrichissent, protégés par le régime Conté contre un mécontentement qui s’accumule de plus en plus.
En novembre 2005 les syndicats avaient organisé 48 heures de grève générale pour demander une hausse des salaires et des pensions, l’instauration d’un salaire minimum, etc. En 2006 une deuxième grève générale en mars était suivie d’une grève de enseignants en mai, puis d’une nouvelle grève générale en juin qui dura 9 jours avant d’être brisée par la répression (plusieurs dizaines de morts).
Mais si début mars 2006 une mission du FMI et de la Banque Mondiale soulignait une amélioration «encourageante» de la situation du pays, la réalité est complètement différente pour les larges masses: plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, la hausse persistante des prix des produits de première nécessité (30% d’inflation en moyenne par an; le prix du sac de riz, nourriture de base, passant lui, de 115 000 à 250 000 Francs guinéens!) fait renaître le spectre de la faim tandis que les salaires stagnent.
Dans ces conditions les syndicats lançaient le 10 janvier 2007 un nouveau mot d’ordre de grève générale illimitée. Au bout de 18 jours de grève marqués par une répression qui a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés (en particulier les massacres du 22 janvier par les forces de police d’une manifestation pacifique sur l’autoroute Fidel Castro et à d’autres endroits, sans parler de l’attaque des sièges syndicaux centre névralgique de la grève), les négociations entre le gouvernement et les syndicats arrivaient à leur conclusion; bien que les grévistes et les manifestants demandaient le départ de Lansana Conté et de son clan, le 27 janvier l’«Intercentrale» décrétait la fin de la grève entre autres, contre la promesse de la nomination d’un premier ministre. Pour faire reprendre le travail et faire passer cette solution soufflée par les milieux impérialistes pour une «victoire du peuple», les dirigeants syndicaux expliquaient que le futur premier ministre disposerait de la réalité du pouvoir et que le sinistre clan Conté, ses affairistes et ses tueurs, seraient ainsi effectivement mis dans l’incapacité de nuire.
Cependant devant le retard de la nomination du premier ministre ainsi que le non respect du paiement intégral des jours de grève et d’autres clauses de l’accord du 27 janvier, les syndicats brandissaient le 2 février la menace de déclencher une nouvelle grève générale à partir... du lundi 12.
Ce délai laissé par les chefs syndicaux fut mis à profit par le régime; au lieu de les contacter comme ceux-ci l’espéraient pour négocier, vendredi 9 février Lansana Conté nommait comme premier ministre l’un de ses proches: Eugène Camara. Ce capitaliste, dirigeant de plusieurs entreprises, ancien ministre de l’économie et en tant que tel responsable de la situation désastreuse des travailleurs et des masses, avait été promu pendant la grève au poste de ministre coordinateur des actions gouvernementales (en remplacement de Fodé Bangoura, haï pour sa responsabilité dans les massacres de juin 2006), c’est-à-dire premier ministre de fait: autant dire que les accords du 27 ne valaient même pas le papier sur lesquels ils ont été signés...
Cette décision mettait le feu aux poudres, déclenchant immédiatement des manifestations spontanées: dès vendredi soir dans le quartier populaire Hamdallaye de la haute banlieue de Conakry des jeunes commençaient à manifester. Samedi matin à Conakry le cortège présidentiel était caillassé par les élèves du lycée Matam (obligeant Conté à changer de véhicule, la vitre de la voiture de Conté ayant été cassée); la garde présidentielle tirait sur les jeunes, faisant 2 morts. Dans la deuxième ville du pays, Kankan, où les manifestations avaient commencé vendredi, un militaire qui avait tiré sur les manifestants en faisant 4 blessés, était tué par ces derniers. Des manifestations et des affrontements se déroulaient dans diverses localités: Coyah, Maferinya, Boké, Dalaba, Labé, Pita (2 villes où les bureaux des préfets étaient brûlés), Siguiri (où l’Hôtel du ministre de l’économie était incendié et où les manifestants tentaient de prendre d’assaut la prison pour libérer les prisonniers), N’zérékoré, etc.
