Points de repère sur la question palestinienne

(«le prolétaire»; N° 550; Sept.- Oct.-Nov. 2023)

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Nous publions ce texte vieux de plus de 30 ans parce qu’il donne notre orientation générale sur la question. Mais si cette orientation reste toujours valable, depuis le moment où il a été rédigé (1989)  des choses ont changé sur le terrain; l’OLP et les organisations nationalistes ont achevé leur trajectoire en abandonnant la lutte pour s’installer dans le maintien du statuquo et de l’ordre impérialiste régional; quant à la perspective d’un «mini Etat» palestinien elle a laissé la place à la réalité d’une «autonomie» misérable et sous la coupe israélienne, gérée par les débris des organisations nationalistes, jusqu’à ce qu’à Gaza elles aient été chassées par les Islamistes du Hamas. En l’absence de la renaissance d’un mouvement prolétarien anticapitaliste au niveau international et dans la région, c’est cette organisation qui s’y est imposée contre le pouvoir corrompu de l’OLP et y a imposé son ordre réactionnaire. Pas plus que les anciennes organisations nationalistes elle ne représente une solution pour les prolétaires et les masses palestiniennes, ne serait-ce que sur le plan de la lutte contre l’oppression nationale; sa stratégie est de faire appel au soutien des pays arabes et musulmans bien que depuis des décennies ces derniers ont démontré que le sort des Palestiniens est le cadet de leurs soucis. Comme nous l’écrivions la seule perspective pour mettre fin au calvaire des prolétaires et des masses pauvres est celle de la révolution communiste internationale abattant tous les Etats de la région et du monde.

 

 

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1. Dénonciation du rôle du nationalisme palestinien comme diversion et antidote a la lutte de classe.

Ce nationalisme est un cadavre politique depuis une vingtaine d’années, mais ce cadavre «marche encore» et intoxique les prolétaires. Au lieu de souhaiter sa relance sous une version «de gauche», qui ne pourrait avoir que l’apparence de son radicalisme défunt, nous voyons plutôt un fait positif dans l’évolution vers le modérantisme de tous ses courants jusqu’aux plus «extrémistes»; et nous constatons le fait, selon nous salutaire, de la capitulation finale de l’OLP pour inciter les prolétaires à y lire ce que leur crie le cours même des choses: toute solution de race et de nation étant écartée, l’unique voie de salut est celle de la lutte de classe intransigeante jusqu’à la destruction de tous les Etats de la région et l’instauration de la dictature du prolétariat. Palestine ne vaincra pas; c’est la révolution prolétarienne qui vaincra !

 

2 . Dénonciation du caractere réactionnaire du mini-Etat palestinien.

Les conséquences d’une telle «solution» ne pourront en effet qu’être négatives du point de vue de l’évolution de la lutte de classe, tant parce qu’il tendrait à confiner dans un ghetto la fraction la plus avancée et la plus combative du prolétariat de toute la région pour l’empêcher de «contaminer» les autres, que parce qu’il signifierait une atténuation de la pression exercée sur Israël par les masses palestiniennes déshéritées et donc éloignerait dans le temps le moment où, là aussi, se fracturera le front de classes, permettant enfin aux ouvriers israéliens de tendre la main à leurs frères de classe palestiniens .

Le seul côté éventuellement positif d’un mini-Etat serait de «démasquer» la bourgeoisie palestinienne comme classe ennemie, aux yeux des classes exploitées, mais cela n’a rien d’automatique. Au contraire s’il n’existe pas une force politique, le parti de classe, qui dénonce le nationalisme dès le début et lui oppose dès le début une ligne de classe (ce qui n’est évidemment pas le cas actuellement), il est inévitable que la désillusion qui suivra immanquablement la formation de cet «Etat indépendant» n’entraînera pas une impulsion à la lutte contre la bourgeoisie, mais débouchera plutôt sur l’abattement et la léthargie pour une durée qu’on ne peut prévoir.

