Georges Ibrahim Abdallah, otage de l’impérialisme depuis plus de 40 ans

(«le prolétaire»; N° 556; Février-Mars 2025 )

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Georges Ibrahim Abdallah est le plus ancien prisonnier politique en France: il est derrière les barreaux depuis plus de 40 ans. Militant libanais pro-palestinien il appartenait aux Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL). Les FARL firent parler d’elles au début des années 80 en revendiquant plusieurs attentats en France contre des fonctionnaires des ambassades américaine et israélienne.

Arrêté en 1984 à Lyon, il fut alors condamné à 4 ans de prison pour détention de faux papiers, d’armes et d’explosifs (1). Abdallah est rejugé en 1987, cette fois-ci pour complicité dans l’assassinat du conseiller militaire de l’ambassade américaine lié à la CIA et d’un conseiller de l’ambassade israélienne, membre du Mossad (services secrets israéliens). Une vague d’attentats avait frappé la France et les autorités en accusaient les frères d’Abdallah (eux aussi membres des FARL), suscitant une véritable psychose: des témoins affirment les avoir vus aux 4 coins du pays – alors qu’ils se trouvaient au Liban! Les services policiers établiront par la suite que ces attentats étaient d’origine iranienne.

Bien que l’avocat général ait alors requis au procès une peine de seulement 10 ans d’emprisonnement, Abdallah fut finalement condamné à la prison à vie. On saura par la suite que les Etats-Unis étaient intervenus pour qu’une telle sentence soit prononcée; d’autre part son avocat reconnut quelque temps plus tard qu’il travaillait pour les services secrets français (2) (il fut pour cette raison radié du barreau).

Pendant toutes les années de sa détention les Etats-Unis feront pression sur la France pour qu’Abdallah, libérable à partir de 1999, et qui fera une dizaine de demandes de mise en liberté, reste en prison. En 2007 un document officiel adressé par l’ambassade américaine (partie civile au procès) au tribunal déclare que «le gouvernement des Etats Unis exprime sa ferme opposition quant à l’éventualité d’une mise en libération conditionnelle de G.I.Abdallah pouvant résulter de la procédure à venir devant le tribunal de Grande Instance de Paris» (3). Dans les documents confidentiels publiés par Wikileaks, on peut lire que le gouvernement et les services secrets français assuraient qu’ils bloqueraient toute libération (4). En 2013 après que le tribunal se soit prononcé pour sa libération, Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat (ministre des Affaires Etrangères) de Barack Obama écrivit à son homologue français, Laurent Fabius, pour que le gouvernement français trouve le moyen de l’empêcher (5). C’est le ministre de l’intérieur de l’époque, Manuel Valls, qui le fera en refusant de signer l’arrêté d’expulsion qui conditionnait sa libération...

Abdallah aurait dû finalement être libéré le 20 février, après sa onzième demande, mais le tribunal a refusé en posant la condition inattendue qu’il indemnise les victimes avant sa libération (6).

Bien entendu jamais l’impérialisme américain, israélien ou français n’ont songé à indemniser leurs innombrables victimes; comme on le voit en ce moment en Palestine ils laissent faire ou participent aux massacres en cours.

Le soutien à Abdallah regroupe de nombreux partis, organisations et mouvements: organisations pro-palestiniennes, partis de gauche  (PCF, LFI), syndicats (CGT, Solidaires, CNT), trotskystes (NPA, Révolution Permanente...), anarchistes (FA), organisations m-l (PCOF, PRCF, VP...), diverses personnalités jusqu’à Yves Bonnet l’ancien directeur de la  DST devenu membre du RN et le gouvernement libanais (7).

L’acharnement contre Abdallah de même que la répression contre les militants et organisations pro-palestiniennes (6) font partie du soutien systématique de l’impérialisme français à Israël.

 A ce titre la détention d’Abdallah doit être condamnée par  tous les prolétaires conscients de la nécessité de combattre les exactions et les crimes de l’impérialisme, même s’ils ne peuvent s’associer en aucune mesure à un front interclassiste, donc anti-prolétarien, pour sa libération.

 


 

(1) Selon Yves Bonnet, chef à l’époque de la DST qui l’avait arrêté, il devait être libéré en échange du directeur  du Centre Culturel Français à Beyrouth (fils de l’écrivain Gille Perrault), pris en otage par les FARL, grâce à l’entremise de la Sécurité Militaire  algérienne (il disposait d’un passeport fourni par les Services secrets algériens).

(2) Il se présentait comme avocat militant, notamment d’un célèbre militant «marxiste-léniniste» partisan de la «lutte armée», Frédéric Oriach. Selon l’avocat, Abdallah, avant d’être arrêté, l’avait contacté pour prendre contact avec Oriach et les militants d’Action Directe.

(3) https://www.calameo.com/read/0062964529348ec621b17

(4) https://wikileaks.org/plusd/cables/07PARIS1692_a.html

(5) C’est dans le cadre de la réponse à une demande de Fabius pour une aide des USA dans l’intervention française au Mali. https://wikileaks.org/clinton-emails/emailid/17276. Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, se chargea de l’affaire.

(6) Le même jour était confirmé la dissolution du Collectif Palestine Vaincra de Toulouse.

(7) L’ancienne ministre libanaise de la Justice l’avait même visité en prison. L’avocat espère que le nouveau gouvernement libanais paye cette indemnisation dont Abdallah a toujours refusé le principe.

 

 

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