Emeutes à Villiers

(«le prolétaire»; N° 487; Déc. 2007 / Janv. - Févr. 2008)

 

Dimanche 25 novembre. 2 jeunes qui circulaient sur une mini-moto meurent sur le coup après être entrés en collision avec une voiture de police à Villiers-le-Bel: Larami, 16 ans, apprenti boulanger, Moushin 15 ans, qui devait commencer quelques jours plus tard un stage de plomberie. Villiers le Bel est une ville prolétarienne de la banlieue nord de Paris à forte population d’origine immigrée et où régne parmi les jeunes un chômage massif. Les circonstances troubles de ce tragique accident provoquent la colère des jeunes qui par petits groupes s’affrontent aux flics, détruisent des postes de police, s’attaquent à des commerces et des édifices publics, brûlent des voitures. 120 policiers sont blessés (plus ou moins sérieusement) dont quelques uns par fusils de chasse. Pendant que les jeunes affrontent les policiers dans la rue, les mères jettent de l’eau pour les protéger des gaz lacrymogènes. Les affrontements touchent d’autres communes: Sarcelles, Longjumeau, Montgeron, Grigny...

Cependant la présence massive de forces de police (un millier d’hommes avec un matériel impressionnant, y compris des hélicoptères) réussit à mettre fin aux émeutes au bout de 3 jours, avant qu’elles puissent s’étendre aux villes voisines et à tout le pays comme en 2005.

La police, dont la version est reprise sans hésitation par tous les médias, se déclare innocente: selon elle, ce sont les adolescents qui n’ont pas respecté la priorité et qui circulaient sans casques, qui se sont jetés sur la voiture de police qui circulait à faible vitesse (dans un premier temps, les services de police, repris sans sourciller par les médias, avaient même affirmé que la moto était volée!).

Mais selon des informations non officielles, qui n’ont évidemment pas été reprises par les médias, ce sont bien les policiers qui sont responsables du drame. «Ils tuent nos enfants comme des mouches» déclare le père de l’une des victimes (1). Il affirme que les flics avaient dit aux jeunes quelques heures auparavant qu’ils les écraseraient s’ils les rencontraient de nouveau...

 

Les Médias du capitalisme

 

Après que Sarkozy, s’indignant des attaques subies par la police, ait promis l’utilisation de «tous les moyens» pour retrouver ceux qui avaient tiré sur les policiers et pour les déférer comme n’importe quels assassins devant les Assises (démonstration que la Constitution démocratique stipulant expressément que la justice est indépendante du pouvoir exécutif n’est qu’un chiffon de papier!), une distribution de tracts appelant contre récompense les habitants à dénoncer leurs voisins est en cours depuis le 4 décembre.

Radio France Info, jeudi 5 décembre, 7h 20. L’animateur, après avoir donné cette information, ajoute sournoisement: «cette récompense [aux heureux délateurs] pourrait bien arrondir leur pouvoir d’achat à Noël».

A croire que tout le monde est pourri, susceptible de se faire acheter, se prostituer, vendre ses voisins ou ses camarades d’enfance, en somme à se faire les Judas d’une communauté qui vient de perdre deux de ses enfants! En réalité c’est le meilleur autoportrait que dresse inconsciemment ce journaliste de sa profession: les prostitués des médias (2).

 

Les Mass Médias, adversaires congénitaux des luttes ouvrières et des révoltes sociales

 

Il est archifaux de dire que la chaîne de télévision TF1 et son présentateur vedette Jean-Pierre Pernaut soient les seuls à débiter un discours hystérique exprimant l’opinion du Medef, le seuls à dénigrer la lutte des cheminots ou à exulter selon l’évolution du conflit.

Pendant les neuf jours de la grève des cheminots et de la RATP, tous les commentateurs et journalistes de presse, radio et télévision ont démontré leur attachement aux chaînes de la prostitution: ils se sont évertués à condamner a priori les grévistes, soufflant littéralement aux interviewés des radio-trottoirs, pour la plupart usagers des transports, à condamner les «privilèges» des régimes spéciaux, à dénoncer la grève pour tous les inconvénients qu’elle leur causait - la fameuse «galère» dont se lamentaient à grands cris les médias capitalistes, soudainement intéressés par le sort de la population laborieuse.

Pour assurer que la domination du capitalisme reste incontestée, ces agents auxiliaires des forces de l’ordre s’emploient à diviser la classe ouvrière en s’appuyant sur les couches les plus profondes de la psychologie humaine (égoïsme, individualisme, immédiatisme, peur de l’autorité supérieure, etc.) qui ne sont que le reflet de la base fondamentale de la société bourgeoise: la lutte de tous contre tous. C’est là que les médias trouvent leurs précieuses pépites, c’est à partir de là qu’elles transforment la merde (le mensonge, la désinformation) en or pour leurs maîtres!

