Contre les menaces de guerre entre le Venezuela et la Colombie, solidarité et lutte de classe internationale des prolétaires ! 

(«le prolétaire»; N° 540; Février-Mai 2021)

Retour sommaires

 

 

Le 21 mars au sud-ouest du Venezuela, dans la région de Apure, des affrontements armés ont coûté la vie à 2 soldats vénézuéliens et fait plusieurs blessés, provoquant en outre la fuite de milliers de paysans et de prolétaires qui travaillent et vivent dans la zone vers le pays voisin, la Colombie. Les affrontements se sont déclenchés  apparemment entre l’armée vénézuélienne et des groupes dissidents des Farc-Eln et donc non adhérents au traité de paix signé à Cuba par cette dernière avec le gouvernement colombien (1). D’autres sources parlent de groupes de narcotrafiquants liés aux cartels mexicains ou d’un mélange des deux.

Cette armée dissidente aurait semé un chiffre indéterminé de mines antichars qui ont déjà mis hors de combat un blindé vénézuélien d’origine russe. Or, il est un peu étrange qu’un petit groupe de guérilleros aient des pareils engins à disposition...

Entretemps le gouvernement colombien a envoyé 2000 soldats dans la même zone (2). Un chaviste dissident a souligné que « Le capitaine Diosdado [Cabello, deuxième dans la hiérarchie du pouvoir vénézuélien, NdR], de manière irresponsable, appelle aux postes de combat, le président souffle sur les braises, l’oligarchie colombienne mobilise ses troupes » (3).

Aujourd’hui un conflit de haut niveau semble impossible, mais, étant donné la position américaine vis-à-vis du Venezuela, les incidents actuels pourraient être le prétexte du début d’une escalade et un degré plus haut de belligérance jusqu’à ce qu’une guerre devienne inévitable  Si cela est peu probable à l’heure actuelle, les bruits de botte sont utilisés de chaque côté de la frontière pour raviver le nationalisme afin de susciter l’union nationale. Les deux gouvernements - aux abois ! – sont confrontés à de graves difficultés économiques et sociales ; une mobilisation guerrière, même si elle reste au niveau de la propagande, est un moyen formidable pour étouffer les mouvements de protestation des masses et souder toutes les classes derrière la défense du capitalisme national. La tension sociale est surtout manifeste en Colombie qui au long de l’année dernière a vu renaître un mouvement social bâillonné depuis des décennies et masqué par l’affrontement entre les guérillas et la contre-guérilla des forces militaires étatiques.

 

Quelles sont les forces militaires en présence ?

 

Engels expliquait (« L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat») que l’Etat bourgeois se résume en dernière analyse en une « bande d’hommes armés » : l’armée est le pilier ultime, après la police, de la défense du capitalisme national, que ce soit face à d’autres Etats ou face à l’ « ennemi intérieur », le prolétariat. Ceci est vrai partout y compris dans les Etats les plus puissants, les plus évolués et les plus « démocratiques ». Mais dans les Etats au capitalisme plus faible et moins développé l’armée est souvent contrainte de jouer un rôle encore plus important ; elle investit le domaine économique pour pallier à la faiblesse ou à l’absence de capitalistes dans certains secteurs : voir le cas de l’Egypte, de l’Algérie ou de la Birmanie, pour ne citer que quelques exemples. C’est ce que l’on voit aussi au Venezuela chaviste.

L’armée vénézuélienne est inférieure à la colombienne en termes de nombre de soldats et d’expérience sur le terrain : 50 ans d’expériences pour l’armée colombienne aussi bien sur le plan interne, contre les guérillas du FLN et les FARCS colombiennes, que sur le plan externe, participant à la guerre de Corée et celle du Golfe entre autres faits de gloire...

Par contre l’armée vénézuélienne, dont le gouvernement est soutenu ouvertement par l’Iran, la Russie et la Chine, est beaucoup mieux équipée mais sans aucune expérience notable si ce n’est contre les guérillas guevaristes des années 60-70 à l’intérieur du pays et un engagement très limité au Vietnam, qui s’était soldé par la mort d’un soldat. Le comble est qu’elle possède plus de généraux que l’Otan : 200 ! Mais la plupart se trouvent dans les entreprises publiques... (4).

Plus important que la comptabilité des forces sur le papier est le fait qu’elles soient basées en partie sur un système de conscription, c’est-à-dire sur le service militaire obligatoire. Même si la discipline militaire s’emploie à en faire des exécutants dociles, les conscrits ne sont pas étrangers aux tensions sociales existant dans le pays ; celles-ci peuvent donc par ce biais contaminer l’armée au point de rendre difficile son utilisation dans certaines circonstances (Lénine expliquait que pour vaincre, une révolution doit d’abord être victorieuse dans l’armée). Les pouvoirs bourgeois cherchent à éviter ce danger en augmentant le rôle des militaires professionnels. En Colombie l’obligation théorique du service militaire a laissé dans les faits la place au volontariat, et les soldats sont majoritairement recrutés parmi la petite bourgeoisie et les classes moyennes ; mais celles-ci sont maintenant ruinées par la crise…

Les prolétaires doivent dénoncer les propagandes guerrières et les manœuvres militaires en cours dont ils sont en réalité les victimes désignées et opposer la solidarité internationale à la défense de la « patrie » qui n’est pas autre chose que la défense du système capitaliste de faim, de misère et d’exploitation.

 

Pas un soldat en défense d’une frontière qui n’existe pas, pas une seule goutte de sang prolétaire !

Contre les guerres nationales-impérialistes, pour la guerre de classe révolutionnaire internationale!

L’ennemi principal du prolétariat se trouve dans son propre pays !

 

29/03/21

 


 

(1) Diverses petites fractions des FARCS ont refusé de signer ces accords. https:// www.france24. com/es/am% C3% A9rica-latina/ 20210326- desplazados-enfrentamientos- ejercito- venezuela-disidencias-farc

(2) Selon la revue digitale colombienne «Semana», accessible seulement aux abonnés, le président Duque aurait envoyé 2000 soldats dans la commune de Arauquita, région de Arauca (Cfr.: https://www. youtube. com/watch?v=4_zwjmChO1U&ab_channel= SANTIAGOGUTIERREZVILLEGAS)

(3) «Il y a quelques jours, c’était à un niveau où toute fausse nouvelle précipiterait l’action, et maintenant les rares événements à la frontière ont donné aux insensés, bellicistes d’un côté et l’autre, un prétexte pour satisfaire leurs attentes tordues». https://www. aporrea. org/ actualidad/ a300998.html

(4) «L’armée colombienne, pour donner un chiffre, est la deuxième en Amérique du Sud, après le Brésil. Celle de Colombie compte 445 000 hommes, plus 185 000 en réserve, pour un total de 630 000 hommes. Celle du Venezuela compte 115 000 membres, 438 000 réservistes, pour un total de 553 000 membres. Ces chiffres (...) incluent les milices et la garde nationale. Par conséquent, ce nombre est un peu gonflé dans le cas vénézuélien». (cfr https://noticias.caracoltv.com/politica/ejercito-venezolano-vs-ejercito-colombiano-cual-es-realmente-mas-poderoso)

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

Retour sommaires

Top