La voie de l’émancipation prolétarienne ne passe pas par les élections mais par la lutte révolutionnaire, la conquête du pouvoir et l’instauration de la dictature du prolétariat

(«le prolétaire»; N° 543; Décembre 2021 / Janvier-Février 2022)

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Sous le titre « De l'économie capitaliste au communisme », Amadeo Bordiga tint une conférence à la Maison du Peuple de Milan le 2 juillet 1921, à une époque où la révolution prolétarienne et le mouvement communiste international reposaient sur la révolution socialiste victorieuse en Russie et sur l'Internationale communiste qui avait été créée en 1919 pour diriger le mouvement prolétarien mondial. Après avoir esquissé la transition, historiquement envisagée par le marxisme « entre deux époques, deux histoires, deux régimes », Bordiga souligna le dur chemin de la victoire prolétarienne qui, après la prise violente du pouvoir politique par le prolétariat révolutionnaire et sous la direction de fer de son parti de classe, tout en continuant à combattre les forces bourgeoises et impérialistes du monde, devait se consacrer à la transformation économique du pays où la révolution prolétarienne avait triomphé. Ce dur chemin de la victoire prolétarienne ne permettait pas une transition graduelle et pacifique, comme si la victoire révolutionnaire dans un pays ouvrait automatiquement la victoire révolutionnaire dans tous les autres pays. La bourgeoisie capitaliste et impérialiste ne se rendra jamais, loin de là. Comme l'exprima Trotsky, plus la mort de la société capitaliste approche, plus la bourgeoisie multiplie ses forces de résistance, qui reposent non seulement sur la structure économique capitaliste de la société, qui ne peut être éliminée d'un coup, mais aussi sur la force sociale et politique avec laquelle elle attire dans son camp et sa défense non seulement des couches de la petite et moyenne bourgeoisie, mais aussi des couches non négligeables du prolétariat par le travail des forces de l'opportunisme et du collaborationnisme interclassiste. Par conséquent, la révolution prolétarienne et communiste ne doit pas seulement gagner dans l'insurrection, mais doit consolider la victoire dans une dictature de classe ferme et solide exercée par le parti de classe, par le parti communiste révolutionnaire en dehors de toute alliance ou partage du pouvoir avec d'autres forces sociales, ce qu'il déclare ouvertement. En effet, la dictature prolétarienne n'a pas besoin de se camoufler sous de fausses formes démocratiques, comme le fait la dictature bourgeoise, car, contrairement à cette dernière, elle est l'expression de la majorité de la population.

L'objectif fondamental de la révolution est sans aucun doute la prise du pouvoir politique, mais pour quoi faire ? Marx, Engels, Lénine ont soutenu avec une exceptionnelle continuité théorique, politique et pratique, en le démontrant matériellement et historiquement, que la classe prolétarienne, la classe des non qualifiés, la classe productrice par excellence, doit briser la machine étatique bourgeoise, a fortiori si elle est aussi trompeuse que la machine démocratique et parlementaire, et passer à la démolition de tout l'appareil de défense politique, et l'appareil de défense militaire de la société capitaliste, afin de commencer à construire sur ses décombres une société entièrement nouvelle qui ne visera plus à répondre aux besoins du capital et du marché opprimant la grande majorité de la population mondiale, mais aux besoins de la société humaine, de la société de l'espèce. Bordiga, dans cette conférence de 1921, conclut en affirmant qu' « il n'y a pas d'alternative à cette lutte pour la démolition d'un monde opposé afin d'économiser les énergies qui doivent construire un monde nouveau, ou alors une mort lente, une mort par asphyxie ».

Sans fantasmer ni sur des communautés utopiques qui jailliraient spontanément de la pourriture de la société capitaliste, ni sur une illusoire « prise de conscience » de la part de chaque individu d'améliorer ses conditions personnelles d'existence par la simple volonté, ni sur les élections par lesquelles les mille engrenages de la société capitaliste actuelle pourraient être réformés peu à petit, le marxisme – sur la base du matérialisme historique et dialectique – a découvert le cours historique inéluctable des sociétés divisées en classes qui, avec le capitalisme, a atteint sa plus haute expression possible. L'alternative positive au capitalisme n'est pas une atténuation graduelle de ses contradictions ; cette atténuation n'est pas possible parce que la contradiction entre le développement des forces productives et les formes de production auxquelles elles sont contraintes, ne peut être éliminée que par la destruction de ces formes de production : seule cette destruction des formes de production capitalistes, c'est-à-dire des rapports bourgeois de production, d'échange et de propriété, ouvre la possibilité d'éliminer les contradictions du capitalisme avec toutes leurs conséquences néfastes pour la société, et de surmonter les limites que le mode de production capitaliste a créées et recrée continuellement à la production sociale et à la vie sociale de l'homme.

