Contre les illusions réformistes, pour la lutte indépendante de classe !
(«le prolétaire»; N° 515; Mars - Avril - Mai 2015)
Les élections anticipées du 25 janvier en Grèce ont vu la victoire du parti Syriza (Coalition de la Gauche Radicale), coqueluche de toute la «gauche de la Gauche» européenne, du Podemos espagnol, au Die Linke allemand, au Rifondazione Comunista italien, en passant par le Front de Gauche français, mais aussi de la plus grande partie de l’«extrême-gauche» qui, plus ou moins, se prétend encore «révolutionnaire». Par exemple, une feuille trotskyste écrivait: «Le peuple grec ne s’est pas laissé impressionner. En votant massivement pour la gauche radicale, il a rejeté l’austérité et les sacrifices. Il peut en être fier» (1).
En fait c’est à peine plus du tiers des votants (36,3%) qui ont donné leur suffrage à Syriza (soit plus 9,4% par rapport aux élections de 2012), contre 27,8% qui ont voté pour le parti de droite Nouvelle Démocratie (qui n’a que légèrement reculé: -1,9%); le KKE (Parti Communiste Grec) a progressé, passant de 4,5 à 5,5% des suffrages, tandis que les néo-fascistes de Aube Dorée reculaient de 6,9 à 6,3% et que le parti d’extrême droite ANEL (Grecs Indépendants) baissait fortement, de 7,5 à 4,8% des suffrages. Un rassemblement d’«extrême» gauche, Antarsya, réunissant trotskystes, maoïstes et autres obtenait 0,66% des suffrages, tandis que le nouveau parti centriste Potami qui n’existait pas en 2012 recueillait 6% des voix.
C’est l’effondrement du parti socialiste PASOK (associé à la Nouvelle Démocratie dans le précédent gouvernement), passant de 12,3% des votants à 4,7% qui explique la percée électorale de Syriza: la «Gauche Radicale» est devenue ainsi le refuge des habituels électeurs social-démocrates; les analystes ont relevé que Syriza avait perdu des voix parmi les secteurs les plus populaires, principalement au profit de l’abstention (36,1% d’abstentions), sans aucun doute en liaison avec la «modération» de plus en plus grande de son discours au fur et à mesure que se rapprochaient les élections.
Cette «modération» s’est manifestée avec éclat lorsque, pour former son gouvernement Syriza s’est alliée à... ANEL. L’aile «extrémiste» de Syriza a avalé sans trop de difficultés cette couleuvre: il est vrai que Syriza a déjà collaboré au parlement avec ce parti dont il partage le nationalisme. Proche de l’Eglise orthodoxe et des militaires, ANEL s’est vu confier le ministère, ô combien stratégique, de la Défense. Syriza a justifié cette initiative au nom du besoin de former un gouvernement stable, car elle ne dispose pas de la majorité absolue au parlement; en réalité l’alliance avec ANEL signifiait que les biens de l’Eglise, qui est le premier propriétaire terrien du pays, continueraient à échapper à l’impôt, et que le budget militaire ne serait pas touché.
Un fardeau pour les prolétaires grecs : les dépenses militaires
La Grèce est le pays de l’Union Européenne qui a les dépenses militaires les plus élevées. En 2013, elle avait dépensé l’équivalent de 2,4% de son PIB (Produit Intérieur Brut) pour ses forces armées. Dans les grands pays européens, ces dépenses militaires équivalaient en Grande-Bretagne la même année à 2,2% du PIB, en France à 2,2%, en Italie à 1,5%, en Allemagne à 1,3%, en Espagne à 0,9%. (2).
Pour fixer les idées, les dépenses militaires aux USA se montaient cette même année à 3,8% du PIB, en Russie à 4,2%, en Chine à 2,1%, au Japon à 1%; mais étant donné la taille de leur économie, les dépenses militaires américaines représentaient près de 37% des dépenses militaires mondiales, autant que celles réunies des 9 autres pays aux plus fortes dépenses:: Chine, Russie, Arabie Saoudite, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon, Inde et Corée du Sud! (3).
