Le sabotage prémédité de la lutte

Tirer le bilan du mouvement contre la réforme des retraites

(«le prolétaire»; N° 549; Juin-Juillet-Août 2023)

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«Nous allons maintenant utiliser tous les leviers à notre disposition pour continuer à dénoncer et empêcher l’application de cette réforme violente, injuste et injustifiée. Nous allons nous battre pour gagner par la fenêtre ce que nous avons perdu par la porte.» (1). Il était temps ! C’est à demi-mot que Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, admet la nécessité de mettre un terme à un mouvement à l’ampleur indéniable, mais qui ne cessait de s’épuiser depuis le mois d’avril, entre manifestations-promenades à répétition – elles furent 14 au total – faux espoirs placés sur les décisions du Conseil constitutionnel ou des divers groupes d’opposition et «casserolades».

Alors que la majorité des prolétaires admettaient, avec colère, que le mouvement avait échoué et qu’il était désormais temps de tirer les leçons de l’échec, les dirigeants syndicaux continuaient d’affirmer obstinément que rien n’était perdu et que le gouvernement pouvait encore retirer sa réforme : en refusant de reconnaître la défaite les dirigeants syndicaux voulaient éviter de se voir reprocher l’échec de leurs orientations. Or, aussi pénible cela soit à admettre pour tous les prolétaires qui se sont engagés avec force dans ce mouvement, personne ne peut nier que celui-ci s’est soldé, à nouveau, par une défaite complète (2).

Le plus important n’est pas là. Certes, pour des milliers de prolétaires, c’est une véritable torture, une mort à petit feu, que de devoir travailler deux années de plus avant d’échapper enfin à la terrible poigne du travail aliénant. Mais, comme l’écrivaient Marx et Engels dans le Manifeste du Parti communiste, «Le résultat véritable des luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs.» (3). L’important n’est donc pas le succès ou l’échec de tel ou tel mouvement mais bien plutôt le rôle que peut jouer la lutte dans le renforcement de l’unité et de la combativité du prolétariat qui peut prendre conscience de la nécessité d’abattre aussi bien ses véritables ennemis – la bourgeoisie – que ses faux amis – partis de gauche, «extrême gauche» et bureaucraties syndicales. Cela implique de tirer un bilan sans complaisance de cette défaite et de l’opposer à toutes les fausses leçons qui n’ont pas tardé à être mises en avant par les différents protagonistes du mouvement.

Au premier rang de ceux-ci l’intersyndicale et l’opposition parlementaire de gauche qui prétendent que c’est la faiblesse de l’implantation syndicale en France – heureusement atténuée par l’entrée selon eux de près de 80 000 travailleurs dans la CGT et la CFDT dans le cadre du mouvement (4) –, ainsi que le non-respect de la démocratie qui seraient les principales raisons de l’adoption de la réforme. C’est l’une des tâches de l’avant-garde communiste que de contribuer à clarifier les véritables causes de cet échec et à mettre en avant les nécessités qui s’imposent au prolétariat si celui-ci veut, à court terme, remporter des victoires sur la bourgeoisie, et à long terme abattre cette classe et le mode de production capitaliste pour le remplacer par une société communiste. C’est ce que cet article se propose de faire en revenant sur ces six mois de lutte des classes.

 

UNE «REFORME» ANTI-OUVRIERE DANS UN CONTEXTE DE CAPITALISME EN CRISE

 

Le capitalisme fait aujourd’hui face à une multitude de crises, notamment sur le plan économique, qui viennent affecter sa rentabilité. Il lui est dès lors nécessaire de s’attaquer au prolétariat pour reporter les effets de ces nombreuses crises sur ses conditions de vie. C’est dans ce contexte général que s’inscrit cette énième attaque anti-ouvrière, entre la baisse drastique des indemnités des chômeurs et le durcissement des conditions permettant de toucher le RSA. Ainsi, comme nous l’affirmions dans notre prise de position du 17 janvier 2023, «la «réforme» des retraites s’inscrit dans l’aggravation générale et continue des attaques capitalistes contre les prolétaires. Les pensions de retraite ne sont pas un «droit» ou un cadeau de l’Etat, mais elles font partie du «salaire indirect» – la part du «salaire réel» qui n’est pas directement versée aux travailleurs mais qui est redistribuée sous la forme des prestations sociales – appelé aussi «charges sociales». Depuis des années, répondant aux volontés des capitalistes, les gouvernements, de gauche comme de droite, se sont employés à réduire ces «charges», réduisant ainsi le «salaire réel» et accroissant du même coup les profits, avec en conséquence la diminution des prestations sociales. Les difficultés du capitalisme face à une crise qui s’amplifie le conduisent à accroître toujours plus la pression sur les salaires et l’exploitation des prolétaires.» (5). C’est également dans ce contexte que doit être prise en compte l’inflation, c’est-à-dire la baisse du salaire réel des prolétaires. Enfin, bien qu’encore limitée dans son impact, la militarisation intensive des États capitalistes, renforcée par la guerre en Ukraine, suppose également de faire payer le prolétariat. Cette articulation entre ces deux dimensions n’est pas une vue de l’esprit. Il fut ainsi particulièrement édifiant pour les prolétaires d’apprendre, alors même que la «réforme» des retraites était justifiée par la nécessité de combler un déficit de 13,5 milliards à l’horizon 2030, que Macron annonçait une hausse du budget militaire de 400 milliards d’euros sur sept ans (6). Rien ne pouvait mieux montrer toute l’hypocrisie d’un gouvernement dont le seul objectif est de diminuer drastiquement le montant des pensions.