 

C’est la bourgeoisie et son Etat qui parlent à l’oreille des prostitués des médias...

 

...Et les médias et leurs prostitués sont la voix de leurs maîtres!

Même constat au moment des nouvelles émeutes: les organes de «communication» (lire: de «propagande») bourgeois expliquent avec un luxe de détails que la police n’a aucune responsabilité dans l’accident fantastique qui a coûté la vie aux deux adolescents «téméraires» (il faut effectivement un courage peu ordinaire pour se jeter à toute vitesse contre une voiture de police clairement identifiée!): les victimes sont les seules responsables: un double suicide en quelque sorte!

Un habitant présent sur les lieux a témoigné que la position du véhicule et l’emplacement des cadavres des victimes ont été modifiés par la police et que le choc a eu lieu sur la partie frontale du véhicule; et en outre que ces «mini-motos», surtout lorsqu’elles portent 2 passagers, ne peuvent avoir qu’une vitesse réduite, etc. Selon lui, cela ne peut signifier qu’une seule chose: les jeunes ont été percutés par la voiture de police roulant à vive allure. Il déclare aussi que les policiers après avoir pratiqué un massage cardiaque sont partis avant même l’arrivée des secours. D’autre part les vidéos et les photos démontrent que contrairement à ce qu’affirmait la police, les dégâts sur le véhicule n’ont pas été commis par des manifestants après l’accident.

On peut bien sûr refuser de croire à ce témoignage (censuré sur TF1); mais trop de détails sont là pour démontrer les embrouilles, les «mises en scène», les procédés crapuleux des médias contrôlés depuis les plus hautes instances bourgeoises: les médias avec leur débauche de caméras, de reporters, de journalistes, sont toujours devant les événements pour mieux les déformer, et derrière les bandes armée de l’Etat pour mieux justifier les opérations de répression.

Ils ne peuvent rendre de plus grand service aux bourgeois que la déformation des faits qui peuvent légitimement alimenter les révoltes, ce qui est aussi efficace que le matraquage des prolétaires rebelles. La diffusion de l’information devient une affaire d’Etat pour les capitalistes, car il leur faut éviter une spirale interminable de violence et de rébellion contre la situation qu’ils infligent aux prolétaires. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, déclare le lundi 26 novembre à 13 heures devant la mairie de Villiers-le-Bel:, qu’elle veut que les médias «tiennent leur rôle, important dans ce contexte, dans un moment où il faut la sérénité et un retour au calme». Circulez, circulez, il n’y a rien à voir!

Les hasards du calendrier judiciaire ont fait qu’au moment des affrontements à Villiers-le-Bel, étaient jugés à Marseille des jeunes qui, lors d’autres émeutes, avaient incendié un bus, brûlant gravement une jeune passagère.

Le procès et les déclarations de la malheureuse victime ont été très largement médiatisés parce qu’il s’agissait avant tout de condamner tous ceux qui voudraient s’attaquer à l’ordre établi, en les identifiant à des «barbares» incendiaires. Les victimes de la police ou des «accidents du travail», véritables assassinats légaux, n’ont jamais droit à une telle sollicitude des médias qui savent très bien tenir leur rôle!

Incendier un bus rempli de passagers est une imbécillité criminelle; cela démontre que la présence d’organisations de classe, et du parti révolutionnaire, pour que les énergies de révolte qui animent les couches opprimées soient correctement orientées vers l’ennemi de classe et ses institutions, au lieu de se disperser au hasard, au point de risquer même de frapper des prolétaires.

Les circonstances du drame de Villiers-le-Bel ne seront jamais élucidées (3): la Justice a clos l’enquête ouverte par les faits en concluant qu’il s’agissait d’un «banal accident»; c’était d’ailleurs ce qu’avait affirmé dès le début les Autorités.

Mais la vérité est que le harcèlement permanent, les fouilles répétées, les contrôles de papiers d’identité, les remarques racistes, les arrestations de routine, les gardes à vue qui sont le lot quotidien des jeunes (et moins jeunes) sont l’expression d’une politique délibérée de l’Etat bourgeois: dans les véritables poudrières sociales que deviennent potentiellement les banlieues prolétariennes, il est toujours plus nécessaire de faire régner en permanence un climat d’intimidation et de peur pour maintenir l’ordre établi.

 C’est dans ce cadre que la police française est soupçonnée de se livrer à un sport des plus sordides: la chasse aux cailleras (aux racailles, en verlan, le très vieil idiome populaire) qui consiste à faire tomber les jeunes à coup de pare-chocs ou de portières ou à les faire accélérer jusqu’à ce qu’ils perdent le contrôle de leur engin et se fracassent contre les murs, les rambardes ou les fossés. Comme par hasard, dans la plupart des «accidents» de ce genre, les voitures de la police ne sont jamais loin...