Sur la décennie 2002 - 2011 la Grèce a été le premier pays importateur d’armements de l’Europe (le 5e au niveau mondial), ses principaux fournisseurs étant les Etats-Unis, l’Allemagne et la France. Lors des premiers plans de «sauvetage» du pays, l’Allemagne et la France insistèrent pour que la Grèce ne remette pas en cause ses achats, la France essayant en outre de conclure des ventes de navires militaires pour un montant de 6 milliards d’euros (4)...
Le financement des dépenses militaires et de l’armée en général (dont les bourgeois justifient le poids particulièrement important par la nécessité de faire face à l’«ennemi héréditaire» turc) retombe inévitablement sur les prolétaires et les masses travailleuses du pays (pratiquement les seuls à payer l’impôt!). Mais de plus les militaires grecs jouent dans la vie politique un rôle anti-prolétarien particulier, comme l’a démontré l’instauration de la dictature des colonels (1967 - 1974): les bourgeois locaux et internationaux (à commencer par les Américains avec qui l’Armée grecque entretient toujours des liens étroits) redoutaient alors que la crise politique et sociale, qui n’est pas sans rappeler la situation actuelle, ne débouche sur une «situation prérévolutionnaire». En novembre 2011 le premier ministre (PASOK), confronté aux difficultés économiques et sociales aiguës, parla d’un risque d’un coup d’Etat militaire. Si l’évocation du spectre de 1967 était à l’évidence un argument utilisé pour les négociations avec les dirigeants européens, elle sonne aussi comme un avertissement sinistre à destination des prolétaires: la bourgeoisie n’hésite jamais à recourir à la violence, ni à remplacer la fiction démocratique par sa dictature ouverte, lorsqu’elle estime que ses intérêts l’exigent.
Les ravages de la crise en Grèce
Peuplé de près de 11 millions d’habitants, la Grèce est un pays dont la puissance capitaliste est faible en comparaison avec les grands pays d’Europe. Traditionnellement agricole, elle commença vraiment à s’industrialiser dans les années soixante, essentiellement grâce aux investissements étrangers. Aujourd’hui encore, l’industrie y est relativement peu développée, le tourisme étant le secteur économique le plus dynamique, tandis que l’agriculture reste une ressource significative (elle est le deuxième secteur d’emploi après le commerce), en dépit de son morcellement en une myriade de petites exploitations à la rentabilité précaire. Un secteur florissant est celui du transport maritime qui emploie entre 150.000 et 200.000 personnes et représente plus de 6% du PIB; la flotte marchande grecque est la première du monde; mais depuis les années cinquante la Constitution du pays a exonéré les compagnies maritimes de tout impôt sur les bénéfices et les trois quart des navires sont sous pavillon de complaisance (c’est-à-dire échappent à toute réglementation et toute taxation). Lorsqu’en 2013 le gouvernement voulut imposer une taxe aux entreprises du secteur, les armateurs menacèrent de quitter le pays: la taxe fut abrogée et remplacée par une «contribution volontaire»...
Pendant plusieurs années la Grèce a connu une croissance économique rapide (4% en moyenne de 2000 à 2007, nettement plus que les autres pays européens) qui faisait parler du «miracle grec»; l’économie était dopée par les investissements étrangers (notamment européens) et le recours au crédit (la dette souveraine était équivalente à 103% du PIB en 2007). Une immigration importante était nécessaire pour occuper les emplois les moins qualifiés, notamment dans l’agriculture.
