Le gouvernement continue ses attaques, les syndicats isolent et saucissonnent les luttes
(«le prolétaire»; N° 546; Sept.-Oct.-Nov. 2022)
Le gouvernement a finalement renoncé à faire passer le recul de l’âge de la retraite par un amendement à la loi sur le financement de la Sécurité Sociale. Se rendant à l’avis de ses alliés du Modem, il a considéré qu’un simulacre de «concertation sociale» (avec les organisations patronales et les syndicats collaborationnistes – y compris la CGT) permettrait de mieux faire passer la pilule.
Ce n’est pas là un recul car il a assuré qu’un projet de loi en ce sens serait déposé sous peu. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire a appelé le 27/9 le patronat à soutenir «avec enthousiasme» cette réforme «vitale pour le pays». Selon les chiffres diffusés par les services officiels le passage à 64 ans permettrait de gagner 15 milliards d’euros de recettes supplémentaires (par le nombre accru de cotisants) et faire autour de 7 à 8 milliards d’économies au système des retraites d’ici la fin du quinquennat (Le Maire, ibidem).
Ils évoquent aussi un nombre considérable de nouveaux emplois qui seraient créés par ce recul, alors qu’en réalité le résultat recherché est que beaucoup de prolétaires âgés seront dans les faits contraints de partir avant d’avoir l’âge légal, donc avec une pension réduite.
Bien que le gouvernement prétende que cette réforme est nécessaire pour «préserver notre système de retraites», elle est en réalité nécessaire pour préserver le taux de profit moyen du capitalisme: en France comme dans les autres pays capitalistes le maître mot est la chasse aux «dépenses improductives», c’est-à-dire les dépenses de «protection sociale» dont les pensions de retraite représentent la plus grosse partie, autour de 14% du «produit intérieur brut» (PIB) en France selon les chiffres les plus récents.
Mais le plus intolérable pour les capitalistes français est que ces dépenses sont en général plus basses dans les autres pays européens (36% du PIB contre 30,3% en Allemagne et 30% en moyenne dans l’Union européenne en 2020) (1): dans une situation de concurrence accrue où il perd des parts de marché, ces dépenses constituent un handicap. Les gouvernements bourgeois, de gauche ou de droite, ont donc été chargés de diminuer les «charges sociales» des entreprises pour rogner ces dépenses, que ce soient les pensions de retraite, les dépenses de santé, les allocations de chômage, etc., et ils n’ont pas rechigné à la besogne; le gouvernement Macron ne fait que suivre le mouvement, en l’accentuant seulement à cause de la crise. Ces «charges sociales» constituent ce qu’on appelle le salaire «différé» ou salaire «indirect», à savoir la part du salaire qui n‘est pas directement versée par le patron au salarié, mais qui lui est payée sous forme de prestations sociales diverses (2). La baisse des charges et par suite des prestations sociales, constitue donc un attaque contre les salaires: c’est une mesure directement antiprolétarienne qui a pour but d’accroître le profit capitaliste.
Syndicats et partis de gauche répondent aux attaques par des simulacres de lutte
Les directions syndicales ont répondu à la fois contre l’érosion du «pouvoir d’achat» et les menaces sur les retraites par leur vieille pratique des «journées d’action» à répétition: le 22 septembre pour le secteur de la santé, journée interprofessionnelle le 29 septembre puis le 18 octobre, le 10 novembre, tandis que les partis de gauche organisaient une manifestation à Paris («marche contre la vie chère, etc.») le 16 octobre. Force est de constater que cette débauche d’initiatives n’a pas entamé la détermination du gouvernement. Comment en serait-il autrement? Il sait d’expérience qu’il n’a rien à craindre de ces «partenaires sociaux» qui ont démontré à nouveau qu’ils contrôlaient la situation; même la journée du 18 octobre présentée à grand bruit par les medias comme une terrible grève générale, alors que continuait la grève des raffineries, n’a pas eu un grand retentissement, les syndicats ayant fait le minimum pour mobiliser les travailleurs (3). En dépit des discours, la grève des raffineurs est restée isolée, la CGT faisant tous ses efforts pour que les réquisitions se passent dans le calme et les raffineries ont repris le travail les unes après les autres. Les autres journées ont eu encore moins d’écho. Cela ne signifie pas que le mécontentement ne soit pas général ou que les prolétaires soient résignés: le succès du mouvement à la RATP montre le contraire. Mais ils sont à juste titre sceptiques sur l’utilité de ces journées d’action à répétition.
Devant cette attitude certains groupes d’«extrême» gauche essayent de radicaliser un peu leur discours; c’est ainsi que Lutte Ouvrière appelle à un «plan de combat» «pour que les salaires suivent les prix» (sic) (4), reprenant ainsi le dada du groupe Révolution Permanente (RP issu du NPA) qui voit la solution pour les travailleurs dans l’élaboration d’un «plan de bataille». Mais s’adressant aux syndicats, ces formules ronflantes ne sont que de la poudre aux yeux: pour que ces organisations collaborationnistes adoptent de tels plans, il faudrait d’abord qu’elles veuillent vraiment combattre! Or en partisanes de la collaboration de classe elles veulent avant tout la concertation, pas la lutte.
La voie à suivre on la trouve sur le site même de RP (5); c’est celle des travailleurs de Daher (Toulouse) qui devant l’inaction syndicale, se sont organisés à la base pour faire grève : la voie de l’organisation et de la lutte indépendante de classe, en rupture avec la collaboration de classe et tous ceux qui la propagent. C’est là la seule solution pour la défense immédiate des intérêts prolétariens!
(1) cf. FIPECO, 3/6/2022
(2) Dans la comptabilité des entreprises les charges sociales font partie de la rubrique des dépenses de salaire.
(3) A Marseille par exemple la CGT était même absente de la manif à laquelle elle appelait!
(4) cf. LO, 27/10/22
(5) https:// www. revolutionpermanente. fr/ Toulouse-200-grevistes-a-Dah
Parti Communiste International
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