Pour lutter contre les attaques bourgeoises, il faut rompre avec les orientations des directions syndicales et revenir à la lutte indépendante de classe!

(«le prolétaire»; N° 536; Février-Mars-Avril 2020 )

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La combativité et la détermination exemplaires des travailleurs de la RATP et de la SNCF en grève illimitée, la forte mobilisation d’autres secteurs (Education Nationale, etc.) et la participation massive aux diverses manifestations n’ont pu contraindre le gouvernement à abandonner son attaque sur les retraites, même si elles l’ont obligé à faire quelques compromis, plus ou moins temporaires comme son recul sur « l’âge pivot » et quelques concessions à certains secteurs.

Cet échec n’est pas celui des travailleurs !

Il est celui de l’orientation de la lutte décidée par l’intersyndicale. Dès le départ, les directions syndicales ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour éviter que les prolétaires recourent à des méthodes de lutte classistes : constitution de comités de grève, mise en place systématique de piquets de grève, refus des préavis, envoi de délégations massives aux autres entreprises pour les appeler à rejoindre la lutte, etc.  Ce qui leur importait, c’était d’éviter que le mouvement débouche sur une confrontation générale avec le gouvernement qu’ils n’auraient pas pu contrôler, et qui aurait risqué d’ébranler l’ordre bourgeois. C’est pourquoi, se refusant à élargir le mouvement sur la lancée de l’entrée en grève des travailleurs des transports, les directions syndicales ont repris leur funeste tactique des « journées d’action » à répétition et des impuissantes manifestations. Tout en réaffirmant constamment leur volonté de lutter « jusqu’au retrait » et en multipliant les déclarations combatives démagogiques, elles ont attendu plusieurs semaines, après s’être mises en congé de la lutte pendant les fêtes, pour appeler à des journées de grève dans les ports ou déclencher, sous la pression des travailleurs, la grève des éboueurs. Sans oublier la levée des préavis de grève dans les transports routiers au début de l’année, après l’obtention de quelques miettes, ou l’appel le 28/1 par l’intersyndicale du secteur à la fin de la lutte chez les pompiers – appel qui a suscité la colère des intéressés. Enfin dans la santé, les appareils syndicaux ont maintenu le mouvement à l’écart de la lutte sur les retraites, et ils noient les revendications pour les salaires et les conditions de travail du personnel du secteur derrières des revendications interclassistes.

S’il fallait une preuve encore qu’il est impossible de compter sur les directions syndicales, il suffirait de constater qu’elles se sont précipitées le 30/1 pour aller discuter avec le premier ministre du financement de la réforme qu’elles prétendaient combattre – après avoir avancé au mercredi la date de la rituelle « journée d’action » pour ne pas troubler la discussion…

Les syndicats UNSA-RATP (le premier à appeler à la fin de la grève reconductible), SUD Rail et FO Cheminots appelaient à une journée de grève le 17/2 (jour de débat parlementaire!), comme si un jour de grève pouvait avoir un résultat quelconque ! De son côté l’intersyndicale propose une ribambelle de « journées d’action » et de dates qui n’ont d’autre but que d’épuiser la combativité des travailleurs en éparpillant ce qui reste des énergies….

Il est inévitable que de tels saboteurs mènent la lutte à l’échec. Engagés dans une collaboration de classe et un « dialogue social » permanents avec les patrons et l’Etat bourgeois qui les financent ; défenseurs, comme les partis «de gauche», de l’ordre établi (qu’ils ne rêvent de réformer que si ça ne met pas en péril la bonne marche de l’économie capitaliste nationale ou de l’entreprise), les appareils syndicaux ne peuvent défendre réellement les intérêts prolétariens, parce que ces intérêts sont directement opposés à ceux des capitalistes : les patrons et l’Etat bourgeois ne sont pas des « partenaires » des prolétaires, ce sont leurs ennemis de classe. Vis-à-vis d’eux ce n’est pas le dialogue qui est nécessaire mais la lutte de classe !

Pendant le conflit sont apparus, de façon plus ou moins importante selon les endroits, des AG interpro rassemblant des travailleurs de divers secteurs et des coordinations. Ces initiatives sont positives, car elles permettent de dépasser les divisions de catégorie, de métier ou autres. Malheureusement, elles se sont le plus souvent limitées à un rôle d’auxiliaire des directions syndicales et de mise en pratique de leurs orientations; et cela en bonne partie à cause des courants dits d’« extrême » gauche, indécrottables soutiens des appareils collaborationnistes, des partis réformistes… et de la farce électorale! Le prolétariat a la force potentielle non seulement de mettre en échec les attaques bourgeoises, mas de renverser le capitalisme. Mais cette force ne peut s’exprimer que sur le terrain de la lutte ouverte unissant les travailleurs de toutes catégories, de tout sexe, de tout âge et de toute nationalité, dans la défense exclusive de leurs seuls intérêts de classe. Cela implique l’organisation et la direction de la lutte sur des bases de classe, indépendamment des forces qui orientent les luttes vers de « bonnes » réformes à faire accepter aux capitalistes et à leur Etat, et de ceux qui proposent l’union avec ces forces. Les attaques bourgeoises vont continuer et s’aggraver parallèlement à la crise capitaliste. Il est possible de résister et de vaincre, mais seulement sur la base de l’organisation prolétarienne indépendante des luttes qui signifie:

 

Rupture avec les orientations de collaboration de classe des directions syndicales et de leurs larbins !

Union de tous les prolétaires, du public et du privé, occupés ou chômeurs, contre les attaques capitalistes !

Lutte ouverte contre les capitalistes et leur Etat, en reprenant les méthodes et les moyens de la lutte de classe !

 

17/2/2020

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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