Mais le pays a subi de plein fouet le choc de la crise économique mondiale, qui a démontré la fragilité du «modèle» grec. Chroniquement déficitaire dans ses échanges extérieurs, il s’est révélé incapable de faire face à la forte hausse de son endettement à partir de fin 2008, alors que l’économie plongeait dans la crise et que le déficit du budget atteignait les 15% (deux à trois fois plus que les autres pays de l’Union Européenne). Pour éviter la banqueroute, la Grèce n’a eu d’autre solution que de demander en 2010 l’aide de ses partenaires européens. Mais chez les bourgeois l’ «aide» se paye au prix fort, et elle a principalement comme objectif d’aider les intérêts de ceux qui «aident». C’est ainsi que l’argent prêté à la Grèce à des taux plus bas que le marché (mais tout de même suffisamment élevés pour permettre aux prêteurs de faire des profits appréciables) a prioritairement servi à protéger les intérêts des banques européennes, surtout allemandes et françaises, qui étaient engagées dans le pays: seuls 11% de l’argent frais prêté à la Grèce a servi aux besoins de fonctionnement de l’Etat (5).
En même temps la «troïka» (Banque Centrale Européenne, Commission Européenne et FMI) a imposé des mesures d’austérité et des «réformes» pour redresser les comptes du pays: privatisations, réductions des dépenses étatiques (dans un pays ou la dépense étatique joue un rôle central dans l’économie), réformes législatives, «libéralisation» du droit du travail, licenciements dans la Fonction Publique, baisse des salaires, des pensions, augmentation de l’âge de la retraite, etc.
Les résultats sont là, catastrophiques pour l’économie et encore plus pour les prolétaires et les masses grecques, alors que les investisseurs financiers étrangers ont tiré leur épingle du jeu (les banques allemandes et françaises ont pu se désengager sans enregistrer de pertes notables):
Le PIB a baissé de plus de 27% entre 2008 et 2014; dans la même période plus de 30% des entreprises ont fermé, la part de l’industrie dans l’économie a diminué, le chômage a augmenté de 190,5% (1 million d’emplois en moins) passant de 9 à 26,5%, alors qu’à peine 10% des chômeurs touchent des allocations-chômage; le salaire moyen a baissé de 38%, les pensions de retraites de 45%, le revenu moyen des ménages de 30% – l’augmentation des inégalités se traduit dans le fait qu’en 2012, le 25% des ménages les plus pauvres avait connu une baisse de 86% de leur revenu, alors que le 25% des plus riches n’avait subi une baisse que de 20 à 17%; depuis ces inégalités n’ont cessé de s’accroître, ne serait-ce que parce que les impôts sur les plus pauvres ont augmenté de 377% contre 9% chez les plus riches (6). Plus du quart de la population n’a pas de couverture santé et 47% des Grecs n’ont pas accès à des soins adéquats en raison de l’effondrement du système de santé sous les coups de l’austérité, etc. (7).
Cette thérapie de choc, semblable à celle que le FMI infligeait autrefois aux pays du Tiers-Monde en faillite et qui débouchait souvent sur des «émeutes de la faim», n’a pas réussi à remettre en route l’économie du pays ni à vraiment «assainir» les comptes publics. Le plongeon économique a entraîné mécaniquement une chute des rentrées fiscales et une augmentation des charges sociales et donc des difficultés accrues pour payer une dette qui n’a cessé de s’accroître à un rythme rapide jusqu’à atteindre 177% du PIB en 2014; si sa «maturité», c’est-à-dire le délai pour son remboursement, a augmenté, le gouvernement grec se trouve devant des échéances cruciales de remboursement dans les semaines et les mois qui viennent, alors que les caisses de l’Etat sont vides. Les économistes saluent le fait que le commerce extérieur a pour la première fois enregistré un (faible) excédent, mais c’est parce qu’en raison des ravages de la crise interne, les importations ont beaucoup plus reculé ces dernières années que les exportations; quant à ces dernières le seul poste en augmentation réelle était en 2013... la vente de carburant aux bateaux de croisière qui amènent des touristes (8)!
