A Scampia, contre un système économique et social qui n’apporte que destruction et mort, retentit un appel à la lutte de classe !
(«le prolétaire»; N° 554; Août-Sept.-Oct. 2024)
Dans la nuit du 22 au 23 juillet, à Scampia, dans le quartier nord de Naples, une passerelle de circulation du troisième étage de la « Vela celeste » (la « Voile céleste » !!!) s’est effondrée, entraînant dans sa chute deux autres passerelles situés au deuxième et au premier étage, et écrasant des personnes qui rentraient chez elles. Le fracas a secoué le voisinage, qui s’est précipité sur les lieux. Ils ont creusé dans les décombres, ramassé le plus possible de blessés, principalement des enfants, et les ont transportés aux urgences les plus proches, « soulageant » les ambulances, qui ne sont arrivées qu’au bout d’une vingtaine de minutes. Les pompiers, quant à eux, arrivèrent une demi-heure après l’effondrement. Le bilan actuel est de trois morts et 12 blessés.
Le délabrement des bâtiments, notamment la fameuse Vela, envahie par les ordures et les rats, a été maintes fois dénoncé, selon la presse dès 2016, mais les infiltrations, tant des conduites d’eau que des eaux de pluie, ont commencé à corroder l’acier et le béton des passerelles et des escaliers depuis des années et de manière irréversible. Ce n’était donc qu’une question de temps pour que cette catastrophe se produise.
Le gouvernement et les institutions locales ont fait part de leur solidarité et de leurs condoléances de façade. La municipalité de Naples décrétera le deuil municipal lors des funérailles des victimes et mettra ses drapeaux en berne. Avec grand cynisme, une certaine presse fera allusion à une prétendue augmentation des charges sur le balcon alors qu’une dispute avait lieu entre deux familles opposées, contribuant soi-disant à l’effondrement de la passerelle déjà bien affaiblie par le manque d’entretien.
En revanche, il n’y aurait aucun lien entre les travaux en cours sur la Vela et l’effondrement. C’est ce qu’a précisé le maire Gaetano Manfredi lors d’une conférence de presse au Palazzo San Giacomo pour faire le point sur la situation. « Les travaux avaient commencé au début de l’année au rez-de-chaussée avec l’élimination des déchets et des éléments dégradés », a-t-il expliqué, « il n’y a donc aucun rapport avec les travaux en cours, mais il est évident qu’une enquête est en cours et que la procureure désignera des experts pour établir la dynamique exacte de l’effondrement. »
L’opinion de certains habitants est différente, ils considèrent que les vibrations provoquées par les travaux en cours constituent une sollicitation supplémentaire pour la structure.
La colère des habitants de la Vele ne s’est pas fait attendre. Ils dénonçaient depuis des années l’état d’abandon dans lequel ils se trouvent, et ils savent bien que les responsables sont les institutions, de moins en moins capables de les berner. Le lendemain matin, les mêmes habitants ont occupé l’Université Federico II de Scampia. Ils ont exigé la sécurisation du bâtiment et sa rénovation immédiate, attendue depuis des années.
Scampia est un quartier ghetto habité principalement par des prolétaires et des sous-prolétaires. Abandonnés, comme les bâtiments, ils se débrouillent par tous les moyens pour survivre. L’art de se débrouiller est historique à Naples. Une couche minoritaire est contrainte à des activités illégales pour survivre, comme dans toutes les métropoles capitalistes. Si ce quartier est criminalisé par la presse aux ordres, y compris à travers une certaine filmographie, il fait aussi l’objet d’une certaine politique de cosmétique qui enveloppe le prolétariat d’espoirs et d’illusions, couvrant et mystifiant la responsabilité des institutions locales et nationales.
La solidarité de nombreux habitants s’est organisée, dont surtout celle des « chômeurs du 7 novembre » qui, avec les « chômeurs des chantiers de Scampia », se sont rendus sur place pour distribuer des produits de première nécessité après les avoir collectés auprès des chômeurs eux-mêmes.
Il n’y aura, comme toujours, aucun coupable à condamner. L’affaire s’éternisera entre la justice et les médias qui tenteront d’embrouiller les prolétaires avec des montagnes de bavardages. Les prolétaires, malheureusement, resteront dans la condition de victimes prédestinées et de chair à broyer comme leurs nombreux frères de classe morts au travail.