 

LA REPONSE DU PROLETARIAT : ENTRE PASSIVITE ET IMMENSES FAIBLESSES

 

Face à une telle attaque, il était évident que la classe ouvrière allait réagir. Et force est de constater, malgré toutes les difficultés auxquelles cette dernière est confrontée dans un contexte de forte inflation, que cette réponse fut massive. Ainsi, si l’on dresse un bilan numérique des 14 journées d’action qui parsemèrent ce mouvement de luttes entre le 19 janvier et le 6 juin, ce sont toujours entre 900 000 et 3,5 millions de personnes qui manifestent d’après les chiffres des syndicats, et entre 281 000 et 1,280 million selon le ministère de l’Intérieur. Il s’agit de chiffres qui n’ont pas été vus depuis des années, mais surtout, qui sont parvenus à se maintenir sur plusieurs mois, y compris après l’adoption officielle de la réforme des retraites par le Parlement. Ils témoignent ainsi de la profonde colère d’une classe qui a été confrontée successivement à la pandémie et à son contrôle social total, l’inflation, et une série d’attaques de la part des gouvernements bourgeois, et ce à l’échelle mondiale. Mais, en parallèle, cette même classe ne s’est toujours pas remise des profondes défaites produites par des décennies de contre-révolution, d’où l’absence de véritables perspectives à ces luttes, et l’absence d’écho des positions communistes. Dès lors, il n’est guère étonnant de constater que dans le cadre de ce mouvement, la classe ouvrière a été sujette à d’immenses faiblesses, se manifestant par une série de pièges et d’obstacles qu’elle n’a pas eu la force de surmonter.

 

Le piège du syndicalisme collaborationniste» : unité syndicale, grèves par procuration et actions-spectacles

 

Témoignage éloquent de la conscience parmi les chiens de garde de la bourgeoisie, de la combativité du prolétariat, les directions syndicales ont élaboré une nouvelle stratégie, en rupture notable avec les orientations antérieures. Ainsi, alors qu’il était d’usage d’assister à une séparation des tâches entre syndicats dits «réformistes» (CFDT, UNSA, CGE-CGC, CFTC), partisans de la concertation avec le gouvernement et de l’acceptation dans les grandes lignes des principales attaques anti-ouvrières, et syndicats dits «combatifs» (CNT, CGT, SUD, FSU, partiellement FO) opposés officiellement à ces attaques et prônant parfois des actions de lutte, comme les grèves et les blocages, on a vu pour la première fois depuis des années la constitution d’un véritable front unique syndical, regroupant l’ensemble du paysage syndical français, des deux CNT «anarcho-syndicalistes» à la CFTC, démocrate chrétienne. Il s’agissait ainsi de faire face à la défiance vis-à-vis des syndicats, qui avait pris en décembre dernier la forme spectaculaire d’une grève sauvage à la SNCF, ayant immédiatement obtenu satisfaction. En se présentant unies les organisations syndicales donnaient aux prolétaires l’impression d’une force puissante et nourrissaient la confiance envers l’orientation qu’elles donnaient au mouvement. De plus cette unité et la démonstration de leur capacité à organiser une mobilisation massive mais bien contrôlée, laissaient espérer aux directions syndicales que le gouvernement ferait quelques concessions sur lesquelles elles pourraient s’appuyer pour conclure le mouvement sans y perdre des plumes. Contrairement à ce qu’affirmait le logiciel gauchiste consistant à crier à la prochaine trahison de la CFDT, on a vu un Laurent Berger assumer le rôle d’opposant n°1 à la réforme et même appeler à «mettre le pays à l’arrêt» ! Par ailleurs, sensibles au mécontentement qui se faisait jour devant la «frilosité» de l’intersyndicale, certaines fédérations ou unions départementales ont prôné ou laissé faire des actions à prétention spectaculaire (en réalité, elles relevaient bien plus du spectacle que d’une prétendue action directe), comme les coupures d’électricité dans certaines entreprises, les occupations de ronds-points, etc. Toutes ces actions visaient à faire croire à la classe ouvrière que le syndicalisme collaborationniste, éventuellement sous une forme un peu plus combative constituait une véritable arme entre ses mains. Le piège a fonctionné ; il n’y a pas eu de «débordement» notable ni d’opposition sérieuse à l’orientation de l’intersyndicale, même quand son échec devenait patent. Et Sophie Binet pouvait affirmer avec satisfaction dans sa tribune-bilan que ce mouvement a permis de «remettre le syndicalisme au centre». C’est vrai pour la bourgeoisie qui a pu constater l’efficacité des pompiers sociaux ; pour les prolétaires, il a permis de constater que ce syndicalisme collaborationniste était au centre de la défaite !

