La CNT-SO chantre du réformisme éducatif et de l’école bourgeoise

(«le prolétaire»; N° 529; Juin - Juillet - Août 2018 )

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La CNT (Confédération nationale du Travail) Solidarité Ouvrière est née à l’automne 2012 d’une scission de la CNT (dite CNT Vignoles) sur la question des permanents syndicaux et de la participation aux élections professionnelles. La nouvelle CNT se réclame de l’héritage anarcho-syndicaliste et se définit comme un syndicat «combatif et révolutionnaire» qui «se fixe un but de transformation sociale révolutionnaire» (1). Bien entendu, ces déclarations de principe n’engagent que ceux qui y croient !

Les récentes mobilisations dans l’éducation ont permis à la CNT-SO de montrer qu’elle était une organisation platement réformiste.

La centrale anarcho-syndicaliste n’a pas hésité à se faire le défenseur de l’État capitaliste et de son école!

Elle dénonce en effet les récentes «réformes» en estimant que «c’est vers un lycée pro aux ordres de l’entreprise que l’on s’oriente» et que «le Lycée Professionnel [actuel] est un héritage des combats de la classe ouvrière : il avait pour rôle de former intellectuellement les enfants des prolétaires» (2). Quelle fumisterie !

L’enseignement professionnel est – et à toujours été – l’avorton des politiques bourgeoises avec comme seul objectif de servir la bourgeoisie. En France, sa création a été ouvertement anti-prolétarienne: «il revient au gouvernement de Vichy d’avoir mis en place un schéma de l’enseignement professionnel dont les institutions d’aujourd’hui sont les héritières». Il a été fondé pour «faire triompher cette idéologie du travail national [qui] requiert non seulement d’endoctriner les jeunes mais aussi de les modeler à l’ordre professionnel a-classiste et hiérarchiste» (3).

Dès le milieu du XIXe siècle, Engels dénonçait les écoles bourgeoises s’adressant aux prolétaires comme des instruments destinés à répandre parmi les ouvriers les connaissances utiles à la bourgeoisie. On y enseigne les sciences de la nature qui distraient les ouvriers de leur lutte contre la bourgeoisie, et peuvent leur donner les moyens de faire des découvertes qui rapporteront de l’argent aux bourgeois – alors que la connaissance de la nature est en vérité actuellement sans aucune utilité pour l’ouvrier, car bien souvent il n’a pas même l’occasion de voir la nature dans la grande ville où il vit, accaparé qu’il est par son travail prolongé; on y prêche aussi l’économie politique, dont l’idole est la libre concurrence et d’où il résulte seulement, pour l’ouvrier qu’il n’a rien de plus raisonnable à faire que de mourir de faim avec une calme résignation; toute l’éducation qu’on y donne tend à rendre docile, souple, servile à l’égard de la politique et de la religion régnantes, si bien qu’elle n’est, pour l’ouvrier, qu’une continuelle exhortation à l’obéissance tranquille, à la passivité et à la soumission à son destin» (4).

Logiquement, le programme scolaire de la CNT-SO se fait dans la société bourgeoise et promeut une émancipation «en douce» sans se soucier de l’État en place, ce qui implique le gradualisme, c’est-à-dire l’illusion de la transformation graduelle de la société sans l’affrontement général des classes et l’insurrection. Les anarcho-syndicalistes revendiquent donc «une école de la tolérance, où l’égalité soit effective», «une école qui construit l’esprit critique […] loin des diktats de la société capitaliste et des compétitions qu’elle engendre», une «école émancipatrice» (5) capable de «former à l’esprit critique, à l’expression d’une sensibilité» (2). Ils ne font que reprendre des orientations qui ne vont pas au-delà des exigences de la conservation sociale : «démocratisation» de l’enseignement, investissements accrus dans l’école publique, participation à la gestion et à la définition des contenus d’enseignement…

On trouve ce réformisme plus largement sur la question des «services publics». La CNT-SO met en avant une série de mots d’ordre: platement réformistes comme «Redistribution des richesses pour des services publics de qualité, sans profits et d’égal accès à tous et toutes» ou «Maintien d’un maillage territorial fort des services publics et gestion directe par les agents et usagers» (6) qui associe les travailleurs et la masse interclassiste des «usagers» cogérant dans le cadre de la société bourgeoise des branches de l’Etat...

