Le capitalisme s’arme toujours plus

Il faut le combattre par la guerre de classe !

(«le prolétaire»; N° 552; Février-Mars-Avril 2024)

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Comme toujours, l’industrie de l’armement fait des affaires en or sur la peau des milliers de morts dans les guerres que les États impérialistes ne cessent de provoquer. Avec le développement de l’impérialisme, les dotations militaires sont devenues un point central de la politique extérieure des États bourgeois, tant dans les achats que dans les ventes.

Les medias français ont enregistré avec satisfaction que selon le dernier rapport du SIPRI (institut suédois de recherche sur la production et la vente des armes dans le monde) la France serait passée au deuxième rang mondial des pays exportateurs d’armes sur la période 2019-2023, juste devant la Russie.

Il va sans dire que les États-Unis sont toujours les plus grands exportateurs d’armes, en particulier vers les pays européens et Israël. En 2023, les exportations d’équipements militaires américains, par rapport à 2022, ont augmenté de 16%, pour atteindre un total de 238,4 milliards de dollars. Les armes américaines sont à destination principalement de l’Allemagne et la Pologne. L’Allemagne, bien qu’elle compte sur l’une des plus grandes industries d’armement au monde – Rheinmetall (qui a vu sa cotation boursière augmenter de 244 % au cours des deux dernières années 2022-2023), est l’une des principales usines de canons, de chars et de bombes – a signé des contrats avec les États-Unis pour les hélicoptères CH-47F Chinook (8,5 milliards de dollars) et les missiles air-air à moyenne portée AIM-120C-8 (3 milliards de dollars). La Pologne a signé un accord avec les États-Unis pour 30 milliards de dollars (hélicoptères AH-64E Apache, systèmes de missiles d’artillerie à grande portée – utilisés par Kiev pour frapper le territoire russe –, systèmes de commande intégrés pour la défense antiaérienne et antimissile, chars M1A1 Abrams). Et puis il y a la République tchèque (avions F-35 et munitions pour 5,6 milliards de dollars), la Bulgarie (avions Stryker pour 1,5 milliard de dollars), la Norvège (hélicoptères multi-missions MH-60R pour 1 milliard de dollars) et ainsi de suite pour les autres pays européens membres de l’OTAN.

En ce qui concerne l’Ukraine, la Maison-Blanche, depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, a déjà soutenu militairement Kiev à hauteur de 44,2 milliards de dollars et elle est en train de discuter d’un nouveau paquet de 60 milliards de dollars qui prévoit des fournitures militaires non seulement à l’Ukraine, mais aussi, à l’occasion de la nouvelle guerre au Moyen-Orient, à Israël.

Sur les cinq années 2019-2023, les États-Unis représentaient 42 % des exportations mondiales d’armes (part en augmentation de 17% sur les 5 années précédentes) et leur marché était constitué de 100 pays, d’abord l’Arabie Saoudite, puis le Koweït, le Qatar, l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, les Pays-Bas, la Norvège, le Royaume-Uni, etc. La France était à deuxième place avec 11 % de part mondiale (plus 47% !), les premiers débouchés étant l’Inde et le Moyen-Orient. La Russie occupait la troisième place, avec elle aussi 11% de la part mondiale ; avec la guerre en Ukraine, elle a dû enregistrer une forte baisse de ses exportations d’armes : -53%, mais ses principaux débouchés restent l’Inde, la Chine, l’Egypte et l’Algérie. Puis c’est autour de la Chine – qui dépasse de très peu l’Allemagne – avec 5,8% (-5,3%) ; son marché principal est le Pakistan (61% de ses ventes), suivi du Nigeria, du Bangladesh, de la Birmanie, etc. Vient ensuite l’Allemagne, avec 5,6 % des exportations mondiales (-14%). Les Allemands exportent principalement des sous-marins vers l’Asie et l’Océanie, mais leur premier client est l’Égypte. Pour l’Italie, sixième exportateur mondial d’armes avec 4,3% (augmentation record de 86%), le principal marché est également l’Égypte, suivie du Qatar, de la Turquie, du Koweït et du Turkménistan. Viennent ensuite le Royaume-Uni, avec 3,7 % de part mondiale (-14%), qui vend également principalement au Moyen-Orient, en Arabie saoudite et au Qatar, puis en Inde ; l’Espagne avec 2,7% occupe la huitième place du classement mondial des exportations d’armes et ses principaux marchés sont l’Australie, la Belgique et les États-Unis. Israël est au neuvième rang (2,4%) ; ses principaux marchés sont l’Inde et les États-Unis. Avec 2 % de la part mondiale, la Corée du Sud, dont les principaux débouchés sont les Philippines, suivis de l’Inde, de l’Indonésie, de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande ferme le top dix des fabricants mondiaux de massacres.

