Etats-Unis : les grandes manifestations-promenade ne pourront jamais arrêter les attaques anti-prolétariennes
(«le prolétaire»; N° 559; Novembre-Décembre 2025 )
Les manifestations « No Kings » du 18 octobre ont constitué peut-être la plus grande journée de protestation de l’histoire des Etats-Unis : 2700 rassemblements dans tout le pays avec 5 à 7 millions de participants malgré les déclarations de la presse trumpiste et des officiels qui voulaient effrayer les participants éventuels en qualifiant les organisateurs de « terroristes », en prévoyant des troubles et en annonçant la mobilisation du FBI pour s’opposer au « chaos ». Cette journée faisait suite à des manifestations similaires comme les protestations « No Kings » au mois de juin qui ont été également massives et d’autres auparavant.
L’ampleur de ces protestations sont le signe de l’hostilité d’une large partie de la population américaine envers la politique réactionnaire de l’administration Trump : coupes dans les dépenses sociales, licenciements de milliers d’employés de l’Etat, attaques généralisées contre les prolétaires sans-papiers, etc ; le « shutdown » a signifié la mise en chômage technique (furlough) de dizaines de milliers de fonctionnaires, la suspension des bons alimentaires qui permettent à plus de 40 millions de prolétaires et de leur familles de se nourrir, etc. Cette politique anti-prolétarienne s’accompagne d’un autoritarisme débridé dont les pratiques des services de l’immigration, « ICE », en sont l’illustration : les agents de l’ICE, masqués et lourdement armés, organisent des raids dans les quartiers où vivent les travailleurs immigrés, arrêtant et kidnappant ceux qui n’ont pas de papiers en règle.
La lutte contre les prolétaires sans-papiers
L’activité de l’ICE est officiellement la protection du pays contre les terroristes et les réseaux criminels transnationaux, puis elle a été étendue à la lutte contre les étrangers accusés de délits plus ou moins graves. Le gouvernement Trump a fait de l’ICE l’outil de la lutte contre l’immigration « clandestine » qui est une de ses priorités affichées ; son budget a été multiplié par trois, notamment pour recruter 10 000 agents supplémentaires d’ici 2029 (cela porterait le nombre de ses employés à 30 000 contre 38 000 pour le FBI), construire de nouveaux centre de détention pour les étrangers en attente d’expulsions, etc. – et bien sûr le financement de l’ICE n’a pas été interrompu pendant le shutdown...
L’objectif réel de cette campagne n’est pas d’expulser les 12 millions environ de travailleurs sans-papiers – ils sont indispensables au fonctionnement du capitalisme américain – mais de les terroriser et avec eux les travailleurs étrangers en général, pour les soumettre encore davantage aux exigences patronales. Il s’agit aussi d’accroître le fossé entre travailleurs étrangers sans-papiers et travailleurs américains dont la politique gouvernementale aurait pour but de « protéger » les emplois contre la concurrence de ceux-ci. Mais l’Etat bourgeois ne protège que les profits des capitalistes ! Les sans-papiers sont les travailleurs les plus vulnérables ; les autres prolétaires ne doivent pas laisser à la merci des patrons et de leur Etat cette fraction du prolétariat car cela revient à renforcer l’ennemi de classe. La solidarité avec les sans-papiers n’est pas un impératif humanitaire ou démocratique, c’est une exigence immédiate de la lutte contre le capitalisme qui nécessite l’union la plus large des prolétaires.
Campagne contre « l’ennemi intérieur »
Parallèlement aux exactions spectaculaires de l’ICE, véritable police de l’immigration contre les prolétaires sans-papiers, l’administration Trump a mobilisé les militaires de la Garde Nationale sous le prétexte de maintenir l’ordre, soit face aux manifestations contre l’ICE (Los Angeles), soit face à la criminalité (Chicago, Portland, Washington). Si pour l’instant cette mobilisation n’a servi en fait que d’arme politique pour essayer de montrer l’incapacité des Gouverneurs Démocrates (en théorie seuls les Gouverneurs sont habilités à mettre en action la GN), elle est cependant significative du climat répressif croissant aux Etats-Unis.