Pour les communistes, l’école actuelle – de la maternelle à l’université, publique ou privée, religieuse ou laïque – est une institution de la société capitaliste, soumise comme les autres aux aléas de l’évolution économique et n’échappant pas aux difficultés et aux contradictions qui éclatent lors des crises. La surproduction ne concerne pas que les marchandises «matérielles»; elle concerne aussi la marchandise force de travail prolétarienne, mais également les diplômés, futurs agents de l’encadrement de cette force de travail, cadres ou responsables divers de la société bourgeoise.

En période de crise, les prolétaires sont jetés en masse à la rue, en même temps que sont détruites les marchandises et les forces de production en surnombre; les couches petites-bourgeoises sont, elles aussi, frappées pour sauver les profits des entreprises capitalistes les plus fortes. Précipitées ou menacées d’être précipitées dans les rangs du prolétariat, elles n’ont en réalité d’autre perspective que de lutter contre le capitalisme, en rejoignant la lutte prolétarienne de classe.

Les communistes combattent l’illusion petite-bourgeoise – véhiculée par la CNT-SO et une très large partie de l’«extrême» gauche – selon laquelle une «démocratisation» ou une «école émancipatrice» pourrait permettre aux élèves d’échapper, dans leur majorité, à l’exploitation, au chômage, à la prolétarisation.

La perspective communiste n’est pas la réforme de l’école, pas plus que la réforme des autres institutions bourgeoises et de l’Etat, mais leur destruction. L’école ne sera émancipatrice pour la jeunesse prolétarienne et laborieuse que lorsque l’État de dictature du prolétariat sera bâti sur les ruines de la société bourgeoise. L’adversaire des jeunes scolarisés est le capitalisme qui, de crise en crise, accroît l’exploitation, l’oppression et la répression et qui se dirige inexorablement vers une nouvelle guerre mondiale. Plus tôt les jeunes s’en apercevront et plus tôt ils comprendront que seule la reprise de la lutte de classe prolétarienne peut s’opposer à ce destin que le capitalisme réserve à l’humanité.

Il n’y a donc pas de tâche plus urgente que le travail pour la reprise de la lutte de classe, pour la constitution du prolétariat en classe, donc en parti ; que le travail pour la constitution du parti communiste révolutionnaire qui dirigera la lutte prolétarienne vers la prise du pouvoir et la destruction de l’Etat bourgeois et de ses diverses institutions, permettant au prolétariat de se constituer en classe dominante et ouvrant la voie à la transformation sociale qui débouchera sur la société communiste sans classe.

C’est la tâche à laquelle nous appelons jeunes et moins jeunes à consacrer leurs énergies au lieu de les dilapider en vain à la poursuite des chimères du réformisme.

 


 

(1) «Présentation de la CNT - Solidarité ouvrière»

(2) «Attaque contre l’École : au tour de l’enseignement professionnel de morfler!»

(3) Philippe Geneste, «Le travail de l’école: contribution à une critique prolétarienne de l’éducation», Acratie, 2009. L’auteur n’est pas un communiste mais un militant de L’Ecole Emancipée puis d’Emancipation, tendance anarcho-syndicaliste qui n’est jamais en reste pour défendre l’école capitaliste au nom de la laïcité ou du réformisme éducatif.

(4) «La Situation de la classe ouvrière en Angleterre», 1845

(5) «Réformes Blanquer, une éducation au service du MEDEF et contre les classes populaires».

(6) Tract pour la grève du 22 mars «Services publics en danger, on va grèver!»

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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