Les cinq premiers exportateurs mondiaux d’armes couvrent 75% du marché mondial et ont encaissé en moyenne 85 milliards de dollars par an au cours des quatre dernières années. Au cours de la même période, les conflits armés ont causé la mort de dizaines de milliers de civils, fait 90 millions de déplacés dans le monde et affamé 117 millions de personnes dans 19 pays.

On ne peut pas parler d’armements en excluant les armes atomiques. Selon les dernières estimations de la Federation of American Scientists (FAS, ONG américaine née en 1945), en 2022, le nombre total d’ogives nucléaires à la disposition des armées aurait été de 9.440, dont environ la moitié se trouvait dans les arsenaux russes (4.477), suivis des États-Unis (3708), puis de l’Europe : France (290) et Royaume-Uni (180) ; au Moyen-Orient, la seule puissance atomique est Israël (90), mais on sait que l’Iran n’est pas très éloigné de disposer lui aussi d’armes atomiques, tandis qu’en Asie, il y en a quatre : Chine (350), Pakistan (165), Inde (160) et Corée du Nord (20).

Par rapport à la situation qui prévalait entre les années 60 et 80, il n’y a pas de comparaison : l’U.R.S. avait à elle seule plus de 40 000 ogives nucléaires et les États-Unis plus de 31 000. Le développement des technologies militaires liées à la fabrication, au transport, à l’installation d’armes nucléaires, aux systèmes de riposte automatique, etc. – en arrivant à ce que l’on a appelé les « armes nucléaires tactiques », dont on peut contrôler, dans une certaine mesure, l’effet de destruction – permettait de disposer d’armes moins nombreuses mais plus utilisables et plus efficaces, passant ainsi – après les effets des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki – d’une fonction presque exclusivement dissuasive à un usage plus pratique sur le champ de bataille.

En outre, la technologie militaire a atteint des niveaux de massacre potentiels même en l’absence de bombes atomiques : il suffit de penser aux bombes chimiques, aux bombes au phosphore utilisées par les Américains en Irak, aux bombes incendiaires ou à fragmentations utilisées par les Américains et les Britanniques en Bosnie, au Kosovo et en Serbie (ainsi que dans la guerre actuelle en Ukraine), aux projectiles à l’uranium appauvri pour lesquels non seulement les civils et les soldats « ennemis » sont tombés malades et sont morts, mais aussi les « nôtres » envoyés là-bas en «mission de paix»

Les bourgeoisies de tous les pays, et surtout les bourgeoisies impérialistes, utilisent la propagande de l’horreur pour terroriser les armées ennemies et les populations impliquées dans leurs guerres, et elles utilisent la propagande du terrorisme nucléaire pour soumettre surtout les prolétaires de leur propre pays et des pays «ennemis» aux exigences de plus en plus «vitales» du capitalisme, pour lesquelles il devient de plus en plus «nécessaire» d’investir des milliards pour moderniser leurs forces armées, pour les renforcer et les rendre toujours plus efficaces, aussi bien dans les techniques militaires que dans les équipements et les armements. La guerre n’est plus une exception, elle est présente constamment, elle fait partie de la vie quotidienne des populations directement et indirectement impliquées, qu’elles le veuillent ou non. Le capitalisme c’est la guerre : guerre de la concurrence, guerre de l’information, guerre économique, guerre financière, guerre monétaire, et guerre tout court. Les contradictions du système économique et social capitaliste sont destinées à s’amplifier, à devenir de moins en moins prévisibles, à s’accumuler en quantité et en qualité ; elles brisent sans cesse les équilibres temporaires par lesquels la politique bourgeoise, dans tous les pays, tente de mettre sa « forteresse » économique et sociale à l’abri des conséquences les plus désastreuses de ces contradictions.