 

Vengeance de classe!

 

Le 29 novembre, dans une interview au «Parisien», Fadela Amara, la pute et soumise secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la Ville, déclarait que les émeutes ne sont pas imputables à «une crise sociale»: «ce n’est pas parce que l’on est pauvre, exclu et discriminé que l’on peut tout saccager». «On est dans la violence urbaine, anarchique, portée par une minorité» (ce n’est pas de la police dont elle parle!); «ce petit noyau dur utilise le moindre prétexte pour casser, brûler, tout péter dans le quartier». C’est pourquoi selon elle «il fallait d’abord (...) opposer la fermeté au désordre»...

Devant des policiers Sarkozy, ce même 29 novembre, assénait: «ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel n’a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie!». Le même jour, à la télévision, il affirmait que les émeutiers étaient «des voyous déstructurés, prêts à tout (...) des trafiquants»; en effet: «tous les chômeurs ne tirent pas sur les policiers et les gendarmes!». En réponse à la question d’une journaliste, Sarkozy finissait par admettre l’existence d’un «malaise social», mais en attribuant sa cause à... «une immigration qui pendant des années n’a pas été maîtrisée, des ghettos qui ont créés des personnes qui se sont pas intégrées»!!! «C’est la raison pour laquelle les forces de l’ordre ont des consignes de sévérité à l’endroit des délinquants». Voilà une nouvelle illustration du recours à la propagande xénophobe et raciste anti-immigrés par les dirigeants bourgeois, parallèlement aux mesures spectaculaires contre les travailleurs sans-papiers, dans le but de diviser et paralyser le prolétariat.

Un certain Rachid Kaci, militant UMP, est «conseiller technique à la présidence de la République sur la politique de la ville, etc.». Tout en disant que ceux qui montent «des gamins contre les représentants des institutions sont des voyous», il déclarait le 3 décembre: «A Villiers-le Bel, nous avons assisté à une révolte sociale suite aux décès de deux gamins (...). Mais cette explosion de violence n’a été possible qu’en raison d’un profond malaise social. (...) L’exaspération sociale est telle qu’à partir du moment où il se passe quoi que ce soit de grave, la responsabilité, dans l’esprit des gens en révolte, en incombe forcément aux institutions» (4).

Villiers-le-Bel appartient à la communauté d’agglomération du Val d’Oise, la plus pauvre de France. 40 % de la population de cette ville a moins de 25 ans. Le taux de chômage sur la ville est de 19%, mais il atteint 30 à 40% dans les quartier les plus pauvres; la crise du logement y est endémique. Pour le maire PS, «on a construit un ghetto social», tandis que le maire adjoint (PCF) affirme que «certains doivent se tasser à trois ou quatre dans une pièce» (5).

Selon Kaci, «le volet économique est très important, je pense qu’il faut mettre le paquet sur l’éducation et l’école (...). Il faut insuffler une philosophie de l’effort et de la responsabilité» (et certains se demandent pourquoi les jeunes prolétaires brûlent les écoles!). Mais la clé, la voici: «Je suis pour l’instauration (...) d’un contrat qui permette aux chefs d’entreprise de recruter et d’envisager de licencier, au bout de quelques mois, sans avoir à fournir de raisons précises». Réduire les prolétaires à des serfs taillables et corvéables à merci, voici l’idéal éternel des bourgeois...

Les déclarations intempestives de Kaci sur une crise sociale lui ont valu un sévère rappel à l’ordre de la présidence: défense de s’exprimer sans avoir eu l’autorisation préalable! Sarkozy n’avait-il pas affirmé: «Quand on veut expliquer l’inexplicable, c’est qu’on s’apprête à excuser l’inexcusable»...

Mais ce que démontrent les déclarations d’un Kaci, c’est que les bourgeois n’ignorent rien de l’existence de la «crise sociale» (c’est ainsi que leurs idéologues désignent les difficultés croissantes à maintenir la paix sociale quand s’aggrave l’antagonisme entre les classes) et de ses causes: les attaques qu’ils sont contraints de conduire contre les prolétaires. Et c’est la raison pour laquelle ils ont recours, outre à la répression immédiate et brutale, à la désignation du bouc-émissaire classique: les immigrés, les étrangers et leurs enfants.

Les attaques et la répression ne se limitent pas aux jeunes des banlieues prolétariennes ou aux travailleurs immigrés sans papiers qui vivent sous la menace permanente des rafles policières et des expulsions. Elles ne touchent pas que certains secteurs de la classe ouvrière comme les travailleurs des transports. Elles sont destinées à se généraliser à tous les prolétaires, y compris aux secteurs les plus «protégés» des bastions industriels, à devenir toujours plus pesantes pour satisfaire le besoin vital de profit d’un capitalisme tenaillé par la crise économique. Ce n’est pas un noyau dur de voyous déstructurés, mais le capitalisme lui-même qui crée l’«exaspération sociale», qui pousse les prolétaires à la révolte et qui leur enseigne que les institutions bourgeoises sont les responsables de leur situation, des crimes qui sont commis contre eux.

