Les grands patrons américains se mobilisent pour le droit de vote

(«le prolétaire»; N° 541; Juin-Juillet-Août 2021)

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A la suite de la défaite électorale de Donald Trump plusieurs Etats américains à majorité républicaine ont entrepris, à la suite de la Géorgie d’édicter des lois qui visent, de fait, à restreindre l’accès au vote des populations prolétariennes, noires notamment.

Ce sont en effet des secteurs de l’électorat peu susceptibles de voter pour les Républicains et que les Démocrates ont réussi à mobiliser lors des élections de novembre dernier; celles-ci ont été caractérisées par une participation record avec plus de 66% de votants (le taux  le plus élevé depuis 1960) notamment grâce au nombre très élevé de votes par correspondance. Le vote par correspondance est utilisé par ceux qui ne peuvent se permettre de perdre une journée ou une demi-journée de travail (le vote aux Etats-Unis ayant lieu en semaine) ou qui ont des difficultés à se déplacer jusqu’aux bureaux de vote, etc.

Ces mesures pour rendre plus difficile l’exercice du droit de vote ont suscité la réaction de grands patrons. Lors d’une réunion virtuelle, mi-avril, à laquelle participaient une centaine d’entre eux dont des dirigeants d’American Express, Merck, PepsiCo, Paypal, Amazon, Facebook, Google, etc., ils ont décidé de s’engager pour s’opposer aux tentatives de restreindre le droit de vote.

 Il ne s’agissait pas de prendre parti pour le Parti Démocrate, certains des patrons présents ayant soutenu le Parti Républicain, mais, disaient-ils, de «s’engager pour la démocratie». Ils ont été rejoints ensuite par les patrons de General Motors, Ford, Apple, Coca-Cola et beaucoup d’autres.

Les petits bourgeois démocrates ont été ravis de l’engagement «vertueux» de ces grands capitalistes en faveur du droit à l’expression démocratique des populations défavorisées, noires en particulier.

Mais laissons l’une de ces capitalistes (la présidente de Starbucks) expliquer la raison de leur engagement : «Les troubles politiques sont mauvais pour les affaires»; les patrons «ne veulent pas de problèmes locaux. Ils ne veulent pas de quartiers en colère. Ce n’est pas dans l’intérêt des entreprises» (1). C’est ce que sait parfaitement l’association «Black Voters Matter» (BVM) qui, dans la foulée des mobilisations anti-racistes de l’été dernier et du succès de l’organisation «Black Live Matters», s’est employée, avec un succès non négligeable (, à drainer les prolétaires noirs vers les urnes. En réponse à la déclaration des grands patrons, BVM a publié un communiqué intitulé: «La démocratie, c’est bon pour les affaires». Fustigeant les entreprises qui soutiendraient les restrictions au droit de vote, il se termine en disant: «La démocratie est bonne pour notre économie. Les restrictions au droit de vote ne le sont pas» (2).

Contrairement aux politiciens à courte vue dont les perspectives ne vont pas plus loin que d’inventer des magouilles pour sauver leurs sièges, les capitalistes intelligents (et les politiciens à la BVM) connaissent parfaitement le rôle de la démocratie pour détourner le mécontentement et calmer les affrontements sociaux.

Les prolétaires devront l’apprendre à nouveau et réaliser que ceux qui les appellent à aller voter pour «défendre leurs droits» le font en réalité pour défendre le capitalisme: ce n’est pas par sur le terrain truqué de la participation au cirque électoral qu’il est possible de se défendre, mais par la lutte directe, classe contre classe, dans les entreprises et dans la rue – comme le craignent les patrons!

 


 

(1) cf. Les Echos, 13/4/21

(2) https://blackvotersmatterfund.org/news/democracy-is-good-for-business/

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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