Manouchian au Panthéon :
Nouvelle confirmation du caractère bourgeois de la lutte des partisans
(«le prolétaire»; N° 552; Février-Mars-Avril 2024)
Le 21 février dernier Manouchian entrait en grande pompe au Panthéon en tant que «mort pour la France». Des représentants de tous les partis, y compris le Rassemblement National de Marine Le Pen, étaient présents à cet « hommage de la nation ».
Selon une déclaration de Fabrien Roussel, secrétaire général du PCF (L’Humanité du 21/02/2024), la panthéonisation de Manouchian et de son épouse, représentant les 16 fusillés de son groupe, « est un honneur pour les communistes et la réparation d’une injustice ».
Pour de véritables communistes, un tel « hommage solennel de la nation » bourgeoise et impérialiste, coupable d’innombrables crimes (il suffit de se souvenir du génocide au Rwanda dont elle a été complice il y a 30 ans) serait une honte indélébile, pas du tout un honneur comme pour ces faux communistes!
De leur côté les trotskystes ont en général dénoncé une manœuvre politique de Macron dans cette panthéonisation – un «détournement» du combat de militants « communistes et internationalistes », comme l’écrit Révolution Permanente (1). En réalité si opération politique il y a sans doute, il n’y a par contre aucun détournement.
Réfugié arménien, rescapé du génocide de 1915 commis par les forces ottomanes, Manouchian était un authentique prolétaire ; le PCF auquel il adhéra en fit un militant stalinien convaincu justifiant les procès de Moscou et un patriote français défilant avec le drapeau bleu blanc rouge (bien que les autorités lui aient refusé en 1933 sa naturalisation parce qu’il était au chômage!) et engagé volontaire en 1939. Pendant la guerre il devint le chef d’un groupe de partisans FTP -MOI (« Main d’Œuvre Immigrée ») organisé par le PCF.
Ce dernier avait abandonné son discours et sa propagande révolutionnaires et l’antimilitarisme qu’il professait encore au début des années trente pour se rallier, à la veille du front populaire, au patriotisme et à la défense nationale. La « réconciliation de tous les Français » au nom de la défense de la République qu’il se mit dès lors à prôner était la préparation à l’enrôlement des prolétaires dans la future guerre impérialiste; elle était la préfiguration des gouvernements d’union nationale d’après-guerre à l’époque des fameux « jours heureux » de la Reconstruction de l’impérialisme tricolore. La lutte des partisans pendant la guerre s’inscrivit parfaitement dans cette orientation nationaliste anti-prolétarienne: les martyrs de ce combat sont tombés pour la défense du capitalisme français, en auxiliaires des armées impérialistes alliées, non pour l’émancipation prolétarienne et c’est à bon droit qu’ils sont honorés aujourd’hui par les représentants de la bourgeoisie française.
Ceux qui critiquent la panthéonisation actuelle au nom d’une commémoration du « véritable combat » de Manouchian et de ses camarades (2) cachent la véritable nature bourgeoise du combat des organisations de la résistance « communiste » saluée par Macron: ils montrent ainsi qu’ils sont tout aussi éloignés du véritable communisme que les descendants du stalinisme contre-révolutionnaire.
(1) https://www.revolutionpermanente.fr/Pantheonisation-de-Manouchian-operation-detournement-de-memoire-pour-Macron-et-le-RN
(2) cf. L’Anticapitaliste (organe du NPA), 15/2/24.
Parti Communiste International
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