Sans attendre les consignes des chefs syndicaux, les prolétaires et les masses déshéritées reprenaient spontanément la lutte le samedi et le dimanche, dans une ambiance quasi insurrectionnelle. Des commissariats étaient pillés pour s’emparer d’armes alors que les attaques contre des bâtiments et propriétés appartenant aux caciques du régime se multipliaient. Effrayés par ces attaques, les partis de l’opposition démocratique publiaient le dimanche des communiqués pour condamner, non la répression, mais... «le vandalisme» des manifestants! Pour tenter de ne pas trop se laisser déborder par le mouvement mais aussi par crainte des «durs» du régime, les syndicats se virent contraints de durcir le ton; ils lançaient le mot d’ordre de grève générale illimitée à partir de lundi en appelant maintenant au «départ» de Conté et du gouvernement, ce qu’ils avaient obstinément refusé de faire auparavant sous prétexte qu’ «ils ne faisaient pas de politique» (3)!
En réalité, de la politique ils en avaient toujours fait, mais de la politique collaborationniste et bourgeoise. Qu’était-ce que la revendication d’un «premier ministre de consensus» (ainsi que celle de l’indépendance de la Banque centrale, etc.), sinon une revendication politique? Et quand une revendication politique reconnaît en principe la légitimité du pouvoir en place et des institutions étatiques, elle est bourgeoise. En suivant une orientation politique bourgeoise, on ne peut mener un mouvement de grève qu’à la défaite: c’est ce que les dirigeants syndicaux guinéens allaient démontrer une nouvelle fois.
Alors que dimanche la capitale était paralysée en beaucoup d’endroits par des barricades, les blindés de l’armée prenaient position aux carrefours stratégiques tandis que des centaines de combattants libériens étaient concentrés dans la banlieue de Conakry pour prêter main-forte au régime. Le lundi, premier jour officiel de la grève générale, tandis que la production de bauxite était arrêtée, le gouvernement, qui s’appuyait essentiellement sur le corps militaire spécial des «bérets rouges» dirigé par un des fils Conté, décrétait l’«état de siège» (pleins pouvoirs à l’armée, couvre-feu, interdictions de manifester, etc.). Sans attendre ce décret officiel les autorités avaient dès la veille commencé à fermer les radios indépendantes.
Pour s’assurer de la loyauté de l’armée, quelques heures avant l’instauration de l’état de siège Conté avait décrété une hausse de tous les grades, c’est-à-dire de la solde des militaires. Il faut savoir que les soldats du rang ne touchent qu’une solde de misère et sont très mal nourris (au point d’être obligés parfois de vendre leur effets militaires pour vivre), alors que les officiers sont à la tête d’affaires juteuses et reçoivent des sacs de riz qu’ils revendent au prix fort. Lors de la grève générale de janvier les soldats avaient fait circuler des tracts menaçants pour exiger une hausse de leurs soldes. Mais loin de calmer la grogne, la décision de Conté fut reçue comme une gifle: la hausse des grades se traduisait en effet par une hausse insignifiante pour les soldats mais très importante pour les officiers. Une mutinerie éclatait alors dans le camp militaire Alpha Yaya de Conakry, le principal camp militaire et dépôt d’armes du pays; les soldats du rang chassaient les officiers, quelques uns s’emparaient même d’armes et allaient rejoindre les manifestants sous les applaudissements de la population.
Si la grève avait été dirigée par des révolutionnaires, ceux-ci se seraient adressés aux mutins pour leur demander de se mettre du côté des prolétaires et de tourner leurs armes contre le régime. Mais les dirigeants syndicaux qui après le massacre du 22 janvier, n’avaient rien trouvé de mieux que d’en appeler à «l’honneur de l’armée guinéenne», étaient tout sauf révolutionnaires: respectueux de l’Etat bourgeois, ils ne pouvaient leur venir à l’esprit d’appuyer une mutinerie...
Ils ne songeaient qu’à une chose: comment rétablir le «dialogue» avec les autorités. Laissés sans perspective, le gros des mutins resta dans le camp militaire, alors qu’une autre partie se livrait aux rackets et aux extorsions sur la population en tablant sur l’impunité que leur assurait l’état de siège. Pendant ce temps, la police, les «Bérets rouges» et les mercenaires libériens pouvaient continuer leurs exactions, semer la terreur, arrêter par centaines opposants et militants ouvriers.