En contrepoint de ce constat, il faut relever que les grèves, y compris dans les secteurs «stratégiques» plus combatifs (SNCF, raffineries, …) ont été relativement peu suivies, en particulier si l’on compare au mouvement dans les raffineries de l’automne 2022. Les prolétaires de ces secteurs, échaudés par les expériences récentes (échec des grèves à la SNCF abandonnées par les syndicats en 2019) et pas vraiment convaincus de la détermination des syndicats n’ont pas voulu se lancer seuls dans la grève. La tactique traditionnelle visant à laisser s’épuiser les travailleurs combatifs dans les luttes isolées a assez peu fonctionné, à l’exception des éboueurs parisiens.

 

L’obstacle de l’«extrême» gauche : du soutien à l’intersyndicale au mythe de la grève générale

Outre les bureaucraties syndicales, on compte également parmi les faux amis de la classe ouvrière les groupes pseudo-révolutionnaires, trotskistes, staliniens et anarchistes. La plupart se sont alignés sur l’intersyndicale ; critiquant parfois ses «insuffisances», ils n’ont jamais combattu ses orientations fondamentales ; se contentant dans le «meilleur» des cas de vouloir la pousser à «aller plus loin», ils n’ont jamais été en réalité que ses auxiliaires empressés à maintenir les prolétaires à sa remorque. Mais l’un d’entre eux a semblé se distinguer et il a particulièrement attiré l’attention - en particulier des médias bourgeois -, le groupe trotskiste Révolution Permanente (RP), scission «de gauche» du NPA. Ce groupe, soutenu par des figures médiatiques comme l’économiste Frédéric Lordon ou l’ancienne actrice Adèle Haenel, fut ainsi à l’origine d’un prétendu «réseau pour la grève générale». L’initiative pouvait séduire les prolétaires déçus du modérantisme de l’intersyndicale et à la recherche d’un rapport de force plus puissant. Mais s’il critiquait l’intersyndicale pour sa mauvaise «stratégie» RP ramenait dans les faits les prolétaires dans l’orbite des syndicats collaborationnistes ; son «réseau» se voulait en réalité un organe de pression sur ces derniers pour les amener à changer de «stratégie». Pour RP si les syndicats l’avaient voulu, ils auraient réellement pu bloquer le pays. Il n’explique pas que s’ils ne l’ont pas voulu, c’est parce que ces appareils syndicaux sont complètement intégrés dans le réseau bourgeois de la collaboration de classe et du maintien de la paix sociale. Ils sont «par nature» opposés à tout ce qui risque de mettre en péril la bonne marche du capitalisme, donc à la lutte de classe véritable. Une grève générale dirigée par eux ne se terminerait que par une défaite. D’ailleurs, l’intersyndicale avait, à demi-mots, appelé à la grève générale, sans bien entendu rien organiser et cet appel est resté lettre morte : ce n’était que de la poudre aux yeux pour déminer le terrain et faire croire à la détermination des syndicats.

Plus généralement, il est un mythe dont le prolétariat doit se garder, c’est celui de la grève générale dans sa version gauchiste. Alors que la grève générale ou la grève de masse, lorsqu’elle est dirigée sur des orientations classistes (voire lorsqu’elle s’inscrit dans la tactique insurrectionnaliste du parti d’avant-garde), exprime la force du prolétariat à l’offensive, celles-ci peuvent également se transformer en piège lorsqu’elles sont menées pour des objectifs contraires à ceux du prolétariat et par des groupes dont les intérêts lui sont radicalement opposés.

