Alors que le mouvement de lutte des travailleurs sans-papiers dure depuis 7 mois, avec de nouvelles initiatives pour le populariser comme la marche des sans-papiers de Nice à Paris, la CGT et les organisations syndicales qui la suivent poursuivent sans désemparer leur orientation de collaboration de classes. Rappelons que la CGT tente de mettre sur pied une espèce de front patrons- travailleurs pour obtenir du ministère la définition de critères précis de régularisation des sans-papiers. Les intérêts des travailleurs ont été sacrifiés à l’établissement de ce front: la revendication centrale des grévistes - régularisation de tous - a laissé la place à l’obtention de ces critères: certains travailleurs seront régularisés, d’autres non en fonction de ce qu’aura décidé le ministère ou les préfets selon les besoins de l’économie locale ou nationale.

 La soumission des prolétaires aux impératifs du capitalisme est donc avalisée et revendiquée par ces prétendus défenseurs des travailleurs! Pour faire passer son orientation la CGT dresse quand elle peut un cordon sanitaire autour des sans-papiers qui la suivent et essaye de tenir à l’écart ceux qui s’engagent dans d’autres luttes (quand elle ne fait pas le coup de poing comme lors de l’expulsion des travailleurs qui occupaient une annexe de la Bourse du Travail).

Mais le ministère fait traîner en longueur les négociations, au point qu’à la fin mai la CGT et ses comparses («les onze») s’indignaient: «le discours du Ministère de l’immigration laisse une curieuse impression : il semble vouloir retarder le plus possible les échéances, quitte à laisser faire, voire à protéger ceux qui veulent que le business et la surexploitation des travailleur-e-s sans papiers continuent. (...) Aujourd’hui, l’ordre public social est bafoué [cri du coeur de bureaucrate syndical outré!]: en ne reconnaissant pas les droits de ces travailleur-e-s, le Ministère de l’Immigration laisse porter atteinte à tout le monde du Travail» (1). Il est bien évidemment inconcevable qu’un ministère bourgeois accepte la surexploitation des travailleurs...

Le premier juin, nouveau communiqué dans lequel les mêmes laissaient poindre l’espoir que le ministère allait enfin décider d’arrêter ces fameux critères, les négociations ayant, semble-t-il bien avancé. Mais le 3 juin le gouvernement envoyait les flics déloger et arrêter les sans-papiers qui s’étaient installés sur les marches de l’Opéra Bastille, à la grande «surprise» des bureaucrates syndicaux: qui aurait pu croire que le ministère allait user de la force contre les travailleurs, à l’image de la CGT elle-même?

Mais quelques jours après les sans-papiers revenaient s’installer sur les lieux, et les travailleurs africains étaient rejoints par des chinois.

Pendant ce temps, les négociations de la CGT et du ministère reprenaient comme si de rien n’était. Au moment où nous écrivons, on apprend de source syndicale que ces négociations ont «bien avancé». Nul doute que dans quelques mois ou quelques années elles finiront par se concrétiser...

Trêve de (triste) plaisanterie: la voie de la collaboration entre les classes suivie par le CGT et cie ne peut déboucher que sur des défaites pour les travailleurs. Les prolétaires sans-papiers ont fait preuve d’une combativité et d’une détermination exemplaires. Il leur manque le soutien actif des prolétaires français de souche pour faire plier un patronat esclavagiste et un gouvernement à ses ordres.

La solidarité avec leur lutte n’est pas seulement un devoir de classe, c’est aussi un besoin pour la lutte ouvrière générale.

Régularisation immédiate de tous les travailleurs sans-papiers!

Libération de tous les sans-papiers emprisonnés!

Vive l’unité de tous les travailleurs!

13/6/2010

(1) Les onze sont: les syndicats CGT, la CFDT, la FSU, l’UNSA, Solidaires; la Ligue des Droits de l’Homme, la Cimade, le RESF, Droits devant, Réseau des Femmes Egalité, Autremonde.