Rapport sur le cours de l’impérialisme mondial
(Réunion Générale, Milan, 11-12-/10/2025)
(«le prolétaire»; N° 559; Novembre-Décembre 2025 )
A la fin de 2024 et au début de 2025 la plupart des économistes se félicitaient de la bonne tenue de l’économie mondiale ; pour reprendre les mots des experts de l’ONU : « l’économie mondiale a fait preuve de résilience tout au long de l’année 2024, évitant une contraction économique généralisée, malgré des années de chocs multiples et se renforçant mutuellement et l’épisode de resserrement monétaire le plus prononcé de l’histoire récente, causé par l’inflation » (UN,World Economic Situation and Prospects 2025). La perspective était alors celle d’un « atterrissage en douceur » ; mais en juin la Banque Mondiale constatait mélancoliquement : « il y a seulement 6 mois un “atterrissage en douceur” paraissait se profiler : l’économie mondiale se stabilisait après une extraordinaire série de calamités, à la fois d’origines humaines et naturelles, au cours des dernières années. Ce moment est passé. L’économie mondiale rentre à nouveau dans des turbulences » (World Bank, Global Economic Prospects, June 2025).
Les croyances des économistes bourgeois dans la stabilisation de leur économie sont régulièrement démenties : le capitalisme est un mode de production éminemment contradictoire qui ne peut aller que de crises en crises, de calamités en calamités. Derrière la résilience de l’économie vantée par l’ONU, s’accumulaient les contradictions qui allaient éclater sous la forme d’une guerre commerciale exacerbée et d’une aggravation des tensions internationales. La politique de Trump derrière le slogan «America First» (L’Amérique d’abord) qui se traduit par la guerre commerciale et la remise en discussion des alliances traditionnelles en est la conséquence plutôt que la cause.
Les Etats-Unis sont toujours la première puissance capitaliste mondiale et ce qu’elle décide a des répercussions internationales.
EVOLUTIONS DE LA PUISSANCE ECONOMIQUE RELATIVE DES GRANDS PAYS CAPITALISTES.
Il est intéressant de jeter un coup d’œil rapide sur les changements des rapports de force économiques des impérialismes après la Deuxième Guerre mondiale. Nous allons utiliser à ce propos le PIB (produit intérieur brut) nominal en dollars c’est-à-dire non en PPA (Parité de Pouvoir d’Achat) ; c’est un indice grossier, mais largement utilisé, de la richesse économique des différentes nations ; en dépit de ses limites, il permet d’avoir une idée du développement capitaliste d’un pays (sources : estimations de l’ONU, du FMI et de la Banque Mondiale).
Depuis les presque 80 ans qui sous séparent de la fin de la guerre mondiale, le classement des grandes puissances économique a connu d’importantes variations. Dans l’immédiat après-guerre (1947) les Etats-Unis, les grands vainqueurs du conflit représentaient plus de 50 % du PIB mondial, loin devant l’URSS (12%) qui était au même niveau que le Royaume-Uni, suivis de l’Allemagne, la France, etc. Les accords de Yalta avaient jeté les bases d’un nouveau partage du monde qui était en train de se concrétiser par la formation de deux camps opposés ; le prétendu « camp socialiste » à l’ombre de la puissance militaire de l’URSS et le camp occidental derrière les Etats-Unis.
En 1970, soit 20 ans plus tard, les USA ne représentaient plus que 36 % environ du PIB mondial, mais ils étaient toujours solidement en tête devant l’URSS (15 %) malgré le développement industriel de celle-ci dans les années 50 et 60 ; l’Allemagne était au troisième rang, le Japon qui n’apparaissait pas parmi les pays les plus riches au sortir de la guerre, s’était hissé au quatrième rang : les pays vaincus lors de la guerre mondiale avaient trouvé dans les destructions de la guerre un vaste champ d’accumulation qui alimentait une croissance vigoureuse de leur économie, alors que la victorieuse Grande-Bretagne était reléguée au 5ème rang. Si la « guerre froide » avait laissé la place à la « détente », les deux « blocs » constitués autour de l’URSS et des Etats-Unis, étaient toujours présents bien que monde « bipolaire » était affaibli par la rivalité russo-chinoise et plus généralement par la poussée des jeunes capitalismes dans les anciennes colonies et que l’URSS entrait dans sa période de « stagnation » comme l’appelèrent les partisans rénovateurs de Gorbatchev.
En 1990 le tableau était en plein changement : le Japon, continuant sur sa lancée, arrivait à la deuxième place et se rapprochait des USA, tandis que l’URSS qui s’était fixée l’objectif de rattraper et de dépasser ces derniers en 1985, était sur le point de s’effondrer et que la Chine apparaissait à la dixième place.
