En Israël aussi, la chasse aux réfugiés est ouverte

(«le prolétaire»; N° 528; Avril-Mai-Juin 2018)

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Des dizaines de milliers d’Africains ont trouvé refuge en Israël ces dix dernières années pour fuir les guerres, la misère et la faim qu’ils subissent dans leur pays d’origine. La route de l’exil a été ponctuée par les violences de la police égyptienne et par la traversée du Sinaï lors de laquelle certaines et certains ont été violés et torturés par les passeurs, véritables trafiquants d’êtres humains.

Depuis leur arrivée, ces 60 000 réfugiés subissent la ségrégation et la terreur raciste. Aujourd’hui, ils doivent faire face à un vaste plan de déportation de 40 000 Africains – dont 5 000 enfants nés en Israël – projeté par le gouvernement israélien. Déjà 3 000 Africains sont parqués dans un camp d’internement entouré de barbelés en plein désert du Néguev. La seule alternative proposée est un emprisonnement à durée illimitée ou l’expulsion vers l’Ouganda ou le Rwanda, pays qui nient l’existence de tout accord écrit avec Israël. Les immigrés déportés arrivent dans ces deux pays sans papiers légaux, se font voler ou sont victimes de trafiquants qui les envoient sur les routes de l’immigration vers la Libye et l’Europe. D’autres ont été renvoyés vers les zones de guerre qu’ils ont fui.

 Les Africains en Israël sont victimes d’un racisme d’État et à une féroce exploitation. La plupart ne peuvent pas avoir de permis de travail et sont donc obligés de travailler dans le secteur informel dans la restauration, le nettoyage ou la garde d’enfants. Ceux qui leur viennent en aide sont également persécutés et l’embauche de réfugiés peut entraîner des amendes et l’emprisonnement. L’objectif du gouvernement est de rendre la vie impossible aux exilés pour qu’ils quittent le pays.

Les politiciens bourgeois entretiennent un climat d’hystérie et de haine contre eux. Ils les surnomment les «infiltrés» et sont accusés d’être des criminels ou même un «cancer» (selon un député) pour un pays qui «appartient à l’homme blanc» (selon le ministre de l’Intérieur en 2012). Les autorités religieuses attisent aussi la haine: en 2010, des centaines de rabbins ont publié une déclaration demandant aux Juifs de ne pas vendre de maisons ou de louer des appartements aux travailleurs migrants et aux demandeurs d’asile. Les appels à la haine se traduisent par des violences racistes. Les Érythréens, les Éthiopiens et les Soudanais sont donc victimes de crimes racistes en grand nombre. En mai 2012, des émeutiers racistes se sont déchaînées dans les quartiers Sud de Tel-Aviv et ont organisé un véritable pogrom contre les personnes de couleur, pillant des magasins et jetant des bombes incendiaires, notamment dans une cour d’école maternelle.

Les discours xénophobes des responsables politiques se sont accompagnés de tout un arsenal de loi anti-immigrés. Un mur en acier a été construit le long de la frontière avec l’Égypte pour arrêter les flux de réfugiés. En juin 2012, le parlement a adopté un amendement à sa loi sur la «prévention de l’infiltration» permettant aux autorités de détenir les réfugiés et leurs enfants indéfiniment. Adoptée en 1954, la loi visait à empêcher les Palestiniens massivement expulsés en 1947-1948 de rentrer chez eux. Cette mesure raciste avait provoqué des manifestations de masse des demandeurs d’asile africains en Israël. Des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Tel Aviv et de Jérusalem pour protester contre le refus d’Israël de leur accorder le statut de réfugié et pour la libération des personnes emprisonnées. Depuis 2013, des procédures de demande d’asile ont été mises en œuvre mais elles n’ont abouti qu’à... onze régularisations!

Les campagnes racistes contre les Africains visent également les 150 000 Juifs éthiopiens qui ont émigré vers Israël dans les années 1980-90. Ils occupent les emplois les moins bien payés et les plus précaires. Ils subissent un racisme rampant et des discriminations en matière de logement, de transport, d’éducation et d’emploi. Bien que constituant moins de 2% de la population israélienne, les jeunes juifs d’origine éthiopienne représentent plus de 30% des mineurs emprisonnés. Ils sont également largement victimes de violences policières. En 2013, le gouvernement a même admis avoir injecté aux femmes éthiopiennes du Depo-Provera, un contraceptif puissant. Cela a entraîné une chute spectaculaire du taux de natalité de la communauté.

L’État sioniste est un régime raciste qui depuis 70 ans spolie, opprime, déporte et assassine les masses palestiniennes – qu’elles aient ou non la nationalité israélienne. C’est ce même racisme qui explique qu’après la première Intifada, au début des années 1990, les dirigeants sionistes aient fait venir massivement des travailleurs immigrés d’Asie et d’Europe de l’Est pour remplacer les prolétaires palestiniens. Aujourd’hui, au moins 300 000 migrants travaillent dans la construction, l’agriculture et d’autres secteurs à salaires de misère.

L’attaque de la bourgeoisie israélienne contre les immigrés est une attaque contre toute la classe ouvrière et toutes les masses exploitées. Elle appelle une riposte de tous les travailleurs – israéliens, palestiniens ou immigrés. C’est une condition sine qua non non seulement pour mettre en échec les mesures du gouvernement israélien, mais aussi pour souder les rangs du prolétariat en vue des luttes inéluctables qui l’attendent. Seule la solidarité de classe cimentée dans la lutte peut permettre d’opposer à la force de la bourgeoisie la force que donne l’union combattante des prolétaires par-dessus les catégories, les entreprises et les nationalités. C’est une condition pour pouvoir se défendre plus efficacement aujourd’hui et pour forger dans la lutte la force qui, un jour, devra en finir avec la domination barbare de la bourgeoisie et de son système d’esclavage. La solidarité avec les réfugiés est intimement liée à la solidarité internationaliste avec les masses palestiniennes plus que jamais soumises à l’oppression bestiale et au joug féroce des exploiteurs sionistes; mais elle implique la rupture de l’union interclassiste qui, au nom du sionisme, lie une grande partie des prolétaires juifs à leur bourgeoisie, permettant au régime de mener sa politique d’oppression nationale et raciale.

 

Solidarité active et de classe contre la terreur et les crimes racistes!

Égalité totale des droits sociaux et politiques pour les travailleurs immigrés!

Stop au plan d’expulsion! Des papiers pour tous!

Pour la rupture de l’alliance interclassiste qui paralyse le prolétariat juif!

Pour la solidarité de classe des prolétaires de toute race, religion et nationalité!

 

20/3/2018

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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