ZAD de Notre-Dame-des-Landes:

La démocratie bourgeoise montre ses muscles, un avertissement pour les prolétaires

(«le prolétaire»; N° 528; Avril-Mai-Juin 2018)

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Le lundi 9 avril, l’État a lancé une vaste opération militaire contre les «zadistes» qui depuis des années se sont installés sur le site du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (abandonné en janvier dernier). Ces personnes ont construit sur cette vaste zone de bocage des «lieux de vie» dans lesquels ils prétendent mener une vie libérée du capitalisme. Bien entendu, ce projet utopique de fuite de la société bourgeoise tourne le dos à l’affrontement indispensable contre la bourgeoisie, son État et ses multiples moyens de contrôle social et de répression. Depuis l’abandon du projet d’aéroport, une grande partie des «zadistes» négociaient avec la préfecture pour légaliser leur installation.

Malgré le caractère inoffensif de cette contestation, la bourgeoisie a sorti les grands moyens médiatiques et policiers pour réprimer les «zadistes» et montrer ses muscles.

Dès décembre, d’intenses campagnes médiatiques ont été menées. Les médias bourgeois ont affirmé que les «zadistes» disposaient de «herses plantées de clous géants, de boules de pétanques hérissées de lames de rasoir», de «stocks d’engins incendiaires, de pièges dans les bois et même d’armes à feu», «d’armes de chasse, d’acide, de fusées agricoles». Les «zadistes» dont certains seraient des «types prêts à faire couler le sang» ont été accusés de vouloir créer une «guérilla type Vietnam des pauvres».

Le 9 avril vers quatre heures du matin, 2 500 militaires (des gardes mobiles) ont envahi la ZAD lourdement armés: flashballs, lance-grenades en tout genre, de fusils d’assaut, blindés légers équipés de mitrailleuse de 7,62 mm, hélicoptères, drones, canons à eau…

Ces nervis ont mené des opérations de destructions des habitations et des fermes créés par les «zadistes» puis des arrestations de militants et une violente répression contre leurs soutiens venus pacifiquement sur la ZAD. Plus de 4 000 grenades assourdissantes et de désencerclement (qui dispersent des éclats tout autour d’elles) ont blessé plusieurs dizaines de personnes (d’après certains témoignages les militaires en auraient largué depuis les hélicoptères) tout comme des tirs de flashball qui visaient les manifestants au visage. Les hommes de main de la bourgeoisie ont également utilisé des gaz dont le lacrymogène mais aussi d’autres inconnus.

La bourgeoisie a aussi mobilisé un millier de flics pour intimider et réprimer la manifestation de soutien organisée à Nantes le 14 avril. Les flics se sont déchaînés contre les presque 10 000 manifestants en leur tirant dessus à coups de gaz lacrymogène et de «balles de défense», en les attaquant avec un canon à eux et en arrêtant quelques-uns pour l’exemple. Ce type de déchaînement policier est devenu très fréquent quand on ose contester la politique menée dans la très démocratique France, «patrie des droits de l’Homme».

La violence étatique s’est accompagnée d’un déferlement de propagande bourgeoise. Les journalistes ont été interdits de séjour sur le site (malgré leur docilité) et les médias ont diffusé les images prises par les caméras de la gendarmerie. Des gendarmes en civil se faisaient passer pour des journalistes, ce qui leur permettaient d’espionner les «zadistes» et fabriquer des «preuves» en cas de procès. Les médias ont également répété en boucle les bobards du gouvernement et de ses nervis comme l’utilisation fantasmée d’acide contre les militaires ou une pseudo-tentative d’abattre un hélicoptère avec une fusée anti-grêle.

Sur la ZAD, la bourgeoisie a mené une vaste opération d’intimidation contre toute contestation de l’ordre social (en même temps qu’elle a offert un entraînement et un défouloir à ses chiens de garde). L’objectif était moins d’évacuer la ZAD que de montrer ses muscles, sa capacité à réprimer, à brutaliser, à blesser, à mutiler et à enfermer tous ceux qui osent s’opposer à sa poigne de fer.

Face aux tensions sociales qui s’accroissent, la bourgeoisie fourbit ses armes pour demain et prépare la carte de l’«Etat fort». Elle fabrique toutes les armes juridiques les plus appropriées (les multiples lois sécuritaires et «anti-terroristes») pour un passage, le plus brutal, et donc le plus efficace, de la violence potentielle à la violence réelle. Elle tente d’autre part d’augmenter cette efficacité en paralysant les exploités par un terrorisme préventif.

Quel autre sens peut avoir cette invasion militaire de la ZAD, cette mise en scène sans commune mesure avec les effets d’une occupation de terres qui n’égratigne même pas la société bourgeoise?

La tendance de la démocratie à se renforcer en se blindant ne peut être inversée, mais seulement brisée par la révolution prolétarienne et le démantèlement de la machine de l’État bourgeois. Le prolétariat ne pourra se défendre et ne pourra conquérir le pouvoir qu’en opposant à la violence bourgeoise la violence révolutionnaire. Il n’y a pas d’autre voie.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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