Cette « libération » des forces productives n'est pas le résultat automatique de leur développement intrinsèque et contradictoire. La société s'est développée au cours de l'histoire à travers la lutte des classes dans laquelle, en dernière analyse, s'exprime, d'une part, la poussée progressive du développement des forces productives due au progrès de l'économie productive et, d'autre part, le frein, l'obstacle à ce même développement, jusqu'à arriver à une société capitaliste dans laquelle il n'y a que deux classes principales dont dépend l'affrontement de l'avenir de la société humaine : la bourgeoisie, toujours classe dominante, et le prolétariat, toujours classe dominée. Et de même que dans le cours historique des sociétés antérieures divisées en classes, de même pour la société capitaliste, son développement ne peut que conduire à l’exaspération des oppositions de classes, au choc général et final entre la classe dominante bourgeoise et la classe prolétarienne. La révolution est historiquement inévitable.

 

LA DOMINATION DE LA CLASSE BOURGEOISE A UNE DURÉE HISTORIQUE LIMITÉE.

ELLE SERA BRISEE PAR LA REVOLUTION PROLETARIENNE

 

La bourgeoisie possède tout, les moyens de production, d'échange et toute la production sociale ; et tout cela constitue le capital ; la bourgeoisie est donc l'expression sociale la plus élevée du mode de production capitaliste. Le prolétariat, qui dans le mode de production capitaliste ne possède rien, est la classe des non-qualifiés, constitue la force de travail appliquée aux moyens de production et d'échange ; par opposition au capital, il représente le travail salarié et est, en fait, la source de la richesse sociale produite sous le capitalisme. L'exploitation du travail salarié permet à la bourgeoisie de revaloriser le capital utilisé pour la production et l'échange, c'est-à-dire qu'elle permet au capital d'augmenter sa valeur initiale en ajoutant de la plus-value ; et cette plus-value est générée exclusivement par le temps de travail non rémunéré – c'est-à-dire le surtravail – du prolétaire, puisque dans la journée de travail, seule une partie des heures travaillées correspond au salaire dont il a besoin pour survivre, tandis que les autres heures sont du temps de travail cédé au capitaliste ; Il s'agit donc d'une valeur qui se transmet dans le produit fini, comme les autres valeurs du capital fixe, mais qui provient exclusivement de la force de travail que le capitaliste s'approprie sans lui verser aucune forme de rémunération supplémentaire. En s'appropriant l'ensemble de la production sociale qui, comme on le sait, est destinée au marché, la bourgeoisie s'empare de toute la plus-value. Le prolétariat, donc, en plus de subir l'exploitation de sa force de travail à des fins exclusivement mercantiles, subit également le vol de ses heures de travail non rémunérées, remettant à la bourgeoisie la domination économique, sociale et politique absolue sur la société. Il est clair que ce n'est que par leur lutte pour défendre leurs conditions d'existence dans la société bourgeoise que le prolétariat est en mesure d'alléger le fardeau et les conséquences les plus brutales de cette exploitation ; Mais, en restant dans les rapports bourgeois de production, d'échange et de propriété, ses conditions d'existence restent et resteront exclusivement dépendantes des intérêts de la classe dominante bourgeoise, même dans les situations où le niveau de vie du prolétariat, grâce à ses luttes et aussi au développement du capitalisme lui-même, s'élève (ce qui est notamment le cas pour certaines couches du prolétariat et, bien sûr, pour le prolétariat des pays impérialistes qui exploitent et oppriment les peuples et pays plus faibles).

Le capitalisme fonctionne à travers une activité économique, commerciale et financière divisée en entreprises distinctes, qui répond aux relations de propriété bourgeoises imposées à la société, par lesquelles les capitalistes assurent la propriété privée du capital et l'appropriation privée de la production sociale. Les entreprises ont pour seul point de référence le marché, national et international, sur lequel elles vendent leurs produits, soumis à une lutte de concurrence dans laquelle chaque entreprise tente de surpasser son concurrent.

