Communiqué aux lecteurs, aux prolétaires, aux camarades sur les mesures prises par la bourgeoisie à propos de l’épidémie au coronavirus

(«le prolétaire»; N° 536; Février-Mars-Avril 2020 )

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Face à l’épidémie du coronavirus Covid-19, la bourgeoisie a pris une série de mesures restrictives exceptionnelles sans précédents auparavant dans des cas similaires.

Dépendante d’un mode de production qui vise essentiellement à la valorisation du capital en exploitant sauvagement les énergies physiques, nerveuses et sociales du prolétariat et des couches les plus faibles de la population de tous les pays, la bourgeoisie est congénitalement incapable de structurer la société avec une prévention efficace pour la préservation de la santé de l’humanité dans sa vie économique et sociale ; elle n’est pas en mesure de rationaliser l’économie capitaliste pour l’harmoniser avec les besoins de la vie sociale humaine et avec l’environnement naturel, ce qui conduit à des crises de plus en plus dévastatrices. Elle est donc incapable de faire face aux événements naturels – tremblements de terre, tsunamis, inondations, épidémies, changement climatique, etc. – avec des méthodes et des moyens capables d’en réduire considérablement les effets négatifs.

La science et ses découvertes scientifiques ont joué un grand rôle dans le développement des forces productives à l’époque révolutionnaire où la bourgeoisie, avec l’apport fondamental des prolétaires et des paysans pauvres, a violemment détruit les anciennes formes de production, de propriété et de gestion sociale de la féodalité ; mais elles ont été inexorablement pliées aux intérêts du profit capitaliste et de la défense des relations de propriété et de production garantissant la domination de classe du capital et donc de la bourgeoisie.

La cupidité congénitale de cette dernière, en tant que propriétaire des moyens de production et des capitaux, la conduit à économiser sur tout ce qui peut gêner l’accumulation des richesses sociales le plus rapidement possible et dans les plus grandes quantités – c’est pourquoi elle considère comme un obstacle les mesures de la sécurité au travail et de prévention sociale. Elle tire beaucoup plus de profit des catastrophes que de leur prévention: c’est une loi non écrite mais systématiquement appliquée, comme le montrent les guerres et toutes les soi-disant catastrophes « naturelles ». Le capitalisme construit pour détruire, et détruit pour reconstruire dans une spirale infernale engendrée par son propre mode de production. Et la bourgeoisie ne peut rien changer substantiellement, elle est obligée de courir après le profit capitaliste dans toutes les activités, en passant outre à tout intérêt social qui ralentirait cette course! Une course qui ne prendra fin qu’avec la destruction du pouvoir politique bourgeois et l’élimination du mode de production capitaliste, et son remplacement par le mode de production communiste ne connaissant ni argent, ni capital, ni marchandises, ni marché, ni divisions de la société en classes.

Il est dans l’intérêt des capitalistes que la main-d’œuvre prolétarienne soit exploitable à tout moment et partout sur la planète; le capitalisme a conquis le monde, diffusant son développement industriel et commercial en même temps ses contradictions et crises congénitales. Les innovations techniques appliquées à la production et à la distribution ont simplifié les processus de travail ; ces innovations permettraient une utilisation rationnelle de la main-d’œuvre humaine, qui pourrait consacrer une ou deux heures par jour à la production, occupant le reste de la journée à la gestion et l’administration de la vie sociale, à la recherche et à la connaissance, au jeu et à l’art, libérant l’humanité des tourments quotidiens de l’exploitation capitaliste.

Mais la bourgeoisie capitaliste ne met ses découvertes scientifiques, ses innovations techniques, ses connaissances au service de l’humanité, que si elle en tire un gain en termes d’argent, de domination économique et politique. Et y compris dans ce cas, les causes économiques qui poussent à développer des techniques de production et à approfondir la connaissance des processus vitaux de la nature, dont l’homme fait partie intégrante, causes qui peuvent se résumer dans la concurrence capitaliste, poussent les capitalistes à freiner, voire à enterrer, toutes les branches de la recherche qui ne peuvent garantir des profits dans les délais les plus brefs. La seule prévention à laquelle la classe bourgeoise consacre ses forces pour sa propre existence, est celle qui concerne la défense du système économique capitaliste, avec toutes ses lois, ses contradictions, ses limites, et ses formes politiques et militaires de l’État.