 

Le piège démocratique : votes parlementaires, 49.3 et conseil constitutionnel

 

Un indice supplémentaire, s’il en était besoin, de la faiblesse actuelle de la classe, nous est donné par la réaction massive et le regain du mouvement suite à l’adoption de la réforme des retraites au Parlement dans le cadre de l’article 49.3 de la Constitution, qui consistait à engager la responsabilité du gouvernement sur le texte de loi et, donc, à faire adopter celui-ci à moins qu’une motion de censure ne soit votée. Les oppositions parlementaires ont tout naturellement crié au coup de force anti-démocratique, rencontrant un certain écho, notamment auprès de la jeunesse étudiante, qui s’est massivement engagée dans la lutte à la suite de cet épisode parlementaire plus qu’anodin. Ce fut donc l’occasion pour les partis de gauche, notamment la NUPES de Mélenchon, de présenter leur dernière recette miraculeuse, la 6e République avec sa nouvelle constitution qui serait plus démocratique et qui, partant, devrait améliorer grandement la vie de la classe ouvrière sans qu’il soit nécessaire de passer par la révolution et de la destruction du mode de production capitaliste. S’engouffrant dans la brèche, l’intersyndicale a placé tous les espoirs du mouvement dans les décisions du Conseil constitutionnel qui aurait dû, ô misère du légalisme bourgeois, déclarer la loi inconstitutionnelle en vertu du principe selon lequel il n’aurait dû s’agir que d’un projet de financement de la sécurité sociale. Manque de chance ! Le conseil constitutionnel a non seulement validé la loi mais, en outre, il a rejeté le «référendum d’initiative partagée», dernier gadget démocratique en date, au grand dam de l’opposition de sa majesté. Enfin, pour couronner cette mystification démocratique, l’intersyndicale et l’opposition ont espéré obtenir une victoire grâce à proposition de loi du groupe LIOT qui devait abroger la réforme. Énième preuve de l’inutilité totale des solutions parlementaires et légalistes, cette proposition de loi a été déclaré irrecevable et n’a même pas été mise au vote. Si ce petit épisode ne fait que confirmer cette thèse classique du marxisme, il n’a pas fallu longtemps à nos mystificateurs de toutes sortes pour affirmer que, loin de décrédibliser la solution démocratique, c’est bien plutôt le manque de démocratie qui est responsable de cet échec. Bilan provisoire : un renforcement certain des illusions démocratiques au sein de la classe ouvrière, obstacle de taille dont le prolétariat devra se défaire

 

L’obstacle étatique : hausse de la répression et violences spectaculaires

 

Enfin, le dernier obstacle auquel a été confrontée la classe ouvrière dans le cadre de ce mouvement est celui de la répression policière particulièrement intensive, en particulier à partir du tournant de l’adoption de la loi, qui a donné lieu à des manifestations «spontanées», caractérisées par une volonté d’en découdre avec la police, des feux des poubelles, l’incendie de préfectures ou d’hôtels de ville et l’objectif d’épuiser les forces de répression de l’État bourgeois lors de manifestations sauvages nocturnes. Les traditionnels «black blocs», ces groupes composites antifascistes, anarchistes et autonomes, se sont également manifestés selon leur habitude en accompagnant les manifestations syndicales de vaines actions violentes (bris d’abribus et de vitrines, guéguerre avec les flics).

Ces actions violentes ne pouvaient constituer une alternative aux orientations, pacifistes et légalistes, de l’intersyndicale même si elles ont pu être vues avec sympathie par les prolétaires les plus combatifs frustrés du manque de résultat de leur mobilisation. Elles ne pouvaient être qu’une diversion par rapport au besoin d’adopter des nécessaires orientations et méthodes de lutte, que nous détaillons dans un autre article. Ces violences, à vrai dire limitées mais auxquelles la presse étrangère consacra de nombreux reportages sur une France en train de brûler (7), furent le prétexte utilisé par l’État pour renforcer sa politique de répression, avec des gardes à vue et emprisonnements abusifs. Au point que le conseil d’État fut forcé, après avoir été saisi par des avocats démocratico-humanistes, de censurer la décision du ministère de l’Intérieur de catégoriser comme un délit toute participation à une manifestation non déclarée. L’ONU elle-même trouva nécessaire, pour maintenir les illusions sur la démocratie bourgeoise de condamner le recours à la force de l’État français, jugé excessif. Comme si la bourgeoisie pouvait faire autrement que de mater quand elle juge nécessaire, le prolétariat en lutte par le fer et par le sang !

