Les classes dominantes s’alarment aujourd’hui des révoltes dans les pays arabes

Elles trembleront demain devant la révolution communiste pour laquelle les prolétaires auront su reconstituer leur parti de classe

(«programme communiste»; N° 101; Août 2011)

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1. Le fait que les révoltes qui ont éclaté dans les pays arabes, leur étendue et leur durée aient surpris les gouvernements locaux comme les gouvernements impérialistes a poussé les régimes tunisiens, égyptiens, libyens, syriens, et autres a tenter de les briser par une répression féroce et immédiate.

Mais cette répression n’a pas arrêté les mouvements, ce qui en dit long sur la puissances des tensions sociales qui mettent en mouvement les masses prolétarisées conscientes de n’avoir à perdre que leurs chaînes  (c’est aussi ce qui explique que des prolétaires risquent la mort pour dans des embarcations de fortune pour gagner les rivages européens). La spontanéité avec laquelle ils ont réagi à des conditions de vie insupportables, sans aucune direction de partis, laïques ou religieux, sans alternative claire au régime contre lequel ils se heurtaient, a pu engendrer le mouvement à visée pacifique utilisant le nombre, la masse des manifestants comme seule arme de pression. La lutte contre une situation invivable trouvait comme objectif un simple changement de régime, parfaitement résumé dans le slogan «Ben Ali, dégage!», «Moubarak, va-t-en!».

Les impérialismes américain et européens on attendu que «la situation se clarifie» (déclaration du ministre des Affaires étrangères italien) pour estimer la force de résistance des régimes en place (qu’ils ont soutenu jusqu’au bout) et la force des mouvements de révolte dans lesquels l’absence de partis et organismes dirigeants avec qui ils auraient pu négocier, empêchaient toute tentative de pression de leur part. La prudence et les hésitations des puissances impérialistes devant ces événements ont été le signe d’une faiblesse politique: démonstration qu’en dépit de toute leur puissance économique et militaire qui leur permet d’étrangler les pays plus faibles, les grands centres capitalistes internationaux sont incapables de manoeuvrer à leur guise les mouvements sociaux et d’orienter les changements de la façon la plus conforme à leurs intérêts.

Mais ils ont toujours la capacité de reprendre le contrôle de la situation, en retissant, sur la base de leur prépondérance économique, les liens nécessaires avec les nouveau personnel politique remplaçant l’ancien; et cela restera vrai tant que les révoltes sociales ne se s’orienteront pas sur la voie de la lutte de classe, tant qu’elles ne deviendront pas des luttes prolétariennes révolutionnaires contre le capitalisme.

2. Le jeune prolétariat des pays d’Afrique du nord et du Moyen-Orient qui a montré sa combativité n’a pas derrière lui d’histoire et de tradition de lutte de classe et de révolution prolétarienne sur laquelle il pourrait s’appuyer, à la différence du prolétariat européen. Il a comme tradition la lutte anticoloniale, la lutte contre l’oppression nationale, la révolution nationale bourgeoise. Il a donc absorbé, en même temps que l’utilité du recours à la violence contre le pouvoir constitué, les orientations «populaires», nationalistes et interclassistes avec lesquelles les forces bourgeoises ont impulsé ces luttes. Cela ne peut pas ne pas renforcer les illusions interclassiste diffusées aujourd’hui par la petite-bourgeoisie selon lesquelles le but des révoltes doit être plus de démocratie, plus de liberté, plus de marché, c’est-à-dire, en définitive... plus de capitalisme!

Quand ce prolétariat a commencé à se poser le problème de l’organisation ouvrière, y compris sur le seul plan syndical, il n’a trouvé, si l’on excepte la courte exception des premières années de l’Internationale Communiste, que l’opportunisme stalinien qui a lui a barré la voie classiste en l’orientant dans l’ornière du national-populisme et de la collaboration entre les classes. De son côté, le prolétariat européen, en dépit de son histoire de lutte de classe, a été atteint avant le prolétariat des pays périphériques par les illusions démocratiques d’autant plus puissantes qu’elles s’appuient sur les bases matérielles solides de meilleures conditions de vie et de travail; les prolétaires des pays de jeune et  faible développement capitaliste ne connaissent pas ces avantages dont jouissent encore les prolétaires des pays impérialistes, surtout dans les couches de l’aristocratie ouvrière, et qui ont pu en partie être concédés à ceux-ci grâce à leur exploitation bestiale

 

