Correspondance

Saint-Nazaire: Crimes sur les quais

(«le prolétaire»; N° 523; Février-Mars-Avril 2017)

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Ce titre n’est pas celui d’un polar ou d’une série télévisée, mais la réalité quotidienne que doivent affronter les prolétaires des ports et docks.

Non seulement l’espérance de vie des dockers français est inférieure de 8 ans à celle de la population en général, mais elle est en recul très net, et en particulier sur le port de Saint-Nazaire.

Selon l’Association pour la protection de la santé au travail dans les métiers portuaires, créée en Loire-Atlantique en 2010, «l’espérance de vie de ces travailleurs se révèle d’une dizaine d’années inférieure à celle de leurs aînés», alors même que la mécanisation a limité les accidents du travail.

Cette association a mené une enquête auprès de dockers et elle a abouti à un bilan accablant: sur 140 dockers contactés, en grande majorité partis à la retraite, 87 déclarent être malades, 61 sont atteints de cancer, 35 sont morts. Cette hécatombe est liée à un taux anormalement élevé de cancers du rein, larynx, vessie, prostate.

Les travaux menés par cette association ont montré que les dockers et travailleurs portuaires de Nantes/Saint Nazaire ont été soumis à une poly-exposition à des substances cancérigènes. Cela est lié au déchargement et au nettoyage chaque année d’une centaine de cargos de vrac, avec la cargaison à même la cale.

Les cargaisons de soja, importé du Brésil, sont arrosées de pesticides avant de traverser l’Atlantique, pour tuer champignons, rongeurs et insectes. Ces polluants peuvent pénétrer dans l’organisme par les voies respiratoires ou à travers la peau. Ils attaquent le système respiratoire, le système nerveux central, les cellules sanguines, le foie, le système immunitaire et sont cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques. Les cargos de ciment renferment de la silice qui peut provoquer silicose, bronchite chronique et cancer. Ceux chargés de coke de pétrole – qui sert de combustible à l’industrie du ciment et de la chaux, et qui est utilisé comme source de carbone dans la fabrication de l’aluminium et de l’acier – contiennent d’importantes quantités de soufre et de métaux lourds.

Lorsque les navires accostent sur les quais de Montoir-de-Bretagne, ils sont vidés par une aspirateur métallique géant ou au bulldozer avant que des dockers descendent dans les cales pour finir le nettoyage et le curage des parois à la pelle, à la raclette et au balai. La protection des «caliers» – ceux qui descendent au fond des cales – est sommaire avec un masque qui ne peut filtrer que très partiellement les saloperies qu’ils doivent respirer. Des «caliers» font des malaises et tombent des échelles, intoxiqués par les polluants qui ont macéré pendant le trajet.

Quant aux conteneurs, ils peuvent renfermer des taux de gaz neurotoxiques très élevés, notamment de gaz de fumigation pour tuer les insectes. Selon une enquête de la CGT du Havre, 28% des conteneurs ont des taux de gaz toxiques supérieurs au seuil de sécurité. Dans tous les ports de France, chaque jour, des milliers de travailleurs (manutentionnaires, dockers, douaniers, déclarants en douane, magasiniers, chauffeurs routiers, logisticiens...) ouvrent des conteneurs et y pénètrent pour des contrôles ou de la manutention et sont exposés à un risque toxique.

Enfin, lors d’inspections récentes, des traces de légionellose ont été découvertes sur les remorqueurs du port, sans que de véritables mesures soient prises pour éradiquer rapidement ce risque.

Cette situation sanitaire dramatique n’est pas une fatalité, c’est un crime d’empoisonnement: le capitalisme sacrifie la vie de milliers de dockers et de portuaires pour satisfaire sa soif de profit: diminuer l’exposition des travailleurs aux polluants coûterait trop cher! Ces prolétaires meurent dans l’indifférence des patrons portuaires, des pouvoirs publics et de la justice bourgeoise qui refuse de reconnaître les cancers des dockers comme des maladies professionnelles.

Les prolétaires ne doivent pas espérer réguler ou réformer la logique criminelle des capitalistes. Contre ces abjects vampires du sang, de la sueur des ouvriers, les travailleurs doivent s’unir en luttant pour préserver les forces et la santé de la classe ouvrière en vue de la préparation de la lutte pour son émancipation.

 

Pour cela, les prolétaires doivent retrouver le chemin de la lutte de classe avec un seul cri de guerre: le capital nous assassine, MORT AU CAPITAL !

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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