Cependant, malgré l’ampleur de la répression, il est important de constater que la mobilisation n’a pas faibli, notamment en termes quantitatifs : la peur de la violence et de la police a peu fonctionné ; mais d’un autre côté il n’y a pas eu d’indignation notable devant l’absence de solidarité effective de l’intersyndicale face aux réquisitions de grévistes, aux attaques de piquets de grève ou à la répression de manifestants, ni de tentatives à la base de se mobiliser sur ce thème. C’est une grave faiblesse dans le contexte de durcissement de la réponse sécuritaire et de militarisation de l’État (comme on l’a vu à Sainte-Soline et lors des récentes émeutes) qui ne manquera pas d’avoir des conséquences dans les luttes futures tant qu’elle ne sera pas surmontée.

 

QU’AURAIT-IL FALLU FAIRE ?

 

Depuis le début du mouvement, nous avons, dans une série de tracts, tenu à rappeler aux prolétaires les méthodes classistes de lutte qui, si elles ne sont pas une garantie certaine de victoire, restent néanmoins les seules armes à la disposition de la classe ouvrière dans sa lutte contre la bourgeoisie. Les principales nécessités sont au nombre de deux : l’auto-organisation de la lutte sur des bases de classe et son extension. Concernant le premier aspect, il est désormais clair que la classe ouvrière a laissé tout au long du mouvement l’initiative entre les mains de l’intersyndicale, sans participation à des assemblées générales pour rassembler tous les prolétaires en lutte, et décider de l’orientation du combat, en appelant notamment à des grèves illimitées sur des objectifs clairs et susceptibles de s’étendre à l’ensemble de la classe. Il en est de même concernant l’absence de comités de grève autonomes organisant le blocage des lieux de travail par des piquets de grève et se coordonnant à toutes les échelles dans le but de rendre concrète l’extension de la lutte et la généralisation des grèves et des occupations.

Car c’est également cette deuxième dimension qui a manqué. Les quelques grèves qui ont été menées étaient organisées sur des orientations et des mots d’ordre corporatistes et localistes, exigeant du gouvernement la prise en considération de critères comme la pénibilité du métier – alors que c’est le travail lui-même qui est pénible ! - ou le caractère excédentaire des caisses de retraite – comme l’a fait le syndicat CGT d’EDF. De même, alors que ce mouvement s’est caractérisé, à l’exception de quelques luttes minoritaires, par une adhésion globale à une méthode de lutte légaliste, le prolétariat ne doit pas craindre, s’il veut l’emporter, de rompre avec la légalité, en s’opposant notamment aux réquisitions en refusant de respecter le dépôt de préavis (comme l’ont fait les travailleurs du Technicentre SNCF de Châtillon).

En résumé, ce qui était nécessaire, et qui le restera dans de futures luttes, c’était de faire un choix clair entre une orientation de collaboration des classes, encadrée par les syndicats collaborationnistes et condamnée à échouer, et une ligne de lutte véritable, classe contre classe ! Si cette perspective peut sembler démesurément optimiste aujourd’hui, c’est bien la seule solution, celle à laquelle les prolétaires d’avant-garde doivent se préparer et préparer leurs camarades de travail.

 


 

(1) «[Ttribune] Réforme des retraites : rien ne sera plus comme avant», 16 juin 2023, en ligne : https://retraite.cgt.fr/actualites/tribune-reforme-des-retraites-rien-ne-sera-plus-comme-avant

(2) Il n’y a guère que le CCI pour parler de la «précieuse victoire» du mouvement cf. tract du 6/06/2023

(3) Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du Parti communiste, 1848, en ligne : https://www.marxists.org/f rancais/ marx/ works/ 1847/00/ mfe18470000a. htm#sect1

(4) Réforme des retraites : rien ne sera plus comme avant, art. cité.

(5) Voir sur notre site internet, «Retraites, chômage, inflation… Pour la reprise de la lutte de classe contre toutes les attaques capitalistes!»

(6) Le Point, «Macron promet aux armées un budget en hausse à 400 milliards d’euros sur sept ans», 20 janvier 2023, en ligne : https://www.lepoint.fr/politique/macron-presente-une-loi-de-programmation -militaire-2024-30-de-transformation-des-armees-20-01-2023-2505484_20.php

(7) Voir par exemple l’article suivant : https://www.news.com.au/ world/europe/france-burning-as-violent-pension-reform-protests-cause-fuel- shortages-mass- arrests/ news-story/ f2fa810e 1234c23a75aa5f52fd88afda

 

 

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