Non à la mobilisation impérialiste autour de la guerre en Ukraine !
(«le prolétaire»; N° 543; Décembre 2021 / Janvier-Février 2022)
L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe et l’émotion qu’elle a suscitée parmi la population est utilisée par les gouvernements et les medias des pays occidentaux pour mener une campagne de propagande de grande ampleur ; sous prétexte de « solidarité avec le peuple ukrainien » luttant pur sa « liberté » il s’agit en réalité d’une campagne belliciste pro-impérialiste de soutien aux impérialismes occidentaux contre l’impérialisme russe.
Les médias présentent l’invasion russe comme une initiative déclenchée par le seul Poutine (dont la santé mentale est en outre mise en question) ; mais une intervention militaire de grande ampleur, impliquant non loin de 200 000 soldats et un imposant matériel et avec la certitude de s’exposer à des sanctions et de connaître des effets économiques négatifs, ne peut être prise par un seul homme ou une poignée de dirigeants : elle ne peut être que l’œuvre de forces économiques, sociales et politiques puissantes dont un Poutine n’est que l’instrument à un moment donné.
Cette attaque militaire a en outre lieu dans une situation où la plus grave crise économique du capitalisme mondial depuis des décennies a inévitablement exacerbé toutes les tensions inter-impérialistes et toutes les contradictions internes et internationales de l’ordre établi bourgeois. En particulier l’Ukraine, zone de rivalité entre impérialismes occidentaux et russe était le théâtre depuis 2014 d’une guerre dite « de basse intensité » opposant l’armée ukrainienne aux séparatistes du Donbass appuyés par la Russie, qui aurait fait plus de 20 000 morts et entraîné le départ de plus d’un million de personnes. L’armée ukrainienne est soutenue par les Etats-Unis qui selon les déclarations américaines officielles lui ont accordé depuis un an une aide de plus d’un milliard de dollars ; cette aide s’est accélérée depuis décembre pour lui permettre de « mener une guerre hybride contre la Russie » (1).
Les Etats européens et américain se sont indignés du recours à la guerre par l’Etat russe – « politique d’un autre âge » ; mais depuis la fin de la dernière guerre mondiale ces mêmes Etats n’ont cessé de déclencher des guerres ou d’y participer aux 4 coins du monde : la « paix » qui a suivi 1945 a été marquée par une interminable série de conflits meurtriers. Il est vrai cependant que ces conflits se déroulaient loin des « démocratiques » et « pacifiques » métropoles impérialistes qui en étaient pourtant souvent les instigatrices et les bénéficiaires – et leurs victimes pouvaient tranquillement être refoulées aux frontières européennes en tant que migrants suspects…
En réalité si la Russie est l’envahisseur, c’est tout le système capitalisme mondial qui est responsable de l’éclatement des conflits militaires en conséquence des heurts d’intérêts toujours plus aigus qu’il suscite, et non pas un « fauteur de guerre » particulier qu’il suffirait de ramener à la raison ou de mettre hors d’état de nuire. C’est le capitalisme qu’il faut combattre !
Les campagnes de soutien au peuple ukrainien sont utilisées pour justifier non seulement des sanctions économiques contre la Russie, mais aussi des mesures militaires ; c’est ainsi qu’après les grandes manifestations pacifistes en Allemagne, le gouvernement allemand a annoncé une augmentation historique de son budget militaire et l’Union Européenne, où sa voix est prédominante, a décidé, pour la première fois de son existence, de fournir des armes à un pays belligérant. Si cette dernière décision relève en partie du symbole, les différents Etats européens, (y compris des Etats traditionnellement neutres comme la Finlande) ont annoncé des livraisons d’armes. Les Etats-Unis ne sont bien sûr pas en reste : un véritable « pont aérien » a été mis en place à destination de la Pologne avec les moyens de l’OTAN pour fournir l’armée ukrainienne en armes, tandis que des soldats de pays de l’OTAN ont été envoyés dans des pays proches du conflit comme la Roumanie.
Quant aux sanctions économiques, d’une importance « sans précédent», elles relèvent d’une logique de guerre économique (2) – même si elles ont soigneusement évité ce qui pourrait mettre en péril la fourniture du gaz et d’autres matières premières russes aux Etats européens. Ces sanctions, qui visent à « asphyxier l’économie russe », pourraient entraîner, avec le coût de la guerre, une chute de 7 à 8% du PIB du pays en 2022, voire davantage (3). Ce véritable effondrement aura inévitablement de dures retombées sur la population et tout particulièrement sur les prolétaires, qui sont toujours les premières victimes des crises et des guerres.
En ce qui concerne les autres pays et l’économie mondiale, le choc de la guerre en Ukraine risque de faire capoter la reprise économique: la flambée des cours du gaz, du pétrole et d’autres matières premières (dont le blé) sont autant de coups pour une économie internationale qui était de plus en plus chancelante et déjà se multiplient les appels aux prolétaires pour qu’ils acceptent des sacrifices « inévitables » : de ce point de vue, la guerre en Ukraine est une guerre contre les prolétaires du monde entier !
Les prolétaires ne doivent pas se laisser prendre au piège d’une prétendue « solidarité humanitaire » qui ne sert que les visées impérialistes ; ils n’ont pas à prendre partie pour l’un ou l’autre camp en conflit qui sont tous ses adversaires. Leur solidarité, ils doivent la réserver aux prolétaires de toutes les nationalités, exploités, opprimés, embrigadés et bombardés par les bourgeoisies et leurs Etats en conflit.
La guerre en Ukraine est un avertissement sur ce que réserve le capitalisme aux prolétaires des pays encore en paix. Pour lutter contre la guerre en acte ou en préparation, ils ne doivent donc avoir aucune confiance dans la « bonne volonté » hypocrite des gouvernants dont les sanctions sont déjà des actes de guerre, ni suivre la voie illusoire du pacifisme bourgeois ; il leur faut revenir aux principes classiques du défaitisme révolutionnaire et de l’internationalisme prolétarien :
Non à la défense des patries et des Etats bourgeois ! Non à l’union nationale et au nationalisme !
Union des prolétaires par-dessus les frontières et les fronts de guerre ! Reprise de la lutte indépendante de classe contre le capitalisme dans tous les pays !
Reconstitution du parti révolutionnaire communiste, internationaliste et international pour diriger la lutte prolétarienne vers la révolution mondiale !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
8/03/2022
(1) cf. Washington Post, 4/3/2022
(2) Le ministre de l’économie Lemaire a parlé à leur sujet de « guerre économique et financière totale » ; s’il est revenu publiquement sur ces propos, ceux-ci expriment cependant l’état d’esprit belliqueux des dirigeants politiques français.
(3) La banque américaine JP Morgan anticipe même une chute de 20% (en rythme annuel) au deuxième trimestre de cette année !
Parti communiste international
www.pcint.org