Pas un homme, pas une goutte de sang prolétarien pour l’Essequibo !
(«le prolétaire»; N° 551; Décembre 2023 - Janvier 2024)
Ces dernières semaines, au Venezuela, un vent de fureur chauvine s’est déchaîné, prenant comme base un vieux litige sur la propriété de la région du fleuve Essequibo (en Guyana), au point que les dirigeants chavistes dénoncent leurs opposants internes – les rares qui s’opposent ouvertement à une agression militaire contre la population guyanaise – comme criminels « traîtres à la patrie ». Tout, ou presque, l’arc politico-électoral, y compris le principal leader de l’opposition, Machado, s’est rassemblé dans une union nationale avec les dirigeants chavistes, une plate-forme interclassiste, promue par Chavez de son vivant, la très désirée « Sainte Alliance ». Tout le monde a obéi à l’unanimité à l’appel à la défense du pays lancé par Maduro, Cabello, Rodriguez, etc.
Caracas se dit victime d’une usurpation territoriale commise il y a plus de deux siècles, alors qu’aujourd’hui Georgetown est la cible de toutes ses provocations et agressions. Pour augmenter la tension, Rodriguez, le président de l’Assemblée nationale du Venezuela, accuse la petite Guyana d’agression contre le Venezuela ! Le point culminant des provocations a été atteint avec l’appel à la population vénézuélienne à un référendum belliqueux (au moyen d’un questionnaire archi-partial) pour exiger l’annexion du territoire contesté par le gouvernement vénézuélien, au point de provoquer la réaction du Premier Tribunal de l’ONU qui a ordonné (sic) à Caracas de « ne pas continuer à aggraver » le différend sur le territoire d’Essequibo.
Les premiers résultats du référendum donnent clairement la victoire au « oui » avec dix millions de voix – très contestées. Curieux que les habitants guyanais de la zone contestée n’aient pas été invités à cet évènement, puisque c’est d’eux qu’il s’agit... Un autre objectif du référendum serait d’anticiper et d’apaiser les tensions sociales au Venezuela, pour l’instant de faible intensité.
De fait, la seule chose qui pourrait expliquer cette escalade d’agressions est la crise économique qui continue d’exister au Venezuela malgré la réduction de la pression économique exercée par le gouvernement Biden, ainsi que la découverte et l’exploitation soudaines de pétrole et de minéraux dans la zone contestée d’Essequibo, qui suscite un grand intérêt à Caracas (1). Cela faisait longtemps que le sujet de l’Essequibo n’avait pas été abordé, peut-être depuis les années 80 du siècle dernier. Jusqu’alors, Caracas n’avait accordé que peu d’intérêt à la discussion et à la résolution de cette querelle coloniale (2).
Quelle que soit l’issue de cette confrontation, pour les masses prolétarisées de la région et de chaque côté de la frontière, leur sort ne changera pas. Et si fortement que les dirigeants chavistes exploitent le sentiment nationaliste, cela ne fera que calmer momentanément la vie misérable endurée par le prolétariat des deux pays. Bien naïf serait le prolétaire qui penserait que peu importe les sacrifices pourvu que soit battu « l’empire ».
Non à l’unité nationale pour annexer une partie de la Guyana !
Notre premier ennemi n’est pas l’impérialisme américain ou l’impérialisme anglais, c’est le capitalisme vénézuélien qui plonge les prolétaires dans la misère et oblige des millions de personnes à fuir la « patrie » de la bourgeoisie pour vivre !
La seule guerre souhaitable et nécessaire n’est pas la guerre impérialiste pour s’emparer du pétrole et des matières premières de la Guyana, mais la guerre des classes pour renverser la bourgeoisie, détruire son État et établir la dictature du prolétariat.
Les prolétaires n’ont pas de patrie, ils n’ont que leurs chaînes à perdre et un monde à gagner !
(1) La Guyana est un petit pays, dont les 2/3 du territoire sont revendiqués par le Venezuela et où abondent les ressources naturelles indispensables aux produits industriels et technologiques actuels. En 2015, d’importants gisements de pétrole et de gaz ont été découverts (mais aussi du coltan, du lithium, de l’or, du diamant, de l’uranium, etc.) qui depuis ont été exploités par la République Coopérative de Guyana, créant depuis 3 ans un véritable boom économique dans la région, augmentant considérablement le PIB du petit pays – et proportionnellement les appétits de Caracas, évidement avide de devises étrangères.
(2) À cette époque (XVIe - XVIIe siècle), le Venezuela n’existait qu’en tant que capitainerie générale du Venezuela sous les ordres de l’Empire espagnol. Les grandes guerres d’indépendance américaines ont affaibli le contrôle exercé par l’Espagne, permettant au Royaume-Uni d’entrer dans la mêlée et de s’emparer de vastes territoires comme l’Essequibo en question. En définitive Caracas ne revendique qu’un territoire pris à l’époque à l’Espagne. L’Espagne serait-elle désireuse, aujourd’hui, de réclamer l’Essequibo à l’Angleterre, pour ensuite le céder au Venezuela ? Bref, toute une marée d’alternatives, toutes plus risibles les unes que les autres.
3/01/2024
Parti Communiste International
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