Thèses sur la constitution des Conseils ouvriers proposées par le C.C. de la Fraction Abstentionniste du Parti Socialiste Italien

( Il Soviet , IIIe année, n°11, 11 avril 1920 )

(«programme communiste»; N° 101; Août 2011)

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1. Les Soviets ou Conseils des travailleurs et des paysans (et des soldats) sont les organes par lesquels la classe ouvrière exerce le pouvoir politique après avoir abattu par la révolution le pouvoir de l’Etat bourgeois, et supprimé les organes représentatifs de celui-ci (parlement, conseils municipaux, etc.). Ils sont les «organes d’Etat» du prolétariat.

2. Les Soviets sont élus exclusivement par les travailleurs, trous ceux qui emploient de la main d’oeuvre salariée ou exploitent les prolétaires d’une façon quelconque étant privés du droit de vote. C’est là leur caractéristique essentielle, toutes les autres modalités de leur constitution étant en réalité secondaires. La privation de la classe bourgeoise de tout droit à être représentée, même comme minorité, dans les organes politiques de la société, c’est-à-dire la «dictature du prolétariat», constitue la condition historique de la lutte politique contre la résistance contre-révolutionnaire de la bourgeoisie, de l’élimination de toute exploitation et de l’organisation de l’économie communiste.

3. Le processus doit être réalisé par une action collective et centrale du prolétariat qui subordonnera toutes les mesures à adopter à l’intérêt général de classe et au sort final de tout le processus révolutionnaire. C’est pourquoi, alors que naissent dans des couches particulières de prolétaires des organes reflétant leurs intérêts économiques spéciaux (conseils d’usine, syndicats d’industrie, syndicats de catégorie, organisations de consommateurs), toute l’activité de ces organes doit être subordonnée aux directives données par le système des Soviets politiques qui, par essence et constitution, représentent( des intérêts généraux.

4. Les Conseils ouvriers surgissent au moment de l’insurrection prolétarienne, mais ils peuvent également naître à un moment historique où le pouvoir de la bourgeoisie traverse une grave crise et où la conscience historique et la tendance à s’emparer du pouvoir sont répandues au sein du prolétariat. Le problème révolutionnaire ne consiste pas à créer formellement des Conseils, mais bien à faire passer le pouvoir politique entre leurs mains.

5. L’instrument de la lutte politique de classe du prolétariat est le Parti de classe, le Parti Communiste. Il rassemble tous ceux qui ont une conscience historique du processus de la crise du capitalisme et de l’émancipation prolétarienne, et qui sont disposés à sacrifier tout intérêt individuel ou de groupe à la victoire finale du communisme. A l’époque historique actuelle, c’est le Parti Communiste qui défend le mot d’ordre «Tout le pouvoir aux Conseils».

Quand les Conseils se constituent, le Parti Communiste développe son action en leur sein pour y conquérir la majorité des mandats et des organes centraux. Le Parti persévère dans cette oeuvre après la conquête du pouvoir, toujours dans le but de donner à l’action prolétarienne une conscience politique et une unité d’intentions en combattant les égoïsmes et les particularismes.

6. Le Parti Communiste pénètre et conquiert tous les organes économiques prolétariens dès qu’ils surgissent sous l’impulsion des conditions de vie faites aux différents groupes et catégories de prolétaires, dans le but de profiter de leur action pour élargir l’horizon des masses et attirer leur attention sur les buts généraux et finaux du communisme.

7. Le Parti Communiste combat toute forme de collaboration et de liaison entre les Conseils ouvriers et les organes du pouvoir bourgeois, en répandant dans les masses la conscience du fait que les premiers ne peuvent trouver toute leur valeur historique qu’après le renversement violent des seconds.

8. Les nécessités actuelles du mouvement révolutionnaire en Italie ne consistent pas à constituer de façon artificielle et bureaucratique des Conseils ouvriers, et encore moins à travailler dans les syndicats et les conseils d’usine comme s’ils étaient des fins en soi, mais bien à constituer un Parti Communiste pur d’éléments réformistes et opportunistes. Un Parti de cette nature sera toujours prêt à agir ou à intervenir dans les Soviets quand l’heure historique de leur formation aura sonné, ce qui ne saurait tarder beaucoup.

9. Auparavant, une vaste tâche attend le Parti Communiste en Italie.

Cette tâche consiste:

a) Dans une étude des problèmes de la révolution et des aspects du processus révolutionnaire conduite avec sérieux et de larges moyens; dans la plus large propagande orale et écrite des principes et des méthodes qui en résultent au sein des masses;

b) Dans l’établissement de relations continues et efficaces avec le mouvement communiste étranger et avec les organes de l’Internationale Communiste;

c) Dans l’établissement d’un contact sûr avec les masses et dans la préparation à ces formes d’action et d’organisation et d’organisation qui sont indispensables dans la lutte décisive et qui, outre un dévouement complet des militants à la cause, exigent un entraînement tactique spécial étranger à la tradition du Parti Socialiste.

10. Le Parti Communiste ne considère pas comme but de son action les conquêtes partielles que les groupes prolétariens peuvent réaliser dans les cadres du présent régime, même pas dans le sens qu’elles prépareraient ses militants aux activités techniques qui les attendent après la conquête du pouvoir. Néanmoins il intervient dans les agitations de cette nature à seule fin de propager ses buts maxima et de mettre en relief les rapports réels qui montrent la nécessité de l’action politique d’ensemble de toute la classe prolétarienne, sur la voie de la révolution, pour éliminer la régime capitaliste.

 

 

Parti communiste international

www.pcint.org

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