Claudio

(«le prolétaire»; N° 538; Août-Septembre-Octobre 2020 )

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Claudio Pissarello est décédé le 10 février à Gênes (Italie).

Il avait fréquenté diverses organisations politiques d’extrême gauche, comme «Lotta Comunista», avant de prendre contact avec nous en 1997.

C’était un camarade qui posait toujours de nombreuses questions, d’ordre politique et théorique, tant sur l’histoire passée du parti que sur la période qui suivit la crise interne de 1982-84 ; sa curiosité politique se combinait avec un militantisme pratique par lequel il démontrait son attachement réel au parti. Militantisme pratique entendu comme diffusion du journal, organisation de rencontres, contacts avec des éléments qu’il connaissait et auxquels il proposait notre presse et participation aux réunions.

Après environ un an et demi en tant que sympathisant, il devint un militant à part entière, et il constitua une section locale constituée de très peu d’éléments mais très active. Sa zone «d’intervention» ne se limitait pas à Gênes, mais s’étendait à d’autres villes de la côte. A plusieurs reprises, comme lors des manifestations de 2001 à Gênes au moment du G8, nous avons pu constater physiquement la tension que Claudio mettait dans cette activité.

Il travaillait dans un dépôt des transports publics, entretenant des relations politiques plutôt distendues avec ses camarades de travail; par exemple en décembre 2003, lors de la grève totale des traminots de Milan et ailleurs, en rupture avec les syndicats tricolores, Claudio qui diffusait nos tracts et notre journal auprès de ses collègues du dépôt, expliquait qu’il n’avait même pas eu avoir une discussion avec l’un d’entre eux ; comme quoi il ne suffit pas d’être un prolétaire pour avoir la volonté de se battre en dehors des habitudes de la collaboration de classe ...

Sa propension à faire de la diffusion du journal le pivot de son activité politique (lors des manifestations, des grèves, des ventes de rue, du porte-à-porte, il rivalisait avec sa compagne de l’époque pour voir qui vendait le plus) le poussait à croire que la diffusion du journal suffirait pour attirer de nouveaux adhérents. Mais tous ces efforts ne débouchaient pas sur un accroissement numérique du parti.

Nous l’avons continuellement averti qu’on ne pouvait pas s’attendre à ce type de résultat en l’absence d’une reprise significative de la lutte prolétarienne sur le terrain de classe; et qu’il était encore moins concevable que ce résultat puisse être obtenu par des expédients tactiques qui atténueraient notre intransigeance classique, comme par exemple l’utilisation du terrain électoral.

La question du «parlementarisme révolutionnaire» – tactique à laquelle la gauche communiste d’Italie était fondamentalement opposée, mais qu’elle appliqua par discipline à l’égard de l’Internationale communiste – fut en effet le noyau des désaccords qui se firent jour; finalement, après un peu plus de six ans de militantisme dans notre parti, Claudio et sa compagne quittèrent l’organisation, rupture qui se fit sans drames. Comme soutenait Amadeo Bordiga, ceux qui n’ont plus envie de suivre notre travail, notre ligne, notre praxis, n’ont qu’à nous quitter et prendre une autre toute.

C’est ce que fit Claudio en expliquant tout simplement qu’il n’était plus d’accord avec nous. 

Il n’était pas dans son tempérament de se retirer dans la vie privée. Il est resté abonné à notre journal jusqu’à sa mort car, disait-il, cela l’aidait à comprendre de nombreux points auxquels il ne trouvait pas de réponses ailleurs.

Nous nous en souviendrons comme il faut s’en souvenir: comme d’un prolétaire communiste, peu importe à quel groupe politique il ait consacré à tel moment ses forces.

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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