Le monde capitaliste, ce n'est pas seulement l'innovation technique, les découvertes révolutionnaires de nouveaux matériaux et de nouveaux systèmes de production, les solutions technologiques dans le domaine de la communication, de la transformation des matériaux, de l'automatisation d'une série infinie de processus de travail ; c'est aussi une organisation toujours plus efficace et efficiente de la force de travail humaine soumise à l'exploitation maximale possible afin de valorise systématiquement chaque capital et chacune de ses fractions dans le temps le plus court possible. La plus-value extraite de l'exploitation du travail salarié est le véritable profit du capitaliste ; et aucun capitaliste ne renoncera jamais à ce profit. La classe capitaliste n'a donc pas d'alternative : pour vivre, elle doit continuer à exploiter le travail salarié dans tous les coins du monde, directement ou indirectement, et elle doit continuellement trouver des débouchés sur le marché pour placer et vendre ses marchandises, dans une lutte de concurrence qui, avec le développement du capitalisme lui-même, devient de plus en plus aiguë.

Mais, alors que d'un côté il pousse son système économique organisé en entreprises à produire des quantités toujours plus grandes de marchandises à mettre sur le marché, le capitalisme d’un autre côté, rencontre périodiquement des crises de surproduction : les marchés sont saturés les marchandises produites ne peuvent plus se vendre ou se vendent à perte. Le marché s'avère être le monde réel du capitalisme, et en un sens aussi son deus ex machina, dont dépend le bon fonctionnement de la production et donc de la vie humaine. C'est le marché lui-même qui montre comment, dans le système capitaliste, il y a un gaspillage formidable des énergies productives, en termes de capital investi, de travail employé, de produits inutilisables, et qui rend évident pour tous que la production capitaliste consiste de plus en plus en une production inutile et nuisible (mais extrêmement rentable pour les capitalistes en général, pas seulement pour les entrepreneurs et les criminels) par opposition à la production de biens nécessaires à la vie de tous les êtres humains. Quand les marchés sont bloqués, les usines ferment, les travailleurs sont licenciés, le chômage augmente, la pauvreté s'accroît, des masses toujours plus grandes n'ont rien à manger, et les États sont en quelque sorte obligés de leur venir en aide pour éviter que les inévitables tensions sociales créées par les crises ne débouchent sur des émeutes et des révoltes. Le capitalisme montre ainsi son vrai visage : il ne peut pas satisfaire les besoins de tous car il doit satisfaire les besoins de quelques-uns qui possèdent le capital, coûte que coûte, même si cela génère des déchets, des destructions et des guerres. La surproduction, en effet, ne concerne pas seulement les marchandises, mais aussi cette marchandise particulière qu'est le travail salarié, le prolétariat, dont une partie, n'étant pas exploitée utilement, est mise au rebut, jetée à la rue, marginalisée et, comme les ordures, laissée à l'abandon dans les bidonvilles ; Et lorsque cette main-d'œuvre n'abandonne pas et tente d'émigrer vers d'autres terres, d'autres pays, en cherchant un moyen de survivre, en traversant des forêts, des déserts, des montagnes ou des mers, elle est sûre d'être confrontée à une exploitation ou une répression encore plus bestiale, à la torture, à la mort.

Pour survivre, la classe bourgeoise dominante doit vampiriser les masses prolétariennes exploitées, et pour continuer à vivre, elle doit se débarrasser de temps en temps des marchandises invendues et du surplus de travail. Afin de courir plus vite dans la lutte pour la concurrence et s'emparer de nouveaux marchés, des facteurs de crise toujours plus dévastateurs sont créés, tandis que les masses prolétariennes sont conduites à une mort lente dans l'exploitation et le chômage quotidiens ou à une mort rapide dans les guerres de brigandage bourgeoises.  

Historiquement, et depuis longtemps, le capitalisme s'est avéré être une société inhumaine. Son monde est un monde de violence, d'oppression, d'exploitation, de désastre et de guerre. Il ne peut s'en passer, car c'est le seul moyen de survivre. Et le fait que sa société ne puisse pas être réformée est démontré par les deux guerres mondiales qui ont marqué le 20e siècle, grâce aux quelles la classe dirigeante bourgeoise a puisé encore plus de force pour continuer à dominer, en créant cependant des facteurs de crise encore plus aigus que ceux qui, selon la propagande démocratique, auraient dû être surmontés pour laisser le champ libre à une coexistence entre États et peuples censée apporter... la paix et le bien-être à toute l'humanité.