C’est ainsi que l’assassinat le 11 septembre de Charlie Kirk, « influenceur » ultra-réactionnaire qui jouait un rôle majeur dans la mobilisation de jeunes en faveur de Trump, a été immédiatement mis sur le compte de la « gauche radicale » par ce dernier. Une vaste campagne contre l’ « ennemi intérieur » a été déclenchée : depuis les appels à la délation de ceux qui avaient dénigré Kirk, à la désignation officielle le 17/9 du mouvement « Antifa » (anti-fasciste) comme « organisation terroriste » – alors qu’il n’existe aucune organisation de ce type – à une directive officielle pour les forces de police et de justice qualifiant de terroristes ceux qui professent l’anticapitalisme, l’hostilité envers les positions américaines traditionnelles sur la famille, la religion et la morale (!), etc. (1), à la création d’une « force de réaction rapide » de plus de 20 000 soldats pour le maintien de l’ordre, jusqu’à l’institution, le jour anniversaire de la révolution d’Octobre, d’une « semaine de l’anticommunisme » !
Les tensions sociales déjà fortes, vont inévitablement s’aiguiser encore dans le pays au fur et à mesure des difficultés économiques qui conduisent les capitalistes à accroître les attaques contre le prolétariat ; le gouvernement Trump en réalité ne fait qu’accompagner cette situation par une répression accrue et une offensive réactionnaire généralisée – y compris en bousculant certaines formalités et certains usages traditionnels du système politique américain.
Cependant la répression ne peut suffire à maintenir la paix sociale, comme le démontrent les explosions prolétariennes de colère qui secouent régulièrement les Etats-Unis : il existe toute une foule d’associations, d’organisations et d’institutions « citoyennes », « communautaires », religieuses, etc., dont la fonction est de stériliser les poussées de lutte en les détournant vers des impasses et des objectifs inoffensifs voire intégralement bourgeois. C’est le cas des gigantesques manifestations orientées par leurs organisateurs vers la défense de la Démocratie et de la Constitution. Mais la démocratie et sa Constitution ne sont qu’une forme de la domination bourgeoise : cette dernière est l’ennemi qu’il faut combattre, quelle que soit la forme sous laquelle elle se présente.
Il n’est pas possible de la combattre par des promenades pacifiques et festives, si nombreuses soient-elles, ni par l’élection de politiciens démocrates, si « à gauche » se prétendent-ils.
La victoire du « socialiste démocrate » Zohran Mamdani aux élections municipales de New York témoigne sans aucun doute du discrédit des caciques corrompus du parti Démocrate (comme le Démocrate Cuomo qui s’était présenté comme candidat indépendant, soutenu par Trump !). Mais elle témoigne aussi des illusions parmi la masse des prolétaires (2) sur la possibilité d’obtenir des améliorations réelles de leur situation par la voie électorale. Même les timides réformes promises ne seront pas facilement réalisées par Mamdani qui dès le lendemain de son élection n’a pas hésité à tendre la main aux grands financiers de New York et à Trump lui-même pour les rassurer sur son prétendu « socialisme ».
Pour répondre aux attaques le prolétariat étasunien devra impérativement se libérer de l’influence de toutes les forces politiques, syndicales et autres qui l’enchaînent au capitalisme, qui étouffent ses velléités de révolte, et reprendre la voie de la lutte et de l’organisation de classe : c’est la condition sine qua non pour affronter la bourgeoisie la plus puissante et la plus brutale du monde .
(1) https://www.whitehouse.gov/presidential-actions/2025/09/countering-domestic-terrorism-and-organized-political-violence/
(2) Mamdani a fait ses meilleurs scores dans les quartiers prolétariens de New York.
Parti Communiste International
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