Le principal coupable est le capitalisme et son système de profit qui ne prend jamais en compte les besoins réels des êtres humains, et encore moins des prolétaires, exploités, appauvris et destinés au massacre dès leur naissance. Mais les prolétaires possèdent une force qu’ils ignorent et que toutes les forces de la conservation sociale et de l’opportunisme mystifient en la détournant sur le terrain de la démocratie et de la recherche d’une entente avec la classe des exploiteurs : c’est la force du nombre, mais seulement si elle est organisée sur le seul terrain où elle peut s’exprimer dans toute son ampleur et sa puissance, le terrain de la lutte de classe sur lequel n’existent aucun arrangement, aucune « communauté d’intérêts », aucun point de vue collégial. Sur le terrain de la lutte de classe, le prolétariat s’organise au-dessus de la division entre salariés et chômeurs, entre catégories et corporations, entre autochtones et immigrés, entre hommes et femmes, entre jeunes et vieux ; il s’organise dans le but de défendre exclusivement ses intérêts en luttant contre l’exploitation quotidienne sous toutes ses formes, légales ou illégales, privées ou publiques, nationales ou internationales. Mais on ne peut pas lutter sur ce terrain si on ne s’organise pas de manière complètement séparée des institutions, des partis et des forces politiques et sociales impliquées dans la défense du système économique et social actuel, et si on ne s’organise pas autour de revendications communes aux prolétaires quelle que soit leur condition sociale, en utilisant les moyens et les méthodes de la lutte de classe qui visent à briser la paix sociale mensongère – mensongère parce que pour les prolétaires et leur vie il n’y a jamais de paix – pour unir tous les prolétaires dans une lutte qui, par sa nature même d’opposition antagonique aux intérêts immédiats et futurs de la classe bourgeoise dominante ne pourra pas s’arrêter aux objectifs immédiats. Même si elle commencera à se développer à partir de ceux-ci, elle se fixera comme perspective de mettre fin au capitalisme, avec sa société d’exploitation et de mort défendue, pour de purs intérêts de castes et de privilèges, par tous ceux qui forment les institutions et qui parlent de vérité et de justice qu’ils sont les premiers à falsifier, à mépriser et à fausser.
La véritable solidarité avec les prolétaires de Scampia et avec les prolétaires de toutes situations dont celles du chômage, de la dégradation, de la misère, de la marginalisation qui constituent l’environnement social dans lequel le système capitaliste et la politique antiprolétarienne les ont jetés, s’exprime dans la lutte de classe, se déclarant à la fois au niveau immédiat et au niveau plus large et plus politique.
• Contre la marginalisation, la dégradation et le massacre continu des prolétaires dans leurs logements délabrés comme sur leurs lieux de travail.
• Contre les fallacieuses promesses de « justice sociale » et la culpabilisation des prolétaires, pourtant contraints d’y vivre, de la dégradation de leur environnement d’existence et de la misère.
• Contre les illusions de pouvoir améliorer les conditions vie des prolétaires en demandant à ces institutions, coresponsables de cette dégradation, de cette misère et de leur exploitation bestiale, d’intervenir en faveur de leur vie quotidienne.
La voie à suivre est celle de l’organisation de la lutte de classe, d’une lutte qui ne croit plus aux promesses des institutions, qui ne croit plus que les choses pour les prolétaires vont s’améliorer grâce à la « croissance économique » (qui ne signifie que surexploitation pour les prolétaires employés ou « employables» ) et à l’attention que les gouvernements locaux et centraux disent porter aux millions de problèmes et de malheurs qui remplissent la vie quotidienne de la masse des prolétaires. La voie à suivre est exactement opposée à celle indiquée par les gouvernements bourgeois, les partis faussement ouvriers et de « gauche » et les syndicats collaborationnistes qui n’ont d’autre but que de défendre et de renforcer leurs privilèges, leurs positions sociales aux dépens de la vie des masses prolétariennes.
Les morts de Scampia aujourd’hui et la misère qui caractérise la vie des prolétaires de Scampia passeront des chroniques de la première page à celles de la dernière page, puis à l’oubli, finissant parmi les milliers des morts au travail, des morts sous l’effondrement d’immeubles, de ponts et de maisons mal construites à la suite de tremblements de terre, et qui ne soulèvent l’intérêt de la bourgeoisie que lorsqu’elle ne peut faire autrement et que pour passer au plus vite à « autre chose », en oubliant ces « malheurs » provoqués pourtant par la gestion économique et sociale des profits capitalistes.
• Solidarité avec les prolétaires de Scampia !
• Leur lutte est notre lutte !
• Pour la reprise de la lutte de classe des prolétaires au-delà des divisions entre salariés et chômeurs, autochtones et immigrés, travailleurs sous contrat et travailleurs au noir !
• Pour l’organisation de classe et la défense exclusive des intérêts de classe du prolétariat, en dehors et contre toute collaboration interclassiste !
• Non à la paix sociale, oui à la lutte de classe !
• Pour la reconstitution internationale du parti communiste révolutionnaire, seule véritable direction de la lutte de classe prolétarienne anticapitaliste et antibourgeoise !
25 juillet 2024
Parti Communiste International
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