Passons encore vingt ans : en 2010, la Chine était maintenant à la deuxième place, le Japon stagnait à la troisième place, son élan brisé, alors que la Russie, fortement redimensionnée après la disparition de l’URSS, avait plongé au onzième rang du classement mondial et que l’Inde avait fait son apparition parmi les 10 plus grandes puissances capitalistes, au neuvième rang.
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Le classement des plus grandes puissances s’établi maintenant ainsi (estimations du FMI pour 2025 en dollars courants) :
D’abord les deux géants :
• USA : 30 507 milliards de dollars (MD), soit environ 25 % du PIB mondial ;
• Chine : 19 231 MD, soit 16 % du PIB mondial ;
Suivis à distance par les pays suivants :
• Allemagne : 4744 MD ;
• Inde : 4187 MD ;
• Japon : 4186 MD ;
• Royaume Uni : 3839 MD ;
• France : 3211 MD ;
• Italie : 2482 MD ;
• Canada : 2285 MD ;
• Brésil : 2125 MD ;
• Russie : 2076 MD ;
Viennent finalement les pays suivants:
• Espagne : 1799 MD ;
• Corée du Sud : 1790 MD ;
• Australie : 1711 MD ;
• Mexique : 1692 MD ;
• Turquie : 1437 MD, etc.
On constate que l’Inde vient de dépasser le Japon, relégué à la cinquième place, mais qu’elle reste toujours très loin de son rival asiatique, la Chine, dont le PIB est 4,5 fois plus grand. Cette dernière s’est fixée en 2017 l’objectif de devenir la première puissance mondiale en 2050, et avant cela l’objectif intermédiaire d’arriver au niveau d’un pays « moyennement développé » en 2035 avec un niveau de PIB par habitant supérieur à la moitié du niveau américain et une part du PIB mondial de 27 à 30 %.
Les Etats-Unis se trouvent donc devant la troisième tentative de leur ravir leur première place après celle de l’URSS puis celle du Japon. Il ne s’agit pas d’une course sportive aux conséquences de prestige, mais d’une compétition pour la domination mondiale dont la bourgeoisie américaine tire une bonne partie de ses profits. C’est pourquoi elle ne se laissera pas détrôner sans un combat acharné. L’affaiblissement relatif des Etats-Unis au cours des décennies écoulées la rend bien consciente du risque que représente le compétiteur chinois et de l’urgence à y faire face, notamment en tentant d’enrayer sa progression. L’imposition brutale de tarifs douaniers ne s’explique pas autrement.
Un document officiel de la Maison Blanche sur ces tarifs décidés par le gouvernement américain (Fact Sheet. The White House, September 5, 2025) précisait qu’ils avaient pour but de « protéger les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis, de renforcer les chaînes d’approvisionnement nationales et de renforcer la base industrielle des États-Unis ». Il s’agit de « rectifier des pratiques commerciales qui contribuent au déficit annuel explosif du commerce de marchandises et de remédier aux conséquences du déficit commercial explosif des Etats-Unis ». Le document énumérait les promesses d’achats ou d’investissements aux Etats-Unis faites par certains de leurs grands partenaires commerciaux en échange d’une réduction des droits de douane annoncés au printemps :
- Union Européenne : achat de 750 milliards de dollars de produits énergétiques, investissements de 600 milliards de dollars, acceptation de ne rien faire payer aux entreprises américaines et acceptation des droits de douane de 15 % ;
- Japon : investissements de 550 milliards de dollars (dont les Etats-Unis décideront souverainement la destination et l’emploi) et acceptation de droits de douane de 15 % ;
- Grande Bretagne : promesse de milliards de dollars d’achats de marchandises américaines (tarifs douaniers « abaissés » à 10 %).
Tableau 1 : Balance du commerce des marchandises pour les Etats-Unis de 1970 à 2025 (Source : Banque Mondiale)

Le déficit américain s’est installé après la crise économique internationale de 1974-75, il a chuté de façon irrésistible après la récession de 1990 et après avoir diminué au moment de la grande crise de 2008 au cours de laquelle les importations avaient fortement reculé à cause de l’effondrement du marché intérieur, il a connu un plongeon jusqu’à atteindre un niveau record de 1210 milliards en 2024 (4,1% du PIB).
Tableau 2 : Balance du commerce des marchandises et des services pour les Etats-Unis (Source : FRED) (2)

Si nous incluons le commerce des services dans le bilan, la courbe est un peu différente, car les Etats-Unis exportent davantage de services qu’il n’en importent : on a une stabilisation en gros du déficit après 2008, avant une reprise de la chute après la crise du Covid, et les chiffres sont plus faibles : le déficit global est alors réduit à 917 milliards en 2024 soit 3% du PIB ; le niveau le plus élevé du déficit par rapport au PIB a été atteint à la veille de la crise de 2008 avec 5,7% à un moment d’un boom des importations pour alimenter un marché intérieur en surchauffe.