L’épidémie au coronavirus, récemment requalifiée par l’OMS en pandémie car elle affecte tous les continents, montre aujourd’hui comment la classe dirigeante bourgeoise utilise un événement de ce type pour appliquer – dans une période de difficultés économiques particulières pour beaucoup de puissances mondiales – une politique directement anti-prolétarienne.

La bête noire de la bourgeoisie est la récession économique, la crise boursière, c’est-à-dire des situations qui empêchent les capitaux industriels, commerciaux et financiers de dégager des profits au plus haut degré possible. La crise économique provoque une crise sociale; une grande partie de la population en subit les effets négatifs et réagit de mille façons, le plus souvent irrationnelles et incontrôlées. La seule classe qui pourrait raisonner de façon rationnelle, organisée et avec des objectifs précis est la classe prolétarienne, si elle est guidée par son parti de classe. La bourgeoisie dominante en a une peur réelle : elle sait, par expérience historique, cela s’étant déjà produit aux XIXe et XXe siècles, que le prolétariat organisé et conscient de ses intérêts de classe est son principal ennemi – bien plus que les bourgeoisies concurrentes d’autres pays, bien plus encore que la bourgeoisie étrangère avec laquelle elle est en guerre.

C’est pour empêcher la moindre tentative du prolétariat de reprendre sa lutte de classe, de reprendre confiance dans ses propres forces et dans ses propres intérêts de classe, que la bourgeoisie adopte ces mesures de «prévention sociale» : les mesures prises d’abord en Chine puis en Italie pour endiguer la propagation de l’épidémie, vont exactement dans le sens de bloquer tout mouvement de réaction possible du prolétariat.     

En Chine, une fois que l’existence du nouveau coronavirus a été déclarée, le gouvernement décida de fermer toute la ville de Wuhan, puis toute la province du Hubei dont elle est la capitale, puis de fermer d’autres villes et régions où d’importants foyers étaient apparus. Ces fermetures ont obligé tous les habitants à rester cloîtrés chez eux, ne pouvant sortir qu’en cas d’extrême nécessité médicale ou alimentaire.

Il s’est passé la même chose en Italie ; en très peu de temps, on est passé du confinement de quelques localités, à celle de toute la région de Lombardie, puis de 13 autres provinces de la Vénétie à l’Émilie-Romagne, jusqu’à décréter finalement tout le pays « Zone rouge ». Les mesures de plus en plus drastiques prises par le gouvernement jour après jour, résumées par le slogan officiel « Je reste à la maison » (comme si c’était un  « choix » des habitants), imposent en effet aux 60 millions d’Italiens un couvre-feu de 24 heures sur 24.

 Les rassemblements, les manifestations publiques et, bien entendu, les grèves, bref, la libre circulation des personnes, sont interdits; seules les forces de police et militaires peuvent se déplacer et elles vérifient que personne n’échappe à ces mesures; seuls les magasins d’alimentation, les pharmacies, les stations-service, les marchands de journaux et, bien sûr, les hôpitaux, sont ouverts.

En fait, sous prétexte de l’épidémie, la bourgeoisie met en place un système de contrôle social comme test général de ce qu’elle jugera nécessaire lorsque la situation sociale sera beaucoup plus critique, lorsque la crise économique naissante plongera les masses dans des conditions de vie désastreuses et les poussera à réagir contre tout ce qui représente le pouvoir économique et politique.

 L’appel à l’union sacrée à laquelle la classe dirigeante avait eu recours lors des première et deuxième guerres mondiales, revient chaque fois que le pouvoir bourgeois court un risque, de défaite dans une guerre ou de crédibilité et de confiance dans les situations périlleuses, comme dans le cas du « terrorisme » ou d’une épidémie. Et pour ce contrôle social, la bourgeoisie peut compter sur les efforts inlassables des partis et des syndicats opportunistes et collaborationnistes, qui démontrent une fois de plus qu’ils sont au service des capitalistes et de leur État pour imposer les intérêts bourgeois contre le prolétariat et contre ses intérêts de classe.

C’est en réalité la prévention sociale que la bourgeoisie met en œuvre pour défendre son pouvoir, sa domination, ses privilèges. Si, d’un côté, elle montre qu’elle n’a pas la capacité de prévenir les épidémies et d’empêcher ces maladies de se propager rapidement dans le monde entier, cachant pour des raisons d’intérêt purement économique – comme cela a été démontré de façon irréfutable – la gravité de la maladie lors de son apparition, de l’autre côté, elle révèle qu’elle a un objectif bien différent de celui proclamé hypocritement de la «défense de la santé publique» : la défense de l’économie capitaliste, à un moment où la crise économique a déjà frappé aux portes de la Chine, de l’Italie, de l’Allemagne et donc l’Europe toute entière. La militarisation de la société va dans ce sens et l’Italie, dans ce cas, peut servir d’école aux autres pays « démocratiques. »

Mais il y a eu une réaction violente aux mesures prises par le gouvernement : celle de la population carcérale.

