La guerre et la social-démocratie russe
(Lénine, Social-Démocrate, n° 33, 01.11.1914)
( Supplément à «le prolétaire»; N° 554; Décembre 2024 )
Dans les guerres qu’elle déclenche, que ce soit avec le ciment d’une idéologie démocratique, autoritaire, dictatoriale, laïque ou religieuse, la bourgeoisie construit l’Union Sacrée nationale, en concentrant tout son discours belliciste sur le thème de l’agresseur et de l’agressé. Ce brouillard idéologique sert à cacher la vraie nature des guerres dans la société mondiale du capitalisme et est répandu par les belligérants de tous les bords en direction de leurs prolétariats respectifs. L’objectif est de les éloigner de leurs vrais intérêts de classe internationale qui les poussent sur le terrain du défaitisme révolutionnaire contre leurs propres bourgeoisies et ainsi qui les rapprochent dans leur indispensable unité de classe internationale et internationaliste. L’extrait ci-dessous d’un article de Lénine en 1914 à propos de la guerre qui vient d’éclater, démasque ce poison idéologique contre lequel le prolétariat international doit se prémunir pour transformer la guerre impérialiste en guerre de classe et ainsi se mettre en marche vers la révolution communiste, seule façon de mettre fin à la guerre :
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La bourgeoisie allemande se trouve à la tête de l’un des groupes de nations belligérantes. Elle trompe la classe ouvrière et les masses laborieuses en les assurant qu’elle fait la guerre pour défendre la patrie, la liberté et la culture, pour libérer les peuples opprimés par le tsarisme, pour détruire le tsarisme réactionnaire. En réalité, c’est précisément cette bourgeoisie qui, servilement prosternée devant les hobereaux prussiens avec à leur tête Guillaume II, a toujours été le plus fidèle allié du tsarisme et l’ennemi du mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans de Russie. En réalité, cette bourgeoisie alliée aux hobereaux fera tous ses efforts, quelle que soit l’issue de la guerre, pour soutenir la monarchie tsariste contre la révolution en Russie.
En réalité, la bourgeoisie allemande a entrepris une guerre de rapine contre la Serbie pour la soumettre et étouffer la révolution nationale des Slaves du Sud, tout en portant le gros de ses forces militaires contre des pays plus libres, la Belgique et la France, afin de piller un concurrent plus riche. La bourgeoisie allemande répand la fable d’une guerre qui serait défensive de son côté ; en fait, elle a choisi le moment le plus propice, de son point de vue, pour déclencher la guerre, en utilisant les derniers perfectionnements de son matériel de guerre et en devançant l’emploi des nouveaux armements déjà envisagés et décidés par la Russie et la France.
A la tête de l’autre groupe de nations belligérantes se trouve la bourgeoisie anglaise et française, qui dupe la classe ouvrière et les masses laborieuses en les assurant qu’elle fait la guerre pour la patrie, la liberté et la culture, contre le militarisme et le despotisme de l’Allemagne. En réalité, cette bourgeoisie a, depuis longtemps, acheté de ses milliards et préparé, pour attaquer l’Allemagne, les troupes du tsarisme russe, la monarchie la plus réactionnaire et la plus barbare de l’Europe.
En vérité, la lutte de la bourgeoisie anglaise et française a pour but de mettre la main sur les colonies allemandes et de ruiner une nation concurrente, qui se distingue par un développement économique plus rapide. Et c’est pour ce noble but que des nations « avancées », « démocratiques », aident le tsarisme barbare à opprimer plus encore la Pologne, l’Ukraine, etc., à écraser encore plus la révolution en Russie.
Les deux groupes de pays belligérants ne le cèdent en rien l’un à l’autre, dans cette guerre, qu’il s’agisse des pillages, des actes de sauvagerie, ou des innombrables atrocités. Mais pour duper le prolétariat et détourner son attention de la seule guerre véritablement libératrice, – c’est à dire de la guerre civile contre la bourgeoisie, celle de « son propre » pays comme celle des pays « étrangers », – pour atteindre ce noble objectif, la bourgeoisie de chaque pays cherche, par des phrases mensongères sur le patriotisme, à exalter la portée de « sa » guerre nationale et assure qu’elle veut triompher de l’ennemi, non pour piller et conquérir des territoires, mais pour « libérer » tous les peuples, sauf le sien.
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Parti Communiste International
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