PARTENAIRES COMMERCIAUX DES ETATS-UNIS
Les Etats Unis sont le deuxième exportateur mondial (derrière la Chine) et le premier importateur (devant la Chine)
Ils exportent principalement des produits pétroliers, des produits agricoles (soja, maïs, etc.), des produits industriels (aviation, armements, automobiles, etc.), et importent des machines, des produits électroniques, des véhicules, des matières premières (pétrole, etc.), des médicaments, etc.
Les principaux partenaires sont par ordre d’importance, le Mexique, le Canada, la Chine, l’Allemagne, le Japon, qui représentent près de la moitié du commerce international des Etats-Unis ; la Corée du Sud, Taiwan, le Vietnam, le Royaume Uni et l’Inde.
Les principaux déficits commerciaux américains sont les suivants, par pays (commerce des marchandises, selon les données des douanes US pour l’année 2024) :
• Chine : 270,4 MD ;
• Mexique : 157,28 MD ;
• Vietnam : 113,1 MD ;
• Irlande : 80,5 MD ;
• Allemagne : 76,4 MD ;
• Taïwan : 67,4 MD;
• Japon : 82,6 MD ;
• Canada : 54,8 MD ;
• Thaïlande : 41,5 MD ;
• Inde : 41,5 MD ;
• Italie : 39,7 MD ;
• Suisse : 25,5 MD, etc.
On voit que les Etats-Unis enregistrent un déficit commercial avec tous leurs principaux partenaires commerciaux, à l’exception du Royaume-Uni, envers qui ils ont enregistré un surplus de 11,4 MD (mais selon les statistiques britanniques, les Etats-Unis auraient au contraire enregistré un déficit commercial, en prenant en compte les échanges de services).
La Chine représente le tiers du déficit commercial américain, le plus important du monde (773 MD) ; elle fournit des vêtements, des machines et de l’électronique. Le déficit avec le Mexique s’explique par la délocalisation dans ce pays d’usines américaines d’automobiles et autres pour profiter des bas salaires, celui avec le Vietnam par la délocalisation dans ce pays d’entreprises qui voulaient échapper aux droits de douane américains frappant, depuis quelques années déjà, les marchandises venant de Chine.
Tableau 3 : Balance commerciale UE – Etats-Unis. Sans Royaume-Uni (Source : US Departement of Commerce ) (3)

L’Union Européenne dans son ensemble constituait le premier marché mondial en 2023 avec 28,4 % des exportations mondiales et 29 % des importations (contre respectivement 11,76 % et 10,69 % pour le Chine et 10,22 % et 13,6 % pour les Etats-Unis). Les Etats-Unis avaient vis-à-vis d’elle un déficit voisin de celui enregistré avec la Chine : 236 MD ; on comprend pourquoi Trump avait justifié (le 26/02/2025) les droits de douane projetés contre l’Union Européenne par le fait que celle-ci aurait été constituée pour « baiser » (screw) les Etats-Unis, et pourquoi il a fait preuve d’une mansuétude relative vis-à-vis du Royaume-Uni …
Après l’annonce tonitruante de droits douaniers sur le monde entier lors du « Liberation Day » (Jour de la Libération) le 2/4/2025 et la tempête financière qu’elle provoqua, des négociations difficiles s’engagèrent avec les différents pays qui voulaient conserver leurs parts du marché américain. Finalement les nouveaux droits de douane sont entrés en vigueur le 7 août ; on estime que la moyenne de ces droits est passée de 3,5 % à 22 % . Mais ils varient selon les pays et les produits ; par exemple la Suisse est taxée à 39 %, la plupart des produits brésiliens à 50%, comme l’acier canadien et les marchandises indiennes ; quant à la Chine les tarifs douaniers sont actuellement à 55 %, mais des négociations sont en cours...
Le 25 septembre Trump a annoncé une nouvelle valse de tarifs douaniers sur les produits pharmaceutiques qui jusqu’ici avaient été exemptés des hausses : ils iraient jusqu’à 100 % pour tous les médicaments de marque (sauf si une entreprise pharmaceutique construit son usine aux Etats-Unis).