Aujourd’hui, en dépit de la mobilisation de tous les pompiers sociaux, cette exaspération éclate en émeutes que dénoncent comme aveugles et nihilistes tous les partisans ouverts ou cachés de l’ordre établi (alors qu’au sein même de ces révoltes élémentaires se fera jour inévitablement le besoin d’aller plus loin, de rechercher les voies d’une lutte à la fois plus large et plus profonde): Vengeance pour Villiers le Bel! ont écrit des anonymes sur les murs de l’autoroute. Demain ce seront d’autres secteurs qui seront poussés à prendre la voie de la révolte, faisant sauter la chape de plomb du contrôle social et créant les conditions réelles d’une «convergence des luttes» qui ne peut se réaliser que sur la base de l’anticapitalisme et du retour du prolétariat à la lutte de classe.

Pour résister aux attaques capitalistes, pour pouvoir les combattre, il faudra que les éléments d’avant-garde commencent à préparer patiemment et sur tous les terrains les forces politiques et sociales de classe, à organiser les étincelles qui se dégagent toujours des luttes et qui sont aujourd’hui très faibles et dispersées en raison de l’absence d’organisation de classe: en un mot qu’ils se consacrent au travail de reconstitution du parti ouvrier marxiste dont le rôle est précisément d’unifier, de centraliser et de diriger toutes les poussées de révolte dans une lutte commune pour abattre le capitalisme.

Les policiers assassins ne seront jamais traduits devant la justice que Sarkozy a promis solennellement d’infliger aux jeunes émeutiers. Mais cette injustice de classe prépare inévitablement la vengeance prolétarienne, qui ne peut être que la reprise de la lutte de classe révolutionnaire non seulement contre la police mais surtout contre ses maîtres, les bourgeois, et contre le capitalisme!

Les capitalistes mènent en permanence une guerre de classe contre les prolétaires qui se traduit, même dans les périodes de calme et de prospérité, par des prolétaires tués au travail, jetés à la rue, enfermés dans des asiles ou écrasés par la police dans des «accidents banals»; et dans les périodes de graves crises, par des massacres de masses.

Ces morts ne seront pas éternellement pleurés en vain. Lorsque le prolétariat retrouvera la force et la détermination de reprendre sa lutte de classe, se souvenant du vieux cri du manifeste de 1848: «Malheur à toi, Bourgeoisie!», il fera payer au centuple aux capitalistes et à leurs laquais tous leurs crimes.

 

Liberté sans conditions de tous les prolétaires et les jeunes emprisonnés pour rébellion depuis octobre 2005!

La classe ouvrière est révolutionnaire où elle n’est rien!

Constitution du prolétariat en classe, donc en parti révolutionnaire de classe!

Pour l’Internationale des communistes révolutionnaires!

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!

 


 

(1) Voir la plupart des vidéos sur dailymotion.com/fr/villiers le bel

(2) «Las putas de los medios» est le titre d’un livre paru au Venezuela qui dénonce le rôle des médias lors du coup d’Etat manqué dans ce pays le 11 avril 2002.

 A ce jour les appels à la délation n’ont eu aucun résultat. Selon «Résistons ensemble» n°59 (http://resistons.lautre.net): «L’Etat est sur les dents: ses flics doivent battre en retraite devant des gamins énervés, et il n’est même pas capable de trouver des coupables à châtier. Il faut dire qu’un flic du coin qui avait “donné” l’identité de 2 émeutiers s’est vu signifier un peu rudement que les “balances” n’étaient pas les bienvenues dans le quartier. Alors pour motiver un peu le “sens civique” des habitants, la police lance des appels à la délation, discrétion assurée. Peine perdue si l’on en croit la réaction des intéressés: “les policiers nous prennent pour des personnes corrompues” “l’Etat marche à l’argent. Ils ne voient pas ce que c’est que de perdre un être humain”».

(3) Les témoignages recueillis par des associations locales ont obligé la police à reconnaître au bout de quelques semaines qu’il y avait, non pas une, mais deux voitures de police sur les lieux du drame, et qu’il ne s’agissait pas de la ronde d’une patrouille normale. Mais pour la Justice, ces mensonges policiers ne changent rien.

(4) Voir sur BondyBlog (http://20minutes.bondyblog.fr), 3/12/07, 00:02.

(5) cf «Le Monde», 29/11/07.

 

Particommuniste international

www.pcint.org

 

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