Alors qu’ils avaient déclaré ne pas vouloir négocier tant que durait l’état de siège et les arrestations, les dirigeants syndicaux se rendaient pourtant le jeudi à une réunion avec les représentants des autorités, du patronat et de l’armée. Cette amorce de négociations déclencha l’incompréhension et la colère des grévistes (4), obligeant les chefs syndicaux à battre en retraite; «c’est nous qui avons déclenché la grève; à cette phase où nous sommes arrivés, c’est elle qui nous conduit» déclarait piteusement H.R. Diallo, présidente de l’une des centrales syndicales et porte-parole de l’Intercentrale, pour expliquer pourquoi les syndicats étaient obligés de ne pas se rendre à la deuxième réunion de négociation. Les dirigeants syndicaux faisaient de la levée de l’état de siège la condition à la reprise des négociations - ce à quoi le chef d’état-major de l’armée (5) répondait que tant que durerait la grève générale, l’état de siège continuerait...
Il faudra encore une semaine de couvre-feu et de répression avant que la pression prolétarienne soit assez affaiblie pour que les chefs syndicaux se sentent enfin libres de négocier la fin du mouvement. Le vendredi 23 février le chef d’état-major de l’armée ordonnait la fin de la grève pour le lundi suivant et la réquisition des grévistes. Pendant tout le week-end des négociations se déroulaient sous l’égide de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et le regard attentif de l’impérialisme français qui la semaine précédente avait proféré des menaces d’intervention militaire (5), avant que soit bouclé l’accord: un nouveau premier ministre serait nommé (ce fut Lansana Kouyaté) et la fin de la grève était décrétée pour dimanche à minuit. Pour ne pas paraître trop céder aux militaires, les syndicats déclaraient que le travail ne reprendrait pas le lendemain, mais que le lundi serait... un jour de prière pour les victimes!
Le besoin du parti de classe
Ce n’est pas tant la répression (plus de 160 morts depuis le début de l’année, des milliers de blessés, des centaines et des centaines d’arrestations accompagnées de passages à tabac et mauvais traitements divers) que l’orientation de collaboration des classes des dirigeants - les hiérarchies syndicales - qui ont eu raison du mouvement. Les masses exploitées guinéennes ont démontré qu’elles pouvaient arrêter l’économie du pays; elles avaient sans aucun doute la force de balayer le régime en dépit de sa brutalité sanguinaire, si elles avaient eu à leur tête une organisation révolutionnaire doté du programme communiste authentique pour centraliser leurs forces et aller vers l’insurrection. En l’absence de ce parti prolétarien de classe pour diriger la lutte, ce sont inévitablement d’autres forces, liées à d’autres classes, qui dirigent la lutte et la font échouer: la spontanéité du mouvement de lutte le plus puissant ne suffit jamais à suppléer à l’absence du parti. Cette leçon de l’histoire dont les grèves de Guinée nous en donnent une nouvelle confirmation, devra être tirée par les prolétaires de ce pays comme par les autres. La reconstitution du parti est un besoin constant de la lutte prolétarienne, besoin qui devient évidemment plus évident et plus impérieux quand la lutte atteint sa plus grande ampleur; mais c’est aussi une tâche qui ne peut être accomplie du jour au lendemain car sa résolution nécessite à la fois l’expérience pratique concrète des affrontements entre les classes et la lutte politique, programmatique et théorique entre les différentes orientations et tendances qui se prétendent prolétariennes.
La grève générale en Guinée ne pouvait résoudre ce problème, elle ne pouvait que le poser. C’est l’honneur des prolétaires guinéens de l’avoir posé avec une force incomparable (ces prolétaires si minoritaires, si isolés, si misérables, si peu éduqués qui ont donné une leçon magistrale de lutte prolétarienne aux prolétaires encore anesthésiés des riches pays impérialistes, en entraînant derrière eux la masse énorme des déshérités et des semi-prolétaires); ce sera aux prolétaires de tous les pays de le résoudre ensemble par delà les frontières, les mers et les continents.
Epilogue
Les dirigeants syndicaux ont présenté le nouveau premier ministre comme étant «le premier ministre du peuple». Plus prosaïquement l’impérialisme français, par la bouche de la ministre de la Coopération a salué Kouyaté comme étant un homme de confiance: il faut dire que c’était un responsable de la Francophonie, organisation pro-impérialiste s’il en est! Plus d’un mois après sa nomination, il n’a toujours pas formé de gouvernement et en pratique sa principale décision a été une revalorisation substantielle des soldes des militaires. Le désenchantement de la population à son égard a contraint les dirigeants syndicaux à prendre leurs distances. L’ineffable Diallo a déclaré qu’elle préférait continuer à «défendre la classe ouvrière» plutôt qu’aller au gouvernement - et il est clair qu’elle est plus utile aux bourgeois en «défendant» les prolétaires à sa façon!
