Programme du parti adopté à Livourne

(«le prolétaire»; N° 541; Juin-Juillet-Août 2021)

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Après avoir rappelé la nécessité d’adhérer aux 21 «conditions d’admission» de l’Internationale, la motion présentée au Congrès par la Fraction Communiste fixait  au parti «les tâches principales» suivantes:

a) préparation sur le terrain spirituel et matériel des moyens indispensables pour assurer le succès de l’action révolutionnaire du prolétariat;

 b) constitution au sein de toutes les associations prolétariennes de groupes communistes pour la propagande, la préparation révolutionnaire et l’encadrement des forces prolétariennes de la part du Parti;

c) annulation immédiate du pacte d’alliance avec la Confédération Générale du Travail, cette expression inadéquate des rapports entre syndicats et parti: appel aux organisations prolétariennes révolutionnaires qui sont en dehors de la Confédération pour qu’elles y entrent pour soutenir la lutte des communistes contre l’orientation actuelle et les dirigeants actuels de celle-ci. Engagement de tous les adhérents au Parti qui, organisateurs et organisés, militent dans les organisations du mouvement économique à soutenir en toute circonstance en leur sein les critères et les décisions du Parti et à lutter sur cette base pour assurer aux éléments désignés par le Parti les charges de direction des syndicats. Rupture de la Confédération, dès qu’elle sera gagnée aux directives du Parti Communiste, avec les syndicats jaunes d’Amsterdam et adhésion à la section de l’Internationale Communiste selon les modalités prévues par cette dernière;

 d) participation aux élections politiques et administratives sur une base complètement opposée à la vieille pratique social-démocrate, et avec l’objectif de mener la propagande et l’agitation révolutionnaire, de hâter la désagrégation des organes de la démocratie bourgeoise;

e) soumission à la discipline avec l’élaboration de nouveaux statuts internes pour le Parti, les Fédérations et les Sections, de tous les rapports d’organisation touchant: la presse du Parti; le fonctionnement des représentations élues dans les communes, les provinces et au parlement; le mouvement des jeunesses et des femmes; l’institution d’une période de candidature pour les nouvelles adhésions au Parti et de révisions périodiques de tous les membres du Parti, la première de celles-ci ayant lieu immédiatement après le Congrès.

La motion était accompagnée du projet de programme du parti, qui sera adopté après la scission et que nous reproduisons ci-dessous. La motion était combattue par le courant majoritaire dit des «socialites-communistes unitaires» qui refusait les 21 conditions, et notamment la 17ème demandant la rupture avec les courants réformistes. La motion communiste recueillit près de 59000 voix contre 98000 pour celle des «unitaires» et 14700 pour celle des réformistes.

Après le vote Bordiga fit une courte déclaration indiquant qu’en refusant les conditions d’adhésion la majorité du Congrès s’était mise hors de l’Internationale (dont le PSI faisait jusqu’ici partie); et il appela les communistes à se réunir dans un autre lieu où fut proclamé la fondation du PC d’Italie, véritable section de l’Internationale Communiste.

Le programme en 10 points en constituait le fondement théorique:

Le Parti Communiste d’Italie (Section de l’Internationale Communiste) est constitué sur la base des principes suivants:

1) Une contradiction toujours croissante entre les forces productives et les rapports de production va se développant dans la société capitaliste actuelle entraînant l’opposition d’intérêts et la lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie dominante.

2) Les rapports de production actuels sont protégés par le pouvoir de l’Etat bourgeois qui, fondé sur le système représentatif de la démocratie, constitue l’organe de défense des intérêts de la classe capitaliste.

3) Le prolétariat ne peut ni briser ni modifier le système des rapports capitalistes de production dont son exploitation dérive, sans abattre le pouvoir bourgeois par la violence.

4) L’organe indispensable de la lutte révolutionnaire du prolétariat est le parti politique de classe.

Regroupant en son sein la fraction la plus avancée et la plus consciente, du prolétariat, le Parti Communiste unifie les efforts des masses laborieuses en les dirigeant, de la lutte quotidienne pour des intérêts partiels et des résultats contingents, vers la lutte générale pour l’émancipation révolutionnaire du prolétariat. Le Parti a pour tâche de diffuser la conscience  révolutionnaire dans les masses, d’organiser les moyens matériels d’action, de diriger le prolétariat dans le développement de la lutte.

5) La guerre mondiale, causée par les contradictions internes incurables du système capitaliste qui ont produit l’impérialisme moderne, a ouvert la crise de désagrégation du capitalisme au cours de laquelle la lutte de classe ne peut que se résoudre en conflit armé entre les masses laborieuses et le pouvoir des Etats bourgeois.

6) Après le renversement du pouvoir bourgeois le prolétariat ne peut s’organiser en classe dominante qu’en détruisant le vieil appareil d’Etat et en instaurant sa propre dictature, c’est-à-dire en basant les organes représentatifs de l’Etat sur la base productive et en excluant de tout droit politique la classe bourgeoise.

7) La forme de représentation politique de l’Etat prolétarien est le système des Conseils de travailleurs (ouvriers et paysans) déjà en acte dans la Révolution russe, début de la révolution mondiale et première réalisation stable de la dictature prolétarienne.

8) La défense nécessaire de l’Etat prolétarien contre toutes les tentatives contre-révolutionnaires ne peut être assurée qu’en enlevant à la bourgeoisie et aux partis ennemis de la dictature prolétarienne tout moyen d’agitation et de propagande politique et en dotant le prolétariat d’une organisation armée pour repousser toutes les attaques intérieures ou extérieures.

9)  Seul l’Etat prolétarien pourra intervenir systématiquement dans les rapports de l’économie sociale en réalisant toutes les mesures successives qui assureront le remplacement du système capitaliste par la gestion collective de la production et de la distribution.

10) Cette transformation de l’économie, et par conséquent de toutes les activités de la vie sociale, aura pour effet d’éliminer progressivement la nécessité de l’Etat politique dont l’appareil se réduira peu à peu à celui de l’administration rationnelle de l’activité humaine.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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