L’antisémitisme fait partie de l’idéologie bourgeoise

(«le prolétaire»; N° 551; Décembre 2023 - Janvier 2024)

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Ces deux derniers mois, beaucoup de bruit a été fait autour des accusations d’antisémitisme portées contre tous ceux qui se sont levés pour soutenir le cri du peuple palestinien assassiné (nous notons, par exemple, que parmi les plus de dix mille victimes, il y a plus de quatre mille enfants, dont nous doutons fortement qu’ils puissent être des sinistres terroristes). Dans la continuité et la cohérence historiques qui le caractérisent, notre Parti se voit donc contraint de souligner le caractère essentiellement bourgeois de ces attaques idéologiques, puis, de rappeler dans la pratique comment le mouvement réel de l’Histoire s’est développé indépendamment de ces accusations. Notre position sur la Palestine est en effet bien connue, et a été rappelée dans le dernier numéro du prolétaire dans l’article «Points de repères sur la question palestinienne»: le refus du compromis bourgeois d’un «État national palestinien» (et nationaliste, démocratique, capitaliste, etc. etc.) et l’appel, historiquement lancé dès 1848 par nos maîtres – Marx et Engels - aux prolétaires, pour qu’ils s’unissent dans le monde entier dans une lutte sur une base fondamentalement de classe. Aucune forme d’antisémitisme, pas plus que toute autre forme de racisme, ne peuvent être déduite de ces positions.

En réalité, l’accusation d’antisémitisme est enracinée dans le temps. Depuis la publication de notre texte «Auschwitz, ou le grand alibi», les idéologues de la bourgeoisie et du stalinisme faussement prolétarien nous ont accusés de nier la responsabilité directe du fascisme naziste dans l’holocauste. Nous avons toujours répété ceci : «Refusant de voir dans le capitalisme lui-même la cause des crises et des cataclysmes qui ravagent périodiquement le monde, les idéologues bourgeois et réformistes ont toujours prétendu les expliquer par la méchanceté des uns ou des autres.» (1) Même dans ce cas, entre les missiles tirés avec le soutien du Hezbollah et de l’Iran par les réactionnaires du Hamas et les bombes lancées sans discernement par l’armée sioniste sur les hôpitaux, les écoles et les maisons, les démocrates de toutes les nations veulent voir que la méchanceté de tel ou tel groupe, ethnique ou politique et non pas la responsabilité du capitalisme en tant que système social, en tant que mode de production. Dans ce cas, l’incapacité de l’idéologie démocratique à reconnaître les responsabilités réelles, montre également comment l’accusation d’antisémitisme peut être utilisée comme un instrument armé contre les positions qui défient l’ordre établi. Pour empêcher la manifestation de positions classistes autour de la question palestinienne, l’idéologie démocratique (que nous abhorrons) dégaine à chaque instant l’arme mystique de l’antifascisme pour donner l’illusion que la solution aux problèmes sociaux serait la défaite du fascisme également bourgeois, de même qu’elle utilise l’écran des condoléances pour l’extermination des Juifs (peu importe, apparemment, que le «monde démocratique» lui-même n’ait rien fait au moment de la Seconde Guerre mondiale, sachant pertinemment ce qui se passait).

Nous avons des preuves directes de la manière dont un antifascisme vide de sens dans l’opinion publique peut être utilisé comme une arme de répression. En fait, nous lisons dans le quotidien Il Manifesto que le gouvernement fédéral allemand, confronté à des manifestations massives de soutien au peuple palestinien, a réagi d’abord avec des matraques et ensuite en interdisant non seulement toute assemblée, mais aussi de se présenter dans les écoles en portant le traditionnel keffieh. Le groupe de presse Bild aurait commencé à publier, entre autres, des listes de présumés «amis du Hamas» (2). Toute manifestation de désaccord contre un massacre systématique de civils comme celui qui se produit à Gaza est interdite, précisément sous le prétexte de l’antifascisme : pour les démocrates cela conduit à un court-circuit fatal. Au nom de la démocratie, ils se voient contraints de réprimer la dissidence. Tout cela peut sembler contradictoire seulement si l’on croit que la démocratie est fondamentalement différente du fascisme en raison de sa nature de classe, ce que nous nions catégoriquement. Comme nous l’avons dit ailleurs : «6. Nous nions que la «démocratie» et le «fascisme» correspondent à des types de société différents, liés à des modes différents de la vie et de l’activité sociales. Nous affirmons que se sont seulement deux formes différentes de l’Etat bourgeois, assurant l’une comme l’autre, la domination du capital et de son fonctionnement, mais dans des conditions différentes.» (3). Ce qui importe donc à la bourgeoisie, c’est le maintien de la domination de classe, et non les droits et les libertés.