En témoignent toutes les guerres que les puissances impérialistes ont directement ou indirectement déclenchées aux quatre coins de la planète dans une lutte concurrentielle qui a pris les dimensions d'une guerre permanente entre États. La guerre actuelle en Ukraine n’en est que la énième confirmation.

 Qu'est-ce que la paix, en réalité, pour le capitalisme impérialiste ? C'est une trêve  entre une guerre et une autre. La guerre, pour la bourgeoisie, est l'occasion de rajeunir le capitalisme, de surmonter la crise de surproduction par la destruction d'énormes masses de forces productives, qui grâce à la nécessaire reconstruction d'après-guerre relance vigoureusement la machine productive capitaliste. Cela s'est produit après la première guerre mondiale impérialiste ; cela s'est produit après la deuxième guerre mondiale impérialiste ; et cela se produit après chaque guerre locale depuis, bien qu'avec des résultats moindres que la reconstruction qui suit une guerre mondiale.

Les crises économiques et financières ont-elles disparu depuis 1945 ? Une fois une crise passée, la suivante la suit, et ainsi de suite dans une succession tragique jusqu'à la crise économique actuelle qui, combinée à la pandémie de coronavirus, a une fois de plus mis à genoux toutes les grandes économies du monde.  

Mais quels moyens la bourgeoisie utilise-t-elle pour surmonter les crises de guerre ? Les mêmes moyens qu'elle utilise pour surmonter les crises économiques et financières, comme l'indique le Manifeste de 1848 : « d'une part, par la destruction forcée d'une masse de forces productives ; d'autre part, par la conquête de nouveaux marchés et l'exploitation plus intense des anciens », moyens qui préparent en réalité « des crises plus générales et plus violentes » qui, à leur tour, tendent à préparer « la diminution des moyens d'éviter les crises elles-mêmes ».

Mais si les marchés sont saturés, provoquant la crise de surproduction, comment la bourgeoisie peut-elle conquérir de « nouveaux marchés » ? C'est précisément la destruction d'une masse massive de forces productives provoquée par la crise qui ouvre au capitalisme, par la reconstruction nécessaire, de nouveaux marchés et, pour les puissances impérialistes les plus fortes, la possibilité de les conquérir ; bien sûr, dans une lutte de concurrence toujours plus effrénée où apparaissent de nouveaux concurrents au développement capitaliste lui-même. En fait, le capitalisme n'a pas mis fin à son développement dans le monde avec la première et la deuxième guerre mondiale. Au contraire, plus les destructions ont été massives pendant la guerre, plus les possibilités de reconstruction ont été créées ; cela ne transforme pas automatiquement les anciennes puissances impérialistes en nouvelles puissances dominantes sur le marché, car le développement du capitalisme, même dans son inégalité congénitale, crée d'autres pôles impérialistes qui entrent inévitablement en concurrence avec les anciens.

Le mode de production capitaliste, tout en tendant d'une part à développer constamment les forces productives, doit d'autre part nécessairement les détruire constamment pour faire place à de nouveaux cycles de production, et c'est là sa plus grande limite : le développement des forces productives est périodiquement bloqué par les formes bourgeoises de production et d'échange. Et les crises cycliques du capitalisme sont inexorablement suivies, à un moment donné, de crises générales de guerre.

Cette spirale infernale ne pourra être arrêtée que par la révolution prolétarienne, la révolution de la classe qui produit toute la richesse sociale et qui représente, dans sa lutte de classe contre la bourgeoisie, le développement réel et illimité de la puissance productive.

La seule force capable d'empêcher le capitalisme de continuer à dominer la société et à développer ses contradictions destructrices – toutes ses oppressions, ses crises et ses guerres – est le prolétariat révolutionnaire qui, à condition d'être dirigé par son parti de classe et dans une situation générale de crise révolutionnaire, se lancera dans la conquête du pouvoir politique pour renverser l'Etat bourgeois et toute la superstructure politique, économique, culturelle et religieuse qui assure la domination de la classe bourgeoise.