La politique de Syriza
En dépit de son appellation de «Coalition de la Gauche Radicale» et de sa formation particulière (regroupement y compris d’éléments faisant référence au marxisme, au trotskysme ou au «marxisme-léninisme», à côté d’autres issus de formations collaborationnistes diverses), Syriza est un parti réformiste classique; son programme n’a rien d’ «anticapitaliste» et s’il prétend démagogiquement avoir comme but final «le socialisme», il précise aussitôt, pour rassurer les couches petites-bourgeoises, «dans la démocratie et la liberté». Se définissant comme un programme de lutte contre l’austérité et pour la satisfaction des besoins des masses, il comprend une série de revendications comme le gel de la baisse des salaires (et non plus leur augmentation!) et l’augmentation du salaire minimum, la fourniture d’électricité gratuite et des subventions alimentaires aux plus pauvres, l’augmentation du remboursement des soins médicaux, etc., grâce à la taxation des plus riches, l’arrêt des privatisations (qui ont été réalisées à des conditions très avantageuses pour les investisseurs, nationaux ou étrangers); il promettait aussi la création de 300.000 emplois grâce à des mesures de type keynésiennes typiques de tous les programmes réformistes.
Tout en affirmant vouloir respecter à la lettre les engagements de la Grèce auprès des bailleurs de fonds, le nouveau gouvernement espérait trouver des appuis auprès des pays du sud pour obtenir un moratoire sur sa dette et pour que l’Europe abandonne ses politiques d’austérité et se lance dans des initiatives de relance économique.
Mais ni le gouvernement français, ni l’italien et encore moins l’espagnol ou le portugais n’ont voulu appuyer le gouvernement grec! Tous, à des degrés sans doute divers en raison de la diversité de la profondeur de la crise économique qui a frappé leur pays, imposent à leurs prolétaires des mesures d’austérité, des réductions des dépenses sociales: ils ne vont pas soutenir une politique différente pour la Grèce! Les attaques anti-prolétariennes sont la règle dans toute l’Europe, même si les pays les plus riches, comme l’Allemagne, peuvent se payer le luxe d’amortir ces attaques pour maintenir la paix sociale. La Grèce est un petit pays, au poids économique limité au sein de l’Europe, mais dans la mesure où les problèmes auxquels elle fait face ne sont que le cas extrême des difficultés des économies capitalistes de l’Union Européenne et en raison de la «globalisation» toujours croissante du capitalisme, le cas grec revêt une importance internationale: une sortie de la Grèce de l’euro aurait ainsi des conséquences sur toute l’économie mondiale (9)
Les institutions européennes, appuyées par tous les Etats, y compris non européens comme les Etats-Unis qui avaient approuvé dans un premier temps l’opposition de Syriza aux politiques d’austérité (les Américains cherchant toujours lors des crises économiques, que les Européens jouent le rôle de moteur de l’économie mondiale) (10), exigent donc du gouvernement grec qu’il continue dans la voie de l’austérité, des privatisations et des «réformes» essentiellement anti-prolétariennes (libéralisation accrue du marché du travail, baisse des salaires, réforme des retraites, etc.), à l’exact opposé de ses promesses électorales. Différentes mesures coercitives ont été même été décidées par la Banque Centrale Européenne pour l’y contraindre. De son côté la Commission Européenne a par exemple envoyé une note pour avertir que le vote d’une loi «humanitaire» prévoyant de fournir gratuitement de l’électricité et des bons alimentaires aux nécessiteux pourrait être considéré comme une violation des engagements de la Grèce, tandis que le président de l’eurogroupe (la réunion des ministres des finances) déclarait que «toute pression [sur le gouvernement – NdlR] accélérant le processus de réformes en Grèce sera le bienvenu» (11)! Les bailleurs de fond demandent que soient pris des engagements précis et concrets par les autorités grecques pour la poursuite de la politique précédente, avant de débourser les sommes indispensables au fonctionnement de l’économie (12): les ressources de l’Etat sont insuffisantes pour payer à la fois ses créanciers et ses salariés...
Le gouvernement Syriza-ANEL n’a pas d’alternative: il lui faudra se soumettre aux pressions des Etats bourgeois plus puissants s’il ne veut pas être éjecté de la zone euro, ou remplacé par un gouvernement plus compréhensif (13). Et il a déjà commencé à aller dans cette voie, en renvoyant... aux calendes grecques l’augmentation du salaire minimal ou en revenant sur sa décision de bloquer la vente du port du Pirée à des investisseurs chinois. .