3. Un autre aspect qui caractérise la situation des prolétaires de ces pays est la forte tendance à l’émigration. La plus grande partie de cette émigration (due aussi aux guerres, aux famines, etc.) se fait entre ces mêmes pays; par exemple la retour forcé en raison de la crise économique de milliers et milliers de travailleurs égyptiens partis chercher un emploi dans les pays du Golfe a sensiblement contribué à l’exaspération des tensions sociales en Egypte. Mais le bourgeoisie européenne, particulièrement en Italie, mais aussi Espagne et en France s’inquiète des menaces que feraient poser à l’ordre social la venue d’une masse de travailleurs et de réfugiés fuyant les troubles de Tunisie ou de Libye, peut-être demain d’Algérie ou du Maroc. Fidèle à une vieille tradition remontant à l’époque esclavagiste, les bourgeois européens sont allés chercher une force de travail docile dans leurs anciennes colonies, en profitant également pour diviser les prolétaires entre nationaux et immigrés; aujourd’hui où le besoin de cette main d’oeuvre se fait moins sentir, ils multiplient les mesures pour réduire et renforcer leur contrôle de cette immigration, tout en continuant leur campagne raciste et xénophobe anti-ouvrière.

Le cas, monté en épingle par les autorités françaises pour susciter des réactions xénophobes parmi les prolétaires français, de quelques dizaines de prolétaires tunisiens, alors qu’en Tunisie même ce sont quelques dizaines de milliers de travailleurs et de réfugiés fuyant la Libye qui ont été le plus souvent accueilli avec solidarité par la population, est particulièrement représentatif de cette répugnante propagande à laquelle le prolétariat devrait et devra répondre par la solidarité de classe.

 

4. Les revendications politiques et sociales qui ont accompagné ces mouvements de révolte ne pouvaient avoir d’autre contenu et d’autre forme que celles de la démocratie bourgeoise. Mais à l’époque impérialiste la démocratie a complètement perdu les caractéristiques libératrices qu’elle pouvait avoir à l’époque des révolutions bourgeoises; le changement de régime dans les pays arabes ne sont pas des révolutions sociales: même s’il est relativement moins développé que dans les pays impérialistes, le capitalisme y est le mode de production dominant et la bourgeoisie y est la classe dominante, y compris quand c’est seulement une fraction de cette classe qui s’arroge l’essentiel du pouvoir économique et politique.

Cela signifie que les «ouvertures démocratiques» réalisées par les nouveaux régimes n’iront, pour les prolétaires et les masses pauvres, guère au delà d’un mince vernis camouflant la réalité de la domination sociale de la bourgeoisie. Les prolétaires ne pourront jouir des libertés qui leur seront promises d’organisation, de grève, de manifestation, d’expression et de presse, que s’ils réussissent à en imposer par leur lutte la réalisation effective. Malgré toutes les illusions démocratiques petites-bourgeoises, ces promesses obtenues au prix du sang, seront systématiquement remises en cause par les autorités et tout l’appareil étatique. A ceux qui ne douteraient, il suffit de montrer comment l’armée égyptienne menace les grévistes et comment la police tunisienne continue à réprimer et à tuer les prolétaires qui manifestent. Cela ne veut pas dire que les prolétaires doivent renoncer à lutter pour obtenir ces libertés car elles leur sont nécessaires pour mener d’abord la lutte élémentaire de défense contre les patrons et leur Etat, mais aussi pour s’éveiller à la vie politique et pouvoir entrer en contact avec le communisme révolutionnaire et son parti; cela veut dire que cette lutte sera d’autant plus efficace qu’elle s’insérera dans la véritable lutte de classe pour la défense des intérêts prolétariens au lieu de rester dans le cadre démocratique où elle ne peut que servir de force d’appoint aux aspirations des couches petites-bourgeoises.

Si les prolétaires n’arrivent pas à lutter de façon indépendante, de classe, pour défendre leurs intérêts sur le terrain immédiat, économique et politique, ils arriveront encore moins à lutter pour leurs intérêts historiques généraux, pour leur émancipation définitive du capitalisme, pour la révolution prolétarienne. La lutte pour les libertés sociales et politiques ne doit donc pas être comprise comme une lutte «pour la démocratie»: la démocratie est une méthode de gouvernement de la bourgeoisie que celle-ci adopte quand elle le peut à la place de la méthode autoritaire, parce qu’elle permet le mieux de dissimuler les oppositions entre les classes en prétendant que chaque «citoyen», quelle que soit sa position sociale, l’étendue de sa richesse et de sa propriété, en un mot, son appartenance de classe, possède la même parcelle de «souveraineté» et la même capacité à influer sur l’action politique de l’Etat au moyen des élections.

