Correspondance

Menaces d’expulsions de sans-papiers à Mayenne

(«le prolétaire»; N° 510; Déc. 2013 / Janv. - Mars 2014)

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Trois familles sont menacées d’expulsion: les 2 premières sont composées de 2 frères avec respectivement leurs femmes et leurs enfants; ces immigrés sont arrivés en France il y a 4 ans. Ce sont des Albanais, musulmans modérés, qui ont fui le Kosovo car menacés de mort par les intégristes; de plus des membres de ces couples sont malades et le médecin de l’Agence Régionale de Santé (ARS) avait émis un avis favorable pour qu’ils puissent poursuivre leurs soins en France (demande rejetée en 2012 et 2013); l’un des 2 pères travaillait et le second venait de trouver un employeur, tout ceci à la demande l’ancienne préfète. Le 13 Novembre dernier une obligation de quitter le territoire français (OQTF) est adressée à l’un de ces deux prolétaires réfugiés; La troisième famille, elle, est toujours dans l’attente d’une réponse de la préfecture à leur demande de séjour pour raisons humanitaires; elle fait partie d’une minorité ethnique, les Ashkalies, qui est exposée à des exactions au Kosovo.

Face à ces menaces d’expulsion de prolétaires [«bien intégrés», ne posant aucun problème, disciplinés et obéissants, participant aux différentes activités qui leurs sont proposées (ou plutôt imposées) au centre social, au secours Catholique (ah, l’oecuménisme!), étant d’accord pour être exploités doublement dans des entreprises mayennaises, dont les enfants vont à l’école régulièrement, au conservatoire de musique, etc....], il était inévitable que les âmes charitables, humanitaristes et politiciennes du coin, se mettent en mouvement et proposent un soutien à ces familles sous forme d’une manifestation le 12 février: il est clairement précisé dans le tract d’appel qu’il s’agit d’un rassemblement citoyen, donc interclassiste.

Si certains de ces soutiens sont censés apporter une certaine aide, quelle soit amicale, humanitaire, d’adaptation..., d’autres politiciennes sont fortement teintées d’hypocrisie électoraliste en cette période.

Parmi ces soutiens nous retrouvons RESF, Alter Ego, le Centre Social de Mayenne, le vice-président du Conseil régional (maire adjoint de Mayenne et secrétaire départemental du PS), le maire divers-gauche de la ville, SUD 53, etc. Rien à dire de plus que ce qui est écrit dans le Prolétaire n°509 concernant des associations telles que RESF ou Alter Ego.

Par contre, le jésuitisme et la fourberie des politiciens avides de leur pouvoir est écoeurant, et nuisible même à l’humanisme (c’est peu dire...). Tou d’abord le retard à l’allumage de tous les soutiens est à remarquer. Trois mois se sont écoulés depuis la première assignation de l’OQTF. Le vice-président argumente son aide par le fait que ces exilés n’ont aucun problème d’intégration. Le maire de Mayenne est encore plus clair dans son choix quand il déclare qu’il est d’accord pour la régularisation quand les gens travaillent et s’intègrent, et il s’enorgueillit d’émettre un avis défavorable quand ils «posent problème»: pour lui chaque situation doit être examinée au cas par cas.

Le pôle social de la ville (succursale de la mairie), se vante, par l’intermédiaire de l’un de ses animateurs, de soutenir ces prolétaires kosovars car ils ont fait preuve d’un effort d’intégration, ne serait-ce que par leur bénévolat dans différentes associations (lire: main d’oeuvre gratuite). Mais, bien sûr, il faut rester raisonnable et ne pas soutenir tous les demandeurs d’asile en raison de la nécessaire «gestion» de l’immigration. Soyons sérieux: le social doit rester dans les limites de la société bourgeoise.

Le capitalisme tricolore apprécie particulièrement les travailleurs dociles et soumis à ses intérêts, et ce d’autant plus que ces prolétaires sont d’origine étrangère (permettant une double exploitation). Sous couvert d’humanisme, la bourgeoisie est prête à faire quelques rares concessions pour les esclaves étrangers qui acceptent et sont dans l’obligation de s’«intégrer» dans l’Etat-nation. Le capitalisme hexagonal en profite pour accroître la division avec les prolétaires autochtones. L’exploitation capitaliste et le nationalisme en sortent renforcés dans la mesure où le demandeur d’asile doit étouffer ses désirs de révolte inévitables, obéir, subir une exploitation difficilement supportable dans les bagnes bourgeois français. Il n’est pas rare non plus qu’il lui soit demandé de faire abstraction de certaines de ses racines: ainsi à Mayenne, une famille kurde a dû changer les prénoms de tous les membres de la fratrie et adopter des prénoms français. Quelle ignominie!

Bien évidemment il faut critiquer les bases du rassemblement du 12/2 voulues par les organisateurs (1) en expliquant que ces prolétaires sans-papiers ont avant tout besoin de la solidarité de classe face à la bête immonde capitaliste et qu’il faut imposer la régularisation immédiate et sans condition de tous les prolétaires sans-papiers et s’opposer à toutes les expulsions.

 


 

(1) Le tract se permet d’insister sur les difficultés des employeurs privées de cette main d’oeuvre taillable et corvéable à merci. Quelle tristesse!

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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