Ce que nous pouvons dire dès maintenant, c’est que l’Etat-galère qui se dessine à l’horizon ne pourra jamais absorber la totalité des masses palestiniennes de la diaspora. Les palestiniens, les prolétaires palestiniens, ne pourront tous trouver place dans le ghetto. Ce qui signifie que les Etats de la région qui ont avalé la Palestine, ne pourront réussir à la digérer, même avec le réactionnaire mini-Etat.

 

3. Dénonciation de la tactique ultra-pacifiste suivie par l’OLP avant et pendant l’intifada comme organisation délibérée du massacre des prolétaires palestiniens.

En d’autres termes, l’OLP laisse faire aux tueurs israéliens le «sale boulot» de massacrer, d’épuiser moralement et économiquement les opprimés des territoires occupés. Si ce mini-Etat se constitue, ce sera après que le prolétariat palestinien aura été suffisamment assommé par les compères israéliens. Voilà pourquoi l’OLP ne se dirige vers «l’Etat indépendant» qu’au ralenti. L’impudence de cette «normalisation» des masses pauvres palestiniennes est à dénoncer sans hésitations ni ménagements.

 

4. Réaffirmation  du fait que la révolution prolétarienne dans toute la région est la seule voie pour résoudre y compris la question palestinienne, dans le sens que seule la dictature du prolétariat sera en mesure d’assurer aux palestiniens s’ils le désiraient encore, de s’organiser en un Etat indépendant. Ce qui n’exclut pas, mais implique que le Parti défende et soutienne la perspective opposée, celle de la libre union des diverses nationalités du Moyen-Orient en un Etat prolétarien le plus vaste possible.

 

5. Réaffirmation de la nécessité de la formation du parti politique de classe sur la base du programme, des thèses et des enseignements du mouvement communiste international fixés au début des années 20 dans les 3 premiers congrès de l’Internationale communiste. Cette formation ne peut arriver que par la rupture ouverte avec les fausses perspectives d’émancipation de type démocratique, pluraliste, autonomiste, pacifique; elle ne peut arriver qu’en soudant les étincelles de conscience de classe provoquées par la lutte des masses palestiniennes au solide programme communiste et à la doctrine marxiste restaurés par la Gauche communiste dans ses batailles de classe contre le stalinisme et toutes les variantes opportunistes, qu’elles soient social-démocrates, populistes ou nationales; elle ne peut arriver sans se relier au fil historique d’activité militante de la Gauche communiste dite italienne en particulier, au long de son travail pour la reconstitution du parti, communiste et international, organe politique de la classe révolutionnaire moderne.

Réaffirmation en même temps, que la lutte contre l’oppression nationale des prolétaires palestiniens doit emprunter une voie opposée à celle du nationalisme, même le plus radical. Il s’agit d’une bataille qui doit être orientée et livrée sur le terrain plus général de la lutte de classe, en déplaçant la lutte des prolétaires du terrain de la conquête d’une patrie au terrain de la lutte anti-bourgeoise contre toutes les discriminations entre prolétaires de différentes nationalités ou confessions sur le plan des salaires, des conditions de vie et de travail, des droits politiques et syndicaux.

 

6.  Réaffirmation du fait que les frères de classe «naturels» du prolétariat palestinien, les prolétaires arabes de la région ne trouveront jamais la voie de la solidarité de classe et de leur propre émancipation du joug de bourgeoisies nationales répressives et vampires (comme l’ont illustré les grèves d’Egypte, les émeutes du pain au Maroc ou en Tunisie et dernièrement la révolte prolétarienne en Algérie) s’ils ne rompent pas définitivement les liens idéologiques politiques et organisationnels avec «leurs» bourgeois et petits-bourgeois. Ceux-ci ont utilisé et utilisent encore contre les prolétaires et les opprimés le «panarabisme», l’idéologie religieuse ou de prétendus socialismes nationaux représentés par le champion du double jeu Kadhafi ou le très démocratique président assassin Chadli Bendjédid. Le «facteur national arabe» pouvait être un des éléments unifiants pour des populations de nomades et de marchands plus que pour des populations de sédentaires et de paysans, dans une époque historique qui va de l’écroulement de l’empire ottoman à la seconde guerre mondiale. Il a désormais épuisé toute potentialité de progrès historique dans la vaste aire qui va du Proche Orient à l’Atlantique en couvrant le Nord de l’Afrique en raison d’une série d’éléments qui comprennent:

- le type de développement de la région, arriéré pour ce qui de l’entreprise industrielle et agraire, ultramoderne pour ce qui est l’extraction de matières premières, voire du capital bancaire,

- le type de répartition du territoire en Etats nationaux davantage fondée sur le passé colonial que sur la localisation de populations indigènes souvent nomades.

- le type de classes bourgeoises (plus «compradores» qu’industrielles) engendrées par le développement contrasté du mode de production et des formes de capitalisme et par la persistance de résidus féodaux, théocratiques, tribaux jamais complètement éliminés. La formation même d’un prolétariat peu concentré dans des usines ou des complexes industriels et éparpillé sur de vastes territoires où se trouvent les richesses du sous-sol, reflète un processus de développement de la région absolument dépendant du marché mondial, du prix des matières premières que seuls les grands pays capitalistes peuvent utiliser, et tendanciellement instable à l’intérieur et dans les rapports inter-étatiques de la région.

Cependant, si faibles que soient les classes bourgeoises et prolétariennes le saut historique dans le capitalisme est désormais accompli et la réalité des Etats bourgeois arabes actuels est celle d’intérêts de classe de bourgeoisies nationales contre d’autres bourgeoisies nationales et non pas d’un «facteur national arabe» désormais impuissant, chaque bourgeoisie tendue vers l’exploitation de «ses» prolétaires arabes aussi bien que coréens, indiens, pakistanais, africains, etc., dans les riches régions pétrolifères.

 

7. Réaffirmation qu’un front de lutte entre prolétaires juifs d’israël et les prolétaires palestiniens est impossible tant que les premiers ne rompront pas les liens qui les attachent à leur bourgeoisie et que pour rompre avec leur bourgeoisie les prolétaires israéliens juifs et doivent se désolidariser de l’oppression nationale exercée sur les palestiniens. Il n’y a pas de pire malheur pour un peuple que d’en subjuguer un autre, disait Marx à propos de l’oppression anglaise sur l’Irlande. Pour sortir de leur situation, malheureuse du point de vue de la lutte de classe, les prolétaires israéliens juifs devront se placer sur le double terrain de la lutte contre les discriminations envers les prolétaires palestiniens et arabes dans leurs conditions de vie et de travail (donc contre le confessionalisme de l’Etat Israéliens), et de la défense du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, c’est-à-dire du droit de tous les palestiniens à constituer leur Etat en Palestine.

 

8. La nécessaire solidarité des prolétaires et des communistes d’occident avec les prolétaires palestiniens ne signifie pas crier plus fort que les autres le slogan «vive la lutte pour l’indépendance nationale palestinienne», mais signifie travailler pour la reprise ici de la lutte de classe et pour la formation d’un parti communiste international compact et puissant.

C’est en effet la seule voie pour pouvoir tendre une main fraternelle aux prolétaires palestiniens, étant donné que l’aide que nous pouvons leur offrir consiste à leur fournir un point de référence visible de bataille anti-bourgeoise à laquelle s’accrocher, ou n’est que pure démagogie.

Il faut donc comprendre que le prolétariat palestinien - et avec lui les prolétaires de toute la région touchée par la lutte palestinienne - sera inévitablement prisonnier des objectifs et des moyens du nationalisme bourgeois, tant qu’un mouvement social prolétarien dans les pays impérialistes - dans «nos» pays occidentaux - ne se manifeste pas pour défier finalement la bourgeoisie nationale de tous les pays sur le terrain de la lutte de classe.

 

 

Parti Communiste International

Il comunista - le prolétaire - el proletario - proletarian - programme communiste - el programa comunista - Communist Program

www.pcint.org

 

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