Mais la démocratie ne peut pas fonctionner comme antidote à la lutte de classe par la seule force de la propagande, si cette propagande ne s’appuie pas sur des facteurs matériels, c’est-à-dire sur la capacité à redistribuer par son intermédiaire quelques avantages, quelques améliorations ou au mois quelques atténuations aux problèmes sociaux, à une échelle plus large que le simple clientélisme qui accompagne toujours la domination bourgeoise.

C’est précisément cette capacité à la redistribution de quelques miettes de l’exploitation que les pays capitalistes peu développés ont beaucoup moins que les riches pays impérialistes qui peuvent encore aujourd’hui payer le prix de toute une gamme d’amortisseurs sociaux. La persistance des antagonismes de classe et le développement des luttes ouvrières permettront aux prolétaires de s’apercevoir de la nature réelle de la démocratie bourgeoise et leur donneront la possibilité de comprendre la validité des principes communistes: révolution prolétarienne, destruction de l’Etat bourgeois, instauration de la dictature du prolétariat dirigée par le seul parti communiste, expropriation de la bourgeoisie renversée, guerre de classe contre ses tentatives de résistance et contre toutes les bourgeoisies alliées..

 

5. Dans les prises de position du parti sur ces mouvements, nous avons écrit qu’une page se tournait. Dans quel sens?

Dans le sens que cette vague de révolte qui secoue les pays Arabes, venant après la vague d’émeutes qui a touché les pays d’Afrique de l’Ouest au printemps 2008, parce qu’elle a été marquée par des affrontements sociaux de longue durée, signe le déclin des orientations religieuses et nationalistes qui jusqu’ici ont toujours réussi à récupérer et à dévier la colère des masses; mais aussi parce que cette vague possède, pour cette raison, des possibilités de contagion au delà des frontières, jusques et y compris chez les pays impérialistes européens où existe déjà un flux d’immigration prolétarienne venant de ces pays et qui risque de s’accroître sous l’effet des troubles actuels; la grande crainte des vieilles bourgeoisies européennes, expertes dans l’art du contrôle social, est l’arrivée éventuelle de masses prolétariennes n’ayant rien à perdre, prêtes à tout, non comme chair à canon dans une guerre bourgeoise, mais pour survivre, et l’exemple qu’elles pourraient donner aux prolétaires locaux.

Mais les prolétaires des grands pays impérialistes et en particulier les prolétaires des pays d’Europe qui sont les plus proches, n’ont jusqu’ici pas reçu le message de combativité et de courageux mépris d’une féroce répression qu’envoient les prolétaires et les masses prolétarisées des pays arabes. Leur passivité envers leurs frères de classe en révolte, comme d’ailleurs leur faible solidarité avec les prolétaires immigrés et leurs luttes, montre en fait la difficulté qu’ils éprouvent toujours à entrer en lutte pour la défense de leurs intérêts de classe: abandonner une catégorie de travailleurs à l’arbitraire patronal revient à affaiblir toute la classe en permettant que cette catégorie soit utilisée pour renforcer la pression sur les salaires et les conditions de travail qu’exerce déjà la masse des chômeurs et des précaires.

La solidarité de classe n’est pas un principe moral ni un devoir humanitaire, mais un besoin impérieux de la lutte prolétarienne.

 

6. Toute lutte prolétarienne véritable, toute révolte effective contre l’ordre établi, même quand elle est prisonnière, comme c’est inévitable, d’illusions les plus diverses, fait entrevoir la solution aux crises dans lesquelles le capitalisme plonge cycliquement l’humanité, et en rapproche l’échéance: la révolution communiste, c’est-à-dire la lutte qui ne de limite pas à combattre les effets désastreux du capitalisme, mais qui va jusqu’à s’attaquer au capitalisme lui-même, lutte qui ne peut se mener victorieusement, en l’absence de son organe spécifique: le parti de classe internationaliste et international.

Au delà de l’état minuscule de nos forces actuelles, ce grand enseignement que les révoltes des pays arabes adressent aux prolétaires du monde, doit nous donner donc des raisons supplémentaires pour continuer sans relâche l’oeuvre de défense et de reproposition des principes et du programme marxistes, mais aussi des orientations classiste de lutte; l’oeuvre de critique non seulement de la société capitaliste et de ses idéologies, mais aussi des positions faussement révolutionnaires ou anticapitalistes qui réapparaissent sur la scène, prétendant comme toujours constituer le parti avec les éternelles méthodes opportunistes consistant à réviser, moderniser, améliorer le marxisme, le programme, la tactique ou l’organisation; l’oeuvre en un mot de préparation du futur parti communiste mondial qui auara la tâche de diriger le prolétariat de tous les pays dans la révolution communiste intenationale.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

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