La lutte indépendante de classe, seule solution pour les prolétaires grecs
Depuis le début de la crise les travailleurs grecs ne sont pas restés passifs face à la dégradation continuelle de leurs conditions de vie et de travail. De nombreuses grèves et manifestations ont eu lieu; mais ces luttes, orientées le plus souvent dans une voie interclassiste, nationaliste et respectueuse de la légalité par les syndicats, y compris les syndicats «radicaux» liés au KKE, n’ont pu faire obstacle à la dévastatrice attaque bourgeoise. Les élections ont été présentées aux prolétaires comme offrant une voie alternative et sans risque à la lutte: voter pour porter Syriza au pouvoir. Syriza demande aux prolétaires et aux masses grecques, non de s’engager dans une lutte réelle, mais de lui faire confiance pour défendre leurs intérêts (qui seraient identiques à ceux de l’économie nationale) contre les diktats de l’étranger. A l’instar de tous les réformistes, elle rend ainsi un fier service au capitalisme en détournant les prolétaires de la seule voie efficace pour se défendre.
Tout en parlant de faire payer les oligarques, son gouvernement s’est bien gardé de prendre la moindre mesure réelle contre les capitalistes (que l’on songe seulement aux richissimes armateurs!) et le capitalisme grecs. Mais comme tous les partis réformistes au pouvoir dans une période de grave crise, Syriza se trouve placé dans l’inconfortable situation d’avoir à choisir entre s’attaquer ouvertement aux intérêts des prolétaires et des masses travailleuses, ou à ceux du capitalisme; et comme tous les partis réformistes, qui sont indissolublement liés à la défense du mode de production capitaliste, elle ne pourra que s’attaquer aux travailleurs, en profitant de la confiance que ces derniers lui portent. C’est le rôle que lui assigne la bourgeoisie, grecque et internationale, qui ne tolérera son gouvernement qu’aussi longtemps qu’il le remplira.
Aujourd’hui, il semble que Syriza jouisse d’une popularité record, alimentée aussi par la rhétorique nationaliste, parmi la population y compris prolétarienne. Mais les illusions envers Syriza sont vouées à s’évaporer rapidement; alors les mielleux discours réformistes laisseront la place à la brutalité des forces de l’ordre capitaliste si les prolétaires tentent de résister: ce n’est pas par hasard si la promesse électorale de Syriza de dissoudre les unités anti-émeutes de la police a été abandonnée! L’histoire de la Grèce, sans parler de celle des autres pays, enseigne aux prolétaires que la bourgeoisie – appuyée et conseillée par ses parrains internationaux – n’hésite jamais à balayer un gouvernement démocratique et à instaurer une dictature militaire pour maintenir son ordre. La foi aveugle dans le réformisme mène toujours aux défaites et aux catastrophes. Les prolétaires ne doivent donc accorder aucune confiance à Syriza et à son gouvernement; ils ne doivent pas croire qu’il soit possible de faire pression sur eux pour qu’ils adoptent une politique, ne disons pas anticapitaliste (toute la machinerie de l’Etat bourgeois est là pour l’empêcher), mais en faveur des travailleurs: même si c’est en ronchonnant, le valet obéît toujours à son maître, et c’est encore plus vrai pour le valet réformiste par rapport au maître capitaliste. Mais ils ne doivent pas davantage faire confiance aux critiques «de gauche» de Syriza comme le KKE; diffusant le nationalisme et pratiquant la collaboration avec des forces bourgeoises, ces derniers ont déjà donné de multiples preuves de leur politique anti-prolétarienne (14).