Une force extérieure au capitalisme, capable de s’opposer frontalement aux conséquences de son mode de production, à ses contradictions, à ses guerres, n’existe pas : ni force surnaturelle, ni dieu, ni pouvoir spirituel qui surgiraient en dehors du capitalisme. Les contradictions du capitalisme ne sont pas créées en dehors de son système économique et social, elles sont toutes internes au capitalisme. C’est pourquoi elles ne peuvent être résolues que par des forces réelles, matérielles, existant à l’intérieur même du capitalisme, qui ne sont rien d’autre que les forces productives que le capitalisme lui-même a créées et développées dans une société où deux puissantes classes sociales s’affrontent: la classe bourgeoise, qui domine aujourd’hui le monde entier, et la classe du prolétariat, des salariés, dont la classe bourgeoise tire de l’exploitation économique et sociale sa domination. Une domination qui demeurera incontestée jusqu’à ce que, comme cela a été le cas au cours des siècles passés, les contradictions mêmes de la société actuelle, exerçant une pression irrésistible sur les formes économiques, sociales et politiques que la bourgeoisie s’efforce frénétiquement de renforcer après chaque crise, détruisent la structure d’acier dans laquelle elle retient captives les forces productives du monde entier.

Alors, comme dans une gigantesque éruption volcanique, les forces vives de la société, les forces productives représentées par le prolétariat, seront poussées à ouvrir une brèche dans la structure d’acier bourgeoise : plus les contradictions sociales se seront accumulées, plus la force éruptive du prolétariat brisera puissamment toutes les barrières avec lesquelles la classe bourgeoise tentera d’entraver et d’arrêter la marée rouge révolutionnaire. Oui, révolutionnaire, car la même force productive que la bourgeoisie a créée en l’expropriant de toute réserve, de toute propriété, de tout droit, de toute liberté, pour pouvoir l’exploiter comme force de travail salariée jusqu’à la mort, sera la force sociale qui transformera la guerre de concurrence, la guerre de l’information, la guerre économique, la guerre financière, la guerre monétaire, la guerre menée dans le seul but d’opprimer les nations et les populations, en guerre de classe, en une guerre qui n’aura plus pour but de faire prévaloir certaines puissances impérialistes sur le reste du monde ; elle n’aura plus pour but de redonner vie au capitalisme, après qu’il ait ravagé la moitié du monde, pour que recommence une nouvelle période de tourment pour les milliards de prolétaires qui peuplent la planète, mais de révolutionner de fond en comble la société actuelle, de telle sorte que la nécessité vitale ne soit plus l’exploitation de l’homme par l’homme, mais la liberté de vivre dans une société positive et harmonieuse.

Et alors il n’y aura pas de bombe atomique qui puisse arrêter le mouvement volcanique du prolétariat mondial : dans la guerre de classe, il y aura sans doute des morts, mais pour que l’espèce humaine jouisse pleinement de la vie et non pour qu’elle soit condamnée à des massacres continuels.

 


 

(1) https://www.sipri.org/sites/default/files/2024-03/fs_2403_at_2023.pdf

(2) Une enquête de « l’Observatoire Militaire » italien rapportait ces données : militaires morts 366, malades 7.500 ; aucune reconnaissance ni indemnisation de la part de l’État italien, sauf pour quelques-uns et après de nombreuses procédures judiciaires. Cf. « Uranio impoverito : colpa di stato », balcanicaucaso.org, 6/5/19.

 

 

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