Espagne

Grève des métallurgistes à Vigo

Pour gagner, les prolétaires doivent apprendre de leurs défaites

(«le prolétaire»; N° 549; Juin-Juillet-Août 2023)

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Mardi 21 juin, les métallurgistes de Vigo, appelés à une journée de grève par les syndicats CC.OO., UGT et CIG, ont bloqué l’accès au centre d’exposition de la ville, à l’aéroport et au bureau d’immatriculation des véhicules à moteur. Ce blocage a été suivi des habituels affrontements avec la police, qui ont fait les gros titres de la presse locale et nationale. Sans atteindre la violence utilisée il y a près de deux ans lors de la grève des métallurgistes à Cadix, mais derrière le paravent de son habituelle attitude «progressiste», le gouvernement de coalition PSOE-Unidas Podemos a une fois de plus montré aux travailleurs le visage qu’il cache avec la propagande électorale. En bon serviteur de son maître, le gouvernement montre à la droite, son plus que probable successeur, la voie à suivre.

La grève des métallurgistes de Vigo a été déclenchée avec une plate-forme revendicative habituelle des mobilisations qui ont eu lieu dans le secteur ces dernières années. Premièrement, ils demandent une augmentation salariale de 4 % pour chaque année entre 2023 et 2025, c’est-à-dire pour la période de validité de la prochaine convention collective. Deuxièmement, ils demandent une réduction de la journée de travail (24 heures de moins par mois) et, enfin, des garanties pour les travailleurs en sous-traitance, qui exigent des garanties de subrogation en cas de changement d’entreprises exécutant des travaux sous-traités.

Les patrons, quant à eux, proposent une augmentation cumulée de 6% pour la même période, une réduction de 8 heures par mois, et ne veulent même pas entendre parler de garanties de subrogation. Le désaccord entre les syndicats et les patrons a conduit à la convocation d’une grève de trois jours (21, 22 et 28 juin) à laquelle sont appelés les 33.000 travailleurs employés dans le secteur de la métallurgie.

Alors que les revendications sont les mêmes que lors d’autres grèves récentes dans le secteur de la métallurgie, ce qui s’est passé lors de ces dernières devrait être évident pour les prolétaires qui descendent dans la rue pour manifester ces jours-ci. L’expérience récente est une somme de défaites, l’une après l’autre, de Cadix à la Cantabrie en passant par Guipúzcoa ou El Ferrol, qui devrait avoir un certain poids parmi les travailleurs de Vigo. Si toutes les grèves qui ont eu lieu dans le secteur de la métallurgie depuis 2021 étaient motivées par des revendications salariales, elles ont toutes été défaites dans ce domaine. Avec une inflation prévue de 21,5 % pour la période 2021-2025, les augmentations salariales obtenues sont loin d’atteindre ce chiffre : à Cadix, 2,5 % à 3 % ; à La Corogne, 6,5 % ; en Cantabrie, 6 %... À cela s’ajoute la détérioration continue des conditions de travail : augmentation des rythmes de travail, sous-traitance, ERTE comme mesure de contrôle, etc.

Comment en est-on arrivé là ? Que peut-on attendre des métallurgistes de Vigo ? On pourrait penser que si les patrons ont réussi à imposer leurs exigences, ils l’ont fait en utilisant les moyens de pression les plus durs, comme ils l’ont fait lorsque la police est entrée en tirant dans les quartiers prolétaires de Cadix. Mais, en réalité, il n’en a rien été. Si, ces dernières années, les patrons ont réussi à imposer leurs mesures aux travailleurs, c’est surtout grâce au travail des syndicats (CC.OO., UGT, etc.) qui ont d’abord réussi à contenir les grèves pour ensuite accepter de les conclure par des accords très éloignés de ce que les travailleurs demandaient. Ce fut le cas à Cadix, où les CC.OO. et l’UGT, qui n’avaient aucune représentation parmi les travailleurs de la sous-traitance qui menaient la lutte, ont liquidé l’appel à la grève par leur propre décision. Ou au Pays Basque, où ils ont réussi à isoler l’une de l’autre les grèves de Guipúzcoa et de Biscaye. Ou encore en Cantabrie, où après des semaines de grève, ils ont «demandé» l’aide de la ministre du travail Yolanda Díaz (celle-là même qui fait partie du gouvernement des chars de Cadix et des charges d’hier à Vigo) pour y mettre fin dès qu’elle a lancé une proposition totalement conforme à celle des patrons…

Dans un contexte de reprise économique difficile, d’inflation galopante, de chômage chronique que l’ERTE ne peut cacher, la bourgeoisie ne peut tolérer aucun avantage salarial pour les prolétaires. Pour elle, vaincre les prolétaires de la métallurgie est une question centrale et elle utilise toutes ses ressources pour atteindre cet objectif, pour ne pas céder à leurs revendications et surtout pour éviter que l’exemple de la lutte ne s’étende à d’autres travailleurs. A ses côtés, elle a le gouvernement et la police, les médias et les grands syndicats. Pour comprendre la véritable fonction de cette alliance entre les ennemis des travailleurs, il suffit de regarder la grève à Vigo ces jours-ci. Des appels à la grève séparés les uns des autres et pour plusieurs jours, sans continuité au-delà de trois jours, dûment annoncées administrativement pour que les patrons puissent minimiser les dommages subis...

C’est la leçon que les prolétaires métallurgistes de Vigo et les prolétaires du reste des secteurs et des régions doivent apprendre. L’ennemi de classe, le patronat, a la solidarité de toute la classe bourgeoise, il a le soutien inconditionnel de l’Etat, quelle que soit la bannière du gouvernement, de la presse... et des syndicats. Son but est de démobiliser la lutte, d’empêcher la solidarité prolétarienne, véritable racine de la force ouvrière, de limiter les grèves, d’amener les travailleurs eux-mêmes à se résigner à ne lutter que par des moyens démocratiques et civilisés, totalement inutiles pour gagner.

La vérité que l’on peut tirer de ces expériences proches dans le temps, c’est que seule la force de la classe prolétarienne peut vaincre les patrons. Et que cette force se dissout quand elle ne s’exerce pas, quand les grèves ressemblent plus à des actes de protestation impuissante qu’à une véritable lutte, menée par les travailleurs et visant à infliger le maximum de dommages à l’économie patronale ; quand les directions syndicales, véritables garantes de la politique de paix sociale qui a conduit les prolétaires à cette situation, se voient confier le début et la fin des luttes pour ne pas trop entraver le cours normal de la production dans les usines, toujours avec l’excuse qu’il vaut mieux économiser les forces et reporter la véritable lutte... à des temps indéfinis.

Les prolétaires n’ont de victoire possible que s’ils reprennent le chemin de la lutte de classe, avec des moyens et des méthodes fondés sur la confrontation directe avec l’ennemi, sur la solidarité au-delà des usines, des secteurs ou des régions, sur l’organisation de classe et indépendante, dans la lutte pour des revendications qui unissent tous les prolétaires dans un objectif commun

 

Augmentation des salaires pour tous les travailleurs, plus forte pour les plus mal payés !

Réduction drastique du temps de travail pour tous les travailleurs !

Contre la nocivité sur le lieu de travail !

Pour la défense des conditions de vie, de travail et de lutte du prolétariat !

Pour la solidarité de classe entre tous les prolétaires !

 

22/06/2023

 

 

Parti Communiste International

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www.pcint.org

 

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