Tueries de Toulouse

L’ennemi public n°1, c’est le capitalisme!

(«le prolétaire»; N° 502; Février - Avril 2012)

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Les assassinats de Toulouse et Montauban ont rapidement servi à une campagne d’union nationale pour laquelle les grands partis (à l’exception du Front de Gauche) ont interrompu momentanément leur campagne électorale. De gauche, du centre ou de droite, écologiste ou d’extrême droite, ces partis, dont les représentants ont participé ensemble à la cérémonie officielle en mémoire des militaires tombés sous les balles de Merah, ont voulu ainsi signifier que leurs désaccords politiques étaient secondaires et qu’ils appartenaient tous en réalité au parti unique de la démocratie, c’est-à-dire de la défense de l’ordre établi.

Précieux aveu à un moment où toute la puissance des médias bourgeois est activée pour faire croire aux prolétaires qu’ils doivent prendre au sérieux la mascarade électorale et que tout dépend de leur vote!

Si le Front de Gauche a eu l’habileté de ne pas participer officiellement au grand spectacle de cette union nationale, il est en réalité sur la même ligne comme en témoigne, outre son orientation nationaliste ouvertement affichée, la réaction de sa principale composante, le PCF, après la mort du tueur lors de l’assaut des policiers: «L’essentiel est maintenant que le pays se rassemble pour rejeter les discours de haine, les xénophobies, les stigmatisations. La démocratie doit se montrer plus forte et le débat national doit reprendre ses droits» (1).

Personne ne s’étonnera de retrouver exactement la même position chez les trotskystes «lambertistes» du P.O.I (ex Parti des Travailleurs) qui dans un communiqué après le massacre devant l’école juive affirmaient: «Toute poursuite de l’escalade et de la surenchère, sur le terrain du communautarisme, menacent [sic!] toutes les composantes de la société, l’unité de la république et la démocratie elle-même» (2).

La démocratie bourgeoise n’est, selon le marxisme, qu’une des formes de la dictature de la bourgeoisie; dans les périodes de prospérité économique et de développement du capitalisme elle sert à camoufler cette dictature et à obtenir par la voie douce le consentement des prolétaires à leur situation d’exploités. Mais même dans ces périodes, la violence sociale inhérente aux rapports de production capitalistes, qui se manifeste avec le plus d’évidence dans les guerres et les interventions militaires qui accompagnent inévitablement la vie du capitalisme, se traduit inévitablement par des actes de violence, plus ou moins aveugles et sans explication apparente, de la part d’individus, surtout faisant partie de la classe écrasée et opprimée. La présence policière, et son renforcement constant depuis des années, témoigne de la violence potentielle qui s’accumule au sein de la société capitaliste et qui éclate parfois en émeutes qui s’en prennent à des objectifs ou des symboles plus ou moins clairs de l’oppression, parfois en actes de desesperados facilement utilisables par les forces de la conservation sociale.

C’est ce dernier cas que nous avons vu à Toulouse. Le meurtrier faisait clairement partie des déshérités auxquels la société capitaliste n’offre qu’un avenir de misère et de précarité, une vie sans avenir où la survie passe par la délinquance . En l’absence d’une force de classe luttant effectivement contre cette société, la rage de ces éléments peut parfaitement être récupérée au service de l’ordre capitaliste. Si Merah avait été engagé par la Légion Etrangère comme il semble qu’il en ait eu l’intention, il aurait pu aller tranquillement massacrer outre-mer et finir par être célébré comme un héros, comme l’ont été les militaires retour d’Afghanistan qu’il a tués.

C’est une autre voie qu’il a suivie, mais, du point de vue prolétarien, tout aussi réactionnaire et suicidaire. La lutte contre les interventions militaires impérialistes ne peut pas se faire par des assassinats individuels de militaires ou d’enfants au nom d’une solidarité religieuse! Merah a en effet préparé ses assassinats au nom d’une réactionnaire guerre de religions, où les exploités sont unis à leurs exploiteurs. En les commettant en France et non sur un lointain «terrain d’opérations» d’Afrique ou d’Asie, il est devenu, jusqu’à ce qu’il soit abattu, l’ «ennemi public n°1» dénoncé par tous les moyens de communication.

Mais l’ennemi public n°1 des prolétaires et des masses opprimées de France et du monde, c’est le capitalisme! C’est le capitalisme qui tue, qui massacre, qui affame par dizaines de millions non seulement dans les guerres incessantes mais aussi dans les famines et la misère qu’il provoque continuellement. De combien de dizaines et dizaines de milliers de morts dans les guerres coloniales qui se sont succédées depuis soixante ans, est responsable l’Armée française que les candidats sont allés saluer en rang serré à Montauban? Combien de jeunes des quartiers populaires sont tombés au cours de ces dernières années sous les balles de la police qu’ils ont félicitée pour son «efficacité»?

Et si l’on veut en rester à l’exploitation capitaliste «normale», elle enlève en moyenne plus de 6 ans de vie à un ouvrier par rapport à un cadre (par les accidents du travail, les maladies professionnelles, l’épuisement, etc.), selon une étude de l’INSEE parue en octobre dernier.

Les assassinats de Toulouse tombent à point pour renforcer un peu plus l’encadrement policier et «sécuritaire» de la société, c’est-à-dire pour peser encore davantage sur les prolétaires, et en même temps pour renforcer leur division en attisant la xénophobie et le racisme. Mais l’aggravation des tensions sociales rend à peu près inévitable la répétition de faits de ce genre, jusqu’à ce que le prolétariat trouve la force d’entrer en lutte contre son exploitation.

Alors commencera le seule guerre qui vaille, la seule guerre qui pourra en finir avec toutes les guerres, toutes les injustices et tous les massacres: la guerre sociale contre le capitalisme, le véritable ennemi du genre humain.

 


 

(1) Voir le communiqué du PCF à: www.pcf.fr/21383

(2) Voir le communiqué du P.O.I. à: www.parti-ouvrier-independant.com/spip/spip.php?article1343

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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