Mais ces accusations d’antisémitisme contre ceux qui, comme nous, sont horrifiés par le massacre sont totalement déplacées. Les actes le démontrent, bien mieux que les paroles. Si en effet tous les manifestants qui ont voulu se mobiliser contre le massacre des Palestiniens (souvent avec des positions nationalistes bourgeoises, mais parfois avec une compréhension partielle du problème social de l’impérialisme dans son ensemble) étaient en fait mus par une forme cryptique et cachée d’antisémitisme, comment ce qui s’est passé à Washington a-t-il pu être possible ? Des milliers de Juifs se sont mobilisés, en réponse à la situation palestinienne, pour exprimer leur désaccord face aux actions criminelles du sionisme, en occupant le Congrès, provoquant parmi eux 300 arrestations (4). Apparemment, pour l’idéologie démocratique bourgeoise, il s’agirait ainsi de «Juifs antisémites». L’absurdité des revendications antifascistes est démontrée encore une fois, et plus encore que dans nos paroles, que nous répétons depuis des décennies, dans leur réalisation. L’un des représentants de la manifestation a également déclaré que «nous ne permettrons pas que notre peur de l’antisémitisme soit manipulée», encadrant de manière décisive la manière dont les campagnes de la bourgeoisie contre la dissidence politique sont combattues non seulement par des arrestations, des persécutions et des meurtres, mais aussi en tirant une chape idéologique bourgeoise, dans une tentative générale de manipuler l’opinion publique.

La bourgeoisie peut continuer à agiter ses maudits  étendards (démocratie, antifascisme, légalité, collaborationnisme), en trompant ceux qui, dans cette phase historique, n’ont pas encore compris de manière décisive comment les choses se passent. Nous, en tant que Parti communiste international, donc anti-nationaliste, anti-démocratique, classiste et prolétarien, nous continuerons notre travail pour démasquer la nature bourgeoise des mensonges que la classe des patrons tente de déverser sur le prolétariat, aujourd’hui comme il y a cinquante ans. Et le prolétariat, opprimé par deux siècles et demi de domination bourgeoise et cent ans de collaboration de classe, n’a pas encore compris aujourd’hui combien les calomnies des propagandistes du capitalisme ne sont proférées que pour augmenter sa méfiance en ses propres forces, dans la seule lutte qui le mènera à l’émancipation, la lutte de classe. Et lorsque la lutte de classe reprendra d’une manière générale, le prolétariat prouvera sa valeur non pas dans les sophismes creux de la discussion démocratique, mais dans l’action révolutionnaire concrète, dans l’insurrection générale, dans la certitude de ses objectifs historiques.

Pour cela, le rôle du Parti, de la dictature de classe, du marxisme révolutionnaire, qui a fourni et continue de fournir à la classe ouvrière des leçons immuables pour la conquête de son pouvoir, reste fondamental. Ainsi, toutes les impostures que la bourgeoisie a composées pour empêcher son renversement sombreront également.

 


 

(1) «Auschwitz, ou le grand alibi», publié dans le n° 11, 1960 de notre revue théorique programme communiste et republié sous forme de brochure par la suite.

(2) Un mauvais air souffle sur Berlin, Il Manifesto, p. 4, 20 octobre 2023.

(3) «Auschwitz ou le grand alibi : Ce que nous nions et ce que nous affirmons», le prolétaire, n° 437, 1996, texte repris avec d’autres sur ce sujet dans notre brochure «A propos de la polémique sur notre texte Auschwitz ou le grand alibi : Ce que nous nions et ce que nous affirmons»

(4) «USA, ebrei pacifisti invadono il Congresso, arrestati in 300», il Manifesto, p. 5, 20 ottobre 2023.

 

 

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