Les prolétaires ne peuvent compter que sur leurs propres forces, sur leurs propres luttes pourvu qu’elles soient orientées et organisées sur des positions authentiquement de classe, pour la défense exclusive de leurs intérêts de classe. Il n’y a pas d’autre solution pour résister à l’attaque capitaliste que la lutte ouverte contre le capitalisme: la répudiation de la dette ou la sortie de l’Union Européenne que le KKE ou certaines forces dites d’ «extrême gauche» présentent comme une issue à la crise, ne sont que impasses: ne sortant pas du cadre bourgeois, elles auraient même toutes chances de déboucher sur une aggravation supplémentaire de la situation prolétarienne. La rupture avec les forces et les orientations réformistes, collaborationnistes, l’adoption des méthodes et des moyens de lutte classiste et l’organisation de classe sont une nécessité pour la défense prolétarienne, avant de pouvoir passer à l’offensive.
Mais cette organisation de classe pour les luttes de défense immédiate et pour la lutte plus générale contre le capitalisme implique de mener une lutte politique et pratique contre le collaborationnisme politique et syndical, contre tous les faux amis du prolétariat, contre tous les obstacles dressés par la bourgeoisie. C’est dire qu’elle nécessite l’existence de l’organisation politique de classe, autrement dit du parti de classe, authentiquement communiste, internationaliste et international, pour éviter au prolétariat tous les écueils, grâce à son programme marxiste qui est la synthèse des leçons des luttes passées, pour centraliser et diriger son combat contre le capitalisme.
Œuvrer, en liaison avec les prolétaires de tous les pays, pour la constitution de ce parti, telle est la tâche qui s’impose et s’imposera objectivement avec toujours plus d’urgence aux prolétaires et militants d’avant-garde en Grèce.
(1) Lutte Ouvrière n°2426, 28/1/2105. Les illusions électorales font autant de ravage chez les trotskystes que le vocabulaire interclassiste...
(2) Selon les données du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), SIPRI Milex Data 1988-2104.
(3) http:// vadeker.net/ humanite/ geopolitique/world_military_spending/world_military_spending_2002-2012.html
(4) cf Le Point, 27/1/2015
(5)http://www.macropolis.gr/?i=portal.en.the-agora.2080
(6) Institut für Makroökonomie und Konjunkturforschung Studies n°38, March 2015
(7) https:// www. opendemocracy.net/ ournhs/ louise-irvine/ what-austerity- has-done-to-greek-healthcare
(8) http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_wsite2_1_25/10/2013_524920
(9) Voir par exemple la déclaration du gouverneur de la Banque de France: «l’ensemble de l’économie mondiale serait affectée» [par une sortie de la Grèce de l’euro], Le Figaro, 19/4/15.
(10) Les autorités grecques ont également déclaré qu’elles étaient soumises à une «très forte pression américaine» pour qu’elles ne participent pas au gazoduc dont la construction dans la région est envisagée par le géant russe Gazprom. cf http://www.leblogfinance.com/2015/04/la-grece-fait-etat-de-fortes-pressions-us-pour-la-dissuader-dadherer-au-projet-du-gazoduc-russie-turquie.html
(11) http://in.reuters.com/article/2015/03/09/eurozone-greece-steps-idINL5N0WB3SX20150309
(12) «les bailleurs de fonds de la Grèce continuent notamment d’exiger une réforme des retraites et une libéralisation plus poussée du marché du travail», lemonde.fr, 31/03/2015
(13) Le quotidien de la finance londonienne a ainsi écrit: «La frustration des autorités de la zone euro avec la Grèce est si intense qu’un changement dans le gouvernement actuel (...) est devenu un sujet de discussion courant en marge des discussions [sur la dette]. Beaucoup d’officiels, y compris certains des ministres des finances de la zone, ont suggéré que seule la décision d’Alexis Tsipras d’éliminer l’extrême gauche de son gouvernement (...) pourrait rendre un accord possible. (...) Une personnalité officielle de premier plan a ajouté: ‘ce gouvernement ne peut pas survivre’», Financial Times, 5/4/2105. On sait que le ministre des Finances allemand a qualifié d’irresponsable le gouvernement grec.
(14) Voir «l’interclassisme du kke», le prolétaire n°496
Parti communiste international
www.pcint.org