CONSEQUENCE DE CES HAUSSES DES DROITS DE DOUANE
Tableau 4 : Tarifs douaniers américains depuis 1900 (source : Forbes) (4)

Les tarifs douaniers américains seraient maintenant les plus élevés depuis 1909. Historiquement élevés au dix-neuvième siècle, ces tarifs avaient continuellement baissé jusqu’à la Première Guerre mondiale ; puis ils avaient augmenté dans l’entre-deux guerres jusqu’à atteindre un sommet lors de la crise des années trente. Après la Deuxième Guerre mondiale les Etats-Unis, forts de leur suprématie économique n’ont cessé de promouvoir la baisse des tarifs douaniers et l’ouverture des marchés. Les Américains reprochaient ainsi à l’Inde et au Japon de protéger jusqu’à aujourd’hui leurs marchés agricoles par des droits de douane élevés, etc. La nouvelle politique protectionniste trumpienne qui tourne le dos aux décennies de baisse des droits de douane, est le reflet de la baisse de compétitivité de l’économie américaine sur le marché mondial. Tout en exacerbant la guerre commerciale généralisée au niveau mondial, elle cherche aussi à contrecarrer la désindustrialisation relative des Etats-Unis en incitant les entreprises étrangères à investir dans le pays pour vendre leurs marchandises, et en favorisant le développement d’entreprises nationales.
Les dernières données statistiques indiquent depuis cet été une baisse des importations des USA et donc une baisse de leur déficit commercial ; l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) prévoit un effondrement des exportations chinoises vers les Etats-Unis (- 77 %) et une augmentation vers le reste du monde où on redoute un déferlement de marchandises chinoises à bas prix : ces pays vont inévitablement prendre des mesures anti-chinoises pour contrer ces exportations s’ils veulent protéger leurs industries.
Tableau 5 : Effondrement des exportations chinoises vers les USA (Source : OMC) (5)

Mais il est trop tôt pour discerner les conséquences durables de la nouvelle politique commerciale américaine. En s’en prenant sans ménagement y compris à des alliés traditionnels, l’impérialisme américain prend le risque d’affaiblir ses alliances. Mais beaucoup de pays n’auront pas d’autre choix que de passer sous les fourches caudines de l’oncle Sam. L’Union Européenne qui avait en théorie la capacité de tenir tête aux Américains a finalement accepté un accord désavantageux pour elle, reculant devant les perspectives d’une guerre commerciale ouverte. Ont joué les intérêts particuliers des Etats pour qui le marché américain est particulièrement important : l’Allemagne dont les Etats-Unis sont le premier client devant la France (10,4 % de ses exportations), et l’Italie dont ils sont le deuxième client, après l’Allemagne et avant la France (10,7 % de ses exportations), et qui en conséquence ont tous deux plaidé pour des accommodements avec Washington. D’autre part des considérations géopolitiques ont joué : au moment où les impérialismes européens s’inquiètent d’un lâchage des Etats-Unis à propos du soutien à la guerre en Ukraine, il était peu avisé de se fâcher avec eux sur les droits de douane. Les fières déclarations européennes de riposter par des contre-mesures aux hausses des tarifs douaniers annoncées par Trump se sont évanouies presque aussitôt qu’elles étaient formulées et les droits de douane européens sur les marchandises américaines ne dépassent pas aujourd’hui les 4 %.
* * *
La guerre commerciale qui menace de se déchaîner dans le monde entier, est la base sur laquelle se développent les conditions d’affrontements armés – de guerres de « haute intensité » selon le jargon des militaires – impliquant directement les grands impérialismes ; ils s’y préparent en procédant à un réarmement massif (pour ce qui est des impérialismes européens et japonais) ou en accroissant leurs dépenses militaires (pour les autres : Chine, Etats-Unis, Russie), rendant toujours plus concrète la perspective marxiste de l’éclatement d’un troisième conflit mondial lorsque les contradictions économiques, sociales et politiques deviendront insurmontables.
Dans ce bref rapport, nous n’avons pas traité d’un thème pourtant de la plus haute importance : toute guerre commerciale est aussi une guerre sociale, une guerre contre les prolétaires. Et dans cette guerre apparaîtra de façon de plus en plus pressante la nécessité pour le prolétariat d’entrer en lutte pour la défense de ses intérêts internationalistes de classe, contre l’union interclassiste pour la défense des intérêts de la nation, c’est-à-dire des intérêts de la classe ennemie. Tout pas en avant dans cette direction sera précieux au plus haut point, car de lui dépendra la possibilité d’opposer demain la lutte de classe à la troisième guerre impérialiste mondiale, dans la perspective de la révolution communiste internationale.
(1) https://data.worldbank.org/indicator/BN.GSR. GNFS.CD?locations=US
(2) https://fred.stlouisfed.org/series/BOPGTB
(3) Les données statistiques ont été recueillies fin septembre. Depuis cette date les tarifs douaniers américains ont varié suivant le accords conclus avec différents pays (Japon, Chine Suisse...)
(4) https://www.forbes.com/sites/greatspeculations/2025/04/07/effective-tariff-rate-hits-1909-levels-as-global-trade-war-explodes/
(5) https://www.statista.com/chart/34324/projected-changes-in-merchandise-exports-to-the-us-and-imports-from-china/. Données du début 2025.
2 octobre 2025
Parti Communiste International
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