Mort d’un infatigable combattant anti-impérialiste dans les geôles américaines

(«le prolétaire»; N° 537; Mai-Juin-Juillet 2020 )

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Le 31 juillet 2019, un prisonnier politique s’est éteint aux Etats-Unis dans une indifférence quasi-générale. La presse bourgeoise, mais aussi une large partie de celle d’ «extrême gauche», a gardé le silence.

Ce prisonnier politique était Tom  Manning (1948-2019), un ancien militant l’Unité Sam Melville/Jonathan Jackson (du nom de deux activistes antiracistes) dans les années 1970 puis de l’United Freedom Front (UFF) dans les années 1980. Ce groupe, issu de ce que l’on appelait la «Nouvelle Gauche», un ensemble de groupes anarchisants petits bourgeois, a revendiqué de multiples actions armées contre des symboles de l’impérialisme étatsunien et du racisme institutionnel à l’œuvre aux Etats-Unis ou dans l’Afrique du Sud de l’apartheid. L’UFF a également attaqué des installations militaires en solidarité avec les nationalistes portoricains, mais aussi contre des centres de recrutement de l’armée et des installations commerciales. Après leur arrestation, les militants de l’UFF ont été connu sous le nom des « Ohio Seven ».

 C’est pour cela que Tom Manning a été embastillé pendant trente-quatre ans dans l’enfer du système carcéral du « pays de la liberté ». Il a osé affronter la bourgeoisie et son Etat.

 Manninng et ses camarades ont subi une véritable vendetta de la « justice » bourgeoise. Il a été capturé par la police en 1985 après dix ans de clandestinité et un classement sur la liste du FBI des dix personnes les plus recherchées. Il a ensuite été condamné à 58 ans de prison pour les attaques à la bombe, puis à 80 ans supplémentaires pour la mort, en état de légitime défense, d’un soldat en 1981.

En 1989, les « Ohio Seven » ont été poursuivi pour « conspiration séditieuse » en vue de renverser le gouvernement des Etats-Unis. Malgré dix millions de dollars dépensés par le gouvernement fédéral pour obtenir une nouvelle condamnation pour l’exemple, le jury a refusé de les condamner dans une parodie de procès.

 En prison, Manning a subi des violences nombreuses. Il a été assommé, gazé, enchaîné, placé à l’isolement pendant de très longues périodes. Sa hanche a été fracturée quand il a été jeté sur le sol en béton, les mains menottées et des fers aux pieds. Il a été piétiné par cinq matons. Son genou, ses épaules ont été fracturées... Il a été privé de soins médicaux.

En 2017, il a été victime d’un violent malaise, attribué par le personnel «médical» de la prison à une overdose. Après avoir bataillé pour obtenir une IRM, il a appris qu’il avait une seconde tumeur au cerveau et par la même occasion qu’on lui avait cachée la première diagnostiquée en 2012, cinq ans plus tôt. Ce type de mauvais traitements avait conduit à la mort son camarade Richard Williams en 2005.

 L’UFF était un exemple typique de l’illusion anarchiste d’inciter les masses à entrer en lutte par la « propagande par le fait ». Ce « terrorisme excitateur », comme disait Lénine, imagine mettre en mouvement les prolétaires par des coups infligés à la bourgeoisie par des petits groupes déterminés, coups qui ne sont que des égratignures.

 La conception des communistes est tout autre. La classe ouvrière doit inévitablement avoir recours à la violence de classe, à la lutte armée et au terrorisme révolutionnaire, dans son combat pour l’émancipation. Mais la révolution ne peut pas être l’assassinat des bourgeois ou la destructions » d’entreprises, de bases militaires les unes après les autres. On ne peut pas supprimer le capitalisme en liquidant ou en expropriant les capitalistes individuels. Pour cela, il faut briser les rapports sociaux et, au préalable, briser la machine étatique et instaurer la dictature de classe prolétarienne. C’est seulement dans ce cadre que le recours à la violence, lors de l’insurrection et de la guerre civile, mais aussi dans des escarmouches isolées qui précèdent, est inévitable. Aucune classe n’est arrivée au pouvoir sans violence et ne s’est maintenue sans terreur. Et l’utilisation de la violence révolutionnaire pour triompher a besoin de la direction d’un parti constitué sur la base du programme communiste pour diriger l’insurrection armée et établir la dictature du prolétariat.

Cette conception s’oppose à la violence anarchiste ou anarchisante de l’UFF, d’Action Directe ou des Black Blocs. La « propagande par le fait » ne peut qu’entraîner un gaspillage d’énergies et de vies, la désorganisation des masses, la résignation voire la collaboration avec l’ordre établi, car elle ne se situe pas sur le terrain de la lutte indépendante de classe.

 Tom Manning n’a jamais été un communiste mais, malgré cela, il fut un combattant courageux contre l’oppression raciste en contre l’impérialisme. Il ne fut pas, comme beaucoup de révolutionnaires autoproclamés, effrayé par la violence, la lutte armée et le terrorisme. Il a tenu tête pendant plus de trois décennies aux pires traitements que les tribunaux et le système pénitentiaire pouvaient infliger à un prévenu et un détenu.

Nous ne pouvons que respecter son courage et sa droiture face à l’ennemi de classe.

Nous ne pouvons que lui rendre hommage et saluer sa mémoire.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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