Dans pas moins de 29 établissements pénitentiaires, les détenus se sont révoltés contre la suspension sine die des visites de leurs proches, sans compter qu’aucune mesure préventive, même les plus élémentaires, n’était prévue pour eux. Ils ont brisé les barreaux, ils sont montés sur les toits, ils ont mis le feu à la literie, ils ont attaqué les infirmeries ; bref, ils ont exprimé une colère accumulée au fil du temps contre les conditions insupportables dans lesquelles ils sont forcés de vivre, montrant l’hypocrisie de la politique carcérale non seulement comme lieu de punition pour les délits commis, et en même temps, comme lieu où les détenus sont «éduqués» pour retourner dans la société civile à la fin de leur peine.

Les prisons surpeuplées, aux conditions de détention terribles, dans lesquelles l’hygiène et le traitement des maladies sont hypothétiques, sont le miroir de la société bourgeoise. Les bourgeois ont l’intention « d’éduquer » les prolétaires libres comme le sont les prisonniers, qui sont en majorité eux aussi des prolétaires.

Le prolétariat doit prendre note que, même dans cette situation, la bourgeoisie et ses valets politiques et syndicaux profitent de toutes les occasions pour le soumettre aux intérêts de la classe dirigeante, pour lui faire oublier que classe exploitée par excellence, il constitue néanmoins une force sociale et historique capable de se libérer de l’influence bourgeoise qui le conduit vers un asservissement toujours plus grand à l’Etat bourgeois, vers l’utilisation de ses énergies, de ses capacités, de sa générosité, de son intelligence pour la défense du capitalisme et des diverses formes sociales mises en œuvre à chaque fois par la classe dirigeante.

Le prolétariat ne pourra se libérer de cet asservissement qu’en rompant radicalement avec la collaboration des classes, en combattant sur tous les plans son ennemi numéro un, la classe bourgeoise. Cette dernière prétend « lutter » contre l’épidémie au coronavirus avec des méthodes et des moyens qui, en réalité, peuvent être obtenus pat le simple bon sens, évidemment avec des indications médicales adéquates. Mais la bourgeoisie s’intéresse davantage aux effets négatifs que la propagation de l’épidémie a sur ses affaires, qu’à la santé de la population. Et, tout en faisant passer les mesures élémentaires de prudence qui sont toujours utilisées face aux mauvaises grippes – qui d’ailleurs font des milliers de morts par an dans tous les pays, sans que l’on en parle! – pour des mesures exceptionnelles, simplement parce qu’elles sont ordonnées par les Institutions, n’étant pas prête ni ne sachant comment gérer rationnellement l’épidémie lorsque sa diffusion est manifeste, elle ordonne « l’emprisonnement » de villes entières ou, comme en Italie, d’une nation toute entière, comme si c’était la méthode pour « gagner la guerre contre le virus » ...

La fermeture des frontières entre les nations est la démonstration supplémentaire que les bourgeoisies des différents pays raisonnent de la même manière: elles pensent avant tout à défendre leurs économies, leurs affaires, accusant les autres pays d’être les porteurs de maladies, les traitant comme des « agresseurs » contre lesquels il faut se défendre comme en temps de guerre: l’agresseur, c’est toujours l’autre,

Mais les virus ne connaissent pas de frontières ... et il en sera de même demain lorsque le virus de la lutte de classe révolutionnaire franchira les frontières sacrées de toutes les nations bourgeoises.

 

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Il est clair que les mesures drastiques prises par les gouvernements sont également un obstacle à notre activité de parti international, tant en ce qui concerne la diffusion de notre presse que les déplacements et les réunions. Nous ne nous laissons pas abattre par cela, nous continuons à mener notre travail politique par tous les moyens que nous pouvons utiliser, et dans ce cas, l’internet nous est sans aucun doute utile. Nous savons que demain les menaces contre l’activité de classe du prolétariat seront sans aucun doute très graves et que les difficultés augmenteront, comme ce sera aussi le cas pour notre activité de parti.

Mais ce ne serait pas une activité révolutionnaire si elle était facilitée par la bourgeoisie.

 

11/3/2020

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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