Renverser, briser, supprimer l'État bourgeois, dans la révolution prolétarienne qui a pour objectif immédiat la constitution du prolétariat comme classe dominante en établissant sa dictature de classe :  renverser, briser, supprimer, sont les mots utilisés par Marx, Engels, Lénine et que le courant de la Gauche Communiste dont nous nous revendiquons directement a répété avec intransigeance dans toutes les périodes de la lutte contre le réformisme et le chauvinisme de la Deuxième Internationale, le « centrisme » pseudo-révolutionnaire, l'opportunisme antifasciste, démocratique, le national-communisme stalinien avec toutes ses variantes nationales.

Le développement du capitalisme a prolétarisé des milliards d'êtres humains. En ce sens, il a continué à retirer « sous les pieds de la bourgeoisie le sol même sur lequel elle produit et s'approprie ses produits », augmentant le nombre de ses futurs fossoyeurs.

On comprend alors la peur que peut inspirer à la bourgeoisie l'idée même que la révolution du prolétariat est à son horizon. On comprend pourquoi elle investit d'énormes ressources dans le contrôle social des masses prolétariennes à travers les écoles, la presse, la télévision, les réseaux sociaux, les églises, les associations sportives et, bien sûr, last but not least, l'État et tous ses appareils de répression et d'influence politique, le système démocratique et électoral étant le plus important. 

S’il était vrai que grâce à la démocratie et à l'État censé être au-dessus des classes, les conflits sociaux pouvaient être résolus et l'égalité sociale tant vantée réalisée, la bourgeoisie n'irait pas jusqu'à réprimer, voire empêcher, tout mouvement de classe prolétarien qui fait allusion à son expression et à son organisation. Le système démocratique a réussi jusqu'à présent à détourner, tromper, emprisonner et affaiblir les forces prolétariennes, qui sont objectivement amenées à lutter contre des conditions d'existence insupportables et contre un pouvoir économique et politique qui ne peut résoudre aucune des grandes contradictions qui caractérisent cette société.

La défaite de la révolution prolétarienne internationale et de l'Internationale Communiste en tant que parti communiste mondial au début des années 20 du siècle dernies est due avant tout à un processus de dégénérescence interne qui, tel un cancer, a affaibli et finalement tué le mouvement communiste mondial. Les conséquences de cette défaite ont été beaucoup plus lourdes pour le prolétariat mondial et pour le mouvement communiste international qu'une défaite due à un affrontement militaire dans lequel le parti communiste, bien que vaincu, aurait maintenu sa boussole révolutionnaire, lui permettant de reprendre sa lutte sans avoir à restaurer de fond en comble la doctrine marxiste falsifiée, déformée et détruite par la contre-révolution stalinienne.

Mais, si puissante qu'ait été la contre-révolution, elle n'a pas pu résoudre les contradictions les plus profondes du système économique capitaliste qui, à mesure qu'il se développe, ne fait que réitérer à une échelle plus élevée la grande alternative historique : ou la guerre bourgeoise ou la révolution, ou la dictature bourgeoise ou la dictature prolétarienne. Et c'est dans cette perspective que le courant de la Gauche Communiste d’Italie a continué à travailler malgré la lourde défaite de la révolution dans les années 1920 et l'échec de ses mises en garde sur la question du parlementarisme, mais aussi sur des questions politiques aussi fondamentales que le front unique politique, le gouvernement ouvrier, l'acceptation dans l'Internationale des partis dits « sympathisants », etc. Elle a prodigué tous ses efforts sur la question prolétarienne, elle a consacré toutes ses forces à la restauration de la doctrine marxiste – sans théorie révolutionnaire il n'y aura jamais de mouvement révolutionnaire – et à la reconstitution du parti de classe international.

Aujourd'hui, nous sommes toujours au milieu de la contre-révolution et le prolétariat subit les effets d'une dépression politique et économique sans précédent. Mais les conditions d'existence de la bourgeoisie dépendent toujours plus des conditions d'existence du prolétariat qui, au-delà d'une certain degré d'exploitation, de misère, de faim et de mort, sera inexorablement poussé à se lever et à relever le défi sur le terrain de la contre-révolution qui est aussi, comme Marx l'a justement souligné, le terrain de la révolution.

Peut-être le moment d'un bouleversement social tellurique des pays de la périphérie de l'impérialisme aux grands pays impérialistes n'est-il pas si loin ; alors tous les systèmes démocratiques et tous les cirques électoraux ne suffiront pas à sauver la domination bourgeoise.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

 

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