Si les prolétaires guinéens ont à l’évidence besoin de récupérer après deux grèves générales depuis le début de l’année, on peut sans doute voir le signe qu’ils n’ont pas été écrasés par la répression, dans la lutte des travailleurs de la société canadienne «Aredor» productrice de diamants à Gbenko pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Au moment où nous écrivons l’extraction des diamants est complètement arrêtée et une manifestation de travailleuses (elles sont majoritaires) et de femmes de travailleurs a eu lieu le 23 mars à Gbenko pour affirmer leur détermination à «se battre jusqu’à la victoire finale».
Rien n’est réglé en Guinée. La classe ouvrière et les masses prolétarisées de Guinée auront à livrer de nouveaux combats, peut-être à brève échéance. Les bourgeois s’y préparent sans aucun doute. Les prolétaires doivent s’y préparer aussi.
24/3/2007
(1) Voir «Le Prolétaire» n°395 (févier-mars-avril 88).
(2) Selon les services de l’Ambassade de France à Conakry, 70 entreprises françaises sont implantées en Guinée, sans compter de nombreuses petites entreprises de droit guinéen qui «participent activement à la présence économique de la France». La bauxite (qui est à la base de la production de l’aluminium) est principalement exploitée par un consortium de la Banque Mondiale et de sociétés japonaise et américaine. Un important investissement pour l’installation d’une usine produisant de l’alumine a été décidé par un consortium dirigé par un groupe canadien avec participation d’entreprises françaises et autres, et un second est en projet.
(3) Début février, après l’arrêt de la première grève générale, les chefs syndicaux n’avaient pas assisté à une réunion avec les partis d’opposition qu’ils avaient eux-même organisés, parce que, selon leurs dires, le même jour ils devaient rencontrer... les représentants de la Banque Mondiale!
(4) Le lendemain de la réunion une «Organisation des jeunes travailleurs et manifestants de Conakry» publia une déclaration contre les «trahisons syndicales» qui, au delà de ses confusions, témoigne de cet état d’esprit:
Nous, jeunes travailleurs et manifestants de Conakry sommes réunis ce matin du Vendredi 16 Février pour définir notre plan de revendication et nous nous sacrifierons pour le changement dans notre pays la GUINEE. Pour cela, nous demandons clairement aux dirigeants syndicalistes d’adopter une position claire, tout en prenant compte qu’il y a eu plus de 158 morts et plus de 754 blessés dans tout le pays.
Nous demandons à la maman des travailleurs de GUINEE madame HADJA RABIATOU DIALLO d’être claire comme l’eau de roche car, son déplacement hier Jeudi pour discuter avec les institutions de la République irresponsables, a été pour nous une des plus grandes erreurs commises dans cette crise. Nous devrions être soit avec le peuple ou contre le peuple.
Nous sommes déterminés à mourir, pour sauver la GUINEE dans la main de ses bouchers. Après tous ces massacres, toutes ces tueries, il n’est plus question que Lansana Conté reste au pouvoir. Il doit partir. C’est tout.
SOIT ON EST AVEC LE PEUPLE OU SOIT ON EST CONTRE LE PEUPLE
VIVE LA GUINEE! VIVE L’UNITE SYNDICALE! A BAS LES TRAITRES!
(5) Kerballah, le chef d’état-major de l’armée, est un des hommes forts du clan Conté. Il a été «adoubé» par l’impérialisme français lors d’une visite à Paris en février 2006.
(6) Envoi du navire de débarquement Scirocco. Au sujet de la coopération militaire avec la Guinée, l’Ambassade de France affirme sans rire que «les formations dispensées visent le renforcement de la capacité opérationnelle des unités avec le souci général du respect des règles d’éthique et de déontologie». cf «Rouge» n°2192. Le chef de la police de Conakry démentit les accusations de tueries le 22 janvier par ses subordonnés en déclarant que c’était impossible parce qu’ils étaient formés et entraînés par des spécialistes français. Les prolétaires guinéens ont fait l’expérience sanglante de ce que veulent dire éthique et déontologie pour l’impérialisme...